• Swap de Printemps, ouverture du colis

     

    Pour le deuxième Swap de Printemps proposé par Asphodèle, j’avais comme binôme, Anne (des mots et des notes). Anne est devenue une amie, nous avons eu l’occasion de nous rencontrer quelques fois et de faire plus ample connaissance au fil du temps. Ce fut donc bien agréable de concocter mon petit colis, sans trop de craintes de me tromper en choisissant ce qui lui ferait plaisir.

    Avec fébrilité, j’ai réceptionné son colis mercredi. Attendant impatiemment son feu vert pour l’ouvrir. Comme vous pouvez voir, j’ai été, une fois de plus, très gâtée par Anne. Elle a même poussé la délicatesse jusqu’à choisir du papier d’emballage vert, ma couleur préférée, et bleu, la sienne. J 

    Aidée de mon fils, qui piaffait à mes côtés, j’ai déballé avec curiosité chacun des paquets sur lesquels Anne avait collé un commentaire intriguant.

    Swap de Printemps, ouverture du colis

      

    Et j’ai découvert…

    Un très joli stylo fleuri dans des tons printaniers, un superbe foulard vert et bleu, un carnet PaperBlanks (je les adore), des jolis marque-page colorés, deux paquets de serviettes en papier dans les tons verts, dont un avec de jolies grenouilles annonciatrices de beau temps !!, un magnet représentant une Coccinelle fleurie, très sixties, un thé noir qui sent très bon et une boite de chocolats pour l’accompagner (Anne a aussi pensé à mes hommes), et enfin… trois livres pour moi et un pour mon fils « Murder Party », très gentille attention d’Anne qui l’a beaucoup touché.

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    Cliquez pour agrandir.

      

    Rejoignent donc ma PAL, pour peu de temps, « Western Girl » d’Anne Percin, « La guerre des saints » de Michel Murgia et « L’ombre douce » de Hoai Huong Nguyen qu’Anne a eu la délicatesse de faire dédicacer à mon nom !! J’en étais toute émue.

    Un très beau colis, coloré et gai comme un jour de printemps. De belles surprises et de gentilles attentions. C'était mon anniversaire avant l'heure. Un tout grand merci à toi, Anne, pour ce superbe colis. (Cliquez sur Anne pour voir son billet)
    Et merci à Asphodèle qui a organisé tout ça !

     

     

     

     

     

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  • Le bébé tombé du train, Jo HOESTLANDT et Anne PRIGENTAu bout du jardin, les trains… et s’il y avait autre chose… Anatole, 60 ans, vit seul et n’aime pas être dérangé. Derrière le mur de son jardin, il y a la voie ferrée et chaque jour, le train passe… Alors qu’il est en train de biner, il aperçoit quelque chose bouger dans l’herbe : un bébé. Une rencontre bouleversante entre ces deux êtres « perdus » qui ont besoin d’amour. Une rencontre qui va changer la vie du vieil homme…

    Mon avis :

    J’ai découvert cet album dans le catalogue des éditions Oskar et j’ai été séduite d’emblée par le titre. Malgré une couverture peu attirante (jaune et noire, aux traits simplistes), j’ai eu envie de découvrir ce récit. Le titre m’a rappelé de suite, une scène du film « Les uns et les autres » quand Nicole Garcia se voit contrainte de déposer son bébé sur la voie ferrée, pour lui sauver la vie. Une scène qui m’avait bouleversée à l’époque.

    Le livre allait-il évoquer le même sujet ?

    J’ai aimé cette rencontre improbable entre un vieil homme bougon et solitaire, introverti, et ce bébé souriant et calme, curieux de tout, qui vont s’apprivoiser au fil du temps. Alors qu’Anatole a toujours vécu seul et sans se soucier de personne, il devient responsable d’un bébé ! Et peu à peu, il va changer sa manière de vivre, prendre soin de quelqu’un, l’aimer… même s’il est trop pudique pour le dire.

    Derrière un texte en apparence naïf, se cache une histoire profonde et terrible. On pressent la vérité assez vite, même si elle reste implicite. Les indices sont donnés peu à peu, notamment par les dessins et le doute n’est plus permis. L’histoire est magnifiquement contée, toute en nuances et sensibilité. Mais je ne pense pas que de jeunes enfants peuvent le comprendre seuls. Sans doute feront-ils une autre lecture de ce récit s’ils ne sont pas accompagnés.

