• Agatha, Françoise DARGENTAgatha vit seule avec sa mère depuis la mort de son père. Elle s'ennuie. Alors elle lit. Tout ce qui lui tombe sous la main. Surtout des romans policiers. Elle lit, et elle imagine des histoires de meurtre et de disparition. Livre après livre, rêve après rêve, elle grandit. Paris, l'Égypte : Agatha brûle de voir le monde. Elle a soif de goûter à tout ce que la vie peut lui offrir. Plus tard, Agatha Miller prendra sa plume pour écrire. Son premier roman policier sera signé Agatha Christie.  

    Mon avis :

    Françoise Dargent nous propose ici une biographie romancée de l’adolescence d’Agatha Christie. Superbement documentée, elle reste très fidèle à l’auteure et à ce qu’elle fut. Son autobiographie l’a fortement aidée, cela se sent.

    Elle nous présente Agatha telle que je me l’imagine, après mes nombreuses lectures : une jeune femme vive, délurée et réservée à la fois, curieuse et indépendante. Benjamine d’une famille de trois enfants, elle souffrit de l’absence d’un père adoré, décédé avant son adolescence. Elevée par une mère affectueuse mais très attachée aux convenances, au qu’en dira-t-on et à l’instruction, elle se sentira parfois un peu isolée à Toquay et brimée dans ses aspirations de liberté. Ses études poursuivies à Paris lui apporteront ce brin de légèreté et de folie dont elle avait besoin. Ce sera aussi pour elle l’occasion de se rendre compte que son rêve d’être chanteuse d’opéra n’était peut-être pas réaliste malgré de grandes dispositions pour le chant et le piano. Mais sa timidité et son trac devant un parterre d’inconnus l’empêchèrent de mener son rêve à bien. On ne peut que s’en réjouir.

    Ce roman jeunesse est intéressant, dynamique et drôle. L’écriture de l’auteure est précise et savoureuse et rend à merveille cette époque. On se glisse facilement dans les bottines d’Agatha, au sein d’une famille unie et chaleureuse, et l’on vit le quotidien d’un jeune bourgeoise anglaise au début du XXe siècle, à la Belle Epoque. Pas question alors, pour une fille, de sortir du rang ! Il fallait être discrète, bien élevée, aimante et à sa place en toutes circonstances. Les deux ans passés à Paris et son voyage au Caire avec sa mère, l’année de ses dix-huit ans, lui feront prendre conscience que, hors d’Angleterre, ses compatriotes pouvaient vivre plus librement et de façon moins guindée. Cela apportera très certainement de l’assurance à cette jeune fille naturellement portée vers la nouveauté, l’évolution technologique et l’indépendance.

    Dans ce roman très fidèle à la personnalité d’Agatha Christie, l’auteure glisse quelques références à ses futurs romans et c’est très amusant de relever les indices qui évoque « Mort sur le Nil », « Le Crime de l’Orient Express », « Dix petits nègres » ou encore « Musique barbare ».

    Cette biographie romancée est une réussite. Il est impossible de ne pas s’attacher à la jeune Agatha. Les chapitres sont courts, l’écriture vive et les pages se tournent sans effort, tant on est emporté par la fougue de l’héroïne. Cette immersion dans l’Angleterre de la Belle Epoque, où les plages n’étaient pas mixtes, où les enfants étaient, la plupart du temps, élevés par des nourrices, où les bourgeois préféraient envoyer leurs enfants étudier à l’étranger plutôt qu’à Londres avec des enfants d’un autre rang, permet d’appréhender l’évolution de la société en cent ans, mais aussi l’influence que celle d’alors a eue sur Agatha Christie. Cette « bonne société » et l’éducation qu’elle dispensait à ses filles transparaissent, en effet, dans toute son œuvre.

     Un coup de cœur de cette rentrée, que je proposerai sans aucun doute à mes élèves.

    Merci aux éditions Hachette et à NetGalley de m’avoir fait bénéficier de ce partenariat.

    D’autres romans sur Agatha Christie sont attendus en cette rentrée. Pour lire l'article du Parisien, cliquez ici.

