• Livrés à domicile fait la fête aux lecteurs

    Depuis septembre 2011, il est, en Belgique francophone, une équipe de passionnés qui anime nos fins de soirée chaque lundi. Seule émission littéraire belge, Livrés à domicile et ses chroniqueurs ont révolutionné le genre, en choisissant de recevoir un écrivain chez un de ses lecteurs. Pari osé de vouloir mettre le lecteur au centre d’une émission ! Pour l’écrivain invité, c’est l’incertitude totale : la rencontre sera-t-elle agréable ? Le lecteur aura-t-il aimé son livre ? Si non, ce sont des milliers de téléspectateurs qui entendront son analyse. C’est parfois plus stressant que l’avis d’un chroniqueur.

    C’est, encore une fois, les lecteurs que l’équipe –des chroniqueurs au réalisateur Patrick Lemy, en passant par la script, le casteur, les divers techniciens...- a voulu mettre en évidence ce samedi 24 juin. Elle leur a donné rendez-vous à Liège pour les rencontrer et leur offrir une multitude d’ouvrages récents. Sympathique manière de fêter la lecture !

    Dès 10h30, l’équipe était au rendez-vous. Le réalisateur de l’émission, la script, les chroniqueurs Gorian Delpâture et Michel Dufranne attendaient les amoureux des livres de pied ferme. Accueil, présentation de chacun, échanges sur la face cachée et les anecdotes de tournage, rencontres avec des hôtes de l’émission, commentaires des téléspectateurs... rien ne fut tabou et toutes les questions ont trouvé réponses.

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    Au départ, une immense chasse aux livres était prévue dans le magnifique parc de la Boverie. C’était sans compter sur un malheureux contretemps (un pneu crevé) qui a retardé Thierry Bellefroid et son précieux chargement.
    Qu’à cela ne tienne, c’est en toute simplicité que les livres ont été déposés sur des couvertures et partagés avec la cinquantaine de lecteurs présents. Sans bousculade, chacun a choisi, conseillé et négocié les titres qui le tentaient.

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    Certains sont ensuite restés pour un pique-nique avec l’équipe quand d’autres rentraient se plonger dans leur lecture.

    Si je devais résumer ces trois heures en quelques mots, ce serait simplicité, joie, complicité. Non seulement l’équipe s’entend bien et cela se sent mais en plus les lecteurs ont vraiment eu l’impression d'en faire un peu partie.

    Merci à tous pour ces sympathiques et chaleureux moments ! Et longue vie à votre émission !

     

     

     

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  • Boulevard du Polar, 1er numéro.Ce week-end avait donc lieu la première édition du Boulevard du Polar.
    Dans un endroit méconnu, l’atelier Coppens, place du Nouveau Marché aux Grains, il regroupait cinquante-trois (excusez du peu) auteurs et dessinateurs de polars, thrillers, romans noirs et autres mauvais genres.

    A l’entrée, un tapis rouge invitait chacun à pénétrer dans le saint des saints afin de rencontrer, dans une atmosphère feutrée et chaleureuse, des écrivains connus ou qui ne demandent qu’à le devenir. Auteurs de bandes dessinées, écrivains, éditeurs, libraires accueillaient les visiteurs dans une grande pièce centrale. Dès les premières heures, certains fans étaient en attente de leur chouchou, livres lus à la main. D’autres déambulaient à la découverte des visages de ceux qui hantent leurs pires cauchemars. Et à de rares exceptions près, il faut bien dire que ces auteurs de mauvais genres ont tous une mine bien sympathique. Détendus, accueillants, ils bavardent avec le même naturel avec les lecteurs convaincus ou ceux qui n’ont pas encore franchi le pas.

    Dans une pièce annexe, le Compartiment Auteurs proposait de s’asseoir autour d’un verre pour écouter une série de rencontres, d’interviews, d’interrogatoires même. J
    Samedi, c’est la marraine de l’événement, Nadine Monfils qui a ouvert le bal au bras de Todd Robinson. J’ai ainsi fait la connaissance de ce Newyorkais aussi impressionnant, que charmant. Videur dans une boite de nuit, c’est son métier qui l’a inspiré pour écrire les aventures de Boo et Junior (Cassandra et Une affaire d’hommes, parus chez Gallmeister en NeoNoir)

    Boulevard du Polar, 1er numéro.Boulevard du Polar, 1er numéro.Boulevard du Polar, 1er numéro.Boulevard du Polar, 1er numéro.

