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Mangez-moi, Agnès DESARTHE
Ouvrir un restaurant ? Quelle idée...
C'est pourtant celle qui vient à l'esprit de Myriam, et qu'elle s'empresse de mettre à exécution. Les ennuis commencent car ce restaurant est aussi sa maison. Éviter la faillite, vivre en clandestine et garder le secret sur un itinéraire trop chaotique constituent l'exercice de jonglage auquel elle se livre chaque jour.
Qui est Myriam ? Une collectionneuse de contradictions.
Bannie de chez elle pour une faute inavouable, c'est une âme errante qui n'aspire qu'à la stabilité, une téméraire qui déteste qu'on la surprenne. Son problème, c'est le temps. Comment faire pour que l'avant et l'après coïncident à nouveau ? Que le passé cesse d'être douloureux et que l'avenir s'éclaire ?Mon avis :
Quelle jolie parabole que ce récit !
A travers la création d’un restaurant de quartier atypique, Myriam, qui a eu jusqu’ici une vie instable faite de fuites et de déceptions, va s’ancrer dans un lieu et se construire une identité, surmontant lentement la culpabilité qui la taraude. Pour la première fois, elle a enfin l’impression d’être elle-même. Elle se prend en main, plus ou moins bien, et décide de mener à bien son grand rêve : ouvrir un restaurant qui lui ressemble et faire du bien autour d’elle.
Mais Myriam est une rêveuse un peu menteuse, et les réalités financières quotidiennes d’un commerce lui échappent. Heureusement, elle sera aidée par un ange, engagé chez elle comme serveur. Un autre utopiste mais plus au fait de la gestion d’entreprise. Entre eux se nouera une relation maternelle protectrice où Myriam retrouvera l’amour et l’affection qu’elle a si mal donné à son propre fils.
L’histoire de ce roman c’est aussi, et surtout, une histoire d’amour avortée, autodestructrice, entre une mère et son fils. Un fils parfait, brillant, gentil comme toutes les mères en rêveraient mais pour lequel Myriam a éprouvé si peu d’amour. Sa clientèle va pallier ce manque, pour un temps. Elle est enfin reconnue, aimée et revit peu à peu. Elle comprend alors qu’il n’est pas besoin d’être parfait pour être aimé ou être aimable. Et une digue lâche enfin.
Agnès Desarthe a su donner à son personnage le brin de folie et les fêlures qui la rendent unique et intéressante. Ses pensées nous permettent de mieux appréhender sa personnalité et sa souffrance et au fil des pages, elle devient de plus en plus attachante. La langue est belle, drôle, sensuelle aussi
Ce récit plein de saveurs nous relate finalement une quête initiatique originale où la tolérance et l’accueil de l’autre permettront à tous, et pas seulement à Myriam, de se construire une identité.
Un petit coup de fraicheur et d’optimisme bienvenu en ces temps difficiles.
Merci au club de lecture de nous avoir proposé cette lecture inattendue.
Tags : mangez-moi, cuisine, amour maternel, paris, agnès desarthe
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Commentaires
Plaisir non-partagé! ;-)
Je n'avais pas du tout aimé ce roman. Tout m'avait semblé complèment articifiel, sans rythme et, pour tout dire, un peu trop "mode".
Peut-être que lu six ans après sa sortie, l'effet "mode" n'opère plus. Je ne l'ai pas ressenti en tout cas. Pour le rythme, oui, c'est lent mais cela ne m'a gênée outre mesure. Mais je respecte ton avis divergent.
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Voilà qui a l'air intéressant...
Bonne journée ... encore bien froide ... à toi.