    Quant aux dessins, ils vont à l’essentiel. Ce que j’ai d’abord trouvé simpliste est en fait un travail d’épuration qui rend compte de l’émotion du texte. Le rendu est agréable, les contours bien marqués et les aplats de couleur bien nets. Et à chaque page, on découvre un petit détail qui fait la différence, comme cette étoile qui brille dans les yeux du bébé. Par cette technique, on entre de plain-pied dans l’histoire. Un plus, pour les jeunes lecteurs.

    Un court récit de 42 pages, au texte fort, qui va à l’essentiel et procure une belle émotion d’un bout à l’autre. A ne pas réserver aux enfants ! Merci aux éditions Oskar !

     

     

     

     

     

     

     

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  • Propagande noire, FENECH et MALAFAYELyon, le 8 décembre. Le juge Renan Le Goff est saisi d’une enquête sur la mort d’un adepte des survivalistes. Il s’attaque à la plus puissante secte au monde, et peut-être aurait-il dû faire comme d’autres, ne pas s’en approcher. Mais ce quadra solitaire, entêté, un brin macho, est aussi pétri d’idéal de justice et va enquêter au mépris du danger. Le juge Le Goff n’a pas la moindre idée de ce qu’il déclenche : infiltrés dans toutes les strates de la société française, même au plus haut niveau du pouvoir, les survivalistes lancent contre lui la propagande noire. Attaqué dans son intégrité, épié jusque dans le palais de justice, atteint dans sa vie privée, Renan Le Goff va mener un combat dantesque. Seul, ou presque, face à cette force occulte qui a déjà commencé à ronger la charpente de notre société. 

    Mon avis :

    Ancien juge d’instruction, Georges Fenech signe avec l’écrivain Alexandre Malafaye ce roman noir qui nous plonge au cœur de l’une des sectes les plus puissantes du monde. La propagande noire, terme utilisé et défini par Ron Hubbard lui-même, est le fait d’organiser le discrédit de toute personne tenant sur la scientologie un discours objectif ou négatif. Cela donne le ton.

    Bien que jamais ces noms ne soient cités dans le récit, le lecteur décèle aisément des allusions et des rapprochements avec diverses affaires ayant défrayés la chronique ces dernières années et des similitudes avec des personnages célèbres. De même, il est aisé de reconnaitre certaines figures politiques derrière les portraits tracés. - Je ne peux m’empêcher de penser qu’il y avait peut-être quelques comptes à régler… -

    Ancien président de la Miviludes, Georges Fenech sait de quoi il parle. D’un bout à l’autre du roman, son regard acéré sur le monde sectaire et la justice donnent à l’histoire toute sa force et son authenticité. Construite à partir de documents précis, l’intrigue évolue crescendo, parfaitement maîtrisée. De rebondissements en révélations sur les liens occultes entre protagonistes, entre pouvoir politique et secte, nous sommes entraînés au cœur d’une machination effrayante d’efficacité, broyant tout sur son passage.

    Ce n’est sans doute pas un hasard, si l’action se déroule au cœur de Lyon, ville qui fut le cadre de l’assassinat du juge Renaud en 1975, victime d’un contrat dont on ne connait toujours pas les commanditaires. Au moins, le juge Le Goff sait-il contre qui il se bat.

    Attrayant d’un bout à l’autre, tant pour ses précisions sur la vie judiciaire que pour la crédibilité du propos, ce thriller politico-judiciaire donne à réfléchir sur l’organisation de la société et les ramifications entre les différents pouvoirs. Il rend compte aussi d’une réalité sociétale insuffisamment mise en lumière : le crime organisé.

    L’écriture fluide et efficace, un rien romanesque, pousse à enchainer les chapitres rapidement. Chapitres commençant à chaque fois par une épigraphe dont certaines sont particulièrement savoureuses.

    Bref, un bon polar, rythmé et qui tient en haleine. Merci aux éditions Kero de m’avoir permis de faire cette découverte.

     

     

     

     

     

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  • M’intéressant à la Seconde Guerre mondiale depuis longtemps, je connaissais les opinions d’Hannah Arendt sur Eichmann et sa théorie sur la « banalité du mal ». Mais j’ignorais à quel point cela avait été mal reçu dans l’opinion publique à l’époque.

    Dans son film, Margarethe von Trotta s’attache à reconstruire les années-charnières où Hannah Arendt a développé sa célèbre théorie. Elle cherche à montrer la genèse d’une pensée politique forte, à contre courant d’une époque, et en observe les conséquences sur un milieu intellectuel borné et frileux.

