• Les sangs, Audrée WILHELMY

    Les sangs, Audrée WILHELMYDans la salle à manger d’un manoir sont assis quatre enfants à qui l’on a servi un repas de gibier. Une jeune fille, cachée derrière une tapisserie, observe l’un d’eux engloutir la chair crue et note : « Le canard serait meilleur sans toutes ces épices. » Le garçon s’appelle Féléor Barthélémy Rü, et l’adolescente, Mercredi Fugère. Elle est la première des sept femmes que croisera Féléor dans ce roman qui retrace, au travers des carnets que chacune laissera derrière elle, l’apprentissage d’un meurtrier.
    Mercredi, Constance, Abigaëlle, Frida, Phélie, Lottä et Marie : qui sont-elles et d’où viennent-elles ? Qu’est-ce qui les pousse vers celui que, dans la Cité, on appelle désormais l’Ogre ?

    Mon avis :

    Comme Barbe Bleue, Féléor est un collectionneur, d’épouses mais aussi des effets qui leur ont appartenu et qu’il aime retrouver pour se souvenir. Mais ici, l’auteure n’en fait pas un meurtrier délibéré. Ce sont plutôt les femmes qui le pousseront à les « suicider ». Sept femmes connaitront un destin funeste après être tombées sous le charme de ce riche et beau jeune homme. Sept femmes passionnées, de conditions et fortunes diverses, animées d’un même désir dévorant mais aussi malsain que déviant. Aucune union ne sera sereine, équilibrée, normale.

    De construction originale, entre allégorie et réalisme, ce récit nous présente chaque situation comme un tableau, un morceau indissociable d’une fresque. Chaque partie s’ouvre sur un bref portrait de la femme, établi par cet homme qui la désire.  Puis nous avons accès à son journal intime, des lettres ou des écrits personnels qui nous révèlent non seulement sa folle passion mais aussi ses pensées les plus intimes. Viennent ensuite les notes de Féléor qui apportent un regard autre sur chacune, sur chaque relation, mettant en exergue les personnalités névrosées de ces femmes. Plus qu’un meurtrier, il semble l’instrument des fantasmes cruels qu’elles mettent en scène, un voyeur, un jouisseur ; pas un tortionnaire comme on pourrait le penser de prime abord.

    Ce conte érotique et noir découvre peu à peu un univers étrange et décalé. Il présente également une réflexion sur les relations humaines, les jeux de l’amour, les fantasmes. Livrées sans pudeur, les pensées des amantes m’ont quelques fois mises mal à l’aise, non pas tant par la crudité de leur propos que par le côté malsain de leurs comportements sexuels déviants. Leurs jeux toujours plus pervers pour atteindre la jouissance suprême les conduisent inexorablement vers la mort. Une mort salvatrice qu’elles attendent voire planifient et dont leur amant sera l’auteur.

    Cette plume libertine à l’écriture ciselée et concise offre un récit vif, enlevé et pour le moins original. Je reconnais de grandes qualités littéraires à ce texte mais la thématique du plaisir lié à la douleur et à la mort n’est pas pour moi.
    Ce conte immoral et captivant à la fois est à déconseiller aux âmes sensibles. Les descriptions crues d’odeurs fétides, de chairs en lambeaux et autres passages sordides risquent fort de les retourner. Pour les autres, les curieux, tentez ce récit hors du commun et faites-vous votre propre opinion.
     

    Audrée Wilhelmy, née en 1985 à Québec, vit à Montréal. Ce roman est son second après "Oss".

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 24 Septembre 2014 à 02:05

    J'avoue que je me faisais une fausse idée sur cette oeuvre, maintenant avec votre recensement, c'est plus clair. Merci !

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    2
    Jacqueline
    Mercredi 24 Septembre 2014 à 07:31

    Un roman qui n'est pas pour moi ...:-)

    3
    Mercredi 24 Septembre 2014 à 14:46

    Je ne crois pas que ce livre soit fait pour moi...

    Bon après-midi.

    4
    Jeudi 25 Septembre 2014 à 01:36

    J'ai bien aimé pour ma part. Un livre troublant, mais porté par une très belle écriture.

    5
    Jeudi 25 Septembre 2014 à 10:21

    Rien à dire pour l'écriture, c'est superbe.

    6
    Jeudi 25 Septembre 2014 à 13:57

    Je ne me serais arrêtée ni sur le titre, ni sur la 4e, mais ta présentation attise ma curiosité... Ces différents regards par les carnets et celui de l'Ogre me paraît assez intéressant, surtout pour un tel thème ; jusqu'à présent, je n'ai lu des romans où il n'y avait que la victime ou le bourreau, avec peu d'ambiguïté possible sur les rôles.

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