• Inconnu à cette adresse, K KRESSMAN TAYLOR

    Inconnu à cette adresse, K KRESSMAN TAYLORMartin Schulse et Max Eisenstein sont deux galeristes associés, aux Etats-Unis. Ils sont surtout deux amis fervents, deux frères. Malgré l'installation de Martin à Munich, ils poursuivent leur amitié à travers des lettres chaleureuses, passionnées. En juillet 1933 pourtant, les doutes et le malaise de Martin face aux remous du gouvernement allemand font vite place à un antisémitisme que ne tempère plus la moindre trace d'affection. D'une cruauté imparable, sa décision tombe comme une sentence : "Ici en Allemagne, un de ces hommes d'action énergiques, essentiels, est sorti du rang. Et je me rallie à lui." Max ne peut se résoudre à une telle révolution, sentimentale et politique.

     

    Mon avis :

     

    Bien que ce ne soit pas, au départ, un roman pour adolescents, cela fait quelques années que je donne ce livre à mes élèves. Il s’inscrit à la fois dans le cadre du cours de sciences humaines sur la montée du nazisme et dans celui de français sur le roman épistolaire. Chaque année, je suis heureusement surprise de voir à quel point mes élèves accrochent et se lancent dans de longs débats d’idées concernant la fin du livre.

    Ce bref récit tout en finesse a été publié en 1938 pour la première fois. Visionnaire, il était loin d’envisager pourtant tout ce qui allait se passer ensuite.

     

    Moins de vingt lettres suffisent pour nous raconter comment l’Histoire va s’insinuer entre deux amis d’enfance pour les séparer et changer leur vie à jamais. Se bornant aux événements, Kathrine Kressmann Taylor n’apporte aucune analyse ou commentaire à l’histoire. Elle nous livre des faits bruts et nous laisse le soin de les analyser nous-mêmes, de les comprendre, de les jauger. Les premières lettres sont chaleureuses, passionnées. Puis l’Histoire s’immisce entre Max et Martin et la fracture devient irréversible.

    Fort, dense, machiavélique, ce roman secoue et ne laisse pas indifférent. Distillant quelques notions historiques et sociales à travers les échanges épistolaires des amis, il nous éclaire un peu sur la situation de l’Allemagne dans les années 30 et nous aide à comprendre. Mais comprendre est-ce pardonner ? Et quand la tragédie éclate, nous sommes renvoyés à nous-mêmes, à notre propre humanité. Qu’aurions-nous fait à la place de Martin ? A la place de Max ? Était-ce inéluctable ?

    Pour moi, ce livre est un chef d’œuvre.

     

      

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 16 Novembre 2011 à 13:22
    Chaplum

    Encore un livre qui marque ! J'ai aussi vu la pièce à Paris, superbe !

    2
    Jacqueline H
    Mercredi 16 Novembre 2011 à 18:17

    Un grand "petit livre" ..... bouleversant sans "pathos", visionnaire, qui laisse son empreinte sur le lecteur ....

    3
    Mercredi 16 Novembre 2011 à 18:33

    Affirmatif! Et quelle belle concision dans la cruauté.

    4
    Mercredi 16 Novembre 2011 à 19:34

    Mon fils a dû le lire en humanités. J'en ai profité pour le lire et j'en garde un très bon souvenir. Ce qui m'étonne vraiment, c'est qu'il ait été publié en38!!!

    5
    Vendredi 18 Novembre 2011 à 18:13
    Alex-Mot-à-Mots

    Qui plus est, un chef d'oeuvre abordable par les ados.

    6
    Mardi 22 Novembre 2011 à 09:58
    niki/sheherazade

    voilà un livre dont le souvenir est bien ancré dans ma mémoire et pourtant je l'ai découvert il y a assez longtemps

    7
    Mardi 22 Novembre 2011 à 10:09

    Je vois que nous partageons tous le même sentiment sur ce livre.

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