• Brise glace, JP BLONDELAurélien est nouveau dans son lycée. Il a déménagé. Ce n'est pas la première fois qu'il déménage. Pas facile de se faire des amis dans ces conditions. Mais justement, des amis, Aurélien semble ne pas en vouloir. Solitaire et secret, il n’aspire à rien d’autre qu’à oublier et se faire oublier. Mais dans son lycée, Thibaud semble s’être focalisé sur lui, décidé – pour quel motif ? – à briser la glace et gagner son amitié.

     

    Mon avis :

     

    Comme toujours, l’écriture de Jean-Philippe Blondel fait mouche. Dès les premières pages, on entre dans la vie d’Aurélien, on fait corps avec lui et on n’a de cesse de découvrir ce qu’il tente de dissimuler, de plus en plus mal, de moins en moins fermement. On sent qu’il étouffe sous le non-dit et on voudrait l’aider.

    La relation qui se noue avec Thibaud s’ébauche en douceur, en finesse, sans rien brusquer. La crédibilité s’en trouve accrue. Et une autre interrogation nait : que cherche Thibaud ? Quel avantage peut-il tirer de cette amitié improbable ?

    Lentement, le récit se met en place, alternant actions chronologiques et flashback. L’adolescent trouvera un exutoire dans l’écriture et se libèrera du poids des remords, de la trahison et de la culpabilité qui l’oppressent.

      

    Une fois de plus, Blondel nous touche. Les personnages sont bien dépeints, leur sensibilité est juste ; on sent derrière l’écriture une fine observation des jeunes d’aujourd’hui ainsi qu’une grande tendresse pour eux. On retrouve aussi le thème de l'absence, omniprésent chez Blondel.

    Les jeunes gens auxquels je l’ai conseillé ont vraiment apprécié. A proposer dès 14 ans.

      

    Comment vivre après un drame ? Sur le même sujet, voir aussi "Tout le monde est une idole" et "Entre Dieu et moi, c'est fini"

      

      

      

    Brise glace, JP BLONDEL

     

     Brise glace, JP BLONDEL

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  • Découverte d'une maison d'édition belgeDécouverte d'une maison d'édition belge

      

    Cette fin de semaine se tient à Namur, le Salon du livre de jeunesse, sur le thème "Héros et Héroïnes". Je ne pouvais pas manquer l’occasion de m’y rendre.  

    Après le billet d’il y a dix jours, j’ai pris plaisir à déambuler dans les allées et à découvrir les mille et une richesses que compte la littérature jeunesse. J’ai admiré des albums tous plus beaux les uns que les autres, rencontrés des enfants heureux de pouvoir s’asseoir dans un coin pour dévorer une histoire, des adultes admiratifs des collections d’aujourd’hui et pris un plaisir non dissimulé à me balader au milieu de cette foule bigarrée et joyeuse.

     

    Au détour d’une allée, mon attention a été attirée par des livres aux couvertures colorées et aux titres évocateurs : « Un livre, ça sert à quoi ? », « La grande fabrique de mots », « Le jour où j’ai rencontré un ange » ou encore « Mistik Lake ».

    M’approchant, j’ai découvert une maison d’édition que je ne connaissais pas « Les éditions Alice ». Cette maison d’édition belge existe depuis la fin des années nonante mais je ne l’avais jamais vue auparavant. Intriguée, j’ai questionné l’aimable dame qui tenait le stand. Bien que ces livres soient distribués en France (par le Seuil), en Suisse (par Servidis) et au Québec (par Dimedia), il semble moins évident de trouver ces ouvrages en Belgique, ce qui est quand même un comble.

    J’ai été séduite par les livres que propose cette maison d’édition et j’ai donc eu envie de vous partager mon coup de cœur de manière désintéressée.

     

    Le nom Alice vient de l’héroïne de Lewis Carroll et du pouvoir de l’imaginaire sur l’apparence. Bien en rapport avec le thème du salon.

    De nombreux auteurs et illustrateurs sont Belges mais les portes s’ouvrent de plus en plus aux auteurs étrangers. Ce qui m’a plu en feuilletant les albums et les romans, c’est l’émotion qui se dégage des différents ouvrages. Les sujets sont sérieux ou amusants mais toujours interpellant. Ils font grandir et s’épanouir.

    J’ai craqué pour deux romans que je vous présenterai prochainement. Le premier parle du racket et cherche à libérer la parole des enfants qui en sont victimes. Le deuxième, traduit de l’anglais, est un roman canadien, un polar pour adolescents qui mêle habilement passé et présent. Les quelques extraits lus sur place m’ont séduite. J’ai hâte de m’y plonger et de vous faire partager mes lectures.

