• Zéro heure à Phnom Penh, Christopher G. MOORELe détective Vincent Calvino est sur la piste d’un farang, un étranger disparu, à Bangkok. Son enquête le conduira jusqu’au Cambodge, pays déchiré par la guerre. La nuit, les tirs d’armes automatiques claquent dans les rues de Phnom Penh, là même où des prostituées vietnamiennes abordent les soldats pacificateurs des Nations unies. Trafiquants russes, hôpitaux de fortune, bars louches, informatiques ainsi que les quartiers généraux de l’UNTAC seront autant d’obstacles à sa progression.

    Calvino est accompagné dans cette mission par son ami, le Colonel Pratt. Lui seul sait que l’étranger que Calvino recherche est lié au vol des bijoux dérobés à la famille royale saoudienne. Mais Pratt se tait et Calvino découvrira qu’il n’est pas seul à traquer le farang manquant.

     

    Mon avis :

     

    Christopher G. Moore, écrivain canadien, se penche ici sur le génocide du Cambodge soumis aux Khmers rouges de 1975 à 1979 et qui ont assassiné un tiers de la population du pays. La famine et la maladie ont achevé ce que les armes, même les plus rudimentaires, avaient entamé. Journaliste, il était à Phnom Penh en 1993, à la veille des premières élections libres. Il réalisait des reportages sur la présence onusienne. La situation lui a inspiré ce roman.

     

    Vincent Calvino est amené à élucider un meurtre, celui d’un trafiquant – escroc- profiteur au sein d’un pays à peine sorti de l’outrage d’un génocide. Malgré son cynisme et son air désabusé, il pense que son boulot est bien insignifiant au vu de la misère la plus noire qui règne en maître. L’horreur des conditions de survie des Cambodgiens lui est insoutenable alors que les touristes et journalistes internationaux la côtoient sans la voir.

    Trahison, violence, torture, meurtres et sexe… rien ne sera épargné à Calvino. Même pas l’impression désagréable que son ami de longue date, le Colonel Pratt, lui cache des choses et semble soudain le considérer comme un étranger, ce qu’il n’a jamais fait. Difficile de faire confiance à qui que ce soit dans cette affaire, quand tout le monde est prêt à trahir les siens si cela lui permet de rester en vie un peu plus longtemps. La misère ne cacherait-elle pas simplement la vraie nature humaine, veule et cupide à la fois ?

     

    Je découvre ici l’écrivain Christopher G. Moore, ce livre étant le premier traduit en France. Ce polar noir m’a fait penser à ceux de Chandler en raison de l’ambiance glauque et des personnages retors que l’on y trouve. J’ai aimé le style, les nombreux arcanes qui émaillent l’enquête, le fait que cela se passe en Asie et qu’on découvre au fil des pages, la susceptibilité des uns et des autres, les relations ambigües entre la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam ; leur aversion pour le « farang » l’étranger… Moore habite désormais à Bangkok et on sent qu’il maîtrise bien l’histoire de l’Asie du sud-est. C’est instructif de la découvrir en partie avec lui. Cela donne en plus, beaucoup de force à son roman.

      

    Je remercie les Agents Littéraires et les éditions Pôle Noir de m'avoir proposé ce roman.

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  • Les enfants de la mer, Daisuke IGARASHIPar une mer calme, une dame d'un certain âge tient la barre d'un voilier. Elle devise avec son petit-fils et lui raconte les secrets de la mer... Au premier jour des vacances d'été Ruka, collégienne rebelle, blesse une camarade de jeu. Exclue du club pour toutes les vacances, elle se demande que faire et décide de partir une journée pour Tokyo. À la nuit tombée, elle fait une étrange rencontre, celle d'Umi, un garçon étrange qui plonge et disparaît dans les eaux troubles du port de Tokyo... Elle le retrouvera quelques jours plus tard, réquisitionnée par son père océanographe, pour travailler dans l'aquarium dont il s'occupe. 

     

    Mon avis :

     

    Entrée dans la librairie pour acheter un manga à mon fils, j’en suis aussi ressortie avec un pour moi. C’est d’abord la couverture qui m’a attirée. Une plongée dans le Grand Bleu, trois enfants au regard envoutant, un titre alléchant. J’ai ouvert, lu le début et je me suis retrouvée à la caisse avec le livre en main.

    Je n’avais pas vu que les 300 pages de ce livre ne formaient qu’un premier tome. Me voici bonne pour poursuivre l’aventure car ce récit m’a séduite.

