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Prince d'orchestre, Metin ARDITI
Alors que chaque concert lui vaut un triomphe et qu’il se trouve au sommet de sa gloire, le chef d’orchestre Alexis Kandilis commet une indélicatesse dont les conséquences pourraient être irrémédiables. Sa réputation est ébranlée. Aux déceptions et revers qui s’ensuivent, il oppose la certitude de son destin d’exception. Mais les blessures les plus anciennes se rappellent à son souvenir. L’insidieux leitmotiv des Kindertotenlieder – Les chants des enfants morts – de Gustav Mahler lui chuchote sans répit le secret qu’il voudrait oublier. La chute est inexorable. Seules l’amitié ou la confiance de quelques proches semblent l’ouvrir à une autre approche de son talent, susciter en lui un homme nouveau, dont la personnalité glisserait de la toute puissance à la compassion, de l’arrogance à l’empathie profonde. Se dessine peut-être une métamorphose…
Mon avis :
Cette lecture m’a troublée.
D’abord, j’avais tellement aimé « Le Turquetto » que j’espérais me replonger dans une atmosphère similaire. Ce ne fut pas le cas. La Suisse du vingt et unième siècle ne ressemble en rien à la Venise de la Renaissance, et le microcosme des orchestres philarmoniques d’aujourd’hui est très différent des ateliers de peinture d’alors.
Ensuite, très vite le personnage principal m’a indisposée. En quelques traits finement acérés, Arditi le rend prétentieux et suffisant d’emblée. Et cela ne s’améliorera pas au fil des pages. Là où le Turquetto prenait son destin en main, Alexis Kandilis est balloté au gré des événements, accusant la terre entière de ses malheurs sans jamais se remettre en question.
Et puis, il y a la musique. La vraie maîtresse de Kandilis, celle à qui il a tout sacrifié. Et ce « Chant des enfants morts », obsédant, qui le poursuit et que je me devais de découvrir pour comprendre le propos. A la première écoute, je l’avais déjà dans l’oreille et sa mélancolie est venue me hanter tout au long du livre.
Mais malgré l’antipathie profonde que j’ai ressentie pour cet homme, je n’ai pu m’empêcher d’espérer qu’il reprenne le dessus sur sa vie et ses pensées sombres et même de le plaindre parfois. Lui qui avait construit sa vie et sa réputation à force de volonté, de privation et d’orgueil, quasiment seul contre tous, comment avait-il pu faire un faux pas tel qu’il risquait de ruiner sa vie ?
Fierté, orgueil, égoïsme cynique, assurance et abus de position dominante sont ici des actes vils nécessitant une punition. Kandilis est un héros tragique à la fois coupable et innocent. Coupable car aveuglé par ses passions et innocent car il est le jouet du destin. S’isolant dans sa chambre d’hôtel puis dans l’appartement, le destin le condamne à rester enfermé, comme dans les tragédies antiques. Plusieurs fois, il aura l’occasion de réaliser une introspection mais jamais il ne réfléchira à ses actes. Il tentera vainement de lutter mais restera jusqu’au bout enfermé dans son aveuglement. Ses rares amis espéreront bien le ramener à la raison, parfaitement lucides quant à la situation mais là aussi ce sera l’échec. La lutte entre le maestro et son destin sera vaine.
Ce roman palpitant, à l’écriture envoutante, est aussi une réflexion sur la fragilité de la vie où rien n’est jamais gagné d’avance. Où les bleus au cœur, les plaies à l’âme que l’on tente de cacher, risque de nous rattraper un jour sans crier gare. Une réflexion sur la force du hasard aussi et la violence destructrice des passions. Un autre coup de cœur pour cet auteur !
Vous pouvez lire ici le billet de Cassiopée et celui de Liliba
Tags : prince d orchestre, rentrée littéraire, musique, arditi
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Commentaires
Rigolo, j'ai moi aussi publié mon billet aujourd'hui, et moi aussi beaucoup aimé ! Mais pas encore lu Le turquetto qui est pourtant sur ma PAL depuis un bail...
il me fait vraiment envie ce roman, j'ai le turquetto chez moi...je ne vais pas tarder à le lire...
Je le découvre dans le cadre du challenge des notes et des mots, je l'ajoute à ma LAL ! (et je m'en vais écouter Mahler pour me mettre dans l'ambiance! )
bonne journée!
Franchement, il vaut la peine d'être lu. Pour se faire sa propre idée d'abord, pour le sujet et pour la forme ensuite. Ce fut pour moi un vrai plaisir.
Je ne crois pas que ce soit pour moi...
Bon weekend avec le soleil ... et les premières corrections sans doute.
J'ai noté à la rentrée précédente Le turquetto, je crois que je vais faire de même avec ce titre !
J'ai une préférence pour Le Turquetto. L'ambiance est moins lourde, moins tragique. Mais celui-ci est très bon aussi.
Coup de coeur pour l'écriture et le rendu du pathétique de l'histoire d'Alexis. Coup de coeur pour l'audace aussi d'avoir su passer d'un registre à l'autre (le Turquetto et celui-ci) et pour l'intrigue qui fait que tu ne peux t'empêcher d'avancer pour connaître le fin mot de tout ça.
A ajouter, la superbe critique d'Anne, des mots et des notes, ici, http://desmotsetdesnotes.wordpress.com/2012/09/27/prince-dorchestre/#respondA lire aussi, la critique de MéloDesmots, tout en nuances
http://lesmotsdemelo.com/2012/09/prince-dorchestre-metin-arditi/
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J'ai vraiment hâte de le lire, à lire ton billet très convaincant !