    En 1961, Hannah Arendt enseigne dans une université américaine. Par ses ouvrages dont « Les origines du totalitarisme », elle est une intellectuelle reconnue et respectée. Le procès d’Eichmann, enlevé par les services secrets israéliens, va débuter et elle propose au journal « The New Yorker » de couvrir l’événement. Elle part alors à Jérusalem assister au procès.

    De longs extraits du vrai procès nous plongent au cœur de la psychologie et de la personnalité d’Eichmann. On perçoit tout le processus mental qu’il déploie devant les juges et son absence totale de regret. Il n’a fait qu’obéir, il n’a pas de sang sur les mains, il n’est qu’un petit rouage, il a respecté son serment d’allégeance. Hannah va prendre conscience de la fadeur de ce fonctionnaire qui se retranche derrière des arguments administratifs et l’obéissance aux ordres de sa hiérarchie. Devant tant de petitesse et de bassesse, elle va chercher à affiner sa vision de cet homme présenté comme un monstre, alors qu’il est juste insignifiant, veule, irréfléchi. De là va naître sa théorie sur la banalité du mal. Elle estime en fait qu’Eichmann est juste un homme tristement banal, un bureaucrate zélé et médiocre qui ne pense pas par lui-même et est incapable de distinguer le bien du mal. Dès la parution des premiers articles dans « The New Yorker », une violente controverse naîtra lui valant le rejet de ses pairs et la défection de ses amis.

    On découvre comment les milieux intellectuels, juifs et non juifs, de l’époque étaient particulièrement hostiles à toute pensée s’éloignant un tant soit peu de la ligne officielle (c’est-à-dire la condamnation sans retenue des faits et des hommes les ayant perpétrés).

    Déjà avant elle,  même si le film ne l'évoque pas, Avner Less, jeune policier israélien chargé d’interroger Eichmann avait été critiqué par l’intelligentsia israélite. Son tort avait été de déclarer qu’il était déçu de voir à quel point cet homme présenté comme un monstre était un homme ordinaire. Ce qui était en fait impensable, inacceptable pour l’époque, et notamment pour les survivants de l’Holocauste, c’était de se dire que chacun peut devenir un serviteur docile d’un système aussi monstrueux que celui-là.

    Le film n’est pas une biographie d’Hannah Arendt. Il se concentre essentiellement sur quatre années, de 1960-1964. Il tente juste de montrer la genèse d’une réflexion, d’une pensée politique. (Une manière d’ouvrir les yeux des Allemands sur leur lourd passé ?) Mais le cadre historique, la reconstitution de l’ambiance de l’époque, du milieu intellectuel sont particulièrement minutieux et éclairants. Magistralement interprétée par Barbara Sukowa, Hannah Arendt est jouée avec beaucoup de nuances et présentée comme une femme forte, qui ne transige pas sur sa pensée et ne s’écarte pas de sa ligne de conduite malgré ce que son entourage attend d’elle. Elle n’hésite pas à risquer sa carrière et sa réputation pour défendre ses idées jusqu’au bout.

    Malgré certains défauts, dont une lenteur exagérée, et une facture classique, le film vaut vraiment la peine d’être vu pour découvrir (ou redécouvrir) la pensée de cette philosophe allemande qui a marqué le vingtième siècle. Pensée parfaitement replacée dans le contexte historique explosif des années 60. « La pensée peut peut-être nous sauver des catastrophes. »

    Si vous désirez en savoir plus, je ne peux que vous conseiller de lire « Eichmann à Jérusalem » de Hannah Arendt, chez Folio.

     

     

     

     

     

     

     

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  • La liste, Siobhan VIVIANUne tradition odieuse sévit au lycée de Mount Washington : tous les ans, une semaine avant le bal de début d’année, une liste est placardée dans les couloirs. Personne ne sait qui établit cette liste. Et personne n’a jamais réussi à empêcher qu’elle soit publiée. Invariablement, chaque année, la plus belle et la plus laide des troisièmes, des secondes, des premières et des terminales sont désignées. 8 filles en tout. 8 filles qui se retrouvent sous les projecteurs impitoyables du lycée. 8 filles qui vont voir leur vie brusquement changer pour le meilleur ou pour le pire.