    Barbara Abel et Karine Giebel ont enchainé un pas de deux sous le regard amical de Marc Bailly, particulièrement en verve. Ces deux amies ont répondu avec bonne humeur à ses questions sur le métier, leur style, leurs histoires.

    Alors que Christophe Collins discutait genre et style avec deux auteurs belges, Jean-Louis Aerts et François-Xavier Dillard, je suis allé saluer mon ami Richard Sainte-Marie. Venu tout spécialement du Québec pour l’événement, il était en compagnie de Patrick Senécal sur le stand de la libraire Tulitu. Un vrai plaisir de les revoir à Bruxelles cette année.

    Après une pause repas, j’ai encore entendu Sire Cédric et Kid Toussaint discuter des adaptations de romans en bandes dessinées, Carlos Zanon et Hannelore Cayre partager leurs impressions sur la société actuelle qu’ils décrivent dans leurs romans noirs et Tim Willocks évoquer avec Benjamin Legrand le siège de Malte de 1565. Ce fait historique est au cœur du roman « La religion » de Tim Willocks, paru en 2009 et traduit puis adapté en BD par Benjamin Legrand. Une rencontre particulièrement intéressante et érudite.

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    Une troisième rencontre « roman-bd » entre Marcus Malte et Pierre-Henry Gomont a évoqué les qualités nécessaires à une adaptation réussie. « Les nuits de Saturne » est l’adaptation en bande dessinée de « Carnage constellation » de M. Malte.

    Enfin, j’ai écouté mon duo préféré raconter diverses anecdotes à propos de leur métier et de leur entrée sur le Vieux Continent. Patrick Senécal et Richard Sainte-Marie, auteurs bien connus au Québec, ont tout à prouver ici. Ils ont comparé les deux continents sur l’édition, les habitudes de lecture, les rencontres, les lecteurs... Ce fut très plaisant, comme toujours.

    Outre ces rencontres, deux projections cinématographiques ont eu lieu : celle du court métrage « Caïds » de François Troukens et le thriller de Nabil Ben Yadir « Angle mort ».

    En ce qui me concerne, je pourrais aussi vous parler des rencontres amicales partagées avec Sylvie Allouche (Stabat Murder) et Emilie de Lilys éditions, des formidables échanges avec Marcus Malte à propos de son roman « Les Harmoniques » que j’ai adoré et de son livre jeunesse « Scarriels » que j’ai acheté ou de la découverte de la revue « Sang froid » que je lirai avec plaisir cet été. Je pourrais aussi vous parler des files patientes devant Bernard Minier, Sire Cédric, Karine Giebel ou Barbara Abel et de deux auteurs que je ne connais pas du tout mais dont la gentillesse a séduit mon époux et moi-même : Pierre Pouchairet (policier à la retraite) et Véronique Sousset (avocate puis directrice d’une prison actuellement).
    Juillet sera noir cette année, à n’en pas douter.

    J’espère sincèrement que 2018 nous proposera une nouvelle édition de ce sympathique salon. Mais, si je peux me permettre, il serait bon qu’il ait lieu une ou deux semaines plus tôt. Beaucoup de lecteurs et de blogueurs sont dans l’enseignement et ce week-end est le plus chargé de l’année.

     

    Boulevard du Polar, 1er numéro.Boulevard du Polar, 1er numéro.

     

     

     

     

     

    Boulevard du Polar, 1er numéro.

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  • Piégés dans le train de l'enfer, Hubert BEN KEMOUN« Teddy s’assit, le sac rouge cadenassé bien posé sur le siège à côté de lui. Interdit d’ouvrir et d’ausculter ce bagage, il connaissait la règle. Un mulet transporte son chargement sans se préoccuper de ce qu’on lui a posé sur le dos. Il était 14h23 quand il prit place dans le wagon du train à destination de Toulouse. Celui-ci s’arrêterait à Bordeaux à 17h42. A peine plu de trois heures. Une affaire vite pliée. »
    Mais ce qui semblait tranquille, devient très vite un enfer...

