• Onnuzel, Thierry ROBBERECHT

    Onnuzel, Thierry ROBBERECHTOnnuzel, c’est un gamin de huit ans. Il vit dans le Molenbeek des golden sixties avec sa mère et sa petite sœur. Onnuzel ne comprend rien au monde, mais il se pose beaucoup de questions, du genre : où est mon père ? pourquoi est-il parti ?

     

    Mon avis :

     

    Drôle de titre me direz-vous. Effectivement.

    N’étant pas Bruxelloise, je n’avais jamais entendu ce mot avant de recevoir le livre choisi sur Masse Critique.

     

    « L’onnuzel, ignore tout, ne comprend rien, mais il est obstiné... ; » nous dit l’auteur. Onnuzel, c’est une expression bruxelloise très proche de « fada », qui vient du flamand et signifie « imbécile ».

    Le gamin de 8 ans dont il est question ici est un peu niais, naïf et pas très futé. Mais il observe et cherche à comprendre ce qu’on lui cache. Ce que sa mère lui cache. Ce qu’il veut comprendre lui c’est pourquoi elle méprise autant les hommes. Où est son père ? Pourquoi est-il parti ? Qui était-il ? Qu’est-il arrivé quand il était petit et dont il ne se souvient pas ? Il a l’impression que s’il savait, s’il retrouvait ce père absent, sa vie changerait car ne pas savoir le bloque, le mine et occupe toutes ses pensées. Et la douleur que sa mère affiche chaque jour se dissiperait sans doute. « Il a disparu le père, mais il est partout. » Cette mère désespérée et désespérante, tellement enfermée dans ses remords et ses déceptions qu’elle élève ses enfants dans la haine du père disparu tout en donnant aux apparences celle d’une mère parfaite, se sacrifiant pour ses enfants. Pauvres petits déjà investis d’un si lourd passé qu’ils doivent porter malgré eux.

     

    Le récit se passe dans les années 60, à Molenbeek, bien loin des « Golden Sixties ». Baudouin est roi, le Congo est indépendant depuis peu et les anciens, ceux qui y ont vécu, sont d’une grande nostalgie quand ils évoquent ces années-là. Thierry Robberecht dresse le portrait triste mais juste d’une société et d’une famille sans joie, terne, vivant de souvenirs et de regrets. A l’image de la mère qui a fait un mauvais mariage et se retrouve perdue, seule dans la vie.

     

    Le roman est raconté d’un point de vue de l’enfant, exposé à la condescendance des uns et à l’hostilité des autres. Un enfant à qui les adultes ont volé l’insouciance par leur non-dit étouffants et leurs reproches incessants.

    Ce très court roman flirte avec le journal intime mais il est raconté à la 3e personne. C’est sans doute ce qui m’a gênée. Le récit lie intimement le regard naïf de l’enfant et celui de l’adulte a posteriori, le style haché, bref, d’une narration enfantine et les belles tournures, les figures de style léchées de l’adulte. C’est déstabilisant.

     

    Cependant ce roman évoquant une relation toxique d’une mère enfermée en elle-même reste émouvant et fort tant le besoin d’amour et la haine restent proches d’un bout à l’autre.

     

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  • Commentaires

    1
    Samedi 9 Février 2019 à 07:17

    J'ignorais ce mot aussi ! 

    Un livre qui peut être intéressant selon la façon dont il est traité. 

    Bon weekend. 

      • Samedi 9 Février 2019 à 11:40

        Oui, il l'est. Un peu triste cependant.
        Bon week-end Philippe.

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    2
    Samedi 9 Février 2019 à 10:58
    Anne (desmotsetdesn)

    J'ai déjà lu un roman de Thierry Robberecht il y a longtemps, celui-ci semble bien intrigant.

      • Samedi 9 Février 2019 à 11:41

        J'avais déjà lu "Terminale Terminus" et "Reborn". Celui-ci est très différent.

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