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Oradour, L'innocence assassinée, MINIAC & MARIVAIN
J’ai retrouvé dans cette bande dessinée la même émotion que celle ressentie lors de ma visite du village martyr d’Oradour-sur-Glane, il y a trente ans. L’idée de mettre ce récit en images vient de Robert Hébras le dernier survivant de ce massacre. Bien que des récits historiques et des romans existent, il tenait à ce que l’histoire soit racontée de manière à intéresser les plus jeunes. Il a validé la majorité des planches, corrigeant certains détails, certains faits… avant de décéder en 2023. Cet album lui rend hommage ainsi qu’aux victimes et à leur famille.
Le 10 juin 1944, la division SS Das Reich qui remonte vers le nord, détruit ce paisible village, y assassinant sauvagement 643 civils innocents. Seule une poignée de survivants parvient à se sauver.
Miniac et Marivain, les auteurs, ont choisi un récit choral pour nous relater les jours qui entourent ce massacre. Chaque personnage vaque à ses occupations quotidiennes en France occupée : travail aux champs, commerçants dans leur boutique, enfants à l’école rêvant des vacances proches…
Bruno Marivain au dessin et Jean-François Miniac au scénario nous offrent un récit qui se concentre sur le jour du massacre et la motivation des bourreaux, ainsi que ses quatre rescapés. Mais il mélange flash-back, temps présents et souvenirs ainsi que les lieux aux environs d’Oradour, replaçant le massacre dans le contexte régional (les 99 pendus de Tulle, les otages de Saint Junien…) et les actes de résistance.
Les dessins sépia monochrome rendent l’atmosphère du passé, les cadrages soignés et la recherche des détails montrent la précision de la documentation en amont. La cruauté des SS est mise en avant ainsi que leur idéologie suprématiste ; les massacres sont traités avec précision mais sans pathos ou voyeurisme.
Le dossier documentaire et pédagogique à la fin de l’ouvrage explique le contexte des événements et le massacre en lui-même.
Sortie l’année des commémorations du 80e anniversaire du massacre d’Oradour, cette BD se veut devoir de mémoire afin de sensibiliser encore à la récurrente menace du révisionnisme et du retour d’idées nauséabondes.
Tags : Oradour, Seconde Guerre mondiale, massacre, commémoration, devoir de mémoire
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