• Les raisins de la colère, John STEINBECK

    Les raisins de la colère, John STEINBECK«Le soleil se leva derrière eux, et alors... brusquement, ils découvrirent à leurs pieds l'immense vallée. Al freina violemment et s'arrêta en plein milieu de la route.- Nom de Dieu ! Regardez ! s'écria-t-il. Les vignobles, les vergers, la grande vallée plate, verte et resplendissante, les longues files d'arbres fruitiers et les fermes. Et Pa dit : - Dieu tout-puissant !... J'aurais jamais cru que ça pouvait exister, un pays aussi beau.»

    Mon avis :

    Il y a deux ans, j’avais fait de mai, le mois des classiques. A l’invitation de Paikanne qui m’a proposé cette lecture commune pour le 1er mai, je me suis dit que je renouvèlerais bien l’expérience. Je m’engage donc à lire un classique par semaine pendant ce mois de mai.

    Tom Joad sort de prison. En route pour chez lui, il rencontre Jim Casy, un ancien prédicateur, avec qui il partage des souvenirs d'enfance. Ils font la route ensemble. Alors qu'ils arrivent à la ferme familiale, ils s'aperçoivent que celle-ci a été désertée. Déconcertés et un peu perdus, Tom et Jim décident d'aller chez l'Oncle John où ils retrouvent les autres membres de la famille Joad. Ces derniers sont en train de charger un camion avec ce qui leur reste de biens pour partir vers la Californie. Bien que ce projet enfreigne les termes de sa liberté conditionnelle, Tom décide de partir avec sa famille. L'ancien pasteur J. Casy se joint également à la famille. 

    Steinbeck retrace ici le parcours d'une famille lors de la Grande Dépression de 1929, avec un réalisme poignant. En raison des prix extrêmement bas, aucun bénéfice ne peut être engrangé sur les récoltes. Agriculteurs expulsés de chez eux par la mécanisation et l'industrialisation, ils voient les banquiers propriétaires chasser par milliers des familles de fermiers comme eux et les terres reprisent par de gros exploitants. C’est la fin de cette utopie selon laquelle chaque citoyen américain aurait un bout de terre qu'il pourrait cultiver pour se nourrir lui et sa famille. La Route 66 se couvre alors de pauvres éclopés qui s'en vont vers l'Ouest. C'est dans un voyage semé d'embuches qu'ils tentent de rejoindre la Californie, terre perçue comme la terre promise. Au fil des pages, on se laisse facilement pénétré par cet univers. Une vraie descente aux enfers.

    A travers ce voyage vers l'Ouest, c'est avant tout la perte de l'humanité d'une société à la dérive, que narre l'écrivain en y jetant un regard lucide et pertinent. La famille va se disloquer, connaître la faim, la soif, l’injustice, la peur, la mort, la colère. Steinbeck ne laisse aucun espoir, aucun avenir à ses personnages. C’est dur, violent, vrai.

    Celle qui m’a le plus impressionnée, c’est Man Joad, la mère de famille, aimante et dévouée. Elle s’efforce tout au long du récit de garder sa famille soudée et unie. Malgré les terribles épreuves traversées, elle ne perd pas la foi et la confiance. C’est la « citadelle de la famille ». Un très beau personnage féminin, plein de force.

    Publié en 1939, ce roman est considéré par la presse comme un pamphlet communiste qui lui reproche ses prises de positions socialistes et sa vulgarité. Le livre sera interdit dans plusieurs villes californiennes mais connaitra quand même le succès. Adapté au cinéma par John Ford, il recevra le prix Pulitzer en 1940 et le film remportera plusieurs Oscar. Steinbeck, lui, recevra le prix Nobel de littérature en 1962 pour l’ensemble de son œuvre.

    Le titre du roman, Les raisins de la colère, Graps of wrath en anglais, est tiré de l'hymne patriotique américain The Battle Hymn of the Republic, chanté par les Unionistes (soldats du Nord des Etats-Unis). Ce chant est à la fois républicain et religieux. Il fait référence au vin de l'indignation divine décrit dans l'Apocalypse de Saint-Jean, avec lequel les anges de Dieu mouilleront la Terre alors dominée par la Bête. (chp 25 du roman)

    Ce roman fait partie des classiques de la littérature américaine et mondiale. Je suis contente de l'avoir lu.

    L'avis de Paikanne ici et celui de Nahe

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 1er Mai 2013 à 10:08

    Ce fut pour moi aussi une belle lecture... Merci, Argali :-)

    2
    Mercredi 1er Mai 2013 à 10:52

    Je l'ai lu dans ma jeunesse (donc il y a longtemps!), mais j'ai le souvenir d'avoir été marquée par cette lecture...qui forme la jeunesse, justement! j'en ai lu d'autres de Steinbeck, mais il faudrait que je relise des avis comme le tien pour me rappeler lesquels (je dévorais absolument tout ce qui me passait sous la main, puis la vie professionnelle, et la vie tout court, m'ont un peu "calmée"!)

    3
    Nathalie (Nahe) Profil de Nathalie (Nahe)
    Mercredi 1er Mai 2013 à 12:13

    Je suis dans mon billet , à très vite !

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    4
    Mercredi 1er Mai 2013 à 14:54

    Je pense que je lirai un jour maintenant qu j'ai retrouvé "John" !

    5
    Mercredi 1er Mai 2013 à 17:33

    un auteur que j'adore et ce livre m'a particulièrement marqu", je le relirai avec plaisir

    6
    Mercredi 1er Mai 2013 à 18:02

    Je suis contente de vous avoir donné envie de le lire ou de vous avoir rappelé de bons souvenirs.

    7
    Mercredi 1er Mai 2013 à 18:04

    oui je l'ai lu il ya très longtemps à présent et ce livre avait été une "révélation" littéraire, depuis Steinbeck est un auteur que je lis régulièrement

    autre choc de lui "des souris et des hommes"

    8
    Mercredi 1er Mai 2013 à 19:06
    Anne (desmotsetdesno

    Jamais lu Steinbeck, mais ce titre me tente depuis quelque temps. (la thématique de la crise de 1929 m'intéresse)

    9
    Mercredi 1er Mai 2013 à 21:28

    Je pense l'avoir lu en humanités : une période où je n'aimais pas trop lire...

    Bonne fin de semaine. 

    10
    Vendredi 3 Mai 2013 à 08:59
    Alex-Mot-à-Mots

    Un de mes livres de chevet.....

    11
    Samedi 25 Mai 2013 à 13:32
    Manu/Chaplum

    Je suis une grande fan de Steinbeck (aaaaaah A l'ouest d'Eden) mais je n'ai jamais osé m'attaquer à celui-ci. Si j'avais su que Anne n'avait jamais lu cet auteur, je lui en aurait envoyé un pour le swap américain !

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