• Tropique de la violence, Natacha APPANAH

    Tropique de la violence, Natacha APPANAH«Ne t’endors pas, ne te repose pas, ne ferme pas les yeux, ce n’est pas terminé. Ils te cherchent. Tu entends ce bruit, on dirait le roulement des barriques vides, on dirait le tonnerre en janvier mais tu te trompes si tu crois que c’est ça. Écoute mon pays qui gronde, écoute la colère qui rampe et qui rappe jusqu’à nous. Tu entends cette musique, tu sens la braise contre ton visage balafré? Ils viennent pour toi.»

    Mon avis :

    Natacha Appanah nous emmène à Mayotte, loin des paysages de cartes postales idylliques. Cette île des Comores, ancienne colonie française située entre le continent africain et Madagascar se débat elle aussi dans les problèmes de société, liés à la délinquance, au chômage et à la drogue.

    A travers l’histoire de cinq personnages dont les voix s’apostrophent et montent tel un cri douloureux, nous découvrons la réalité d’une jeunesse abandonnée à son sort et qui, dans certains quartiers, fait sa loi pour survivre. Au centre, il y a Moïse, ce merveilleux bébé abandonné par une jeune mère célibataire clandestine parce qu’il a un œil vert, signe du djinn, et recueilli par Marie, épouse stérile délaissée. Longtemps, ce duo vivra en harmonie, dans un cocon de tendresse et d’insouciance tissé par la jeune femme. L’inévitable quête des origines que mènera Moïse à l’adolescence viendra bouleverser leurs vies et apporter le malheur. Ce sera alors une plongée dans l’enfer, au cœur de cette ile de l’Océan Indien, où affluent les migrants et où des gangs d’enfants perdus font la loi.

    Dans une belle langue, fluide et poétique, Natacha Appanah nous raconte une indicible réalité. D’un côté, il y a les beaux quartiers, l’île aux paysages paradisiaques, aux plages de sable blanc entourées de jardins de lauriers roses et d’hibiscus. De l’autre, c’est l’enfer d’un quotidien livré à la violence, à la misère et aux croyances ancestrales, une zone de non droit baptisée Gaza. Et, dans ce pays désorganisé, la crise migratoire mal gérée a des répercussions sur chacun et particulièrement les plus faibles. Drogues, alcool, brutalités... sont le lot quotidien terrifiant de centaines de gamins échoués là en quête d’un avenir meilleur.

    L’auteure ne porte aucun jugement sur ses personnages qu’une extrême misère a plongé dans un monde sans espoir. Elle parvient à éviter les clichés tout en décrivant une réalité brute quasi apocalyptique. Les mots s’enchainent, un peu plus durs à chaque page, percutants et vifs.

    Un roman fort, empreint d’émotions d’un bout à l’autre ; une histoire noire et grave qui pourrait un jour dépasser les frontières de Mayotte, si on n’y prend pas garde.

     

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