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For intérieur, Thierry WERTS
Depuis l’enfance, je m’interroge. Un moment, ce fut de mon âge. Puis beaucoup moins.
Chercher sans cesse le pourquoi des choses est bien souvent déplacé, voire inconvenant.
J’en ai pourtant fait mon métier de magistrat et cela fait plus de vingt ans que je regarde le monde de trop près. Cela ne se fait pas sans risque. Je m’imagine parfois tel un funambule, prenant de la hauteur et n’ayant d'autre choix que d’aller de l’avant.
De ce voyage à la rencontre de mes semblables je retiens des visages, des horizons. De façon étonnante, ils me suggèrent de vivre dans l’instant présent et m’invitent à traverser chaque jour comme si c’était le dernier…Mon avis :
Thierry Werts nous offre ici un recueil de poésie, des haïbuns. Il s’agit d’une composition littéraire mêlant prose et haïku.
Ce recueil paru aux éditions Pippa renferme des impressions, des sensations, des atmosphères et autant d’instantanés pris aux quatre coins du monde. Un carnet de voyage en quelque sorte, mais racontant des régions en guerre, des populations malmenées, des rencontres au tribunal où le métier de procureur, en charge des homicides, du droit international humanitaire et de la jeunesse, a emmené Thierry Werts durant plusieurs années. Ces « photos faites de mots » comme il aime à le dire, nous parlent du Liban, de l’Afghanistan, du Mali, de Tunis ou de Kinshasa et de Bruxelles. Ces instantanés de guerre témoignent. De la violence, de la mort, de la haine mais aussi d’un moment d’humanité entre deux rafales, d’un signe de vie, de la beauté d’un paysage.En peu de mots, ciselés, choisis avec soin, il fige une impression fugitive, une méditation, un visage aperçu quelques secondes à peine. L’alliance de la prose et de la poésie entraine le lecteur en plein cœur de l’action ou d’un paysage. Rien n’est mièvre, tout est fort. Parfois brutal. Les haïkus viennent ponctuer ces descriptions d’un zeste d’espoir. Parce que rien n’est immuable et que la vie doit avoir le dernier mot.
Des dessins à l’encre de Chine d’Alexia Calvet, illustratrice originaire de La Réunion, agrémentent le recueil avec la même sensibilité au monde.
J’ai beaucoup aimé ce recueil ; je l’ai savouré par petites touches. Un voyage à la fois. J’ai découvert le poète, l’homme sensible, derrière le procureur bien connu, auteur de nombreux ouvrages sur la justice. J’ai aimé sa vision des choses, cette volonté de changer les rapports de force pour humaniser un peu le monde d’aujourd’hui, y trouver un peu d’amour et d’espoir.
Je ne peux que vous inviter fortement à le découvrir à votre tour. Même si vous pensez être hermétique à la poésie, vous y trouverez un réel plaisir de lecture.
Un hiver sans fin L'ombre d'un oiseau
La juge écarte une larme Traverse le citronnier
Entre deux destins Qui s'en souviendra ?
Autre article sur ce recueil chez Nath.
Tags : Poésie, haïbuns, guerre, violence, justice, espoir, mois belge
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Commentaires
Je ne suis pas très poésie... mais bizarrement, des haïkus, ça passe tout le temps. Les haïkus et les poèmes hyper classiques!
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Je me rends compte que ce livre traîne dans mes piles, il faut que je l'en sorte !... Merci de cette belle présentation !
Te connaissant, tu l'aimeras.