     

    Agatha, Françoise DARGENT

     

    4e




     

    Pin It

    9 commentaires
  • Muse, Jonathan GALASSIPaul Dukach est l’héritier présomptif de Purcell & Stern, l’une des dernières maisons d’édition américaines indépendantes, dont les bureaux miteux, au cœur de New York, dissimulent un catalogue fabuleux. Il apprend les ficelles du métier aux côtés du flamboyant président de la maison, Homer Stern : comment s’attirer les bonnes grâces d’un agent littéraire au cours d’un déjeuner en ville, survivre au milieu des requins de l’édition à la foire de Francfort et, surtout, ménager les egos fragiles des auteurs aussi éblouissants que versatiles qu’il chérit.
    Mais un écrivain fait l’objet de l’adoration sans bornes de Paul : la poète Ida Perkins, dont les vers et la vie ont façonné le paysage littéraire contemporain de l’Amérique, et dont l’éditeur – qui se trouve être son cousin et ancien amant – est le plus grand rival d’Homer. Lorsque Paul parvient enfin à rencontrer Ida dans le palais vénitien où elle s’est retirée, celle-ci lui confie des secrets qui vont bouleverser leur vie à tous.

    Mon avis :

    Dans sa jeunesse, Paul Dukach, est séduit par le talent de la poétesse Ida Perkins, véritable icône de son époque, dont le franc parler et la liberté de ton ont défrayé la chronique depuis son premier recueil Virgin Again, publié alors qu’elle n’a que 18 ans. Sous le charme, il se passionne pour l’ensemble de son œuvre, au point de lui consacrer une partie de sa thèse et devient rapidement LE spécialiste d’Ida Perkins.

    Devenu directeur littéraire chez Purcell et Stern (P & S) une légende dans le monde de l’édition, Paul Dukach n’a qu’une idée en tête : la publier. Une âpre rivalité va alors se nouer entre Stern et Wainwright, le rival historique.
    Charismatique, talentueuse et très populaire, Ida Perkins donnerait à Stern le coup de fouet financier dont il a besoin. Paul nous raconte ainsi une bataille de dix ans, animée par sa détermination et sa passion, pour accueillir dans son giron l’auteure adulée. Ce faisant, il nous plonge au sein du New York littéraire du « bon vieux temps », époque où les relations entre auteurs et éditeurs étaient courtoises, élégantes et brillantes. On pourrait presque croire idéales. Une époque où l’on tenait salon, où les écrivains étaient invités à la Maison Blanche et où T.S Eliot prononçait une conférence dans un stade de base-ball, devant 15000 admirateurs ! Un rêve !

    Bien que ce roman soit une œuvre de fiction qui jette un regard satirique et affectueux à la fois, sur le monde de l’édition, il s’inspire fortement de personnages existant ou ayant existés. Ainsi, le héros s’apparente à Jonathan Galassi, lui-même éditeur à New York depuis de nombreuses années. Et son directeur, le flamboyant Homer Stern, à Roger Straus, co-fondateur de la maison d’édition FSG (Farrar, Straus et Giroux) dont la présidence est assurée par Galassi lui-même.
    Enfin, peaufinant la crédibilité de son personnage, Jonathan Galassi n’a pas hésité à glisser quelques poèmes d’Ida dans son récit et à terminer son livre par une bibliographie concise de ses recueils.

    Muse est un conte sur un monde révolu où éditer était une vocation noble plutôt qu’une entreprise. C’est aussi un récit poétique et mythique sur les relations entre les écrivains et leur travail et l’impact que peut avoir la célébrité sur leur vie.

    L’histoire se met lentement en place tant l’auteur prend soin de planter le décor et de faire entrer en scène, tout en les décrivant, les (très) nombreux personnages qui la composent. Joliment descriptive, élégante et soignée, l’écriture de Jonathan Galassi souffre cependant de sa propension aux phrases longues et complexes. Ces deux caractéristiques rendent la lecture plutôt lente.

    Ce roman plaira à ceux qui, comme moi, goûtent les récits sur le monde littéraire, l’édition, la vie d’écrivain... Il passionnera sans doute ceux qui connaissent l’auteur et son entourage professionnel. Au-delà de ces initiés, je doute qu’on trouve beaucoup de lecteurs prêts à plonger dans cet univers nostalgique rendant hommage à un monde fermé et en pleine mutation.

    Merci aux éditions Fayard et à NetGalley pour ce partenariat. Le roman paraitra le 5 septembre.

     

    Muse, Jonathan GALASSI

     

     

     

     

     

    Pin It

    votre commentaire
  • Chasseurs de livres


    En cette période morose, en cette époque du repli sur soi et de l’incommunicabilité, il y a encore des phénomènes surprenants qui me laissent espérer dans le genre humain.

