• Le sang des Valentines, De METTER & CATEL12 novembre 1918. Augustin et Jean quittent le camp de prisonniers en Belgique où ils sont détenus. La guerre est finie, ils rentrent chez eux. Augustin n’a qu’une hâte retrouver sa femme Geneviève dont les lettres l’ont aidé à tenir. Avant de rejoindre ses Pyrénées natales, il passe à Paris, tenir une promesse faite à un compagnon d’infortune. Tout au long du chemin de retour, ses souvenirs remontent à la surface.

    Mon avis :

    Ce récit est le premier de ce troisième album de la collection éditée par Le Soir. Publiée à l’origine en 2004, cette bande dessinée qui relate l’histoire et le retour d’un poilu à la maison, est faite d’aquarelles d’une grande force d’évocation.
    Augustin a épousé une jolie et délicate jeune fille de bonne famille. Par amour, elle l’a suivi dans les Pyrénées, abandonnant la ville et les activités culturelles qu’elle propose. Elle y vivrait heureuse si la mort de leur enfant et le départ d’Augustin pour le front ne la déstabilisaient profondément. Depuis les tranchées, ils échangent une abondante correspondance illustrée que nous découvrons au fil des lectures et relectures d’Augustin. Dans ses lettres, il puise la force de survivre à l’enfer et de croire à leurs retrouvailles. Hélas, son retour ne se passera pas exactement comme il l’avait imaginé.

    Le graphisme expressif de Christian de Metter, ses tons sombres, conviennent parfaitement à ce drame. Il est épaulé par Catel qui rédige et illustre les lettres de Geneviève. Toute la trame de cette histoire repose sur la force de l’amour et le poids du mensonge que les dessins exaltent encore. Cela donne une histoire émouvante et forte dénonçant la cruauté de la guerre et mettant en lumière la profondeur des sentiments.

    Un album dur et beau.

    Le sang des Valentines, De METTER & CATEL

     

     

     

     

     

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  • Bruges, Jacques MARTIN & FERRYEn ce mois belge, je vous propose une bande dessinée de Jacques Martin intitulée « Bruges » et illustrée par Ferry Van Vosselen, un dessinateur flamand. Elle fait partie d’une collection « Les voyages de Jhen » qui invite les lecteurs à explorer l’époque médiévale. Il était donc normal qu’elle s’intéresse à la ville de Bruges, fascinante cité du nord. Par ses majestueux monuments, ses bâtisses élégantes, elle est source inépuisable d’inspiration pour les dessinateurs et les peintres.
    Hommage architectural au Moyen Age, cet album met en valeur la ville qui sert aussi de décor à une aventure de Jhen « Le Grand Duc d’Occident ».

    Après une introduction littéraire sur les origines de la cité, quatre planches dessinées avec une grande précision, nous présentent son évolution de la préhistoire au XIe siècle. Au fil de l’album, les parties historiques et les dessins alternent pour nous faire découvrir cette magnifique Venise du Nord que l’homme a pu préserver de la destruction et des modernisations hasardeuses.

    Ferry Van Vosselen, issu de la prestigieuse école St Luc de Gand, est l’auteur des superbes dessins et l’on sent sous chaque trait sa passion pour l’histoire et pour cette ville. Aidé par un historien et le directeur des archives municipales, il a eu accès aux documents essentiels à son travail afin de garantir l’exactitude historique des lieux et des faits.

    Nous découvrons ainsi que c’est à Bruges que fut assassiné Charles le Bon en 1127 et que c’est aussi là que l’Ordre de la Toison d’Or fut créé dans la Cour des Princes en 1430, que le beffroi changea de physionomie et de forme au fil des siècles et que la ville a connu son épanouissement entre le XIIIe et le XVe siècle, époque où les Ducs de Bourgogne en avaient fait une de leur résidence

    L’album se termine par une double page présentant l’évolution des costumes et toilettes entre le XIIe et le XVe siècle et s’achève sur une page informative reprenant les noms et adresses des musées et bâtiments à visiter à Bruges.

    Un magnifique album qui met en évidence la splendeur de cette ville médiévale et que je vous conseille vivement.

     

    Bruges, Jacques MARTIN & FERRY

     

     

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  • Les lieux communs, Xavier HANOTTEDeux bus roulent vers un même lieu des environs d’Ypres, mais à des époques différentes. En 1915, le bus amène des combattants canadiens à Frezenberg, enjeu de féroces combats contre les Allemands. Aujourd’hui, ce lieu s’appelle Bellewaerde et des employés vont passer une journée au parc d’attraction. Deux univers apparemment étrangers. Des passerelles s’établissent cependant entre eux : le jeune Serge s’étonne de la présence d’un jardinier pas comme les autres.

