• Tchipayuk ou le Chemin du Loup, Ronald LAVALLEE

    Tchipayuk ou le Chemin du Loup, Ronald LAVALLEETchipayuk ou le Chemin du Loup, c'est la grande saga des indiens métis du Canada au XIXe siècle. A travers le destin d'Askik Mercredi, l'auteur canadien Ronald Lavallée fait revivre la fascinante époque d'un monde encore proche de la nature, mais que la civilisation va bientôt absorber. Sang-mêlé, Askik Mercredi est doublement assujetti, comme indien par les Français, comme catholique par les Anglais protestants. Élevé comme un jeune Indien, ses premières années furent fabuleuses : il a chassé le bison, dansé dans de grandes fêtes, combattu l'ours, fait pacte avec MatchéManitou... Puis Askik est envoyé chez les pères à Montréal, pour étudier. Doué et porté par la rage d'apprendre, Askik, rebaptisé Alexis, fait honneur à son protecteur et devient avoué. Mais, malgré ses efforts, Askik n'arrive pas à se faire totalement accepter de la bonne société canadienne et le souvenir de son enfance le hante...

    Mon avis :

    Lu il y a plus de vingt ans, lors de mon deuxième séjour au Canada, ce récit m’avait marquée –je m’en souviens – mais laissé une impression diffuse. J’ai eu envie de me replonger dans ce roman historique se déroulant sur vingt années (de 1865 à 1885).

    Tout commence dans le pittoresque décor sauvage des forêts et des plaines du Manitoba avant de nous emmener à Montréal. La toile de fond est l’épopée des Métis et de leur chef de file, Louis Riel (personnage important de l’Histoire canadienne, dont je vous parlerai très bientôt). Ici, ce n’est pas la vie de Riel dont il est question, même si le héros lui ressemble beaucoup. Mais il sert de repère historique pour ancré l’histoire d’Astik dans la grande histoire des civilisations ayant peuplé le Canada (amérindienne, métisse, québécoise et anglophone).

    En fait, si Astik a fait les mêmes études que Louis Riel, est devenu avocat comme lui et a été éconduit par une jeune Québécoise blanche dont il était tombé amoureux, s’il a quitté Montréal comme lui, pour revenir vivre sur ses terres natales, son histoire, son engagement pour la cause métisse, commence quand celle de Riel s’achève.

    L’histoire d’Astik est marquée par le rejet conjoint de ses deux communautés d’origine : celle des Amérindiens et celles des Blancs. Sans relâche, il sera à la recherche de son identité intrinsèque, lui qui a le sentiment de faire continuellement le grand écart entre les deux. Parallèlement, Ronald Lavallée nous conte la déchéance d’une race perdant peu à peu tous ses repères pour se voir imposer ceux des Blancs. Et c’est à la fin du récit, en 1885, lors de la rébellion métisse qu’Astik prendra pleinement conscience de son identité de Métis. Ni Amérindien ni Blanc mais Métis.

    Astik Mercredi ne se battra pas au premier plan, comme son prédécesseur, mais il s’engagera auprès de sa communauté pour enseigner aux enfants et leur transmettre les valeurs et l’histoire de son peuple. Douloureuse mission mais salutaire, au lendemain du génocide dont son peuple a été victime.

    Paru en 1987, dans une atmosphère de revendications politiques, le Manitoba souhaitant alors garder le droit de vivre, d’enseigner, de travailler en français, ce roman a une acuité particulière aujourd’hui. Sa relecture en 2012, presqu’au moment où les élections provinciales ont été remportées par le Parti Québécois, séparatiste, semble à point nommé pour mieux goûter à l’éternel recommencement. Tout comme Astik, le Québec d’aujourd’hui revendique ouvertement sa spécificité ethnique et un engagement authentique du maintien de celle-ci.

    Un récit initiatique et historique vraiment intéressant, à lire pour mieux comprendre la complexité de ce beau pays.

      

     

     

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  • Commentaires

    1
    Samedi 13 Octobre 2012 à 08:35
    Alex-Mot-à-Mots

    Tu y retourne quand, en vraie ?

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    2
    Samedi 13 Octobre 2012 à 08:48

     J'aurais dû y aller cet été mais mon fils y est parti seul avec ma soeur. J'espère l'été prochain.

    3
    Samedi 13 Octobre 2012 à 13:05

    Un livre ancien, alors! Je ne le connais pas du tout et il ne m'attire pas trop .

    Bon weekend. 

    4
    Dimanche 14 Octobre 2012 à 01:32
    *Sunflo*

    Je ne connaissais pas du tout ce roman, ni son auteur. Toutefois, je m'intéresse beaucoup à la réalité amérindienne d'aujourd'hui et d'avant. Aucun doute que je vais ajouté ce livre à la liste à lire :)

     

    5
    Dimanche 14 Octobre 2012 à 09:58

    Et bien, Sunflo, je suis très heureuse de te faire découvrir ce roman. Sa relecture, à l'âge mûr, m'a fait découvrir et comprendre de nombreuses choses qui m'avaient échappée la 1e fois.

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