    Ainsi, après l’incroyable engouement pour le jeu Pokémon Go, une directrice d’école de Jemeppe sur Sambre a eu l’idée de proposer, via une page Facebook, une chasse aux livres. Le but est simple : le joueur choisit un livre qu’il souhaite partager, il l’abandonne dans un lieu public avec un mot d’accompagnement (voir sur la page), prend une photo et la poste sur le groupe « Chasseurs de livres » en n’oubliant pas de préciser le nom de la ville où il a été laissé. C’est alors que les chasseurs se lancent pour dénicher le précieux livre. Une fois trouvé, on prend une photo et on la poste à son tour sur la page du groupe. Il ne reste plus qu’à lire le livre, en donner un petit avis sur le groupe et le relâcher à son tour dans la nature.

    Certains diront que le bookcrossing n’est pas neuf. Ce qui l’est ici, c’est de prévenir via photo, qu’on a abandonné le livre en donnant des indices de localisation et de participer ensuite à sa recherche. Du simple hasard, on est passé à la technique de recherche via indices photographiques.

    Lancé le 12 août, ce groupe comportait 300 membres quand je me suis inscrite le 15 août. En une semaine, on atteignait les 8000 membres. L’enthousiasme des joueurs est tel que les médias ont relayé l’affaire et aujourd’hui, le groupe compte 35 000 membres. Phénoménal !
    Au-delà du jeu, de l’excitation qu’on connait à préparer les dons et la joie qu’on ressent lors d’une découverte, de vraies relations se nouent entre les joueurs. La page regorge de remerciements de personnes envers l’instigatrice, pour leur avoir rendu le goût de lire ou envers les donneurs pour leur avoir fait découvrir un livre qu’ils n’auraient jamais lu sans cette trouvaille inattendue.
    Deux des personnes qui ont emporté mes livres sont entrées en contact avec moi pour solliciter des conseils de lecture. Depuis une semaine, nous échangeons via messages privés sur ce sujet qui me passionne. Non seulement les gens sortent de chez eux, mais ils lisent et communiquent entre eux ! Une chouette occasion de discuter littérature en toute simplicité.

    Lundi, en allant déposer quelques dons, j’ai croisé dans ma ville des dizaines de personnes, de tout âge, assises sur des bancs, des murets, des pelouses... et plongées dans leur lecture. N’est-ce pas beau ?

    J’espère que cet engouement ne s’arrêtera pas avec la rentrée et que cette chasse aux livres continuera dans le temps. Et, pourquoi pas, qu’elle trouvera d’autres formes dans nos écoles.

    Chasseurs de livresChasseurs de livres

     

     

     

     

    Pin It

    4 commentaires
  • Je m'appelle Léon, Kit DE WAALLéon, 9 ans, est un garçon courageux. Quand un jour sa mère n’arrive plus à se lever le matin, il s’occupe de son demi-frère Jake. Quand l’assistante sociale emmène les deux garçons chez Maureen au gros ventre et aux bras de boxeur, c’est lui qui sait de quoi le bébé a besoin. Mais quand on lui enlève son frère et qu’on lui dit que chez ses nouveaux parents il n’y a pas de place pour un grand garçon à la peau sombre, c’en est trop.
    Heureusement Léon rencontre Tufty, qui est grand et fort, qui fait du vélo comme lui et qui, dans son jardin, lui apprend comment prendre soin d’une petite plante fragile. Mais Léon n’oublie pas sa promesse de retrouver Jake et de réunir les siens comme avant. Le jour où il entend une conversation qui ne lui était pas destinée, il décide de passer à l’action…

    Mon avis :

    « On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille »...
    Nous sommes en Angleterre dans les années 80. Carol, la maman de Léon, est une femme-enfant dépressive. Incapable de se gérer seule, elle l’est encore plus de veiller sur ses enfants. Léon, né d’une première relation, est un grand gamin métis de 9 ans ; Jake, un bébé blond aux yeux bleus comme sa maman qui nait au début du récit. Pendant des semaines, Léon va prendre en charge son petit frère, sa maman et l’organisation du quotidien, avec beaucoup de maturité pour un enfant si jeune. Bien sûr, l’école passera à la trappe et Léon deviendra la personne raisonnable du foyer. Jusqu’à ce qu’un jour, il n’y ait plus ni argent, ni nourriture, ni couche à la maison. Commencera alors la valse des assistantes sociales, l’hospitalisation de la maman, le placement en famille d’accueil des enfants, le changement d’école... mais aussi la découverte d’une vie rythmée par des repas à heures fixes, une nourriture riche et équilibrée et l’affection débordante de Maureen, une vieille dame généreuse, qui aidera Léon a reprendre confiance. Mais c’est sans compter sur l’injustice qui frappe à nouveau et voit partir son petit frère. Un bébé blond, ça s’adopte plus facilement qu’un grand gaillard métis !

