• La bibliothèque de Villers, Benoît PEETERSVenu à Villers pour y conduire une enquête sur des crimes vieux de plus de cinquante ans, le narrateur se trouve entraîné, presque malgré lui, dans la plus angoissante des aventures. Plusieurs meurtres vont se produire coup sur coup dans cette ville où le tems semble s’être assoupi. D’abord simple spectateur, le narrateur se trouve soudain mêlé à cette affaire incompréhensible et dont l’étau, cependant, se resserre progressivement autour de lui...
    L’intrigue de « La Bibliothèque de Villers » se réfléchit, à la manière d’un miroir critique, dans le bref essai que constitue « Tombeau d’Agatha Christie » et qui s’emploie à démasquer les procédés familiers de l’auteur des « Dix petits nègres ».

    Mon avis :

    Etrange ouvrage que celui-ci qui réunit une nouvelle policière d’une cinquantaine de pages – un exercice de style plutôt- et un essai de trente pages sur Agatha Christie et son écriture. Ce n’est qu’en lisant la postface qu’on comprend que « La Bibliothèque de Villers » est un hommage à Agatha Christie.

    « La Bibliothèque de Villers » nous met en présence d’une énigme surprenante. Alors qu’il étudie des crimes s’étant déroulés en 1905 à Villers, le narrateur est mis en présence d’autres meurtres perpétrés dans la commune. Détail sordide, la victime se voit incruster post mortem une étoile dans le dos. Etoile semblant indiquer la localisation du corps dans Villers. Quel lien unit ces victimes ? Quel rapport y a-t-il entre ces meurtres et ceux de 1905 ? Et quel mobile pousse l’assassin ?

    Texte aride, écrit à la fin des années 70, ce récit est influencé, de l’aveu de l’auteur, par le Nouveau Roman. Il possède cependant une certaine rythmique qui le rend agréable, peut-être en raison de l’emploi peu courant de l’indicatif présent. Ce texte à l’intrigue subtile est cependant frustrant car l’auteur détient le fin mot de l’énigme et le garde pour lui. Il se refuse à exposer les tenants et les aboutissants des crimes. Par ce fait, le lecteur devient en quelque sorte responsable de l’intrigue et de son dénouement. A peine la lecture achevée, il est clair qu’il va falloir la reprendre depuis le début, décrypter les moindres propos du narrateur, décoder son personnage, soupeser les mots, les triturer, les comparer... si on veut trouver le coupable.

    Cette nouvelle décalée, écrite il y a plus de trente ans, reste cependant intemporelle. A chacun de l’apprécier (ou non) en fonction de sa sensibilité et de son expérience du policier.
    Je m’étendrai moins sur la deuxième partie qui consiste en un essai assez pertinent de l’analyse du style d’Agatha Christie. Benoît Peeters y décrit son génie pour mieux essayer de le surpasser. A dévorer par les amateurs.

    La bibliothèque de Villers, Benoît PEETERSLa bibliothèque de Villers, Benoît PEETERS

     

     

     

     

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  • Reborn, Thierry ROBBERECHT2064. La Terre n’est plus habitable. Seuls les plus riches ont pu se payer le transfert vers Reborn, la nouvelle planète. Pour offrir à leur fils un avenir, les parents de Chuong ont fait appel à un passeur. Mais sur la nouvelle planète, Chuong doit se cacher pour échapper aux intercepteurs car il est un invasif...

    Mon avis :

    Reborn est un roman de science-fiction dont le héros est un jeune garçon courageux. Les terriens ont vu monter subitement les eaux et cherché un nouvel habitat. Reborn, une planète recouverte de terre noire bizarre avec deux soleils, leur a paru idéale. Plus grande que la terre, elle pouvait accueillir tout le monde.
    Comme souvent, les premiers colons furent les riches. Quand la deuxième vague d’immigration s’organisa, ils virent d’un mauvais œil arriver les gens de la classe moyenne. Ceux-ci se retrouvèrent bloqués à l’entrée de Reborn, en attente d’un processeur identitaire. Mais au lieu de le leur donner, on les renvoya petit à petit sur terre. Chuong réussit à fuir sans ses parents et resta sur Reborn où il devint un invasif. Sans puce, donc sans identité, il dut se débrouiller pour survivre.

    J’aime en général la science-fiction et donc ce livre m’a plu. J’ai beaucoup aimé les critiques émises sur cette société du futur car indirectement, cela rappelle des événements récents concernant l’immigration (Lampedusa). L’histoire est rythmée et  se lit rapidement (personnellement en deux heures je l’avais finie). Cependant, la simplicité du vocabulaire fait qu’il conviendrait mieux pour des 10-12 ans.


    Le 20 octobre, l'auteur est venu dans notre école. Cette rencontre fut très intéressante car nous avons pu lui poser des questions précises sur l'histoire et sur des détails non compris. Il nous a raconté comment l'idée lui était venue et comment il a créé ses personnages. Il nous a aussi beaucoup parlé de son métier d'écrivain, de son parcours et de ses projets. J'ai beaucoup aimé cette rencontre et regrette qu'elle ait été si courte.

