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Rivière Tremblante, Andrée A. MICHAUD
Michaël Saint-Pierre, douze ans, a mystérieusement disparu dans les bois de Rivière-aux-Trembles sans laisser d’autre trace qu’un running tâché de boue. Seule Marnie Duchamp, recroquevillée sous les sapins, a vu la forêt happer Michaël.
Trente ans plus tard, une fillette de huit ans disparait en sortant de l’école et personne ne la revoit. Blessés, à vif, ses parents s’entredéchirant jusqu’à ce que le père, Bill Richard, décide de quitter la ville qui lui a enlevé son enfant. Sa fuite le conduit à Rivière-aux-Trembles, où il croise le regard endeuillé de Marnie, revenue au village pour y découvrir quel cri a emporté son ami Mike.
De tempêtes en orages, un autre enfant disparaîtra, avalé par Nanamiu-shipu, la rivière Tremblante, dont les flots engloutiront également Bill et Marnie.
Mon avis :
Quelle belle plume que celle d’Andrée A. Michaud ! J’avais beaucoup aimé « Bondrée » mais « Rivière Tremblante » a été un coup de cœur.
Alors que Michaël a disparu en 1979, Billie, elle, n’est pas rentrée de l’école un soir de 2006. On suit en parallèle les deux histoires et leurs conséquences sur l’entourage des enfants. Avec beaucoup de doigté et de psychologie, l’auteure nous dépeint les émotions des proches, leurs réactions et la manière dont chacun va réagir à l’inconcevable. L’alternance est une idée qui fonctionne très bien et les voix des narrateurs se complètent dans leurs différences.
Dès les premières pages, nous savons donc que les deux personnages centraux ont disparu. L’auteure casse les codes du polar d’entrée de jeu puis, par un habile suspense psychologique, reconstitue peu à peu les circonstances, décrit les témoins, les interrogatoires… et on se rencontre rapidement que les victimes sont en fait ceux qui restent, pourchassés par la presse, suspectés par la police, montrés du doigt par le voisinage et abandonnés par le sommeil. Sans image trash ou sanglante, elle tient le lecteur en haleine par la froideur et la noirceur de faits et des situations, ponctuant son récit de respirations bienvenues en décrivant les paysages hivernaux.
En effet, la nature est omniprésente dans le récit, les légendes et les forces surnaturelles aussi. Andrée A. Michaud les décrit avec poésie, sensibilité et finesse. Elle peint un monde à la fois magnifique avec ses rivières, ses lacs, ses forêts et menaçant par sa force sauvage, ses mystères et sa brutalité. Ce côté sombre et énigmatique attise la curiosité et m’a empêché de lâcher le livre avant le point final.
Comment restez debout et sain d'esprit, quand le sort vous frappe cruellement ?
Ce roman sur l’impossibilité de faire son deuil tant qu’on n’a pas de réponse aux questions qu’on se pose et sur la culpabilité est puissant et beau. Ne passez pas à côté.
Tags : Québec en novembre, suspense psychologique, thriller, deuil, disparition, survie, enfance
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Commentaires
2JacquelineMercredi 13 Novembre 2019 à 15:13
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J'ai aussi adoré ce roman!
Il est beau, hein.