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Le cas Alan Turing, LIBERGE & DELALANDE
Londres 1938. Les services secrets britanniques recrutent un jeune et brillant chercheur en mathématiques : Alan Turing. Sa mission : déchiffrer les codes de l’Enigma, la machine qui permet de transmettre les instructions du Führer à ses troupes. Toutes les tentatives de décryptage ont échoué jusque-là. C’est le plus grand défi de la vie d’Alan Turing. Un bras de fer scientifique inouï. Dans le secret le plus total, il s’attelle à la tâche.
Mon avis :
Quelle que soit l’époque, il est difficile d’être reconnu et compris quand on est un génie. Le cas d’Alan Turing est en ce sens exemplaire. Elevé par des étrangers et bafoué par son père qui ne voyait en lui qu’un bon à rien, moqué par ses camarades de classe qui ne comprenaient pas le rêveur qu’il était, il a très tôt pris conscience de sa différence et fui les contacts. Bien que les signes de son génie soient évidents (apprentissage de la lecture en trois semaines, affinité précoce avec les chiffres et les énigmes) il se mit à bégayer et n’arriva jamais à nouer des relations normales avec ses collègues ou son entourage. Sa personnalité tourmentée mais géniale joua cependant un rôle majeur dans l’Histoire.
Ce mathématicien cryptologue britannique est à l’origine de l’informatique moderne que nous utilisons chaque jour et pourtant bien peu de gens le connaissent aujourd’hui. Durant la Seconde Guerre mondiale, il est recruté par les Services Secrets britanniques afin de trouver un moyen de déchiffrer les messages cryptés que le système nazi Enigma utilise. Il conçoit alors une « bombe » logique (le premier ordinateur) pour casser ce système. Elle est capable d’abattre par jour le travail de 10 000 hommes. Ce sera le premier de cinq progrès majeurs dus à Turing.
Sur le plan personnel, il vit difficilement son homosexualité dans une société intolérante. Obligé de se cacher, de mentir, il souffre de dissimuler sa vraie nature. Poursuivi et condamné pour indécence et perversion sexuelle, il est condamné à la castration chimique. Infiniment affecté par cette injustice, il préfère se suicider en mangeant une pomme empoisonnée. Il a 41 ans.
En 1977, alors qu’il cherche un nom et un logo pour son système informatique, Steve Jobs choisit une pomme croquée en hommage au pionnier de l’intelligence artificielle, père de l’ordinateur.
Cette bande dessinée est un magnifique hommage à ce génie dont la vie relève de la tragédie grecque. La construction narrative choisie par Arnaud Delalande utilise nombre de flashbacks dans lesquels Turing revoit son enfance et les moments marquants de son existence. On y comprend parfaitement la souffrance psychologique et intellectuelle qu’il endura toute sa vie.
Tant dans le scénario que les dessins, la symbolique mathématique est omniprésente (j’avoue avoir parfois décroché tant tout cela est ardu) et nous montre la grandeur du génie qu’était Alan TuringJ’ai beaucoup aimé cette histoire forte et touchante, celle d’un homme qui chercha toute sa vie sa place et son identité dans un monde dont il ne possédait pas les clés malgré l’intelligence exceptionnelle qui était la sienne.
Tags : Le cas Alan Turing, mathématique, Enigma, décryptage, Seconde Guerre mondiale, homosexualité, BD, Delalande
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Commentaires
Sûrement intéressant mais je ne lis pas de BD.
Passe un très bon weekend.