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Tempêtes, Andrée A. MICHAUD
Sur les deux versants du Massif bleu, la nature se déchaine. D’un côté, Marie Saintonge. Isolée au cœur de la forêt, dans une maison secouée par le blizzard, elle doit faire face à l’hostilité des lieux, aux voix sourdes de la peur et aux ombres inquiétantes qui viennent tour à tour frapper à sa porte. De l’autre côté, Ric Dubois. Confronté lui aussi à la fureur de la montagne lorsque les orages de juillet éclatent, il doit lutter pour sauver sa peau pendant que les morts suspectes se multiplient autour de lui. Spectres et forces telluriques s’unissent pour une danse macabre.
Mon avis :
Une fois encore je me suis laissé emporter par la plume éthérée d’Andrée A. Michaud. Elle seule parvient à raconter des événements extrêmement glauques et insensés avec des mots délicats et des descriptions d’une poésie et d’une beauté folle.
Si les soixante premières pages ont eu du mal à m’accrocher au niveau de l’histoire tant tout paraissait sans logique, dément même, ses mots m’ont empêché de renoncer.
Cette première partie intitulée « Blizzard », relate l’installation de Marie Saintonge dans le chalet dont elle a hérité de son oncle, entre la petite ville de Fall Jonction et le Massif bleu. Elle y arrive à la veille d’une violente tempête de neige qui la confinera à l’intérieur et la coupera du monde durant plusieurs jours. Sans électricité, dans un endroit hostile, elle perdra peu à peu ses repères et sera victime d’une succession de phénomènes paranormaux.
La deuxième partie, « Orages », relate l’arrivée de Ric Dubois dans la région, au moment où Marie disparait. Visage public de Chris Julian, écrivain à succès, la curiosité l’a attiré là, après la découverte de notes et de l’ébauche d’un manuscrit dans le bureau de ce dernier. Intrigué, il décide d’achever ce roman et part au camping des Chutes rouges, sur l’autre versant du Massif bleu.
A peine arrivé dans ce camping familial où sa présence dénote, il sera témoin d’une succession de morts inexpliquées et n’aura de cesse de découvrir le fin mot de l’histoire, déterminé à comprendre ce qui se passe quoi qu’il arrive.
Plus âpre et fantasque que « Bondrée » ou « Rivière tremblante », ce roman anxiogène nous entraîne rapidement dans une atmosphère lourde et macabre, accrue par la perte de la notion du temps de la première héroïne et de ses cauchemars éveillés. Et cela ne fera qu’empirer sur les bords de la Red River, où la succession de cadavres réveillent les phobies les plus obscures quand délire et réalité s’entremêlent.
Comme dans ses romans précédents, la nature joue un rôle prédominant. Bien qu’elle soit hostile par ses tempêtes de neige et ses chaleurs torrides que de tonitruants orages ne parviennent pas à dissiper, ce n’est pas d’elle que viendra le danger. Elle ne fera que décupler les peurs de chacun, les mettant aux prises avec leur conscience et leurs secrets inavouables. L’angoisse fera le reste, entraînant les protagonistes dans des actes irréfléchis qui causeront leur perte.
Récit implacable, « Tempêtes » nous entraine dans un univers à glacer le sang, un enfer bâtit sur la peur. Si je n’ai pas ressenti le même coup de cœur qu’à la lecture de « Rivière tremblante », il n’en reste pas moins un très bon roman, abouti, fort et très sombre où les paysages idylliques font le lit de la folie la plus destructrice.
Entre réalisme et fantastique, ce roman noir est à découvrir au plus vite.
Tags : littérature québécoise, roman noir, folie, peur, morts, isolement, huis clos
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Commentaires
Je suis très tentée, d'autant que je n'ai jamais lu cet auteur. Je le note, merci !
Il faut se donner la peine de passer les premières pages car elle a chaque fois un univers particulier dans lequel il faut s'immerger. Ensuite, on se laisse porter.