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Veuve noire, Michel QUINT
11 novembre 1918. Alors que tout Paris fête la victoire, Léonie Rivière, jeune journaliste et veuve de guerre, tombe amoureuse d’Edgar Prouville, un ancien combattant qui entend devenir marchand d’art.
Edgard entrepose chez Léonie des toiles dont il espère voir la cote grimper. Soudain, il disparait... Léonie, aidée d’un photographe, se lance à sa recherche. Son enquête la mènera à un massacre commis au printemps 1917 près du Chemin des Dames...
Faisant revivre avec maestria le Montparnasse du début des Années folles, dont Picasso, Modigliani et Cocteau sont les figures de proue, Veuve noire est un bonheur d’écriture : sans doute l’un des meilleurs suspenses historiques depuis Les âmes grises de Philippe Claudel.Mon avis :
Une fois encore, Michel Quint nous plonge dans une enquête menée par un citoyen lambda en recherche de vérité. Ici, nous sommes au lendemain de la Grande Guerre. Les veuves de guerre sans le sou ne se comptent plus ; les soldats en mal d’amour non plus. Les agences matrimoniales ont le vent en poupe. Léonie, elle, rencontre Edgar par hasard, dans la rue. Bourgeoise désargentée, elle vend ses meubles un à un pour survivre. Pigiste, elle propose ses chroniques artistiques aux plus offrants, quand elle le peut. Culottée, débordante de vie, en avance sur son temps, la rencontre avec Edgard va la révéler à elle-même en même temps qu’elle la met en danger. Quand celui-ci ne donne plus signe de vie, elle se met à sa recherche avec l’aide de Rameau un photographe avec lequel elle fait équipe.
Plus qu’une enquête policière, nous avons ici un vrai roman d’atmosphère. Avec l’armistice et le soulagement de voir cette guerre finie, un certain Paris s’encanaille avec les moyens du bord - le rationnement est toujours de rigueur. A côté de ça, les orphelins courent les rues, les femmes seules cherchent à se mettre à l’abri, les gueules cassées déambulent sans but. L’inspiration artistique est en plein essor, l’argent change de mains, les arnaques fleurissent.
Léonie parcourt la capitale dans tous les sens, rencontre les uns, parle aux autres. La victoire n’est pas pour elle. Son mari est porté disparu, son amant la fuit et elle vit dans le plus grand dénuement. Elle ne se laisse pas abattre pour autant. Ses entrées dans le milieu artistique l’entrainent aux obsèques d’Apollinaire où elle croise André Breton et Cocteau ou dans le salon de Gertrude Stein où se pressent Cendrars, Picasso, Satie, Modigliani et Jeanne Hébuterne et tant d’autres.Je me suis régalée de cette chronique parisienne à l’aube des années folles. La France fête sa revanche sur l’humiliation de 1870, prépare le renouveau du 20e siècle, réinvente l’art et se libère des convenances. Léonie symbolise la femme affranchie, libérée et son franc parler fait mouche. Un excellent moment de lecture avec ce roman policier, Plume de Cristal 2014.
Tags : Veuve noire, Grande guerre, Paris, artistes, roman policier, Michel Quint
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Commentaires
Je n'ai lu qu'un roman de cet auteur pour l'instant : "Effroyable jardin", je pense.
Bon dimanche.
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Oh, je sens, je sais que ce roman va me plaire ..... et comme il est en Poche, je vais m'empresser de le commander ....:-)