    Mon avis :

    Reçu à la FLB, ce roman sur l’horreur de la Grande Guerre a été choisi par Nahe et moi pour une lecture commune à l’occasion du mois belge initié par Mina et Anne.

    Ce court roman de 207 pages (suivi ici de trois nouvelles) s’inscrit dans la lignée des romans qui perpétuent la mémoire de ce conflit. A travers deux histoires parallèles qui finissent par se croiser, Xavier Hanotte nous fait toucher du doigt la dure réalité de cette guerre, aussi meurtrière qu’inutile. Entrer dans les tranchées c’était presqu’à coup sûr signer son arrêt de mort.

    Sur ces lieux de désolation, se dresse aujourd’hui un parc d’attractions. Se servant de ce fait inédit, Xavier Hanotte imagine pour son roman une construction originale qui tisse subtilement des liens entre hier et aujourd’hui. Habilement, les chapitres se répondent, unissant un jeune garçon curieux et un soldat belgo-canadien de 1915. A un siècle d’intervalle, que peuvent-ils avoir en commun ? Curieusement, des tas de choses. La complexité des sentiments humains n’étant pas la moindre. Cette construction en miroir nous amène à cette prise de conscience sur l’immuabilité des choses et la vivacité des émotions que le temps ne peut flétrir.

    Comme dans « Derrière la colline », Xavier Hanotte met aussi en exergue la fidélité à la parole donnée et nous prouve, une fois de plus, sa passion pour la Première Guerre mondiale.

    Quant à l’écriture, elle rend hommage avec finesse et tendresse à ces héros anonymes dans un réalisme fantastique d’une grande justesse. Après la fin, il reste un tout petit article de presse... à ne surtout pas manquer.
    Voilà un roman que je donnerai certainement à lire à mes élèves l’an prochain.

     

    Les lieux communs, Xavier HANOTTE Les lieux communs, Xavier HANOTTELes lieux communs, Xavier HANOTTE

     

     

     

     

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  • Le chien jaune, George SIMENONVendredi 7 novembre.
    Concarneau est désert. L'horloge lumineuse de la vieille ville, qu'on aperçoit au-dessus des remparts, marque onze heures moins cinq. C'est le plein de la marée et une tempête du sud-ouest fait s'entrechoquer les barques dans le port. Le vent dans les rues, où l'on voit parfois des bouts de papier filer à toute allure au ras du sol. Quai l'Aiguillon, il n'y a pas une lumière. Tout est fermé. Tout le monde dort.
    Seules les trois fenêtres de l'Amiral, à l'angle de la place et du quai, sont encore éclairées.

    Mon avis : 

    Paru en 1931, Le chien jaune est un des premiers Maigret que j’ai lu. C’est aussi celui dont je donne le plus d’extraits à lire à mes élèves, à commencer par les deux premières pages qui campent merveilleusement le décor, en décrivant Concarneau la nuit. Tout le génie de Simenon, toute la maîtrise de ses descriptions se retrouvent dans ces deux pages.

    Ce roman nous relate les meurtres, disparition, tentative de meurtre qui viennent troubler la bonne ville de Concarneau et attirent sur place une foule de journalistes et de curieux. Le mystère plane sur ces affaires ainsi que sur un étrange chien jaune qui aurait été aperçu, errant sur les lieux de chaque meurtre. Appartiendrait-il au coupable ?

    Maigret, qui est encore un jeune commissaire, a flairé dès son arrivée à Concarneau que la fille de salle de l’Hôtel de l’Amiral était bien placée pour enregistrer les allées et venues de chacun. Peu enclin à utiliser les techniques policières modernes, il se fie à son instinct et à son don d’observation. Une fois les indices réunis, il va provoquer, comme à son habitude, une confrontation générale qui mettra ainsi au grand jour une sombre affaire que chacun croyait oubliée et qui est la cause de tous ces maux.

    Une fois de plus, Simenon construit son récit policier avec un point de vue réaliste qui permet au lecteur d’exercer ses talents de raisonnement sur les événements qui lui sont dévoilés. Le cadre spatio-temporel est particulièrement bien décrit et permet de situer clairement l’action dans le contexte des années trente. Concarneau, ville portuaire essuyant une tempête, va servir de toile de fond à l’action. La tempête est aussi emblématique du monde agité et peu reluisant dans lequel le commissaire va pénétrer pour mener son enquête. Il est à noter que le soleil ne fera son apparition qu’une fois l’affaire résolue.

