• Le bon coupable, Armel JOB

    Le bon coupable, Armel JOBUn dimanche d'été à l’heure de la messe, un village désert. Un homme en état d'ébriété qui le traverse au volant de sa jeep et s’en va finir sa course dans une rivière, non loin de là. Une Jaguar rutilante, qui emprunte le même trajet à vive allure. Un accident sans témoin. Une fillette de dix ans tuée sur le coup. Un coupable tout désigné. Un second suspect potentiel – au-dessus, lui, de tout soupçon.
    La soixantaine débonnaire, Carlo Mazure mène une vie de patachon assez misérable. Tout l’inverse de Régis Lagerman, procureur de son état, jeune fonctionnaire ambitieux, promis à un bel avenir. Deux hommes que tout oppose et dont les destins vont pourtant se confondre.

    Mon avis :

    Un fait divers atroce en 1960. Il n’y a pas autant de voitures qu’aujourd’hui sur les routes, mais les conducteurs sont tout aussi inconscients. Une fillette innocente en sera la victime.

    L’enquête qui suivra l’accident et dont on connait dès le départ les tenants et les aboutissants sert de prétexte à l’auteur pour décrire les deux suspects et leur entourage. Peu à peu, l’auteur plonge dans le passé des protagonistes et tisse leur histoire en même temps que celle du village où ils habitent. On découvre peu à peu les relations que les villageois entretiennent entre eux, leurs secrets, leurs blessures, leurs remords... A la manière de Simenon, Armel Job se penche sur des gens ordinaires, au destin ordinaire et les regarde vivre avec leur conscience. Prennent-ils leurs responsabilités ? Font-ils face à la vie ? Et quand un dilemme moral survient, comment le gèrent-ils ? L’étude psychologique des personnages finement amenée, nous pousse à voir chacun au-delà des apparences. Ils se dévoilent petit à petit et les non dits sont plus parlants encore.
    Le fait d’avoir placé cette histoire dans le passé permet aussi de se distancier des événements et des personnages et de se dire que c’était une autre époque. Mais ce serait trop facile. Armel Job nous pousse à l’introspection. Conscience, culpabilité, responsabilité, morale... cela nous concerne tous, ici ou ailleurs, jadis ou aujourd’hui. Ce drame est intemporel.

    Et il ne pouvait pas rester impuni. Il fallait trouver le coupable. Ou du moins un coupable. Parce qu’il faut pouvoir lui donner un visage au mal quand il s’abat sur vous. C’est tellement simple quand la société le désigne d’emblée. La vindicte populaire n’a plus qu’à s’exprimer.

    Même si certains côtés caricaturaux de la société décrite m’ont agacée – je n’aime pas le manichéisme - j’ai pris plaisir à lire ce roman dont l’écriture et le style sont soignés et qui porte à une réflexion intelligente et d’une grande pertinence. Un tout bon Armel Job dans le style auquel il nous a habitués : élégant.


    Le bon coupable, Armel JOB 

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Mardi 14 Avril 2015 à 07:11

    J'ai découvert Armel Job l'année dernière à travers 3 de ses bouquins. Je lirai certainement celui-ci.

    Bonne journée. 

    2
    Jacqueline
    Mardi 14 Avril 2015 à 07:28

    Un roman que je lirai ...... car j'ai eu un coup de coeur pour cet auteur dont je lis toute l'oeuvre petit à petit ... Mon préféré : "Tu ne jugeras point" ...:-)

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    3
    Mardi 14 Avril 2015 à 09:14
    Laeti

    Et un 3ème billet sur Armel Job en 2 jours pour le Mois belge!! Je vais vraiment me décider à le lire!! Tous les titres ont l'air excellents!

    4
    Mardi 14 Avril 2015 à 20:19
    Anne (Desmotsetdesno

    La révélation des secrets d'un village, c'est un peu comme dans Les fausses innocences. J'en lirai sûrement d'autres d'Armel Job avant celui-ci...

    5
    pascald
    Lundi 11 Mai 2015 à 11:31

    Malgré une écriture magnifique et un style impeccable, je me lasse d'Armel Job.
    Ses romans tournent toujours autour des mêmes thèmes et comme toi, je le trouve trop manichéen. Il ne vit pas en 2015 mais dans les années 60-70. La société a changé ! Le monde est complexe, les gens aussi et les relations humaines encore plus. Les clivages ne sont plus aussi carrés et francs... si t'en est qu'ils l'aient jamais été.

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