     

    Une grand’mère propose à son petit-fils de lui révéler les secrets fascinants des fonds marins. De nombreuses fables ont jailli de l’imagination des pêcheurs et des plongeurs, mais elle semble se baser sur divers témoignages de personnes dignes de foi et sur sa propre expérience. Nous la suivons donc à la rencontre de Ruka, une jeune fille aventurière et rebelle qui va se lier d’amitié à Umi, un mystérieux garçon nageant comme un poisson, dans le prénom signifie « mer ». Le mystère qu’il recèle va piquer la curiosité de Ruka qui passera ses journées de vacances à ses côtés, à l’aquarium de son père.

    Elle va découvrir un univers marin fascinant, une diversité faunique qu’elle ne soupçonnait pas et des phénomènes inexpliqués auxquels son père et son équipe de scientifiques sont confrontés depuis quelques semaines. Elle fera aussi la connaissance du ténébreux frère d’Umi « Sora », « ciel » en japonais. Quel secret cachent-ils ? D’où leur vient leur inextinguible besoin d’être dans la mer ?

    L’amitié qui se nouera peu à peu entre ses trois personnages hors du commun sera au cœur de l’intrigue.

     

    Cette fable marine onirique nous plonge progressivement dans le fantastique. Il est question de mystérieuses disparitions de poissons, d’enfants-océan aperçus par des plongeurs, de pouvoirs qu’auraient « ceux qui ont vu », de phénomènes inexpliqués…

    La trame se veut aussi écologique, rappelant par petites touches répétées que l’homme a un effet néfaste sur la nature et plus particulièrement sur la mer et son écosystème.

    Au niveau du dessin, pas de traits brut ou d’angles abrupts ; seulement des personnages aux expressions soignées et une représentation réaliste des fonds marins, tout en détails et subtilité.

    Je ne suis pas du tout experte en manga. Ce livre n’est que ma seconde expérience après la lecture des premiers tomes de la série « Les gouttes de Dieu ». Mais j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir cette histoire. Un bel hymne à la nature et un joli conte dont j’ai hâte de découvrir la suite.

     

     

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  • Passions criminelles, Mireille DUMAS, Yann QUEFFELEC"Tu me quittes, je te tue... " Le crime de sang est impardonnable, mais une émotion l'humanise aux yeux des jurés : l'amour fou, seule force à pouvoir concentrer les sentiments à la pointe aiguë d'une seconde hors du temps... Qui est à l'abri ? Voici trois histoires vraies, librement inspirées des films tournés par Mireille Dumas ces dernières années, fidèles aux faits divers d'origine, infidèles à leur calendrier, maquillées quant aux états civils. L'authenticité, notre but, à Mireille Dumas et moi-même, sous-tend la beauté des mots, inséparable d'une histoire évoquée par ceux qui l'ont vécue. Des meurtriers, oui - des gens comme tout le monde et des meurtriers. Pourquoi les pensions-nous différents du commun des mortels ? Pourquoi les comprenons-nous si bien ? Comment s'imaginer dans un tel pétrin ? Ce qu'il a fait, l'aurais-je fait à sa place ? Pourrais-je donner la mort ?

     

    Mon avis :

     

    Trois histoires vraies. Trois témoignages d’assassins. Trois relations de crimes passionnels.

    Amour et haine si intimement liés ; jalousie et possession, mépris, peur… Tant de sentiments exacerbés et si peu de tendresse, de dialogue.

    Ces récits sont glaçants.

    J’ai aimé entendre les protagonistes parler de leur vie, essayer de comprendre comment ils ont pu en arriver là. Et je me suis surprise à éprouver une certaine empathie pour eux. A leur place, j’aurais sans doute pu aussi… quoique…

    J’ai aimé entendre ce qu’ils avaient à dire. On se place toujours, forcément, du côté des victimes. Mais parfois les victimes ne sont pas innocentes n’ont plus. Il n’y a pas que des monstres au cœur sec parmi les criminels. Certaines circonstances peuvent être atténuantes. Mais…

    Un livre qui bouscule et fait réfléchir, remue notre morale. Pourtant, il n’y a que des faits bruts, pas de pathos, pas d’apitoiement. Mireille Dumas et Yann Quéffelec sont allés à la rencontre de ces criminels en prison, ont enregistré leurs témoignages, patiemment. Ils ont retranscrit leurs paroles quasiment telles quelles.

    Un livre qui m’a rappelé la campagne belge actuelle contre la violence conjugale, l’histoire de Fred et Marie. Un livre qui s’inscrit parfaitement entre Eros et Thanatos. Une lecture que je suis contente d’avoir faite.

