• Julieta, Pedro ALMODOVAR

    JJulieta, Pedro ALMODOVARulietta, la cinquantaine, s’apprête à quitter Madrid pour suivre son compagnon à Lisbonne, lorsqu’elle rencontre Béa, l’amie d’enfance de sa fille Antia. Cette rencontre fortuite la pousse à changer ses plans. Bea lui apprend qu’elle a croisé Antia en Suisse, une semaine plus tôt. Julieta espère alors renouer les liens avec sa fille qu’elle n’a plus vue depuis le jour de ses dix huit ans. Elle renonce à partir et retourne vivre dans l’appartement qu’elle habitait quand sa fille a pris la fuite. Elle se met alors à raconter sa vie dans un carnet comme un moyen d’exorciser le passé. 
    Tout commence par la rencontre avec le père de sa fille, un soir, dans un train.

    Mon avis :

    Cette scène du train m’a fait penser à une histoire déjà lue. De même que divers moments dans le récit. Je me suis rendu compte lors du générique, qu’Almodavar s’était inspiré de trois nouvelles d’Alice Munro pour construire son scénario. Nouvelles tirées de « Fugitives » un recueil que j’ai lu il y a un peu plus d’un an.

    Les nouvelles d’Alice Munro parlent de fuites, de fugues, de départs. Pedro Almodovar s’est emparé de ces nouvelles pour en faire un thriller psychologique qui vire peu à peu au mélodrame. Julieta est-elle responsable du départ de sa fille ? Peut-elle la faire revenir ? Le récit douloureux que Julieta couche sur le papier (un dramatique incident, une gouvernante qui s’immisce dans la vie de son employeur, une tempête meurtrière...) sera en quelque sorte libérateur. Antia reste cependant absente et Julieta oscille entre ses retours dans le passé et l’envie de partir à la recherche de sa fille. Cette quête vers un avenir incertain est-elle la solution ? Ce conflit intérieur l’amènera à remettre en question sa vie, ses certitudes. Elle se défera alors peu à peu de la culpabilité dans laquelle elle a fini par s’enfermer.

    Dans ses textes, l’auteure canadienne dit l’importance des objets dans nos vies ; une statuette d’argile « L’homme assis » sert de fil conducteur au cinéaste. Almodovar campe son film en Galice, en bord de mer ; les histoires d’Alice Munro, elles, se passent au Canada, pays des montagnes et des lacs. Même s’il s’est librement inspiré de l’œuvre de cette dernière, on y retrouve les mêmes thèmes : les femmes, leurs blessures, leurs secrets, les choses cachées derrière les choses... Avec, en point d'orgue, une question lancinante, comme chez Munro : jusqu'où peuvent aller ces femmes qui plaquent tout ?

    Un beau film, joué avec brio par Emma Suarez et Adriana Ugarte qui nous parle du destin, de la culpabilité et de la force mystérieuse qui pousse certains à quitter ceux qu’ils aiment. Et de la souffrance que cet abandon brutal cause à la personne quittée.

     

     

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Mardi 19 Juillet 2016 à 09:51
    krol

    Tu en parles très bien. J'ai beaucoup aimé ce film. Je n'ai pas lu les nouvelles d'Alice Munro mais le film donne envie de les découvrir.

      • Mardi 19 Juillet 2016 à 10:57

        Merci. Je ne tenais pas à faire vraiment une analyse du film mais à comparer avec les nouvelles qui sont à son origine.
        smile

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