• Après minuit, et autres nouvelles policièresAu programme de ces haletantes nouvelles policières : l'implacable vengeance d'un policier corrompu, la mort d'un tueur, des arnaques en tout genre, une cavale infernale, de surprenants marginaux... Qui sont les vrais coupables ? Les justiciers en sont-ils vraiment ? Surprise et suspense garantis jusqu'au dénouement qui étonnera les plus perspicaces ! Ce recueil de textes contemporains français, américains et anglais nous rapelle que la nouvelle policière, tout comme le crime, est universelle...

    Mon avis :

    Cinq courtes nouvelles policières, publiées par Larousse dans la collection Les Contemporains, idéales pour aborder le genre en classe. Jérôme Charyn, Michaël Connelly, Didier Daeninckx, John Harvey et Jean-Bernard Pouy sont les auteurs choisis pour constituer ce recueil. Il commence d’ailleurs par une brève présentation de chacun.
    Le vocabulaire qui pourrait poser problème est expliqué en bas de page. Chaque nouvelle fait ensuite l’objet d’une réflexion : un questionnaire de lecture portant sur les personnages et l’action, la langue et les thèmes abordés

    Aucun des personnages enquêteurs de ces récits n’appartient à la police. Dans « Dans l’ombre du goal » par exemple, on voit un ex flic devenu écrivain mener l’enquête. Qu’est-ce qui pousse ces quidams à endosser le rôle d’un enquêteur ? Chacun aura ses propres raisons : vengeance, réparation, appât du gain, haine... Les enquêteurs ne sont donc pas d’une grande moralité et leurs méthodes d’investigations sont particulières.

    Ce ne sont pas les meilleures nouvelles policières que j’ai eu à lire mais elles se laissent parcourir. Leur construction est classique (quotidien banal des personnages soudain bouleversé par un élément qui vient perturber la routine, déroulement sans surprise de l’enquête) le style est simple, mais les dénouements amènent quelques situations inattendues qui les rendent agréables à lire.

    A découvrir si vous cherchez des textes à proposer aux élèves.

     

     

     

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  • La nuit, in extremis, Odile BOUHIERLyon, novembre 1921.
    Anthelme Frachont, incarcéré en 1917 à la suite d'une mutinerie, sort de prison. Le commissaire Kolvair semble le seul à guetter sa libération. Celui qui a été son compagnon de tranchée a commis plusieurs crimes en toute impunité. Récidiviste, innocent poilu souffrant d'obésité, schizophrène en guerre contre lui-même : qui est-il ? Seule certitude : Anthelme a tué. Anthelme tuera. La conviction du policier se mue en intime obsession. Des soupçons, mais aucune preuve à avancer : sans cadavre ni scène de crime, Kolvair doit affronter ses pires cauchemars : la guerre qui rend fou, la boue, la nuit.

    Mon avis :

    Troisième volet des aventures de Victor Kolvair, « La nuit, in extremis » peaufine encore la personnalité des personnages que nous suivons depuis le début. Que ce soit le commissaire Kolvair, Hugo Salacan le scientifique et Durieux son assistant, Damien Badou, le légiste ou encore Bianca la psychiatre, chacun dévoile un peu plus ses sentiments, ses passions, sa famille... Même Legone prend de l’épaisseur et se dévoile. Des personnages plus vrais que nature.

    Outre l’enquête qui nous replonge dans la Grande Guerre et évoque les traumatismes vécus par les soldats, l’attrait du roman vient aussi des données historiques et scientifiques que l’auteure glisse finement dans son récit. On sent ce roman plus abouti que les premiers, l’intrigue plus fouillée et l’atmosphère rendue avec beaucoup de détails subtils. On croise Edouard Herriot, des anarchistes, on évoque le conflit des Canuts, la découverte de l’insuline, le procès de Landru et les avancées scientifiques d’Edmond Locard. On y parle d’entomologie, d’étude des traces papillaires, d’analyses graphologiques... ainsi que des découvertes en psychanalyse et de l’inférence de celle-ci dans l’étude des comportements criminels, des tests de Rorschach à l’hypnose.

    Bref, un excellent roman policier à l’intrigue bien construite et ancrée dans une réalité géographique et historique qui le rend intéressant autant que distrayant. Vivement le prochain.


     

     La nuit, in extremis, Odile BOUHIER1e lecture pour "Les dames en noir"

     

     

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  • Salon du livre belge, Uccle 

    Pour la 12e fois, la Foire du livre belge avait lieu ce week-end à Uccle. Cette année, le thème était « le pouvoir » et a servi, comme d’habitude, de fil rouge aux rencontres avec les auteurs et dessinateurs invités à ce salon.
    D’horizons très différents, une soixantaine d’auteurs se sont déplacés pour présenter leurs publications et participer à des débats ou séances de dédicaces. Une occasion quasi unique de mettre en valeur des talents belges - aussi bien auteurs qu’éditeurs - et de se rendre compte des publications foisonnantes de notre pays en la matière.