    Mon avis :

    Je découvre ici Hubert Ben Kemoun dont j’ai entendu dire beaucoup de bien.

    Trois heures. C’est le temps du trajet en train de Teddy. C’est aussi le temps de la lecture de ce roman, un thriller haletant et bien construit, agréable à lire.

    Teddy a accepté de transporter des bagages dont il ignore le contenu et ne veut rien savoir. En échange, il est payé cent cinquante euros. Fils d’une mère célibataire, cela lui permet quelques extras. Ce jour-là, tout se passe comme d’habitude : il a récupéré le sac sans problème et a choisi le wagon de queue du train Corail en partance pour Toulouse.

    Dans ce wagon, sept autres personnes qui ne se connaissent pas : un couple de retraités suédois, un adolescent, une ingénieure d’une trentaine d’années, un homme vissé à son ordinateur et deux autres hommes. Tour à tour, on découvrira l’histoire de chacun et ce qui les a menés dans ce wagon, ce jour-là.
    On sent dès le départ que rien ne se passera comme prévu. Reste à savoir pourquoi.

    Roman idéal pour un voyage en train, il tient en haleine jusqu’au bout et accrochera les jeunes lecteurs. Du début à la fin, les actions s’enchainent sans temps mort ; cela devrait leur plaire.

    Bien sûr, l’efficacité dans l’action fait que les personnages souffrent un peu de superficialité. On voudrait en savoir plus sur eux d’autant que quelques pistes sont ouvertes que l’auteur ne suivra pas. On restera sur sa faim.

    Après une lecture en classe, une réflexion intéressante peut être menée sur l’importance de nos choix et leurs conséquences

    A découvrir. Très efficace.

     

     

     

     

     

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  • Silence Radio, Alice OSEMAN« Je suis Frances, Frances la sérieuse, la solitaire, la discrète. Je passe mes jours à étudier. J’ai un objectif : entrer à Cambridge après le bac.
    Mais je suis aussi Frances, celle qui, la nuit, écoute les podcasts du mystérieux Silence Radio. Celle qui aime rire et dessiner.
    Et puis je rencontre Aled. Avec lui, je peux enfin être moi. Avec lui, je vais enfin avoir le courage de trouver ce qui compte vraiment pour moi. »

    Mon avis :

    J’avais été séduite par le premier roman d’Alice Oseman, L’année solitaire et ses accents de sincérité. L’humour était présent et le traitement du sujet était moins naïf et enfantin que je l’avais craint. Ce deuxième roman est dans la même veine.

    Une fille + un garçon + une rencontre improbable + des goûts communs = une histoire d’amour sur fond d’études en cours. Et bien non. J’avais tout faux. Une fois encore Alice Oseman surprend.

    Frances, jeune lycéenne de terminale, représentante des élèves, passe pour une intello que seules les études intéressent. Il faut dire qu’elle a tout sacrifié pour préparer l’examen d’entrée à Cambridge et ce n’est pas le genre de fille à faire les choses à moitié. Sa seule distraction est le podcast Universe City qu’elle suit chaque semaine et dont l’univers particulier la touche et la séduit.
    Aled, jeune homme réservé, est un solitaire. Il vit en face de chez Frances mais ne lui a jamais adressé la parole. Un concours de circonstances va les mettre en présence l’un de l’autre. Ils se découvrent alors de nombreuses choses en commun -ils vivent notamment seuls avec leur mère. Mais leur caractère respectif les pousse à rester prudents et distants l’un envers l’autre. Chacun garde une part d’ombres que l’autre aimerait comprendre sans dévoiler la sienne.

    L’histoire, racontée par Frances de manière rétrospective, se déroule sur deux années scolaires, à la fin du lycée. Deux années qui ont radicalement changé la jeune fille, elle ne le cache pas. Cette distance avec les faits lui permet d’être plus objective et moins dans l’émotion même si on sent que ce furent des mois difficiles à gérer pour elle.
    Son récit est touchant à plus d’un titre. D’abord, il décrit parfaitement son hésitation entre sa volonté de réussir son entrée à Cambridge pour laquelle elle a tant travaillé et l’envie de choisir une voix qui l’épanouisse et la rende heureuse, comme le dessin pour lequel elle est très douée. Ensuite, il aborde des thèmes sensibles comme le passage à l’âge adulte, les relations familiales, l’autorité, le sens de la vie, la découverte de soi et de la sexualité. Le tout est raconté avec beaucoup de sincérité et cela fait mouche.