      

    Pour découvrir le catalogue de cette maison d'édition cliquez sur Alice.

      

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  • Et si un jour, subitement, votre petite Sœur se transformait en créature de cauchemar ? Si, au cours d'une banale dispute, elle cherchait à vous assassiner ? Et si, comble de l'horreur, vous étiez le seul au courant de sa métamorphose et que tout le monde vous croyait fou ? Cyril échappera-t-il à l'esprit vengeur qui a pris possession de sa petite Sœur ? Lorsque le quotidien bascule dans le fantastique et l'épouvante, le frisson est au rendez-vous.

     

    Mon avis :

     

    Une histoire bien ficelée, un récit distrayant et frémissant pour les jeunes lecteurs.

    Que ce soit pour traiter de faits de société sérieux (Crime City, La vie en chaussettes, La vie à reculons, Barbès Blues…) ou pour nous emmener dans son imaginaire (La bibliothécaire, Le corridor, Au secours, je suis invisible…) Gudule n’a pas son pareil pour raconter une histoire attachante et rédigée avec rythme.

    Agréable, fluide, sensible, ce roman se lit aisément car on a hâte de découvrir la vérité et de comprendre. Mon fils de 10 ans a adoré ce récit fantastique qui donnera aux plus jeunes qui aiment avoir peur, juste ce qu’il faut de frisson.

     

      

      

     

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  • Qui a piqué les contrôles de français ? Nicolas de HIRSCHING, Fanny JOLYUn porte-document contenant une vingtaine de copies corrigées et annotées a été retrouvé dans une poubelle. Qui a bien pu dérober ces devoirs ? Le sujet de la rédaction était : « Vous passez une après-midi avec votre grand-mère. Racontez. »

     

    Mon avis :

     

    Dans un classeur rouge à élastique, tâché puisqu’il a été trouvé dans une poubelle, vingt-trois travaux d’élèves sont présentés en fac-similé. Rédigées dans des écritures enfantines variées, ces compositions nous présentent des tranches de vie amusantes, déroutantes ou émouvantes. Au fur et à mesure de leur lecture, on découvre ceux qui composent la classe, illustrant à peu près toutes les classes sociales et tous les comportements d’élèves : le rêveur, le taciturne, le bon élève, le cancre, l’imaginatif, l’insolent… Ils nous présentent leur grand-mère et une série de caricatures finement observées et drôles à souhait, s’offrent à nous. On y retrouve ainsi la mamy gâteau, l’affectueuse, la pressée, l’acariâtre, la farfelue et bien d’autres. Remplies d’humour et de bons mots d’enfants, ces rédactions sont aussi jubilatoires grâce aux annotations et remarques que la maîtresse rédige dans la marge.

    Petit à petit, on se fait une idée de sa personnalité et de sa pédagogie et on rit fréquemment de ses remarques où se nichent jeux de mots, deuxième degré et ironie caustique.

    Ce livre est un réel moment de plaisir à savourer lentement pour bien goûter la saveur de l’ouvrage. Il se présente comme un livre pour enfants dès 10 ans mais je pense que les enseignants y prendront plus de plaisir encore que les enfants.

     

     Qui a piqué les contrôles de français ? Nicolas de HIRSCHING, Fanny JOLY

      

      

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  • Le chuchoteur, Donato CARRISICinq petites filles ont disparu. Cinq petites fosses ont été creusées dans la clairière. Au fond de chacune, un petit bras, le gauche.

    Depuis qu’ils enquêtent sur les rapts des fillettes, le criminologue Goran Gavila et son équipe d’agents spéciaux ont l’impression d’être manipulés. Chaque découverte macabre, chaque indice les mènent à des assassins différents. La découverte d’un sixième bras, dans la clairière, appartenant à une victime inconnue, les convainc d’appeler en renfort Mila Vasquez, experte dans les affaires d’enlèvement. Dans le huis clos d’un appartement spartiate converti en QG, Gavila et ses agents vont échafauder une théorie à laquelle nul ne veut croire : tous les meurtres sont liés, le vrai coupable est ailleurs.

    Quand on tue des enfants, Dieu se tait, et le diable murmure…

     

    Un époustouflant thriller littéraire, inspiré de faits réels.