     

    Reborn, Thierry ROBBERECHT

     

     

     

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  • Code Zéro, Ken FOLLETTGare de Washington, le 29 janvier 1958, cinq heures du matin. Luke se réveille habillé comme un clochard... Que fait-il là ? Il ne s’en souvient plus. Deux hommes le filent. Pourquoi ? Traqué, désemparé, à la recherche de son passé, il découvre qu’il travaillait sur la base de Cap Canaveral Luke est persuadé que son amnésie n'a rien d'accidentel. Mais ses poursuivants sont prêts à tout au lancement d'Explorer I, prévu pour le lendemain soir...
    Il lui reste quarante-huit heures pour retrouver son identité, empêcher le sabotage et sauver sa peau...
    Code Zéro se fonde sur des faits réels : en pleine guerre froide, le lancement de la fusée fut ajourné pour d’obscures raisons.
    Ken Follett a imaginé le déroulement de cette affaire classée top secret par les autorités américaines. Heure après heure, minute après minute, un compte à rebours d'une efficacité redoutable.

    Mon avis :

    Après « Sous la surface », je me replonge dans un thriller politique. L’époque est différente, les protagonistes aussi mais on y retrouve les mêmes luttes d’influence, les mêmes mensonges et les mêmes manipulations d’information. Ici aussi, on a à faire à des amis de longue date et pourtant, cela n’empêche aucunement la trahison. L’homme est-il à ce point vil et égocentrique ?
    Alors que les Russes ont réussi magistralement le lancement de Spoutnik, les Américains sont à la traine dans cette course à l’espace. La Guerre froide fait rage et il est indispensable pour la NASA et l’administration américaine de réussir le lancement d’Explorer.

    Ken Follett imagine un thriller d’espionnage palpitant où se mêlent raison d’Etat, CIA, manipulation et surtout expériences scientifiques. Ici il s’agit de l’amnésie provoquée sur un maillon gênant, un scientifique trop intègre. A moins qu’il ne soit un espion ? Cette amnésie tient en haleine le lecteur qui reconstitue le fil du passé au fur et à mesure que Luke, l’amnésique, retrouve ses réflexes et redécouvre ce que fut sa vie, bribe par bribe. Tout cela, en fuyant un danger réel mais qu’il ne définit pas.

    Bref, un roman palpitant, remarquablement écrit, comme Ken Follett sait le faire.

     

    Code Zéro, Ken FOLLETT

     

     

     

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  • Nummer, Frédéric STANILAND1er septembre 1939. Deux jours avant la déclaration de guerre, Toni vient de passer la frontière alsacienne. Son père et les emblèmes nazis sont derrière lui, en Autriche. Mais ici à Algolsheim, c’est l’ordre d’évacuation générale, tout le monde fuit. Et très vite, l’adolescent se sait poursuivi. Espions Allemands puis Anglais semblent rechercher quelqu’un ou quelque chose dans les prémices d’une guerre annoncée.
      De nos jours, un octogénaire, Séraphin, découvre chez un vieil ami disparu un mystérieux manuscrit, Nummer, écrit en allemand gothique durant la seconde guerre mondiale, ainsi que d’étranges messages, éparpillés dans sa maison… Quel message a voulu laisser son ami ? Aidé de jeunes voisins un peu envahissants, Pauline et Gabriel, il va tenter de résoudre l’énigme de « NUMMER » qui le mènera, entre autre, sur le chemin de son passé et de celui de Toni…

    Mon avis :

    J’ai lu tant de romans sur la Seconde Guerre mondiale que je deviens difficile. Pour me plaire, un roman sur le sujet doit m’étonner, être différent de ce que j’ai déjà lu... C’est le cas de « Nummer » que j’ai vraiment beaucoup aimé, tant en raison des événements racontés que par le côté enquête qui rend le récit palpitant.

    L’écriture fluide de l’auteur nous incite à tourner les pages sans y penser. Les chapitres impairs nous parlent de la quête de Séraphin et de la mission que lui a confiée son ami Gérard à sa mort. Les chapitres pairs nous racontent l’aventure de Toni et de la famille alsacienne qui l’a recueilli en 1939. Avec astuce, l’auteur termine chacun sur une interrogation ou une péripétie inattendue qui pousse le lecteur à en découvrir davantage.
    Malgré la gravité de la situation, l’humour est bien présent et les clins d’œil sont nombreux. La fraîcheur et l’innocence de la fillette qui va aider Séraphin dans ses recherches vont également alléger des souvenirs parfois lourds et tristes.

    Quant à l’histoire, elle a l’originalité de mettre en parallèle deux époques bien différentes, un témoin qui peut en parler et plusieurs générations qui œuvrent dans un but commun. Elle met aussi en lumière des faits de ce conflit sanglant dont les romans jeunesse ne parlent pas : la situation difficile de l’Alsace-Lorraine, l’enrôlement des « Malgré-nous » et le kindertransport qui verra près de 10 000 enfants juifs prendre la route pour l’Angleterre entre décembre 38 et mai 40. L’évocation de la tragédie d’Oradour-sur-Glane est également un moment particulièrement fort de ce récit. 

