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Léonor DE RECONDO
Du 9 au 13 octobre a lieu « La Fureur de lire ». Cette manifestation qui existe depuis plus de vingt ans a pour objectif de valoriser les potentialités de la lecture ainsi que tous les acteurs de la chaine du livre : auteurs, éditeurs, libraires et bibliothécaires.
Dans le cadre de cette manifestation, la librairie Pax recevait cette semaine Léonor de Récondo, auteure de Pietra Viva.
Violoniste baroque, ayant débuté à 5 ans, elle écrit son premier roman en 2010.
Ce troisième roman est un des grands succès de la rentrée. Il met en scène Michel Ange. Nous sommes en 1505 et il a trente ans. Jules II vient d’être élu Pape. Artiste reconnu, Michel Ange sera appelé à réaliser son tombeau. Il part donc pour Carrare, chercher le marbre nécessaire à ce dernier.Pourquoi avoir choisi d’écrire un roman autour de Michel Ange ?
La littérature foisonne d’ouvrages sur Michel Ange. Mais il me parlait parce qu’il allait lui-même sur place, à Carrare pour choisir ses marbres. Il se confrontait à la matière, à la montagne.
A l’époque, le terme artiste n’était pas usité, on parlait plutôt d’artisan. On commençait en bas de l’échelle, on apprenait le métier et on montait lentement les échelons de la hiérarchie. On servait un maitre, parfois toute sa vie, préparant le travail, les toiles ou les sculptures pour le maître. Michel Ange a une vision de l’art bien différente. Il a forgé une autre vision de l’artiste, celle de quelqu’un qui avait quelque chose à dire, à exprimer à travers ses œuvres
Il est resté dans la mémoire collective comme l’Artiste avec un grand A.Beaucoup de faits évoqués dans votre roman sont avérés par la correspondance de Michel Ange et ses biographes. Comment arrive-t-on à faire la part des choses entre la réalité et la fiction quand on écrit ?
J’ai écrit ce livre parce que mon père est sculpteur et que j’ai passé beaucoup de temps dans les carrières de Carrare, un lieu magique et magnifique. Nous y allions en vacances et le café où nous aimions prendre un verre s’appelait « Le Michel Ange ». J
Michel Ange a visité les mêmes lieux, est allé à Carrare où il est resté six mois, vivant au rythme de la carrière. Il s’est confronté à la matière, à la rudesse du travail des carriers. C’était important pour moi.J’ai commencé par lire les biographies qui ont été rédigées de son vivant. C’est assez rare pour le souligner. Puis je me suis attaquée aux écrits postérieurs puis aux livres consacrés aux techniques de travail du marbre. Je me suis ensuite plongée dans l’écriture. Mais je ne suis pas historienne. Mon chemin est avant tout romanesque et fictionnel.
Plusieurs faits sont vrais mais ce qui m’intéresse, c’est davantage ce qui s’est passé en lui, ce que son voyage a changé. Il est parti abattu par la mort du jeune moine Andrea. Il passe ses soirées en solitaire, puis au fils des jours, il se laisse approcher, toucher. Pourquoi a-t-il changé de regard sur la vie, l’art, les autres ?Y a-t-il un lien entre le violon et l’écriture ?
Je ne peux pas écrire en musique, cela me distrait. Quand j’écris, je mets des boules quies. J Pourtant ces deux activités sont en moi, cohabitent.
J’aime le lien que la musique me procure avec les spectateurs lors des concerts. Après des heures de répétitions solitaires, il y a le travail d’équipe avec l’orchestre puis la rencontre avec le public. Il n’y a pas ce partage dans l’écriture qui est un acte solitaire. D’un autre côté, la musique est cadrée, codée, il y a des temps, des pauses, des accords à respecter, de la rigueur. L’écriture, elle, me donne une vraie liberté.J’écris parce que j’ai adoré lire. Ouvrir un livre et entrer dans son univers, c’est magique, unique. Je lis tout azimut et ne me sens pas d’une école particulière en écriture. J’essaie de ne pas tout maitriser. Je veux avant tout rester dans l’émotion.
Il m'a été permis de rencontrer une femme d'exception, intelligente, douce et simple. Un moment de plaisir, suspendu dans le temps...
Tags : Léonor De Récondo, Pietra viva
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