    Enfin, fidèle à lui-même, Simenon oppose deux univers sociaux caractéristiques de son époque : « les petites gens » et la bourgeoisie de province ; chaque personnage étant caractérisé en fonction de son appartenance, son discours renforce encore cet antagonisme.
    Un Maigret classique, dans le pur style Simenon, à découvrir ou à redécouvrir.

    Le chien jaune, George SIMENONLe chien jaune, George SIMENONLe chien jaune, George SIMENON

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Sur la route de Blue Earth, Roger MONNINGERHattie et Dolorès s’ennuient ferme dans leur petite ville du New Hampshire. Lorsqu’elles apprennent que Speed, un vieux cheval, doit être euthanasié le lendemain, les deux amies décident de le sauver.
    Au volant d’un van, les voilà embarquées dans un road trip à travers les Etats-Unis pour lui trouver un endroit serein pour mourir. Un voyage parsemé de rencontres qui les fera grandir au détour du chemin.

    Mon avis : 

    Merci aux éditions Flammarion de m’avoir envoyé ce roman. Bien que je ne sois pas une passionnée de chevaux, ce roman a su m’émouvoir et m’intéresser d’un bout à l’autre. Fuyant des vies monotones, un mal être familial et mues par une amitié indéfectible, Hattie et Dolorès vont réaliser un rêve tout en faisant une bonne action. A elles, la liberté, la route, les grands espaces et l’espoir d’offrir à Speed, le cheval préféré d’Hattie, une fin de vie digne. Sur leur route, elles feront des rencontres inquiétantes ou chaleureuses, devront réagir à l’imprévu, s’organiser et se débrouiller pour mener à bien leur rêve.

    Ce récit jeunesse nous décrit avec sagacité, la vie des populations rurales américaines. Pas de misérabilisme ou de condescendance mais un regard lucide sur le quotidien et les relations humaines. L’écriture vive et sans emphase de Joseph Monninger nous entraine dans ce road trip plaisant où la question principale est « vont-elles réussir ? » Et l’on tourne les pages frénétiquement, entrainée par l’envie de savoir. 
    J’ai aimé le style de l’auteur, la personnalité de ses héroïnes très attachantes, à la fois fortes et fragiles, libres et conscientes de leurs limites, le noble but de leur voyage et la manière dont l’auteur l’a traité. 
    C’est pour moi un très bon roman que je conseillerai vivement à mes élèves et pas seulement aux amoureux des chevaux.
     

    A paraître le 9 avril prochain aux éditions Flammarion.

     




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  •  Petits récits à pâlir la nuit, Alain MAGEROTTED’une plume franche et poétique, teintée d’un humour plutôt noir, Alain Magerotte nous propose quelques nouvelles rurales dans lesquelles la mort est omniprésente. On la retrouve tantôt au détour d’un chemin ou au sommet d’une église, sous les traits d’une femme très belle ou d’un grand chien jaune démoniaque.

    Mon avis :

    Vous l’avez compris, ces courts récits ont comme point commun la mort et ses turpitudes. Avec un humour noir d’une grande finesse, Alain Magerotte nous donne à lire des nouvelles divertissantes, souvent drôles, parfois émouvantes, où les petits travers humains sont joyeusement épinglés. L’auteur jette un regard perçant et sans concession sur ses contemporains et y puise une inspiration redoutable de justesse. Naïveté, veulerie, arrogance, fourberie…l’amère noirceur de l’âme humaine est cause de bien des maux. Sa plume acérée et impertinente achève de donner corps à ces personnages de papier plus vrais que nature.
    Parmi ces douze nouvelles, j’ai particulièrement aimé Correspondance. En dix-huit brèves missives, échangées entre un mari et un amant, il nous propose une histoire machiavélique et jubilatoire à souhait. Le ton sec et pompeux de cet échange épistolaire cache une ironie jouissive qui fait mouche. Un peu à l’image de l’ensemble du recueil.

    Un très bon moment de lecture, et une jolie réflexion sur la nature humaine, que je vous invite à découvrir.

     

    Alain Magerotte est Bruxellois. Passionné de fantastique, il n’a pas hésité à prendre la plume afin de vous faire partager son univers, où la « normalité » est devenue suspecte pour des personnages plus déjantés les uns que les autres. Ce recueil est publié chez "Mon petit éditeur".

     

     Petits récits à pâlir la nuit, Alain MAGEROTTEPetits récits à pâlir la nuit, Alain MAGEROTTE

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