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Nous ne trahirons pas le poème, Rodney ST ELOI
"L'ancêtre parle, invoque terre, feu, ciel, océan. Des voix résistent, résonnent ; le poème se joue, tambour, espérance et acte de foi. Rien n'est trahison dans cette traversée. Tout porte vers l'incandescence, lumière de nos humanités."
Mon avis :
Rodney St Eloi n’est pas seulement le directeur de la maison d’édition « Mémoire d’encrier », il est également romancier, essayiste et poète.
J’ai acheté son recueil en mars 2020, lors de la fête organisée par la librairie Tulitu pour son 5e anniversaire. Le confinement qui a suivi ne m’a pas donné l’était d’esprit nécessaire pour lire ce recueil de poèmes. Je l’ai donc sorti de mal PAL durant le congé de Toussaint. Et j’ai bien fait.
Dès les premiers vers, je me suis sentie connectée à l’auteur. « Ecrire pour ne pas mourir/écrire sa carte d’identité pour semer les milices/…/Je veux écrire un poème qui ne trahisse/ni passé ni présent ni futur »
La littérature est vue comme un cri, une urgence, un besoin vital. Une aide pour traverser les moments douloureux, le quotidien et ses violences, l’exil. Mêmes autochtones dans notre pays, ne vivons-nous pas tous parfois ce sentiment de ne pas être en phase avec le présent ?
Rodney St Eloi donne ici une parole aux oubliés, aux silencieux. Ils nous parlent des Première nations, des migrants qui meurent en Méditerranée et de tous les opprimés que l’on préfère ignorer. Sensible mais juste, il nous rappelle que nous ne pourrons pas toujours les fuir, qu’il faudra rendre des comptes. Fier, il se met en scène aux côtés de ces hommes de l’ombre, lui le migrant haïtien du Québec.
Trouver sa place, dessiner sa voie, sans se renier, en alliant passé et mémoire, en s’enrichissant de rencontres, de moments partagés avec les autres, différents. Savoir qui l’on est et le dire fièrement. Parce que la diversité enrichit.
J’ai aimé ce court recueil, ces mots forts, intenses qui résonnent encore en moi. J’ai goûté cet hommage aux souffrances tues, à la résilience et à la résistance. Je ne peux que vous inviter à découvrir toute l’humanité qui habite les mots de Rodney St Eloi. Il y a urgence.
« Je recherche un amour d’encre / pour que ne s’arrête jamais le chant du monde. »
7e
Tags : Québec en novembre, poème, humanité, migration, oubliés, mémoire
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Commentaires
Je lis très peu de poésies...
Le genre ne me branche pas.
Bonne soirée.
Moi aussi, j'en lis peu mais j'aime ça.