    A chaque rentrée, un roman nous parle de l’enfance malheureuse. L’an dernier, c’était La Maladroite, cette année voici Je m’appelle Léon. Ce roman est beaucoup moins dramatique mais tout aussi émouvant. Comment ne pas être touchée par la candeur de ce jeune garçon, l’amour qu’il voue à sa famille et la détermination qu’il met à vouloir la réunir ?

    L’histoire de Léon, c’est celle de milliers d’enfants, des petits nés au mauvais endroit ou au mauvais moment. L’histoire de familles dysfonctionnelles, d’adultes eux-mêmes malmenés par la vie, eux-mêmes meurtris ou dépassés.

    Alors Léon se voit balloté d’une maison à l’autre. Ils rencontrent des adultes qui veulent son bien. Les uns parce qu’ils sont débordants de tendresse et d’affection à partager, les autres parce que c’est leur métier. Certains ont de « vrais visages et de vrais sourires » d’autres non. Ils l’interrogent mais ils ne l’écoutent pas. Alors Léon parle peu ; il se raconte des histoires dans sa tête, des rêves d’avenir. Il échafaude des projets. Mais quand on a dix ans, même si on ressemble physiquement à un adolescent, on a la naïveté et l’innocence d’un enfant.

    Léon est cependant débrouillard et tenace. Il rencontre des adultes auxquels la vie n’a pas fait de cadeau non plus. Avec eux, il n’est pas un parasite ou un poids. Ils lui font une place dans leur univers. Un univers bancal, certes, et pas toujours rose mais il s’y sent bien. Et finalement, une famille, c’est aussi celle qu’on se choisit.

    Sans juger, sans s’appesantir sur certaines situations, l’auteur nous offre une histoire sincère et sensible. Un beau roman qui aborde tour à tour les orages de la vie, la force des liens du sang, l’amitié et les belles surprises que le destin réserve.


    Merci aux éditions Kéro et à NetGalley pour ce partenariat.

    L'avis de Plume de Cajou

     

    Je m'appelle Léon, Kit DE WAAL 

     

     

     

     

    Pin It

    4 commentaires
  • Nord Alice, Marc SEGUINObsédé par Alice, qu’il vient de laisser à Queens, un médecin s’exile à Kuujjuaq, son monde à elle. Il y soigne de son mieux des corps dont les profondes cicatrices sont le plus souvent invisibles. Entre deux patients, quand il n’en peut plus de penser à elle, il consomme des femmes sur le web ou va pêcher. Là, le ventre étendu sur la banquise qui fond, il calme sa faim en mangeant du poisson cru. Et, dans le silence du Nord, il remonte le temps pour essayer de s’expliquer. Il s’invente une histoire, s’inspirant des hommes qui l’ont précédé, depuis Roméo, l’arrière-grand-père, le premier de sa généalogie à avoir tué un homme, sur les rives du Klondike. Que sème-t-on derrière soi dans la fuite ?

    Mon avis :

    Nord Alice est avant tout un récit de voyages.

    Le narrateur nous conte son histoire d’amour et de tempêtes qui l’a laissé ravagé au point de le pousser à partir loin, dans le Nord. Il est beaucoup trop qualifié pour s’exiler dans le Nunavik où il devient médecin urgentiste mais il espère s’y retrouver.
    En parallèle à son histoire de couple qu’il nous livre par bribes, il se remémore celle de sa famille. De son arrière grand-père Roméo, à la sienne, il explore des histoires d’hommes, de souffrance, de lutte, de fuite.

    Pour moi, l’essentiel de ce roman multiple n’est pas l’histoire d’amour avec Alice, dont les souvenirs sont plutôt crus et sans réelle profondeur. Elle sert de prétexte à des explorations plus intimes qui aideront le narrateur à devenir un homme plus fort, plus fiable.
    Cette fuite dans le Nord est avant tout un périple intérieur. A son arrivée, il est tellement centré sur sa peine qu’il est incapable d’empathie pour ses patients et ne parvient pas à s’ouvrir aux autres. Il pose des gestes mécaniques qui soignent les corps mais il évite soigneusement les âmes et les cœurs. Il suture les plaies comme il essaie de recoudre ses propres déchirures. Avec le même sang froid. La narration de ses journées de travail est l’occasion de découvrir la vie des autochtones aujourd’hui et leurs conditions d’existence sans apitoiement ou culpabilisation. Il évoque les torts causés à un peuple et les conséquences telles qu’il les vit, les soigne. Sans émotion.

