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Saint Icitte du bout du monde, Katrine PARENT
Saint-Icitte, c’est un petit village situé au bout du bout du monde, où la tradition et l’habitude ont une place de choix. Où un énorme sablier sert à mesurer le temps qui passe – sauf lorsqu'on oublie de le retourner ! Un endroit où les métiers se transmettent de génération en génération, comme les noms de famille.
Par un beau matin, une vieille bergère et ses cent chèvres s’installent sur la petite butte à l’orée du village, bouleversant le quotidien de ses habitants. C’est que personne n’est jamais venu d’ailleurs pour s'établir ici – on ignorait même qu’il existait un ailleurs ! Dans le petit hameau où il ne se passe jamais rien, un vent de panique souffle, les rumeurs et les ragots circulent. Et si les menaçants nuages qui survolent le village depuis l'arrivée de la bergère étaient le fruit d’un mauvais sort ?
Mon avis :
Quel bonheur cette lecture ! Un vrai petit bijou de tendresse et d’humanithé.*
Katrine Parent nous offre ici un premier roman réussi, un conte touchant qui nous interroge sur notre sens de l’accueil, l’hospitalité dont nous sommes capables -ou non- et sur le repli sur soi.
Saint Icitte est un village intemporel, qui a toujours été là, comme figé dans le temps, « où on voyait encore en noir et blanc jusqu’à tout récemment ». Un hameau paisible, où le quotidien fait de routine garantit le bon déroulement des choses. Chaque journée est ponctuée de rituels, rythmés par le clocher de l’église. C’est tout ce bel équilibre qu’une bergère étrangère vient menacer.
La structure répétitive ponctue les chapitres comme autant de refrains, nous entraînant à la découverte des habitants du village où personne ne sait ce qui passe hors de ses limites. Personne n’est jamais venu à Saint Icitte et personne ne l’a jamais quitté -jusqu’à l’arrivée d’une étrange qui n’a pas les mêmes manières que les gens d’Icitte mais qui est bien fine quand même.
Chaque habitant a un nom truculent en rapport avec son caractère ou son métier, Il y a la Mère Aboire, l'aubergiste, ou le chasseur, Adélard Balette. Les jeux de mots et les mots-valises originaux émaillent le récit et font sourire d’un bout à l’autre.
Tout a l’air paisible à Saint Icitte mais à y regarder de plus près, c’est loin d’être le cas. Notre bergère (dont le nom ne sera révélé qu’à la page 196) devra faire preuve de patience et d’écoute pour toucher le cœur des villageois, bien peu habitués aux égards dont elle fait preuve envers eux.
Ce récit aux courts chapitres fera une merveilleuse histoire du soir à découvrir au fil des jours. D’une belle écriture, fine et précise, elle touchera sans aucun doute. Son humour et sa poésie plairont aux petits comme aux grands.
Espérons qu’elle change aussi le regard que chacun porte sur l’autre, différent de lui.*Ceci n’est pas une erreur. Pour comprendre, il faut lire ce récit.
Tags : Saint Icitte du bout du monde, hospitalité, méfiance, xénophobie, littérature québécoise, Parent
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