     

    Mon avis :

     

    Pour ma première lecture commune, j’ai choisi un roman qui me tentait depuis que je l’avais dans ma PAL mais dont je remettais toujours la lecture à plus tard craignant les horreurs que je pourrais y lire. Pourtant, malgré un côté très noir, une succession d’actes odieux et abominables, le style ne s’appesantit pas sur le macabre, le gore, le sensationnel. Au fil des pages, on finit par se fondre dans la peau d’un inspecteur, qui bien que choqué, reste professionnel avant tout et continue son travail sans rien laissé paraître.

     

    J’avais lu des critiques enthousiastes et des déceptions quand j’ai acheté ce livre. Je l’ai donc ouvert sans rien attendre de particulier. J’avoue me ranger du côté des premières. J’ai trouvé cette lecture agréable et ai eu du mal à m’en extraire. Il ne m’a fallu que deux jours pour en venir à bout.

     

    Les personnages sont assez bien décrits même si certains ne sont que des faire-valoir. Comme dans les séries policières. Le personnage de Mila, complexe et distant, rappelle un peu les héroïnes américaines de ces séries que sont Tempérance Brennan ou Teresa Lisbon : efficaces, professionnelles, déterminées et peu enclines aux confidences personnelles. J’ai bien aimé cette femme appelée en renfort dans l’équipe d’enquêteurs et spécialiste de la recherche des personnes disparues.

     

    Le style est fluide, agréable et soigné et donne l’envie d’en découvrir toujours davantage. L’intrigue est cohérente même si je regrette que beaucoup trop d’éléments viennent étoffer l’histoire au fil des pages car à certains moments, cela devient confus. On sent cependant derrière l’écriture un réel travail de recherche et une documentation pointue. Les données apportées sur les serials killers sont très intéressantes et on découvre de nouvelles informations sur leur classification et leurs caractéristiques.

     

    Ce que j’apprécie dans un roman policier, c’est que l’enquête soit intéressante à suivre, qu’elle nous donne à réfléchir et nous permette d’échafauder nos hypothèses – même si elles s’avèrent inexactes. J’aime aussi que la vie privée des enquêteurs, leurs émotions, nous soient quelque peu dévoilées. Cela les humanise et les rend plus proches de nous. J’ai retrouvé ces deux points dans le roman.

    Pour toutes ces raisons, je qualifierai ce roman de bon thriller, à lire absolument. Pas un coup de cœur (plus j’en lis plus je suis difficile), mais une très bonne première œuvre très prometteuse et un auteur que je garderai à l’œil.

      

    Rendez-vous sur les blogs de Miss.Mia, Lystig et Somaja pour connaître leur avis sur cette lecture commune.

      

      

     

     

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  • La littérature de jeunesse ne se limite pas aux vampires !J’ai envie de lancer un CdG, ce qui est rare, avouez-le. Mais je voudrais défendre une littérature qui m’est chère et que je trouve particulièrement mise à mal et galvaudée depuis un certain temps.  

    Depuis le raz de marée universel de Stéphenie Meyer et de ses vampires, les auteurs qui tentent de surfer sur la vague du succès se comptent par dizaines. Avec plus ou moins de bonheur, plus ou moins de talent et plutôt moins de qualités littéraires.

    Il y a de la place pour tout le monde, me direz-vous. Certes. Mais ce qui m’a agacée, horripilée, énervée, c’est d’entendre lundi, à la radio, une journaliste, sensée parler de littérature de jeunesse, ne citer que des ouvrages de ce style.

    J’avais déjà été déçue de trouver essentiellement ce genre dans le super challenge proposé par Mélo, Hélène et Audrey, moi qui espérais découvrir d’autres auteurs ou d’autres titres à dévorer. Là c'en était trop !

      

    Non, mille fois non ! La littérature de jeunesse ne se résume pas à ce genre de niaiseries ! (Désolée pour les amatrices).

    Si je peux envisager qu’on lise et qu’on aime cette littérature, je suis navrée de lire et d’entendre que certains lecteurs ne tentent même plus d’autres lectures et délaissent de bons auteurs jeunesse comme le sont Blondel, Desplechin, Ferdjoukh, Gudule, Morgenstern, Murail, Mourlevat, Ténor et tant d’autres. Je le suis aussi que des « professionnels » en viennent à les oublier quand ils font un billet sur le sujet !

     

    Il a fallu des années à la littérature de jeunesse pour acquérir ses lettres de noblesse. Longtemps reléguée à la catégorie amusette pour enfants ou paralittérature (quel vilain mot), elle s’est développée et épanouie ses trente dernières années, avec des auteurs de talent qui ont su la faire évoluer en proposant des thèmes neufs et variés, parlant aux adolescents ; avec des textes plus aboutis, stylistiquement corrects voire même riches. Et la voici à nouveau ébranlée, étouffée, par des pseudo-écrivains qui ne cherchent qu’à s’enrichir vite avant que la mode des vampires et autres dystopies ne passent.