     

     

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    Profitez de deux jours de congé pour visiter la jolie ville de Metz.

    Au gré de vos flâneries, rendez-vous rue Ambroise Thomas qui regroupe une bouquinerie aux prix défiant toute concurrence et trois librairies : Hisler Even, une très jolie librairie-papeterie, Hisler BD et Géronimo spécialisé en littérature classique.

    Entrez dans chacune, bien sûr et observez, touchez, palpez, lisez.

    Laissez-vous séduire par les prix de la première, le choix et l’ambiance des suivantes.

    Succombez aux yeux doux de votre fils qui vous demande « Encore un, juste un, s’il te plait ».

    Et vous ramenez chez vous pas moins de douze livres et un magazine.

    Pour vous consoler, dites-vous que les livres d’occasion sont neufs et vous ont couté en moyenne 2,5 euros ; que le magazine est vraiment très riche et en vaut la peine et que votre fils va lire 4 livres dans les jours à venir et sûrement emprunter les vôtres.

    Vous avez maintenant bonne conscience…

    Comment augmenter sa PAL en une leçon...

     

     

     

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  • Noirs en blanc, Denis LABAYLEComment Zola Méké, jeune Africain issu d’une famille démunie, est-il devenu chirurgien à Paris ? Pour faire ses études, Zola, adolescent, est obligé de s’exiler. D’abord à Cuba, puis en Russie et en France. Une ascension sociale terriblement coûteuse : déchirement familial, petits boulots pour survivre, racisme, tiraillement entre l’attrait d’une vie « moderne » et l’emprise de la culture originelle. Mais ce roman est aussi une histoire forte d’amitié et d’amour entre quatre jeunes aux destins divergents. Une aventure humaine où les personnages de rencontre abondent : un idéaliste égaré, une singulière mère adoptive, un curieux chirurgien russe adepte du silence… Le tout narré d’une plume alerte où l’humour s’invite souvent.

     

    Mon avis :

     

    "Noirs en blanc" est une fiction inspirée de témoignages de médecins étrangers travaillant dans nos hôpitaux. Il évoque la fuite des cerveaux d’Afrique,un drame pour ce continent… "Reprenez vos ONG et rendez-nous nos médecins !" s'écrie Myezi, une femme chirurgien amoureuse de Zola.

     

    Le livre nous conte l’histoire de Zola comme s’il s’agissait d’une pièce en trois actes. La première se déroule sur l’ile de la Jeunesse, face à La Havane, la deuxième à Saint Petersburg et la troisième à Paris. Comment un jeune Congolais a-t-il pu faire un pareil périple juste pour réaliser son rêve « devenir médecin » ? C’est la première question qui m’a hantée en lisant ce roman. J’ignorais que, jusque dans les années 80, la Russie octroyait des bourses à des jeunes Africains méritants et les envoyaient ensuite étudier à Cuba, chez les camarades communistes. Admirable générosité cachant cependant une vie de privations et de brimades où les jeunes devaient travailler dur aux champs pour financer leurs études.

    Direction St Petersburg ensuite, pour suivre des études universitaires, loin de la famille toujours, des amis de Cuba et dans un froid sibérien qui découragerait les plus volontaires. L’apprentissage d’une vie tout autre, tout aussi dure, où le règne de la débrouille est le lot de tous les étudiants étrangers.

    Enfin, arrivée à Paris pour entamer une vie professionnelle tant attendue.

     

    Ce récit initiatique sur fond de Guerre froide finissante et de Glasnost, nous fait partager le quotidien difficile d’un jeune garçon obstiné. Il lui faudra une détermination hors du commun pour supporter les brimades de petits chefs que le régime favorise, la méfiance et le racisme, la violence et le mépris.

     

    D’une écriture simple et efficace - hélas gâchée par de très nombreuses fautes d’orthographe de l’éditeur - Denis Labayle, lui-même médecin à l’origine, nous retrace l’épopée moderne d’un jeune homme courageux sans jamais verser dans la condescendance ou le misérabilisme. Mais au-delà de l’histoire de Zola, c’est notre vision occidentale de l’Afrique qui est sur la sellette. Nous qui favorisons la fuite des cerveaux africains et regardons sans broncher un continent mourir exsangue. Nous qui croulons sous le confort et la sécurité quand les malades africains doivent payer eux-mêmes le fil de suture avant d’espérer pouvoir être opérés.

    J’ai fermé le livre sur ce monde à deux vitesses, une réalité qui fait honte, avec un sentiment d’admiration infinie pour tous les Zola de la terre.

     

     

      

    Merci à Babelio et aux éditions Dialogues, pour ce livre reçu dans le cadre de Masse critique.

