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Le fil des kilomètres, Christian GUAY-POLIQUIN
Un mécanicien décide de tout abandonner pour aller visiter son père malade, à l’autre bout du continent. Mais la route est longue à bord de la vieille bagnole et une étrange panne d’électricité, qui le poursuit, complique le trajet. Dans ce labyrinthe en ligne droite, le danger guette, l’essence se fait rare, la soif tenaille et les souvenirs montent des embuscades. En chemin, l’homme embarque une femme mystérieuse et un type excessivement volubile, qui provoqueront des détours inattendus. « La petite voiture rouge est bien chargée et vibre à toute allure sous le regard noir du soleil. » Pour toucher à son but.
Mon avis :
Métaphore de la vie, de la quête du sens, une étrange histoire de labyrinthe débute l’ouvrage. Elle continuera par bribes au fil du récit.
Il fait chaud, lourd, oppressant. Nous sommes dans un univers sans repère géographique précis. Un homme (il ne sera jamais nommé) fatigué, usé par la vie, entreprend un long périple à travers le continent, pour revoir son père avant sa mort. Un voyage de plus de 4000 km sur des routes désertes, au cœur de paysages désertiques ou apocalyptiques. Une mystérieuse panne d’électricité s’est soudainement abattue sur tout le pays, alors qu’il débute son voyage. Quelle en est la cause ? Durera-t-elle ?
Impuissants et incapables d’obtenir des réponses à leurs questions, certains paniquent et fuient. D’autres profitent de la situation. Pillages, rackets, agressions se multiplient. Homo homini lupus est. Très vite, ce qu’il y a de plus vil en chacun semble exacerbé par cette panne et la chaleur environnante. Chaos et désolation défilent sous les yeux de cet homme qui n’a plus qu’un but, une obsession, revoir son père au plus vite.Amateur de road movie et de grands espaces vous apprécierez les plaines immenses, les forêts vertes, presque noires, les bancs de brumes, lacs, marécages… Par petites touches subtilement posées sur ce paysage, la chaleur nous étreint au fil de notre lecture galvanisant la tension permanente. On devine que la panne est grave, que quelque chose d’étrange se passe mais on s’y jette, avançant droit devant avec cet homme.
L’auteur, dont c’est le premier roman, nous rappelle ici qu’il est temps d’aller à l’essentiel. Son écriture glisse, rectiligne ou sinueuse, à l’image de son propos. Démarrant lentement, elle dessine peu à peu une intrigue haletante, presqu’un thriller, tout en ne négligeant pas le décor, soigné, omniprésent, ponctuant la solitude du conducteur et intimement lié au récit de cette quête. C’est aussi l’histoire d’un pèlerinage, d’un voyage intérieur ; l’histoire d’une filiation distendue dont l’homme rembobine le fil, le fil de sa mémoire.
Un très beau roman, poétique et subtil.En naviguant sur le net, j'ai découvert cette vidéo de présentation. L'atmosphère y est particulièrement bien rendue. Voir ici.
Tags : Le fil des kilomètres, road movie, voyage intérieur, Canada, grands espaces, Guay-Poliquin
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Commentaires
Je ne crois pas qu'il soit déjà dans les librairies européennes mais tu peux sans doute le commander en numérique sur www.livresquebecois.com
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Une première belle lecture d'après Foire ! ;-)