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Le premier été, Anne PERCIN
Deux sœurs se retrouvent une fin d’été en Haute Saône, afin de vider la maison des grands-parents décédés. Depuis longtemps, Catherine, la benjamine, se tient loin de ce village… Pourtant, chaque coin de rue ou chaque visage croisé font surgir en elle des souvenirs précis et douloureux. Sa sœur ainée a fondé une famille, elle, non. Devenue libraire, c’est une femme solitaire.
A l’adolescence déjà, elle passait des heures dans les livres. Mais pour ce qu’elle a vécu ici, l’été de ses seize ans, l’été de sa lecture du Grand Meaulnes « il n’y a pas eu de mots. Il n’y en a jamais eu, ni avant, ni après. C’est quelque chose qui ne ressemble à rien d’écrit. » Quinze années ont passé, et personne n’a jamais su quel secret la tenaillait depuis tout ce temps, le drame dont elle a peut-être été coupable.
Mon avis :
Une maison de famille à vider et ce sont des années de souvenirs qui affluent. Pour Catherine, ce sera un seul souvenir. Celui d’un été. Un été (presque) comme les autres, chez ses grands-parents. Un été qui bouleversera sa vie.
Assise sur le banc devant la maison, elle laisse lentement remonter à la surface, avec délicatesse et retenue, ce qu’elle a enfoui au plus profond d’elle-même si longtemps. Mot après mot, nous cheminons à ses côtés vers l’inéluctable. Elle parle. Et on écoute en silence, sentant la tension monter crescendo.
Immanquablement, pour peu qu’on ait sensiblement son âge, on replonge dans nos propres souvenirs. On retrouve nos premières lectures, « Bonne Soirée » que lisaient nos parents et nos premiers OK Magazine. On se prend à fredonner les chansons dont elle évoque les titres. On revoit nos propres vacances à la campagne, la moiteur de l’été, le temps des moissons, les balades en liberté, la piscine du village…
Le ton est intimiste, pudique, on se sent confident privilégié. Plus d’une fois, j’ai eu l’impression de lire son journal par dessus son épaule. La sensation était troublante.
Anne Percin nous conte avec beaucoup de talent, d’une plume implacable, l’innocence, la candeur et la cruauté de l’enfance. Tout sonne juste dans cette histoire ; les senteurs nous enivrent, les couleurs nous aveuglent, le soleil nous brûle et tous nos sens sont en éveil.
Une belle découverte dont je suis sortie bouleversée.
Lire, entre autres, le commentaire de Krol
Tags : premier été, souvenirs, enfance, cruauté, amour, percin
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Commentaires
3Jacqueline HDimanche 27 Novembre 2011 à 19:345Amarilli SMardi 29 Novembre 2011 à 15:31J'ai aussi beaucoup appréicé ce roman. Le premier que je lis de cette auteure. Je trouve votre billet très juste.
Sur mon blog aujourd'hui, le billet consacré à "Ti t'appelles Aïcha" : une belle découverte, grâce à toi.
Bonne soirée.
7Jacqueline HVendredi 2 Décembre 2011 à 16:45Une belle écriture : fluide, poétique, sensible, faisant appel à tous nos sens. Un récit qui va doucement son chemin, nous faisant revivre avec justesse la période de l'adolescence. J'ai terminé le roman les larmes aux yeux .... mais également "mal à l'aise"...
Je suis contente que tu ais aimé Jacqueline. Je comprends ton malaise.
Alex, je crois que tu aimerais.
Je lu beaucoup d'avis positifs sur ce livre et je vois que tu es très enthousiaste aussi...il va vraiment falloir que je le lise!
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Pareil que toi, tout pareil. Je ferai mon article dans la semaine. Une très jolie découverte !