    J’ai par contre beaucoup aimé ce retour sur l’histoire de sa famille : une lignée d’hommes élevés sur une terre ingrate, en lutte contre une nature hostile. Des hommes sans cesse confrontés à la mort. Ce retour dans le temps apporte au récit la sensibilité et l’intensité qui manquent à son histoire de couple dysfonctionnel. On traverse les époques et les épreuves aux côtés de ses ancêtres et l’on découvre un peu de la vie d’autrefois.

    Enfin, j’ai été plus que séduite par le voyage à travers des paysages magnifiques. L’auteur nous décrit des périples chaotiques en train, des parties de pêche, des trajets en motoneige... et on en perçoit les sons, les odeurs  autant que la morsure du froid, le goût de la chair crue du poisson, la luminosité de la neige au soleil ou la profondeur de la nuit. Marc Séguin a l’œil, le regard aiguisé du peintre qu’il est et cela transparait dans son style superbement descriptif. J’ai aimé son écriture vive, précipitée. Son narrateur saute d’une pensée à l’autre, établit des parallèles entre hier et aujourd’hui, entre la vie des Inuits et celle de ses ancêtres fermiers, entre les turpitudes des hommes d’hier et celles de ses contemporains.
    Il nous parle de mort, de vie, d’amour, de famille. Il nous parle de nous. Et cela touche.

     

     

     

     

    Pin It

    3 commentaires
  • Le copain de la fille du tueur, Vincent VILLEMINOTCharles vient d’intégrer un internat pour « gosses de riches », perdu au cœur des montagnes suisses. Avec Touk-E, son coloc, ils font les quatre cents coups pour tuer le temps… Jusqu’à l’arrivée de Selma. Cette fille est mystérieuse, solaire, solitaire… et fille d’un célèbre trafiquant de drogue.

    Mon avis :

    Même si je trouve le titre moche bien peu engageant, je m’attendais à autre chose, Vincent Villeminot étant un auteur jeunesse expérimenté et reconnu, auteur notamment de U4, Stéphane et de la trilogie Instinct.

    Comment parler de ce roman foisonnant et décousu qui m’a laissée sur ma faim ?
    Commençons par l’histoire. Charles est le fils d’un poète, Prix Nobel de littérature, qui a voué toute son œuvre à son grand amour perdu, Emma, la mère de Charles. Celle-ci est, en effet, décédée alors qu’il n’avait qu’un an et son père ne s’en est jamais remis. Enfermé dans sa douleur, il a négligé son fils et ils ont vieilli côté à côté en parfaits inconnus. Quand le récit débute, Charles vient d’intégrer une école suisse réputée et n’a qu’une idée en tête : obtenir son Bac et retourner aux Etats-Unis poursuivre ses études, loin de ce pays natal où il n’a aucune attache. A son arrivée, il se lie d’amitié avec le fantasque Touk-E, fils d’un président-souverain africain. Autant Charles est introverti, réservé, studieux, autant Touk-E est extraverti, excentrique, paresseux. Tout les oppose et pourtant, une étonnante amitié va les lier d’emblée. Touk-E apporte à Charles le grain de folie qui lui manque et Charles parvient quelques fois à rendre Touk-E plus responsable et pondéré. Cette première partie nous conte les frasques de ces deux compères (plus que la vie à l’internat) et décrit les aspirations de chacun d’eux.

    Arrive alors Selma qui fait son entrée à l’internat, en cours d’année. Solitaire, mutique, mystérieuse, elle bouleverse et attire Charles dès le premier jour. Très vite, il apprend qu’elle est la fille d’un célèbre narcotrafiquant et bien qu’elle représente une réalité qu’il exècre, il tombe sous son charme. Il n’aura de cesse de briser son silence et de découvrir qui elle est vraiment.

    Avec ces trois personnages au profil diamétralement opposé, on pouvait s’attendre à de belles joutes oratoires, des échanges d’idées sur la famille, l’école, le monde, le destin... Ce ne fut pas le cas. L’apparition de Selma éclipse quelque peu l’amitié entre les garçons qui passe au second plan et l’accent est mis –un peu trop- sur la romance. L’intérêt de cette partie tient au mystère de Selma. On perçoit très vite qu’elle ne se livre qu’à demi-mots et qu’elle garde des secrets de famille, des fêlures que Charles voudrait apaiser. Je regrette cependant le côté un peu mièvre de cette partie de l’histoire. On reste à la surface des choses, le côté anecdotique prend le pas sur une réflexion plus profonde.