    Mon avis :

    Inconnue jusqu’ici en Europe, Siobhan Vivian nous offre son avant dernier roman. Après avoir été éditrice pour la maison d'édition Alloy Entertainment et scénariste pour Disney Channel, Siobhan Vivian partage aujourd'hui son temps entre écriture et enseignement de l'écriture à l'Université de Pittsburg.

    La liste suit huit lycéennes durant une semaine, entre le moment où est affichée une liste qui désigne annuellement la plus jolie fille et la plus moche de chaque niveau et le bal de rentrée. Les jeunes filles désignées par cette liste sortiront de l’anonymat en quelques heures et verront leur vie bouleversée irrémédiablement. Divisé en six parties (une par jour), le récit suit tour à tour les huit filles dans leur quotidien, contant par le menu leur réaction et celle de leur entourage après cette désignation publique.

    Menant le suspens jusqu’au bout sur l’auteur de cette liste, Siobhan Vivian nous ouvre aussi les coulisses de la vie d’un lycée américain, ses clans, ses rivalités, ses amitiés, ses petites médiocrités… Entre l’ambiance de Glee, de Gossip Girl et « Nulle et Grande Gueule » de Joyce Carol Oates, ce roman se montre lucide sur le monde de l’adolescence, le lycée et sa dictature, l’Amérique et  ses traditions scolaires. Il nous parle des inévitables groupes que l’on y rencontre, les leaders populaires et les losers, sans tomber dans les clichés éculés de la jolie blonde sans cervelle et de la vilaine tellement belle à l’intérieur. J’ai apprécié ce détail et la psychologie des héroïnes, assez différentes les unes des autres. Cela donne un panel de réactions et d’attitudes assez riche. J’aurais pourtant aimé que leur analyse soit plus fouillée.

    La réflexion sur le rôle du regard des autres et l’image de soi est aussi intéressante et fera sans nul doute écho aux préoccupations des adolescent(e)s qui liront ce livre. L’auteur glisse en plus dans son roman quelques thèmes importants comme l’anorexie, l’influence du groupe sur l’individu, le harcèlement moral, l’exclusion ou l’anticonformisme. Tout cela en fait un roman pertinent.

    De plus, l’histoire est agréable à lire, distrayante et entrainante. Même si le récit est au présent, ce que je n'apprécie que très modérement. On peut toutefois regretter le rôle quasi inexistant des adultes dans cette histoire, alors qu’il me semble qu’ils auraient dû y tenir leur place.

    Un roman jeunesse écrit sur mesure pour les ados et qui devrait leur plaire sans aucun doute.

    Je remercie les Editions Nathan de m’avoir proposé ce livre.

    Vous trouverez ici un autre avis chez Bazar de la littérature

     

     

     La liste, Siobhan VIVIAN

     

     

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  • L'écume des jours, Michel GONDRYAdapté le roman de Boris Vian n’est pas une mince affaire. Cette œuvre aussi touchante et fascinante qu’étrange est reconnue comme un chef d’œuvre.

    Une fois le livre refermé, je me suis demandé comment on pouvait adapter à l’écran la kyrielle d’objets bizarroïdes cités et les concepts délirants. Michel Gondry y est parvenu, en s’appropriant « L’écume des jours » et en y ajoutant sa touche personnelle. Il ne m’a cependant convaincue qu’à moitié.

    J’ai été surprise qu’il ne joue pas davantage le jeu du numérique pour rendre la fantasmagorie de l’œuvre de Vian. Il a choisi, au contraire, de privilégier les effets spéciaux réalisés avec deux bouts de ficelle (le nuage, la souris, les rayons de soleil…) Le début du film est pourtant enchanteur, rythmé, léger et poétique. On se prend au jeu. Mais lentement, on se lasse un peu devant tous ces gadgets répétitifs. Il prend tout au pied de la lettre et crée un monde alternatif où chaque objet est doué de vie, et à mon sens, perd un peu l’histoire de vue.

    Dans un sursaut, il nous offre un peu d’émotion. Il parvient à rendre l’atmosphère oppressante lorsque la maladie de Chloé dérègle le quotidien. Une angoisse monte à travers le pourrissement des choses. L’addiction de Chick et la progression de la maladie sont presque palpables. Gondry nous montre comment tout un monde s’écroule en passant progressivement de la couleur au noir et blanc. Le décor se distord et préfigure un monde dénué de sens, voire d’humanité. Mais l’émotion n’est pas assez présente à mon goût. L’histoire d’amour tragique n’émeut pas autant que dans le roman, elle semble passer au second plan, après le souci esthétique et visuel du réalisateur.

