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Louis veut partir, David FORTEMS
Pascal, ouvrier dans une petite ville des Ardennes françaises, a toujours été fier de son fils Louis, un garçon calme et bon élève qui passe son temps dans les livres. Une passion presque obsessionnelle pour la littérature qui surprend dans leur entourage modeste. Tous deux mènent une vie tranquille, faite de silences complices. C'est du moins ce que pense Pascal jusqu'à ce que Louis soit retrouvé mort à la confluence de la Meuse et de la Semoy, où il a décidé de mettre fin à ses jours. Pourquoi un tel geste ? Que s'est-il passé ? Abasourdi et accablé, Pascal va peu à peu découvrir la vérité.
Mon avis :
Voici mon premier coup de cœur de la rentrée.
Ce premier roman est d’une justesse et d’une tendresse infinies. Dès les premières pages, on sait que Louis n’est plus. Et on suit ce père dévasté dans sa quête pour découvrir qui était ce fils qu’il aimait mais mal, sans jamais avoir pu le lui dire, sans jamais avoir réussi à établir une réelle communication.
Si l’histoire n’est pas très originale, elle a le mérite d’être bien racontée. La langue de David Fortems, jeune auteur de 24 ans, est belle, vive et le propos sincère. Rien n’est épargné à ce père qui découvre la vie secrète de son fils, ses rêves, ses attentes, ses espoirs, ses amours. Le ton est parfois émouvant, parfois cru, toujours en phase avec les personnages rencontrés.
Chaque chapitre relate la rencontre de Pascal avec les amis et connaissances de Louis. Une suite de révélations qui offrent à ce père de découvrir une facette de son fils qu’il ignorait. Calme, renfermé, solitaire à la maison, Louis était solaire, drôle, passionné, amoureux, sincère… en dehors.
J’ai lu que certains comparaient ce roman avec celui d’Edouard Louis. Mais s’ils parlent tous les deux d’un adolescent homosexuel, la comparaison s’arrête là. Louis ne s’exprime pas, l’auteur ne lui donne pas la parole. Le personnage principal c’est finalement le père qui dessine au fil des pages le portrait de ce fils qui lui a échappé, qu’il a mal compris, n’a pas aimé comme il l’aurait voulu.
J’ai aimé ce personnage de père imaginé par l’auteur. Cet homme blessé par le suicide de son fils, qui se culpabilise, remet en cause son rôle de père et veut comprendre à tout prix. Sa quête lui fera découvrir un jeune homme très différent du fils qu’il connaissait, un être complexe, multiple, entier dont il peut être fier… mais qu’il n’aura pas eu la chance de connaître.
David Fortems prend des risques avec ce premier roman qui aborde, outre la relation père-fils, des sujets comme l’homosexualité, la mort, la culpabilité. Ce premier roman aurait pu être mièvre, déjà vu. Je l’ai trouvé solaire et réussi. Il m’a touchée.
Il devrait être lu par tous les parents ayant du mal à communiquer avec leur enfant. La vie, c’est maintenant. Après, il est trop tard pour avoir des regrets.
Tags : rentrée littéraire 2020, relation père-fils, famille, homosexualité, amitié, mort, culpabilité, suicide
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Commentaires
Tu me tentes avec ce roman que je ne connais pas.
Tendre et secouant.