    Dans la dernière partie, tout se précipite : l’année scolaire touche brutalement à sa fin, Selma connait des soucis avec sa famille, Charles quitte l’école pour rester au chevet de son père... et toutes les questions soulevées par la deuxième partie du récit trouvent brusquement des réponses -parfois tirées par les cheveux. Et alors qu’on attend un happy end, un ultime rebondissement vient perturber le début de l’été.

    Si le style et l’écriture sont plaisants car vifs et dynamiques et le rythme enlevé grâce à de très courts chapitres, l’histoire manque de consistance. Elle aurait pu être dense : on y parle de filiation, d’héritage, de transmission mais aussi du poids de la famille, de la société... mais rien n’est vraiment abouti. Elle aurait pu être originale mais le côté too much de certaines scènes, de certaines révélations ne les rendent pas crédibles. Les personnages ont tout pour être attachants mais certaines réactions imprévisibles empêchent de les prendre au sérieux. Il y a un peu de Tarantino dans tout ça : c’est parfois profond, souvent loufoque et toujours excentrique.
    En conclusion, je suis dubitative. Non seulement pour toutes les raisons évoquées ci-dessus mais également parce que je me demande si les adolescents parviendront à s’identifier à ces personnages ou s’ils trouveront un intérêt à leurs aventures.

    Je remercie cependant les éditions Nathan de m’avoir fait parvenir l’épreuve de ce roman qui sortira le 25 août prochain, à la rentrée.

     

     Le copain de la fille du tueur, Vincent VILLEMINOT

     

     

     

    Pin It

    votre commentaire
  • Mr Optimiste, adaptation de Christine DELMOTTECes 10 et 11 août, le Festival de Théâtre de Spa propose la pièce Monsieur Optimiste tirée du récit du même nom d’Alain Berenboom.

    A la mort de ses parents, Alain Berenboom décide de ranger les archives familiales, travail ô combien fastidieux, sans se douter un seul instant de ce qu’il va découvrir. Son père n’a pas du tout eu la vie tranquille et rangée qu’il imaginait.

    De leur voyage de noces à Boulogne, sous les bombardements, à la perte de la sœur cadette dans le ghetto de Varsovie en passant par une dangereuse amitié avec un espion allemand, ses parents ont dû surmonter de nombreuses épreuves dont ils n’ont jamais parlé à leur fils.

    Le récit d’Alain Berenboom, très personnel, était à la fois émouvant et drôle. J’étais curieuse de savoir comment un couple d’acteurs –Daphné D’Heur et Fabrice Rodriguez- allait rendre ces émotions, l’autodérision de l’auteur et l’atmosphère pesante des années 30-40.
    Christine Delmotte, le metteur en scène, s’est appuyée sur des documents personnels de la famille Berenboom : photos, lettres, documents administratifs, objets... respectant ainsi l’œuvre originale. Les acteurs jouent tour à tour les parents d’Alain Berenboom, ses grands-parents ou lui-même avec beaucoup de fluidité. Jamais on ne s’y perd.
    Différents styles théâtraux se mêlent pour coller le plus possible à l’histoire : projections, théâtre d’objets, chants... et cela fonctionne à merveille. Les acteurs passent d’un registre à l’autre avec aisance et justesse et on se retrouve très vite immergé au sein de cette famille dont ils incarnent chaque membre avec générosité. Le spectateur oscille entre vie et mort, passé et présent, grâce notamment à un singulier jeu de masques. Tout est subtil, réfléchi, innovant.
    Le spectacle est poignant et les inventions scéniques y apportent légèreté et humour, ce qui permet de relâcher la pression d’une histoire familiale sombre. Il est aussi fidèle au roman d’origine et je dirais même qu’il le transcende.
    J’ai beaucoup aimé cette adaptation et le jeu des acteurs. Le public lui a également réservé un accueil enthousiaste, applaudissant chaleureusement et longuement à l’issue de la pièce. Et les commentaires élogieux, entendus à la sortie, ont confirmé ce succès.

    La pièce est au programme du Théâtre de Liège la saison prochaine, je vous invite chaleureusement à aller la voir.

    Mr Optimiste, adaptation de Christine DELMOTTE

    Pin It

    3 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires