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Le charme de la littérature québécoise
La page se tourne sur le mois québécois organisé par Karine et Laurence. Six lectures pour moi cette année. Six histoires très différentes les unes des autres, six romans originaux, intimistes pour la plupart et la découverte de belles écritures.
Le Monde titrait en juillet dernier que « la littérature québécoise n’était pas un produit d’exportation ».** Et pourquoi ça ? Parce que les Français, noyés sous leurs propres productions, n’ont pas la curiosité de découvrir la francophonie dans son ensemble ? Non. Selon Le Monde, le problème serait la langue, difficile à comprendre pour les Français. Faut-il en rire ou en pleurer ? N’est-ce pas un Français qui a écrit la superbe chanson « La langue de chez nous » vantant la diversité et la beauté du français dans le monde ?
Laissons Le Monde et ses lecteurs pour ce qu’ils sont. Je vois bien moi que les blogueurs français, belges, suisses... sont tentés par cette littérature. Il suffit de voir le succès annuel de ce rendez-vous de rentrée – et pas que - pour en être convaincu.
En ce qui me concerne, je me rends compte que j’ai lu six femmes. Un hasard. J’apprécie tout autant Michel Tremblay, Martin Michaud, Richard Sainte Marie, Patrick Senécal... Mais j’avoue que la fluidité de la plume féminine et la mélodie de son écriture me touchent généralement. Il y a dans leurs romans, une tendresse, une pudeur, une émotion que l’on trouve rarement dans notre littérature. Comme si nos cousins d’Outre Atlantique avaient gardé une âme pure, un regard bienveillant qui permet de s’émouvoir et de s’enthousiasmer devant des plaisirs simples, des petits bonheurs de vivre.
Mais ce qui me plait chez les auteurs québécois en général, c’est leur audace, leur originalité, leur liberté de ton. Que l’on voyage dans l’histoire du Québec ou dans l’imaginaire de ses auteurs, que l’écriture soit ciselée, brute ou poétique, tous les sujets semblent pouvoir être abordés, tous les fantasmes évoqués sans tabou. Dans tous les récits que j’ai lus, j’ai découvert une belle créativité et une ouverture d’esprit qui manque parfois aux écrivains francophones européens.
De plus, cette littérature se positionne à des croisements culturels variés qui lui donne une ouverture sur l’autre, sur la différence. Elle est perméable aux cultures indigène, américaine et française tout en étant capable de garder sa spécificité, son identité propre. Et de là, sourd un art d’écrire et de vivre singulier qui me séduit.
Il est certain que c’est de cette ouverture que jaillit ce foisonnement de créativité qui me donne envie, en toute saison, de découvrir de nouveaux romans québécois. Une qualité que le Québec devrait exporter chez nous.
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Commentaires
fff, non mais, vraiment ! Bien sûr, la langue est différente, mais c'est précisément ça qui m'a fait adorer ma lecture ! Comme tu le dis si bien, la diversité, c'est ça, qui est bon. A toujours lire les mêmes auteurs qui sont, immanquablement formatés, on finit par se lasser. Lire autre chose, c'est ça qui est bon, parfois :)
Ce Québec en septembre (le premier pour moi) m'a vraiment donné envie de creuser la question !
Merci à vous deux.
Moi aussi j'aime cette langue chantante, ses expressions caractéristiques, son humour... Pas besoin de dictionnaire pour goûter à la magie des mots québécois.Je ne prends même pas la peine de lire cet article du Monde (encore une forme d'intellectualisme dédaigneux à la française, comme ce que Busnel écrivait sur la littérature jeunesse - heureusement ils ne sont pas tous comme ça, les Français !) J'ai adoré mes lectures de ce mois de septembre, ça m'a dépaysée, amusée, interpellée... ma curiosité est encore plus aiguisée !
Quel beau billet ! Je vais faire le lien sur le Passe-Mot (qui lit du québécois à l'année, ceci dit en passant) dans une de mes chroniques "En vrac". Merci ! Ça fait chaud au coeur, cet encouragement.
Beau billet ! Mais est-on vraiment surpris de la condescendance de certains envers les "étrangers" ? Mon prochain billet va pourtant mettre un gros bémol sur une certaine littérature québécoise. Pour le reste, j'adore Poulin, Soucy, Michel Tremblay etc...
Le Papou
je suis tout à fait d'accord avec toi sur l'originalité de ton et l'audace des plumes québécoises. On trouve des pépites qui mériteraient une plus grande distribution en france... quant à l'article du monde, il est assez consternant je trouve et montre une assez grande méconnaissance de ce qui se publie au Québec (genre comme si tout était toujorus écrit en joual :-D)
J'ai hâte de lire ton billet Le Papou, tous les avis sur la littérature québécoise m'intéressent.
Exactement yueyin ! Ce monsieur semble n'avoir jamais rien lu. Pour ma part, j'ai lu un bonne trentaine de récits québécois de toutes sortes et je n'ai jamais été empêchée de comprendre à cause de deux ou trois expressions du cru. Ces expressions en font tout le charme en plus.
Qu'il ne lise jamais Nadine Monfils sinon il dira de même de la littérature belge !Très chouette ton bilan! On dirait que le journaliste du Monde ne connaît pas la blogosphère, car le succès de Québec en septembre, année après année, montre bien au contraire un grand intérêt pour la littérature québécoise! Mais les blogueurs sont peut-être plus ouverts d'esprit que la moyenne... ;)
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Un beau billet ..... Tu rends parfaitement bien honneur à cette littérature ...