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L'angoisse du poisson rouge, Mélissa VERREAULT
Manue aime se faire croire que son existence, « digne d’un scénario hollywoodien », est catastrophique. Fabio, jeune Italien immigrant, ne se sent chez lui nulle part, car « lorsqu’on a choisi de quitter sa maison, elle nous devient à jamais interdite ». Leurs chemins se croisent alors que Manue recherche son poisson rouge mystérieusement disparu. Le récit de leur relation s’entremêle avec celui de Sergio, soldat de la Seconde Guerre mondiale, homme mort cent fois. Tous trois s’embarqueront dans une épopée improbable où les méduses détiennent la réponse aux questions existentielles, où les messages sont livrés par pigeon voyageur et où il est parfois nécessaire d’entrer par effraction dans sa propre demeure.
Mon avis :
Ce roman choral met en présence trois personnages excentriques. Manue, jeune graphiste sans boulot, désœuvrée, traine son mal-être dans une vie vide. Un jour où elle cherche son poisson rouge disparu, elle rencontre Fabio, très proche de son grand-père Sergio qui a combattu durant la Seconde Guerre mondiale et survécu aux goulags. La seconde partie du roman nous transporte d’ailleurs à cette époque. Enfin, la dernière nous emmène en Italie où Sergio vient de mourir. Fabio se rend à son enterrement et reçoit de sa grand-mère une mystérieuse boite qu’il ne veut ouvrir qu’en présence de Manue.
Inspirée par le grand-père de son compagnon, Mélissa Verreault a imaginé le personnage de Sergio qui donne tout son sens au roman. Après tout ce qu’il a vécu, il a surmonté ses souvenirs d’atrocités, s’est marié et a eu une vie bien remplie. En découvrant cette vie, Manue se rend compte que si Sergio a pu survivre à toutes les horreurs qu’il a connues, elle peut aussi surmonter ses peines de cœur, la perte de sa sœur, le départ de son père…
Sur un ton badin voire burlesque, l’auteure nous raconte des histoires familiales parfois légères, souvent pesantes sur l’angoisse de vivre. Il arrive qu’on trouve le récit décousu mais il reste profond et traversé de sensations fortes. Et pour désamorcer l’aspect dramatique du récit, Mélissa Verreault emploie un ton pétillant et fantaisiste soutenu par une écriture juste et cela fonctionne à merveille.
J’ai trouvé ce roman, qui parle de la vie, de son sens et l’interroge, profondément humain. A la fois drôle, bouleversant, hors normes, ce roman fait du bien et remet les choses à leur juste place.
A découvrir absolument, si ce n’est déjà fait.
Tags : Québec en novembre, famille, souvenirs, roman choral, récits croisés, solitude, Seconde Guerre mondiale, résilience
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