    Cette fois encore, l’auteure nous offre un roman jeunesse consistant où les jeunes lecteurs ne sont pas infantilisés. Elle aborde des sujets qui les touchent et crée des personnages attachants et vrais, à la psychologie développée. Les jeunes s’y identifieront sans difficulté.

    Frances et Aled traversent diverses émotions au fil du temps et l’auteure parvient habilement à les faire vivre aux lecteurs. Sa plume d’une grande sensibilité touche et décrit avec justesse, en évitant la sensiblerie.

    Ce roman réaliste sur l’amitié, l’acceptation de soi et l’identité pose à chacun une question intemporelle : doit-on se conformer à ce que les autres attendent de nous ou écouter sa voix intérieure ?
    A chacun de construire sa propre réponse.

     

    Silence Radio, Alice OSEMAN

     

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  • On a volé la boite aux lettres de Burley Cross, Nicola BARKERQuelques jours avant Noël, la boîte aux lettres du charmant petit village de Burley Cross est fracturée. Le sergent Roger Topping est chargé de déterminer si des lettres ont pu être subtilisées. Il se met à éplucher les lettres une à une, découvrant petits travers et secrets intimes, querelles de voisinage et haines tenaces.

    Mon avis :

    Il m’arrive rarement d’interrompre un roman avant la fin mais celui-ci m’est tombé des mains. J’ai lu les trois premières lettres, me forçant de plus en plus au fil des pages. J’ai capitulé à la soixante-huitième.

    Composer un roman épistolaire à propos d’un vol de courrier et mener l’enquête à partir de ces missives pour découvrir qui pouvait bien avoir fait le coup était original. Mais très vite, les longues lettres intimes, truffées de détails m’ont lassée.

    En 68 pages, on apprend que le brigadier Everill, qui a trouvé le sac de lettres volées, refile l’enquête à l’agent Roger Topping via un mail interne. Il en profite au passage, pour s’en moquer et le rabaisser (Roger étant le premier mari de sa femme). Ensuite on découvre les mesquineries qui peuplent le quotidien des habitants du village, les rumeurs et les petits complots qui animent une vie somme toute banale et ennuyeuse.
    Un membre du conseil municipal résume une réunion de celui-ci et détaille tous les soucis du village. Celui qui visiblement préoccupe sa destinataire concerne des déjections canines laissées par les propriétaires de toutous sur la lande et notamment un certain TP (discrétion oblige) ce qui embarrasse le directeur de la fourrière, Trévor Horsmith. Au long de cette longue lettre pas moins de 99 notes explicatives renvoient à la fin de celle-ci !
    Une mère s’empresse d’écrire à son fils habitant Birmingham pour lui apprendre qu’une de ses connaissances s’est trouvé un amoureux et qu’une autre s’est convertie au bouddhisme après un voyage au Tibet. Elle en profite pour relater par le menu toutes les prises de bec superficielles et les potins qui égayent sa vie loin de lui.

    Après seulement trois lettres, on a déjà entendu parler d’une vingtaine d’habitants du village et on commence à s’y perdre. De plus, les auteurs passent du coq à l’âne et se laissent emporter par des digressions qui allongent inutilement le récit initial. Cela donne une impression de fouillis indescriptible.

    La quatrième de couverture m’avait donné l’impression que ce serait drôle, je n’ai pas eu ce sentiment. Ou alors je ne goûte pas l’humour anglais un brin absurde. J’ai trouvé le texte farfelu, le style sans grand intérêt et assez uniforme (les habitants du village écrivent tous de la même façon) et les détails aussi multiples que superflus m’ont agacée.

    Bref, je n’ai pas aimé.

    On a volé la boite aux lettres de Burley Cross, Nicola BARKER

     

     

     

     

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