    J'inscris cette lecture au challenge citoyen d'Itzamna.

      

    Noirs en blanc, Denis LABAYLE

      

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  • Les péchés de nos pères, Lewis SHINERLorsque Michael Cooper arrive à Durham pour accompagner son père mourant, il ne connaît que très peu de choses de la ville. C'est pourtant le berceau de sa famille, ses parents y ont vécu jusqu'à ce qu'il vienne au monde. Et c'est à Durham qu'il va faire une étrange découverte concernant sa naissance. Celle-ci n'est qu'un des nombreux secrets et non-dits familiaux, qui tous semblent liés à la destruction du quartier noir de la ville à la fin des sixties. Bientôt, il découvre que, à l'époque, ce haut lieu de la culture afro-américaine, symbole de liberté dans une région très conservatrice, a été endeuillé par un meurtre jamais élucidé. L'assassinat d'un homme, la mort d'un quartier, d'une culture, Michael va devoir faire toute la lumière sur ces événements afin de lever le voile sombre qui recouvre son identité. C'est le début d'une course contre la montre à l'issue incertaine.

     

    Mon avis :

     

    Illustrateur de bandes dessinées, Michaël Cooper retourne à Durham, en Caroline du Nord parce que son père, en phase terminale d’un cancer, a décidé d’y mourir. Depuis sa naissance, Michaël et ses parents ont toujours vécu au Texas. Ils lui ont peu parlé de leurs familles et de leurs amis laissés là-bas. La seule chose dont son père parlait avec fierté, c’est de son travail d'architecte et du béton. Il bâtissait des routes.

     

    Dès le début, on sent Michaël révolté par les non dits et les secrets de famille. Il décide, puisqu’il est sur place, d’aller à la rencontre de ce père qu’il connait mal et qui lui parle si peu. Il retourne aux sources et questionne les survivants. Il ignore qu’il va déterrer des rancunes mal cicatrisées. Il va ainsi détricoter l’histoire de sa famille, de ses origines et l’histoire d’une ville et d’une région. Aimable, affable et un peu naïf, il va peu à peu se transformer au fil de ses découvertes.

     

    Roman noir dans le style de James Ellroy et plongée au cœur de l’Amérique profonde comme le ferait Franzen, ce récit, superbement écrit, est aussi un roman historique très critique. L’abrogation des lois raciales, la mort de Kennedy et de Martin Luther King, les alliances douteuses entre le Sud et Nixon pour lui faciliter l’accès à la présidence… Shiner parle franc. Truffé d’anecdotes savoureuses, d’atmosphère des années 60, de musique jazz et d’espoirs déçus, le récit de Lewis Shiner est une véritable saga courant sur quarante années et trois générations.

    Nous sommes en présence d’une diatribe sévère du rêve américain, basé sur la violence, le mensonge, les luttes d’influence et la ségrégation. Et la véracité des faits relatés fait de ce roman un livre d’Histoire passionnant où nous observons comment l’histoire d’un pays peut influer sur celle des individus et comment les actes des pères peuvent forger les fils.

    C’est un roman superbe et une ode à la culture noire que j’ai beaucoup aimé.

      

    Emprunt à Anne , je conseillerais de lire ce roman tout en écoutant un CD de Coltrane ou de Davis, ce que j'ai fait. C'était magique.

    Merci aux Editions Sonatine pour ce roman.

      

     

     

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    Challenge citoyen chez Itzamna !

     

    Je viens de m’inscrire à un nouveau challenge mais cette fois, il est un peu différent des autres.

    Itzamna, qui aime lire des essais et des ouvrages critiques, nous propose de partager nos lectures citoyennes. Que ce soit en politique, en économie, en sociologie…, certains ouvrages nous proposent un regard différent sur le monde. Un regard qui sort de la pensée unique ambiante et bouscule nos consciences.

    Itzamna nous invite à mettre ces livres en exergue en participant à son challenge.

    Pour ce faire, nous pouvons nous inscrire à trois niveaux :

     

    Le citoyen indigné lira 2 livres.

    Le citoyen révolté en lira 5.

    Le citoyen engagé en lira 10.

     

    Essais, romans, bandes dessinées… tous les genres sont les bienvenus. Les liens rétroactifs sont aussi acceptés. Le but étant de donner des idées de lecture à tous.

     

    Le challenge court jusque fin décembre 2012. Pour les inscriptions et les liens, rendez-vous sur le blog d’Itzamna.

     

    Je me suis inscrite comme citoyen indigné.

      

      

     

     

     

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