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Délicieuses pourritures, Joyce Carol OATES
1975. Gillian Brauer, 20 ans, brillante étudiante de troisième année, voudrait briller encore davantage aux yeux de André Harrow, son charismatique professeur de littérature, qui, cette année-là, a créé un atelier de poésie aussi recherché que sélectif. Fatigué des poèmes plus ou moins convenus qu'elles produisent, Harrow décide de faire écrire et lire en classe à ses élèves leur journal intime, n'octroyant ses compliments qu'aux confessions les plus osées, ce qui provoque surenchères et accidents parmi les élues. Car, on s'en doute, toutes ces demoiselles sont amoureuses de leur professeur qui en joue sans vergogne. Et Gillian est décidée à plaire autant que Harrow à séduire.
Mon avis :
J’ai dévoré les 125 pages de ce roman en une heure. Mais le sentiment de malaise qu’il m’a laissé perdure encore. Certes, nous sommes dans les années 70, permissives et libérées, dans une université américaine, mais a-t-on, avait-on le droit, en tant qu’enseignant de se comporter ainsi ? Se délecter des pages les plus noires ou les plus osées des journaux intimes de ses étudiantes est une perversion grave que l’administration n’aurait pas dû tolérer. J’ose croire que plus aucun jeune aujourd’hui ne tomberait dans le panneau.
Et ceci, n’est qu’une petite partie de ce que ce séduisant professeur, jouant de son autorité et de son charme, inflige à ces jeunes élèves, en souffrance pour différentes raisons. Tel un père machiavélique, il fait régner la jalousie et l’envie entre les filles qui, pourtant, s’apprécient. Diviser pour mieux régner. Manipuler.
Je remercie Estelle de m’avoir offert ce roman que je souhaitais lire depuis longtemps. Si le propos m’a bouleversée, je n’ai pas été déçue par ce récit dont l’écriture précise et la musicalité des phrases m’ont séduite. Oates a le don de créer une atmosphère en quelques phrases courtes, bien senties, et d’une froideur incroyable. Elle ne juge pas, elle décrit. La tension qui règne entre les filles, les non-dits, le jeu de la séduction qui s’installe créent un malaise que l’auteur a subtilement amené. C’est un roman court mais très dense dont on ne sort pas indemne.
Tags : délicieuses pourritures, oates, littérature américaine, adolescence, séduction
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Commentaires
Je l'ai lu il y a un petit moment, et je ressent encore le malaise durant ma lecture quand j'y repense. En quelques phrases, l'ambiance oppressante est là et ne nous quitte plus jusqu'à la fin.
3paikanneSamedi 2 Juin 2012 à 12:08Il ne m'attire pas du tout pour plusieurs raisons : le titre, la couverture et les billets évoquant souvent le malaise dont tu parles...
Je suis contente qu'il t'ait plu .
Je ne l'ai pas encore lu et je crois que je vais céder après avoir lu ton billet enthousiaste.
C'est le 2e titre que je lis (le 1er était un roman jeunesse) et j'aime beaucoup son style. J'espère seulement que ses autres livres sont moins noirs, moins nauséabonds que celui-là.
C'est le prochain livre de Oates que je prévois lire de Oates. Bien hâte de me faire mon propre avis !
10CajouJeudi 12 Juillet 2012 à 03:18J'en garde le mêmesouvenir que ce que tu en dis. Ce malaise nauséabond mais je neregrette absolument pas cette lecture !
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Je n'ai pas du tout aimé ce roman, j'ai même dû faire un effort pour le lire jusqu'au bout .... heureusement peu de pages !
Une auteure qui n'est pas pour moi : 3ème roman lu - les deux autres "Blonde" et "Fille noire, fille blanche" - ....et le même ressenti : ennui et aucune émotion ....:-(