-
Le lièvre d'Amérique, Mireille GAGNE
Diane fuit. Suite à un événement traumatisant, elle a quitté son ile natale pour Montréal et s’est enfoncée corps et âme dans le travail. Totalement aliénée, sa vie entière se focalise sur son job. Diane ne s’accorde jamais cinq minutes pour se détendre ; sérieuse à longueur de temps, elle n’a aucun ami.
Alors que le burnout la guette, elle entend parler d’une opération qui pourrait lui être salutaire.
Mon avis :
Ce premier roman de Mireille Gagné est construit de manière particulière. Les six chapitres du récit sont constitués de trois parties : une double page sur le lièvre d’Amérique, ses caractéristiques et son mode de vie, puis le présent de Diane alors qu’elle se réveille de l’opération et enfin un retour dans son enfance sur l’Ile-aux-Grues. Chaque chapitre est séparé du suivant par une double page représentant un dessin en noir et blanc. Cette construction originale nous permet de faire connaissance avec Diane et de comprendre sa vie présente à la lumière de son passé.
Je n’ai pas envie de vous dévoiler trop longuement ce roman car j’ai savouré le fait de n’avoir rien lu à son propos avant de l’entamer. Il m’a été conseillé souvent mais personne n’a défloré le sujet et je me suis refusée à m’informer davantage pour que la découverte soit entière. Et j’ai bien fait. Si on est un peu surpris au début, cela ne dure pas. Une fois la lecture entamée, on n’a de cesse de connaitre la suite et on est tenu en haleine jusqu’à l’épilogue.
Ce court roman fantaisiste de 138 pages est tout bonnement fabuleux. Inspiré d’une légende indienne, il mêle habilement la réalité du quotidien et du monde du travail à la magie des histoires ancestrales. A la fois récit initiatique, conte satirique, fable animalière et critique sociale, ce récit trace un portrait très fin d’une jeune femme en souffrance, en rupture avec sa nature profonde, tout en décrivant avec acuité la nature, sa force, sa grandeur et ses mystères.
J’ai aimé aussi les changements de rythme et de style selon que Diane erre sur l’ile de son enfance ou perd pied dans son travail vivant les premiers symptômes du burnout. Mireille Gagné a publié auparavant trois recueils de poésie et cela se sent dans son écriture ciselée et les métaphores qu’elle emploie. (D’ailleurs, par de nombreux côtés, « Le ciel en blocs » annonce le présent roman.)
Ode à la nature et à la liberté, ce court roman recèle une sagesse universelle qui vaut vraiment la peine d’être entendue. A découvrir au plus vite.
7e
Un livre sorti en 2020
Tags : Québec en novembre, travail, burnout, surmenage, fuite, nature, légende, enfance
-
Commentaires
1JacquelineSamedi 21 Novembre 2020 à 10:02Tentée et intriguée je suis .... voilà un roman qui fera bientôt partie de ma pal ...Répondre
Ajouter un commentaire