    Ne vous méprenez pas, je sais qu’il y a quelques bons auteurs parmi eux. Mais si peu dans la masse des écrivains qui envahissent nos librairies. Et si peu de (pour ne pas dire aucun) francophones ! La traduction parfois bâclée ajoutant, vous en conviendrez, à la médiocrité de certains récits.

     

    Que chacun trouve son compte et son plaisir dans le genre qui lui sied, je suis pour. Mais remettons les pendules à l’heure et cessons de croire (et de dire) que la littérature jeunesse aujourd’hui se limite à la bit-lit.

      

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  • Borgia, Tom FONTANA1492. Le pape Innocent VIII se meurt. Au Vatican, un cardinal catalan, assoiffé de pouvoir, est prêt à tout pour lui succéder. Un homme d'une cruauté sans égale, dont le nom restera dans les mémoires comme l'un des plus tristement célèbres de l'histoire de l'Eglise catholique : Rodrigo Borgia. Elu au Saint-Siège grâce à la corruption, il doit faire face, dès sa prise de pouvoir, aux complots des grandes maisons romaines qui veulent la perte de cet "étranger" aux mœurs scandaleuses.

    Dépenses fastueuses, maîtresses, enfants illégitimes qu'il marie au gré de ses alliances, assassinats en cas de difficulté : Rodrigo joue selon ses propres règles. Mais quand les armées du roi de France arrivent aux portes de la ville, il sait qu'il lui faudra l'appui de ses fils. Auquel pourra-t-il faire confiance ? A Juan, l'arrogant enfant gâté, ou à Cesare, tourmenté par la noirceur de ses pulsions ? De ses choix dépendront non seulement l'avenir des Borgia, mais aussi celui de Rome et de l'Italie tout entière.

    Ancrée dans le foisonnement intellectuel et créatif de la Renaissance, cette saga dramatique retrace la grandeur et la décadence d'une illustre famille ; de Cesare, le modèle du Prince de Machiavel, à Lucrèce, tiraillée entre mysticisme et sensualité, en passant par la sulfureuse Giulia Farnese et l'insaisissable Rodrigo.

     

    Mon avis :

     

    L’engouement pour cette famille et son histoire n’est pas nouveau. Victor Hugo, en 1833, écrit déjà « Lucrèce Borgia », un drame qui inspirera Donizetti qui en fera, la même année, un opéra du même nom. Au moins dix films ont été réalisés sur les Borgia, plus les séries télévisées. Elle a même récemment, inspiré les créateurs de jeux vidéo (Assassin’s Creed).

    On peut se demander d’où vient cet intérêt. Certes, Rodrigo Borgia, qui deviendra le pape Alexandre VI, a des maîtresses, des enfants et vit dans le luxe. Mais ses prédécesseurs et successeurs ne vivaient pas différemment. Aujourd’hui, cela nous choque. A l’époque, il n’en était rien. Le souverain pontife n’était-il pas un monarque temporel comme un autre, défendant son trône contre ses rivaux ?

      

    Ce qui passionne et intrigue, c’est le pouvoir et la fortune de cette famille. Ce que l’on sait d’elle, et ce que l’on invente. N’est-on pas allé jusqu’à leur prêter des relations incestueuses ? Les rumeurs et les légendes ont la vie dure ; surtout lorsqu’elles touchent des puissants. Et il y a là un fabuleux vivier à exploiter.

    Le récit de Tom Fontana n’apporte pas grand-chose de neuf sur l’histoire de cette famille. Son roman est directement tiré de la série télévisée qu’il a réalisée pour Canal + et dont le premier épisode passe sur les écrans ce 10 octobre. Mais l’écriture est alerte, vive et ne s’embarrasse pas de détails inutiles ou de longues descriptions. Elle va droit au but, relatant avec fougue, les intrigues, alliances et mésalliances, au fur et à mesure qu’elles rythment la vie des Borgia.

      

    De 1492, date de l’accession au trône pontifical de Rodrigo Borgia jusqu’en 1507, date de la mort de Cesare, son fils, il nous conte l’histoire bouillonnante des Borgia et accessoirement, de l’Italie de l’époque. Intrigue, sexe, sang et violence nous entraînent dans un tourbillon incessant, au cœur du Vatican et des prestigieux palais romains.

      

     Borgia, Tom FONTANA 

     

     

    A lire, l'avis de Mélusine.

      

      

    Borgia, Tom FONTANA

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