• Le roman de Zelda, Thérèse Anne FOWLER

    Le roman de Zelda, Thérèse Anne FOWLERElle a 17 ans, c’est une belle du Sud, petite dernière d’une famille bourgeoise de Montgomery, exubérante et fantasque. Quand elle le rencontre lors d’un bal, il a 21 ans, porte l’uniforme et veut vivre de sa plume. Bravant les conventions, elle part l’épouser à New York, quelques jours après la sortie de son premier roman, L’Envers du paradis. Le livre est un immense succès, et les deux amoureux deviennent instantanément célèbres, propulsés dans un tourbillon de fêtes effrénées entre Long Island, Paris et la Riviera française. Elle, c’est Zelda ; lui, c’est Scott : ils viennent d’entrer dans la légende.

    Mais l’insouciance de la vie mondaine, les dépenses folles et les flots de champagne détruisent l’harmonie du couple. Tandis que Scott sombre dans l’alcoolisme, la délaisse et l’accuse de tous les maux, Zelda lutte corps et âme pour exister. Écriture, peinture, danse, elle cherchera éperdument son identité jusqu’à en perdre la raison, et disparaîtra de façon tragique dans l’incendie de son dernier asile. Toute sa vie, elle sera restée dans l’ombre de l’homme qu’elle a aimé à la folie. Ce roman lui rend enfin sa voix.

    Mon avis :

    Quand les Editions Michel Lafon m’ont proposé ce livre, je n’ai pas hésité une seconde, tant cette période de l’histoire de la littérature me fascine. Cette « génération perdue » comme l’appelait Gertrude Stein, formée d’écrivains devenus emblématiques de l’Amérique de l’entre-deux-guerres (Dos Passos, TS Eliot, Hemingway, Ezra Pound…), attire par son insouciance, ses fêtes tapageuses et la personnalité de ses membres. Installés en Europe où le dollar fort leur permet de vivre à l’aise, ils mènent une vie de bohème où l’alcool coule à flot. Ils véhiculent le sentiment d’une perte de sens, d’un déclin des valeurs sociales, religieuses, morales et politiques et proposent une rupture nette avec le passé, tant au niveau de leur mode de vie que de leurs écrits et des thèmes abordés.

    Considéré comme le chef de file de la Génération Perdue, F. Scott Fitzgerald en était sans doute aussi le plus glamour. Avec sa jeune épouse Zelda, ils formaient un couple mythique. Jeunes, riches, beaux, pleins de vie, ils auraient pu tout réussir.

    Cet ouvrage est une fiction, même s’il se base sur des lettres de Zelda et de son entourage, sur les écrits et carnets de Scott et d’autres documents personnels. Partant du point de vue de Zelda, il essaie de rendre au plus juste la vie du couple, l’époque dans laquelle il vit, la société dans laquelle il évolue et les idées qui s’affrontent alors, tant en Amérique qu’en Europe. Epoque charnière dans l’émancipation de la femme, l’évolution des arts, la situation économique et politique du monde, ces vingt années ont été d’une grande richesse. Thérèse Anne Fowler nous les décrit par le menu.

    Dès le départ, l’auteure nous dépeint une Zelda au comportement audacieux, énergique, sans tabou, aimant choquer la société trop puritaine de son Alabama natal. Rien d’étonnant qu’elle se laisse séduire par le fantasque et séduisant Francis Scott Fitzgerald, alors militaire en attente de partir sur le front, mais qui veut devenir écrivain, le plus grand écrivain de tous les temps. Elle sera son épouse et son égérie.

    Couple mondain, élégant, chic et noceur, Zelda et Scott deviendront rapidement les icônes de leur génération. Scott s’emploie d’ailleurs très bien à mettre en scène sa jeune et jolie épouse qui ne recule devant aucun défi, aucun esclandre. Le couple s’amuse, fait parler de lui, est invité dans tous les cocktails, réceptions et diners mondains et dépense sans compter. Ils sont à la mode et cela leur plaît. Ils s’aiment passionnément et pensent que cela va durer toujours.

    Le succès, quoique relatif, de Scott, relègue vite Zelda au second plan ce qui n’est pas du tout dans sa nature. Faire-valoir de son époux, niée dans ses aspirations et ses idées par un mari alcoolique, autoritaire, prétentieux et immature, Zelda s’ennuie et s’étiole. Et ce ne seront plus entre eux que jalousie, ressentiment et acrimonie. Malgré diverses tentatives pour exister par elle-même et gagner sa liberté, Zelda se rendra compte qu’il n’y a pas de place pour deux artistes dans son couple. Chaque fois qu’elle aura l’occasion de briller par elle-même, Scott se chargera de la remettre à sa place d’épouse et de muse, jusqu’à ce qu’elle sombre lentement dans la dépression, voire la schizophrénie.

    Divertissant et intéressant, mêlant romance et histoire, ce roman rend hommage à une jeune femme libre, en avance sur son temps. Sensible aux idées progressistes de l’émancipation de la femme, elle est décrite comme la victime d’un mari autoritaire et d’une société machiste (voire entre autres, les propos des médecins qui la soignent) et en devient par là même une sorte d’icône féministe.

    Malgré quelques longueurs et une fin trop vite expédiée à mon goût, ce livre vaut la peine d’être lu pour découvrir ce couple mythique et l’époque dans laquelle il a vécu. A deux semaines de la sortie du remake de « Gatsby le Magnifique », il vous donnera aussi l’occasion de mieux appréhender le contexte de l’œuvre. 

     

     

     Le roman de Zelda, Thérèse Anne FOWLER

     

     

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 3 Mai 2013 à 08:59
    Alex-Mot-à-Mots

    Une femme au destin brisé.....

    2
    Samedi 4 Mai 2013 à 07:56

    Un beau cadeau alors.

    Je t'en ai fait un aussi (empoisonné) : je t'ai taguée. Sans obligations bien sûr.

    Bon weekend. 

    3
    Lundi 6 Mai 2013 à 20:32
    Anne (desmotsetdesno

    Il faudra que je pense à citer ton avis, je l'ai reçu aussi de l'éditeur... donc je te lis un peu en diagonale.

    4
    asphodèle85
    Dimanche 16 Juin 2013 à 20:16

    Ca y est je l'ai fini, je n'y ai pas appris grand-chose que je ne savais déjà mais c'est un excellent roman !!!

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