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Débâcle, Lize SPIT
A Bovenmeer, un petit village flamand, seuls trois enfants sont nés en 1988 : Laurens, Pim et Eva. Enfants, les « trois mousquetaires » sont inséparables, mais à l’adolescence leurs rapports, insidieusement, se fissurent. Un été de canicule, les deux garçons conçoivent un plan : faire se déshabiller devant eux, et plus si possible, les plus jolies filles du village. Pour cela, ils imaginent un stratagème : la candidate devra résoudre une énigme en posant des questions ; à chaque erreur, il lui faudra enlever un vêtement. Eva doit fournir l’énigme et servir d’arbitre si elle veut rester dans la bande. Elle accepte, sans savoir encore que cet « été meurtrier » la marquera à jamais.
Treize ans plus tard, devenue adulte, Eva retourne pour la première fois dans son village natal. Cette fois, c’est elle qui a un plan…
Mon avis :
Dans ce roman de 420 pages, Lize Spit raconte l’histoire de trois jeunes enfants dans un petit village anversois, à la fin des années 90 et au début des années 2000. Les enfants en vacances courent les rues du village en toute liberté, jouent, refont le monde. Le reste du temps, la vie s’écoule lentement entre la famille, l’école, les sorties entre copains. Tout n’est pas rose dans leur vie, loin de là : famille dysfonctionnelle, fratrie fragile, isolement, rumeurs et commérages. Heureusement, il y a l’amitié. Quoique.Le roman alterne les souvenirs de l’été 2002 et le présent d’Eva, la narratrice, en 2015. On sait dès le départ que quelque chose de grave s’est passé cet été-là et qu’elle prépare une vengeance.
Certes, l’histoire est extrêmement bien construite et rédigée avec une plume précise et réaliste. On attend la chute en sentant monter la tension et les non-dits piquent sans cesse notre curiosité. Elle dresse un portrait assez juste de cette période entre deux eaux qu’est la fin de l’enfance et le début de l’adolescence. Celle où on aimerait grandir et à la fois rester enfant car l’avenir angoisse ; celle où on est capable, dans la même journée, de cruauté et de douceur, de haine et de compassion. La jeune auteure a le sens de la narration et nous propose également une galerie de personnages d’une précision chirurgicale, dressant un portrait au vitriol de la campagne flamande et de sa bonhomie apparente. Cette peinture flamande est certainement l’objet d’une longue observation avant de pouvoir obtenir un tel rendu. Mais les adultes sont tellement dysfonctionnels dans ce village qu’on se dit parfois que c’est too much.
Malgré ces indéniables qualités, j’ai été déçue. Sans doute attendais-je trop de ma lecture après les critiques dithyrambiques lues et le succès de ce roman.
Il y a d’abord, à mon sens, une erreur de timing. Certains détails de cette histoire me la feraient plutôt ancrer dans les années 70 ou 80, (les mères au foyer, le fil en spirale du téléphone fixe, Aldi qui ne vend pas de produits frais...) De plus, j’ai peine à croire qu’au lendemain de l’affaire Dutroux qui a secoué profondément tout le pays, les enfants de ce village soient si libres et laissés à eux-mêmes.
Ensuite, je l’ai trouvé lent, extrêmement lent, comme l’ennui qui colle à la peau d’Eva dans ce village microscopique. Et parfois trop touffu : beaucoup de détails sur la vie du village, les événements anodins du quotidien, les ragots qui l’animent m’ont paru dispensables.
Enfin, je crois que je m’attendais à un dénouement différent. J’ai tellement lu les mots « malaise, atmosphère irrespirable, soufre, glaçant, glauque, machiavélique » que je prévoyais autre chose -d’où le fait que j’ai longtemps postposé cette lecture – même si la fin est réellement noire, cruelle, à la limite du supportable comme si l’auteure se plaisait dans le sordide et le cru.
Je suis contente de l’avoir lu, je me suis fait ainsi un avis personnel. Très mitigé comme vous l’avez lu.
Tags : Débâcle, enfance, Flandres, jeux, danger, vengeance, village, cruauté, thriller, roman noir
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Commentaires
Une couverture accrocheuse et des critiques dithyrambiques, un roman qui me faisait de l'oeil. Mais après avoir lu ton avis, je ne suis plus tentée.
Je m'en voudrais de vous empêcher de le lire. Faites-vous une opinion personnelle, peut-être aimerez-vous plus que moi.
7Jess DMardi 17 Juillet 2018 à 18:26Ma femme a adoré et m'a poussé à le lire. J'ai fini en quelques jours mais je n'ai pas trouvé tout le bien qu'elle m'en a dit. C'est bien écrit (ou bien traduit) mais c'est lent, long et je m'attendais aussi à autre chose. Déception.
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Je suis arrivée au 3/4 et j'ai de la peine. C'est lent, ça n'avance pas. Je me demande ce qui est arrivé à Jan et aux enfants, qui a fait quoi. Pfff. C'est mou.
Mais je n'ose le dire car autour de moi tout le monde a adoré.