• Zinc, David VAN REYBROUCK

    Zinc, David VAN REYBROUCKDavid Van Reybrouck retrace ici l’histoire d’un infime territoire coincé entre la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne, un confetti au statut unique en Europe, car déclaré neutre par les grandes puissances après la chute de Napoléon et jusqu’en 1919, faute d’un accord sur le tracé des frontières alentour. Il s’agissait à l’origine d’un banal conflit d’intérêts puisque se trouvait là un important gisement de zinc, minerai dont l’exploitation déjà ancienne connut son apogée au XIXe siècle

    Mon avis :

    Dans cet essai, David Van Reybrouck nous raconte l’histoire d’un petit village de la province de Liège à travers la vie d’Emil Rixen, né en 1903. Conçu dans une union illégitime, il naitra à Moresnet-Neutre où sa mère s’est réfugiée après avoir quitté Düsseldorf, et sera confié à l’adoption. Sans jamais quitté son village natal, il changera cinq fois de nationalité et sera enrôlé dans différentes armées.

    En effet, la neutralité de cette région persistera jusqu’en 1919 mais ensuite, au gré des conflits mondiaux, Moresnet-Neutre sera ballotée d’un pays à l’autre, avant d’être définitivement rattachée à la Belgique par le Traité de Versailles.

    Moresnet s’est construite et développée autour d’une usine de production du zinc. A l’aube de la révolution industrielle, ce graal est en effet très convoité. Non ferreux, malléable à haute température et parfait pour les alliages, il est aussi un excellent conducteur thermique et surtout il résiste à la corrosion. Le zinc, allié au cuivre, produit du laiton, allié à l’étain, du bronze. Ce métal, produit en feuille ou en plaque, servira notamment de couverture aux toits de Paris pour faciliter l’évacuation des eaux de pluie, et favorisera l’essor de l’architecture de fer. On comprend donc la convoitise que ce petit territoire a éveillée.

    L’histoire que nous raconte Zinc a un côté surréaliste ; par la situation d’abord, par les mille petits détails de la vie quotidienne ensuite. Ainsi, à Moresnet-Neutre seul le franc français a cours mais on accepte les pièces allemandes, le sou d’argent et le franc belge. Il n’y a pas de langue officielle et les habitants parlent l’allemand, le français et un dialecte local appelé Kelmeser Platt et qui mélange bas allemand et limbourgeois.

    Ce court récit, parfois technique, toujours passionnant, m’a beaucoup plu. Non seulement parce que je connais ce village et cette région et ai pris plaisir à découvrir leur histoire que je méconnaissais mais aussi parce que Van Reybrouck nous la conte merveilleusement bien à travers la vie d’un de ses habitants. Au point qu’on en vient à regretter qu’il ne soit pas plus long.
    Zinc est aussi un bel éloge de la neutralité et de l’utopie en cette période de résurgence des nationalismes.

     

    Zinc, David VAN REYBROUCK 7e

     

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 20 Avril 2017 à 11:05
    Anne (desmotsetdesno

    Rien que pour la dernière phrase de ton avis, ça vaut la peine... ;-)

    2
    Lionel Noël
    Vendredi 21 Avril 2017 à 20:11

    C'est un des carrefours de l'Europe et trop souvent la route des invasions depuis l'antiquité. Je connaîs bien cette région, au cœur de 3 cultures. J'y avais de nombreux camarades d'école, autant à Dolhain, qu'à Spa ou à Verviers. Quand ils parlaient entre eux, les autres ne comprenaient rien, hihihi. Moi un peu ! Nous étions proches car la guerre avait trop souvent frappé dans leurs familles, comme dans la mienne. Il faut savoir que la partie germanique de ma famille vient des cantons belges de langue allemande, la mentalité est vraiment différente du reste de la Wallonie, sauf pour faire la fête... Chaque année, j'allais au carnaval de Kelmis, près de Moresnet, La Calamine en français, un des plus beaux souvenirs de Mes jeunes années. Les filles étaient très jolies et adoraient Boire danser et s'amuser. Le jeudi des femmes, elles coupaient les cravates des hommes. J'ai participé à plusieurs courses en vélos dans les villages du coin, des compétitions férocement disputées entres coureurs hollandais, allemands et flamands. Ici à Montréal, je rencontre parfois des personnes de cette région, la plupart œuvrent dans des institutions internationales comme l'ONU ou l'OACI à Montréal. Un peuple unique et merveilleux. Lionel. 

      • Samedi 22 Avril 2017 à 00:24

        Mon premier carnaval, quand j'étais étudiante, a été celui de la Calamine. Quel souvenir ! Et mon mari m'a fait connaitre Moresnet, son calvaire, son salon de thé... Il y allait en vacances étant petit. Il est originaire de Verviers.
        J'ai bien aimé ce petit bouquin.
        Merci pour ton témoignage.

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