• La gloire de maudits, Nicolas D'ESTIENNE D'ORVES

    Fille d’un collaborateur exécuté sous ses yeux à la Libération, Gabrielle Valoria doit écrire la première biographie de Sidonie Porel. Mais qui est vraiment Sidonie Porel ? La plus célèbre romancière de son époque ou une imposture littéraire ? Une grande amoureuse ou une manipulatrice ?
    En plongeant dans le passé de cette femme qu’elle craint et qu’elle admire, Gabrielle découvre un univers où grouillent les menteurs et les traîtres. Ecrivains, politiciens, journalistes, prostituées, grands patrons : tous cachent un secret qui tue…

    Mon avis :

    J’avais beaucoup aimé Les fidélités successives il y a quatre ans et je me réjouissais de retrouver Nicolas d’Estienne d’Orves dans un roman de la même veine. Après avoir exploré les ambiguïtés de l’Occupation, il s’attaque ici aux mensonges de l’après-guerre avec la même fluidité qui permet de tenir le lecteur en haleine et de le captiver d’un bout à l’autre.

    Les années 50 ont été sombres mais la société française a tendance à jeter un voile pudique sur cette période qui ne la grandit pas. Longtemps passée sous silence, cette période est pourtant riche en enseignement. L’épuration terminée, les peines purgées, les amnisties proclamées, chacun a repris le cours de sa vie. De nombreux collabos passés entre les mailles ont tourné leur veste par opportunisme et peur des représailles mais rêvent de ressusciter ces années d’opulence. Les enfants des exécutés, eux, trop jeunes pour comprendre ce qui se passaient durant la guerre, sont maintenant adolescents et subissent l’opprobre. Comment vivre avec ces marques indélébiles ? C’est ce que tentent de faire l’héroïne, Gabrielle Valoria et son jeune frère Simon. Pour survivre, elle a cédé peu à peu son héritage mobilier et se retrouve acculée, ses dettes étant énormes. C’est le moment que choisissent les vautours pour apparaitre.

    La société d’après-guerre est plurielle, trouble et en pleine mutation. Nicolas d’Estienne d’Orves nous la dépeint avec justesse et développe une grande fresque sociale du Paris complexe et paradoxal de ces années-là. Il met en scène une nébuleuse de gens prisonniers de leurs mensonges et continuellement sur leurs gardes. Et son roman est captivant d’un bout à l’autre. Explorant les zones d’ombre de ses personnages et de la société en général, il met au jour les petits arrangements avec l’Histoire, les mensonges éhontés, les manipulations et le cynisme de ceux qui ont bien profité du système. Comme dans son roman précédent, le milieu littéraire n’est pas épargné. De l’ex prix Goncourt méprisé après sa condamnation à mort à l’éditeur à l’attitude ambiguë, il dépeint toute une gamme de tricheurs, menteurs, jaloux et perfides dans un tableau jubilatoire où il est souvent difficile de faire toute la lumière sur les actes des uns et des autres. Quelques noms sont cités, rien qui ne soit inconnu, certains sont imaginés mais d’autres se laissent voir en filigranes et c’est savoureux.

    Nicolas d’Estienne d’Orves a une plume addictive, il n’a pas son pareil pour raconter des histoires passionnantes et nous ferrer dès les premières pages. Il mêle réalité et fiction, s’inspire de trois grandes romancières pour créer Sidonie Porel, manipulatrice et menteuse, et recrée à merveille le quotidien de cette époque-là. J’ai adoré ce récit qui met en lumière non seulement une époque et des faits mais aussi les travers humains intemporels.


     
    La gloire de maudits, Nicolas D'ESTIENNE D'ORVES9e

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 21 Décembre 2017 à 21:48

    J'en connais un à qui ce livre plairait certainement : mon fils ! 

    Bonne fin de semaine. 

      • Jeudi 21 Décembre 2017 à 21:52

        Ha, une idée cadeau.
        Joyeuses fêtes Phil.

    2
    Vendredi 22 Décembre 2017 à 11:02
    Alex-Mot-à-Mots

    Pas un coup de coeur, mais une lecture que j'avais aimé.

    3
    Lundi 25 Décembre 2017 à 20:03
    Marion

    Rien à voir avec ton billet, mais je ne sais pas trop où déposer mon message...

    Je veux simplement te souhaiter une douce fin d'année !

    Nous sommes déjà le 25; j'espère que tu as passé un bon réveillon hier soir.

    Marion

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