    Enfin, même si les acteurs sont cohérents et complices, et si je les apprécie en général, je regrette un peu qu’ils n’aient pas la jeunesse des personnages de Vian. De jeunes inconnus débutants auraient donné au film toute la fraîcheur initiale.

    Un avis mitigé, en conséquence, comme souvent quand un roman m’a plu et qu’il est adapté au cinéma.

    Le billet sur le livre est ici.

      

      

     

     L'écume des jours, Michel GONDRY

     

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  •  L'écume des jours, Boris VIANUn titre léger et lumineux qui annonce une histoire d’amour drôle ou grinçante, tendre ou grave, fascinante et inoubliable, composée par un écrivain de vingt-six ans. C’est un conte de l’époque du jazz et de la science-fiction, à la fois comique et poignant, heureux et tragique, féerique et déchirant. Dans cette œuvre d’une modernité insolente, livre culte depuis plus de cinquante ans, Duke Ellington croise le dessin animé, Sartre devient une marionnette burlesque, la mort prend la forme d’un nénuphar, le cauchemar va jusqu’au bout du désespoir.

    Mais seules deux choses demeurent éternelles et triomphantes : le bonheur ineffable de l’amour absolu et la musique des Noirs américains…

    Mon avis :

    L’Écume des jours est un roman de Boris Vian, écrivain français mais aussi poète, parolier, chanteur, scénariste, critique et musicien de jazz. Ce roman fut publié est 1947, période d’après-guerre. Malgré le soutien de Sartre et de Queneau, il ne connaîtra pas un grand succès à sa sortie. Il faudra attendre la fin des années 60 pour qu’il connaisse un succès posthume.

    Bien qu’il fût dans ma bibliothèque depuis des années, je n’avais jamais lu « L’écume des jours ». Ayant très envie de voir le film qui vient de sortir, je me suis dit qu’il fallait d’abord lire le roman pour mieux goûter la mise en scène et l’adaptation.

    Cette œuvre retrace la rencontre amoureuse entre Colin et Chloé puis la mort de cette dernière qui va être emportée par la maladie détruisant ainsi Colin.

    Je ne savais trop à quoi m’attendre en débutant ma lecture. J’ai été étonnée de découvrir un récit poétique, un conte moderne au vocabulaire soutenu mâtiné de mots-valises et de néologismes. J’ai été agréablement surprise par cette richesse de langage et cette originalité.

    Je suis entrée très vite dans cet imaginaire surréaliste, cet univers poétique et drôle, léger et grave tout à la fois. J’ai aimé les descriptions précises de l’univers de Colin, son intérieur, ses vêtements… et les nombreuses personnifications qui donnent vie aux objets de cet univers fantasque. J’ai apprécié les nombreuses références littéraires et musicales qui parsèment l’histoire de bout en bout. Je me suis attachée aux personnages, à leur univers particulier et à leur douce folie.

    C’est un émouvant roman d’amour, baigné de jazz et de blues ; un monde heureux et superficiel, innocent et sensuel où s’insinue bientôt la maladie, la dégradation, la violence, la malédiction. Les personnages sont jeunes, beaux, très différents mais complémentaires : la dynamique Alise, la douce Chloé ; Colin l’amoureux et Chick l’obsédé de Partre ; Isis médiatrice du destin, amoureuse éconduite et Nicolas l’artiste adolescent et volage. Ils sont attachants, fragiles et forts à la fois.

    Mais derrière le roman d’amour, apparait une critique de la société superficielle. Par l’absurde, Vian lance divers traits acerbes sur le pouvoir de l’argent, l'organisation du travail et l’abrutissement qu’il produit, la religion, la police et la société de consommation… (Remarquez que le jazz qui accompagne chaque moment de la vie de Colin, disparait à la vente du pianocktail. Moment où Colin est contraint de travailler. Il quitte son monde de confort insouciant et rejoint la société déshumanisée qu’il décriait.)

    Et puis, il y a la dimension tragique de l’histoire ; la fatalité qui s’abat brutalement sur des êtres jeunes et beaux et cette fin où ne subsiste nul espoir, où tout est broyé par une machine infernale et cruelle.

    Je ne m’attendais pas à un tel roman. Vraiment, je regrette d’avoir tant tardé à le lire.

    Le billet sur le film est ici.

     

     

     

     L'écume des jours, Boris VIANL'écume des jours, Boris VIAN

     

     

     

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