    Je remercie chaleureusement les éditions Scrinéo et Livraddict pour cet envoi qui est un coup de cœur.

     

     

     Nummer, Frédéric STANILAND14eNummer, Frédéric STANILAND

     

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  • Le bizarre incident du chien pendant la nuit, Mark HADDONQui a tué Wellington, le grand caniche noir de Mme Shears, la voisine ? Christopher Boone, « quinze ans, trois mois et deux jours », décide de mener l’enquête. Christopher aime les listes, les plans, la vérité. Il comprend les mathématiques et la théorie de la relativité. Mais Christopher ne s’est jamais aventuré plus loin que le bout de la rue. Il ne supporte pas qu’on le touche, et trouve les autres êtres humains... déconcertants.
    Quand son père lui demande d’arrêter ses investigations, il refuse d’obéir. Au risque de bouleverser le délicat équilibre de l’univers qu’il s’est construit...

    Mon avis :

    C’est l’histoire d’un ado de quinze ans, Christopher, un jeune autiste au syndrome d’asperger. Le jour où il trouve le cadavre du chien de la voisine, il est bouleversé. Comme le psychologue lui a un jour conseillé d’écrire un livre, il se met à rédiger les éléments de l’enquête qu’il mène pour élucider le crime.
    J’ai apprécié ce roman qui est un bestseller en Angleterre car il est plein de rebondissements. J’ai aussi aimé le fait qu’il y ait une touche d’humour et que la mise en page soit originale. Pour mieux comprendre la logique mathématique de Christopher, l’auteur a glissé des schémas dans l’histoire, des calculs, des tableaux... ainsi que des illustrations diverses. J’ai dévoré la moitié du roman d’une traite puis j’ai pris conscience de la simplicité des phrases, construites en S-V-Cpl et cela a ralenti ma lecture car c’était trop répétitif. Dommage.

     

    Au final, j’ai apprécié ce roman et je le conseille à tout ado et même aux adultes qui y prendront aussi plaisir.

     

     Le bizarre incident du chien pendant la nuit, Mark HADDON

     

     

     

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  • Prix des lecteurs de l'Oiseau-lire, 2014

     

    Pour la troisième année, ma libraire « L’Oiseau lire » organise « Le prix des lecteurs ».
    Le but est de faire découvrir à ses clients-lecteurs des auteurs peu connus, différents qui, en cette rentrée littéraire, ont su plaire, séduire, émouvoir, amuser les libraires de cette librairie. Ils ont donc présélectionné 24 romans parus en 2014, tous écrits par des auteurs francophones, tous appréciés par au moins un membre de l’équipe.
    Pour faire partie du jury qui désignera « le coup de cœur 2014 », il suffit de lire au moins six romans de cette sélection et de remplir le questionnaire disponible dans la librairie.
    Le lauréat, en 2012, fut Nicolas d'Estienne d'Orves avec "Les fidélités successives" et en 2013, Cécile Ladjali avec « Shâb ou la nuit ».
    L’an dernier, j’avais élu deux des trois premiers romans. J’espère faire de même cette année.


     
    Isabelle BARY, Zébraska, Luce Wilquin
     

    Marc BIANCARELLI, Orphelins de Dieu, Actes Sud
     

    Geneviève BRISAC, Dans les yeux des autres, L’Olivier
     

    Eric BRUCHER, La blancheur des étoiles, Luce Wilquin
     

    Julia DECK, Le triangle d’hiver, Minuit
     

    Aurélien DELSAUX, Madame Diogène, Albin Michel
     

    Jean-Paul DIDIERLAURENT, Le liseur de 6h27, au Diable Vauvert
     

    Clara DUPONT-MONOD, Le roi disait que j’étais diable, Grasset
     

    Simonetta GREGGIO, Les nouveaux monstres : 1978-2014, Stock
     

    Oriane JEANCOURT GALIGNANI, L’audience, Albin Michel
     

    Gaëlle JOSSE, Le dernier gardien d’Ellis Island, Noir sur Blanc
     

    Gilles MARTIN-CHAUFFIER, La femme qui dit non, Grasset
     

    Eric PARADISI, Blond cendré, Lattès
     

    Anne PERCIN, Les singuliers, Rouergue
     

    Véronique POULAIN, Les mots qu’on ne me dit pas, Stock
     

    Pierre RAUFAST, La fractale des raviolis, Alma
     

    Eric REINHARDT, L’amour et les forêts, Gallimard
     

    Lydie SALVAYRE, Pas pleurer, Seuil
     

    Tania SOLLOGOUB, La maison russe, La Martinière
     

    Joy SORMAN, La peau de l’ours, Gallimard
     

    Laurence TARDIEU, Une vie à soi, Flammarion
     

    Minh TRAN HUY, Voyageur malgré lui, Flammarion
     

    Eric VUILLARD, Tristesse de la terre, Actes Sud
     

    Valérie ZENATTI, Jacob, Jacob, L’Olivier


    Je n'en ai encore lu qu'un mais deux attendent dans ma PAL.
    Et vous ? Pour qui voteriez-vous ?


     

     

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