• Stupeur, Zeruya SHALEV

    Supeur, Zeruya SHALEVAu chevet de son père mourant, Atara recueille les propos confus de cet homme qui l’a élevée avec sévérité. Il l’appelle Rachel, du nom de sa mystérieuse première épouse, s’adresse à elle par une vibrante déclaration d’amour. Troublée, Atara retrouve sa trace et réveille chez cette femme âgée un douloureux passé dans la lutte armée clandestine.
    Rachel n’a rien oublié de ces années de résistance contre les Anglais, avant la fondation de l’État d’Israël, et surtout pas le prénom de celle qui aujourd’hui se présente à elle. Mais de qui Atara porte-t-elle le nom ? La rencontre de ces deux femmes bouleversera de façon inattendue leur existence et liera à jamais leur destin.
     

     

    Mon avis :

     

    Jolie découverte de cette rentrée que la plume de Zeruya Shalev.

    A la fin de sa vie, Mano, Menahem Rubin, confond sa fille Atara avec Rachel. Mais qui est-elle ? Atara en entend parler pour la première fois. Elle n’aura de cesse de retrouver cette Rachel qui semble avoir beaucoup compté dans la vie de son père, cet homme si froid et si brutal qu’elle a fuit dès qu’elle a pu.

     

    Alternant les points de vue, Zeruya Shalev nous livre les pensées de ces deux femmes. Si Mano semblait avoir tourné la page de son passé, Rachel est toujours meurtrie par cette répudiation, cette rupture de contrat qu’elle n’a ni voulu ni accepté au fond d’elle-même. Ce premier amour, elle l’avait rencontré après la guerre, alors que l’un et l’autre combattait au sein du Lehi, contre l’occupant britannique qui administrait les territoires palestiniens. Ce coup de foudre se transformera en mariage en 1947, dans la clandestinité, et moins d’un an plus tard, Mano décidera de rompre.

    La venue d’Atara dans la vie de Rachel bouleversera la nonagénaire en la replongeant dans un passé lointain et douloureux.

     

    Si le début du roman m’a laissée perplexe tant il m’a paru redondant, je suis peu à peu entrée dans l’histoire de ces deux femmes qui au fond se ressemblent beaucoup. Zeruya Shalev dépeint merveilleusement bien ses personnages et leur psychologie est décrite avec finesse et profondeur.

    J’ai aimé l’alternance de leurs souvenirs, la plongée dans une Histoire dont je ne connais que les grandes lignes et les informations distillées çà et là sur la vie quotidienne en Israël aujourd’hui et son interférence avec la vie de ses héroïnes.

    Ces deux femmes, une vieille dame de 90 ans et l’autre qui approche de la cinquantaine ont des tempéraments volontaires et opiniâtres. L’une et l’autre se sont opposées à leur famille pour vivre leur vie et aller au bout de leurs idées. Elles partagent des valeurs similaires, ont vécu des histoires de couples difficiles, ont des rapports tendus avec leurs enfants et portent en elles une culpabilité qui n’a cessé de les hanter. Chacune a dû faire des choix qu’il a fallu assumer pleinement ensuite et ce ne fut pas toujours facile.

     

    A travers ces deux femmes, c’est 80 ans de l’histoire d’un pays gangréné par ses luttes internes qui se dessinent sous nos yeux. Leur douleur, leurs amours, les combats… ce sont ceux de chaque famille israélienne. Les enjeux de pouvoir se jouent au sein même du cercle intime de la famille et laissent entrevoir les fractures de la société israéliennes tiraillée entre passé et présent.

    J’ai aimé découvrir cette auteure à travers ce roman dense et ses héroïnes et je vous invite vraiment à vous laisser tenter.

     

     

    Pin It

    Tags Tags : , , , , , , ,
  • Commentaires

    1
    Vendredi 15 Septembre 2023 à 13:21
    Alex-Mot-à-Mots

    J'avais lu son précédent roman, Douleur, qui ne m'avait pas convaincu.

      • Lundi 18 Septembre 2023 à 15:39

        Je ne la connaissais pas. J'ai bien aimé ces deux portraits de femmes.

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :