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Le Résident, Elsa VASSEUR
Mars 2017. Jacques Cascade s'installe pour six semaines dans la résidence d'écriture de White Falls, village perdu au nord de l'État de New York. Espérant renouer avec l'inspiration, il doit aussi cohabiter avec les autres pensionnaires : Ritesh, le poète indien silencieux, Dave, le dramaturge britannique si content de sa personne, Holly, l'essayiste américaine psychorigide, ou encore Cheyenne, la discrète écrivaine américano-iranienne.
S'il y rencontre occasionnellement de farouches supporters de Donald Trump, les excursions de Jacques dans la campagne américaine le renvoient surtout à lui-même. Au point que des traumatismes enfouis ressurgissent. Pourquoi s'est-il tant éloigné de sa sœur Danielle ? Pourquoi son père est-il parti quand il était enfant ? Et, surtout, quel terrible mystère se cache derrière la mort de sa mère ?Mon avis :
Jacques Cascade est à un tournant de son existence. Il peine à écrire son dernier roman, son couple bat de l’aile et son passé le bloque. Son éditeur le pousse à participer à une session d’auteurs en résidence. Un défi pour Jacques le taciturne que de vivre avec d’autres auteurs dont il se moque bien et de se concentrer sur l’écriture de son roman dont il n’a même pas le sujet. Au fur et à mesure que les jours passent, il se noue pourtant avec Ritesh, paisible et silencieux, ainsi qu’avec Cheyenne avec laquelle il fait de longues marches dans la nature.
Plusieurs choses dans l’organisation de la résidence interpellent Jacques : le sentiment d’être épié, les allées et venues de Will, le responsable faussement cordial et directif à l’excès, ainsi que des coïncidences qui le ramènent bizarrement à son enfance. Le confinement à la résidence Oscar Wilde est pesant. Des flashbacks de plus en plus fréquents vont peu à peu faire remonter à la surface des moments de vie en famille. Pourquoi ? Aurait-il refoulé un fait grave, un traumatisme ? Et si les mots allaient tout faire basculer ?
Ce thriller intimiste se penche avec finesse sur la psychologie du personnage principal et les méandres de sa pensée tout en ne laissant pas de côté ceux qui gravitent autour de lui. Lentement, Elsa Vasseur pose le décor, l’atmosphère, joue des apparences et distille au compte-goutte les informations qui permettent aux lecteurs de comprendre ce qui se trame en filigranes. A la fois comédie satirique et roman existentiel, ce récit est original et agréable à lire. L’écriture fluide et descriptive de l’auteure m’a plu de même que les découpages de la narration. Peut-être y a-t-il quelques longueurs et épisodes dispensables mais l’ensemble est cohérent. Un bon moment de lecture.
Merci aux éditions Robert Laffont pour cet envoi.
Tags : littérature française, thriller psychologique, enfance, écriture, inspiration, résidence d'auteurs
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