    En visite ce dimanche, j’ai écouté avec intérêt l’intervention de Jacques Rifflet qui présentait son livre « L’islam dans tous ses états » et nous a expliqué les liens qu’Est et Ouest tissaient avec les pays du Moyen Orient, la plupart du temps pour des raisons économiques, ce qui les amène aussi à soutenir certains régimes non démocratiques. Laurence Van Yperseele nous a parlé des lettres de soldats de 14-18 qu’elle a récoltées et publiées en un recueil « Je serai fusillé demain ». Comme le titre l’indique, ces soldats allaient être fusillés quand ils ont écrit ces ultimes missives à leur famille. Outre l’émotion et les sentiments exprimés, ces lettres nous racontent les derniers moments de ces hommes et les raisons parfois surprenantes de leur arrestation et condamnation.

    Salon du livre belge, UccleSalon du livre belge, Uccle

    Georges Lebouc nous a parlé avec entrain de son ouvrage sur « Bruxelles occupée ou la vie quotidienne sous l’occupation allemande » qui évoque notamment l’attentat contre le bâtiment de la Gestapo avenue Louise. Attentat mené par un aviateur courageux et un peu kamikaze. Enfin, Evelyne Wilwerth nous a parlé avec tendresse de Bilal, Marlène, Raphaël... les personnages de son dernier recueil de nouvelles qui a pour décor le Bruxelles méconnu des ferrailleurs et déchetteries qui se pressent sur les rives du canal. Quatre rencontres-débats qui illustrent à elles seules la diversité de la littérature belge d’aujourd’hui.

    Salon du livre belge, Uccle
    Autre moment privilégié de ce salon, la longue discussion que j’ai partagée avec Valérie Cohen et Mathilde Alet, éditées toutes deux chez Luce Wilquin et dont les romans ont été chroniqués sur le blog. C’est toujours un plaisir de converser avec Valérie Cohen et ce le fut aussi de découvrir la jeune auteure de « Mon lapin », premier roman de Mathilde Alet. Un échange agréable et chaleureux à l’image de ces deux auteures.
    J’espère que cette 12e édition, organisée par la librairie La Licorne et portée par Tamara Demblon, ne sera pas la dernière. Libraire et auteurs méritent qu’on les soutienne et qu’on les encourage à persévérer dans cette belle aventure.

    Salon du livre belge, UccleSalon du livre belge, Uccle

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  • Liber et Maud, Nadia MARFAINGDepuis son accident, Maud est comme morte.
    Les yeux vides, aucune envie, son lit pour seul horizon. Personne au monde pour l
    en sortir, fin du spectacle. Il y a bien Liber, dit Ptit Môme, presque seize ans pourtant, élève de seconde dans la classe de Maud et bien décidé à ne pas faire partie de ce monde-là. Chaque soir, après les cours, cest le même rituel. Maud lui crie : « Fous le camp ! » et lui, il saccroche. Malgré elle, Maud le laisse devenir Monsieur-Une-Idée-Par-Jour.
    Piscine, ping-pong, cinéma, la vie qui revient avec ses baisers volés et ses disputes. Très vite, Liber ne pense plus qu
    à une chose : faire lamour avec Maud. Cela lui donne des idées, mais pas de réponses. Tout le bouscule. Séparation de deux mois, déclare Maud un drôle de jour. Pour Liber, ça sonne comme la brève suspension de leur tandem. Une épreuve pour chevalier de conte de fées. Certainement pas comme une déclaration de mort.

    Mon avis :

    J’ai dévoré ce roman jeunesse.
    L’histoire de Maud est terrible. Jeune, jolie, populaire, elle se retrouve seule du jour au lendemain, après un accident de mobylette. Enfermée dans un monde sans repère, perdue, elle s’isole davantage. La souffrance la rend amère, en colère, vindicative, une vraie peste. Le personnage de Maud est particulièrement bien croqué. Ses réactions sont justes, sa manière de s’exprimer également et son caractère évolue finement tout au long du récit.

    J’ai eu plus de mal avec le personnage de Liber dont les réactions m’ont parues exagérément enfantines. Il est bon, trop bon même. Mais aussi d’une grande naïveté. Il agit avant de réfléchir et ne sait plus comment rectifier les choses ensuite.

    Sans doute est-ce cette union du feu et de l’eau qui rend l’histoire attrayante malgré des situations répétitives qu’on aurait pu éviter. Mais c’est surtout l’écriture précise et ciselée de l’auteur qui donne envie de tourner les pages et de découvrir ce qui va arriver.

    Une histoire d’amour touchante au langage parfois cru mais toujours juste, un regard intéressant sur le handicap et la résilience, qui devraient plaire aux adolescents.

     

     Liber et Maud, Nadia MARFAING

     

     

     

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  • Le dernier gardien d'Ellis Island, Gaëlle JOSSENew York, 3 novembre 1954. Dans quelques jours, le centre d’immigration d’Ellis Island va fermer. John Mitchell, son directeur, resté seul dans ce lieu déserté, remonte le cours de sa vie en écrivant dans un journal les souvenirs qui le hantent : Liz, l’épouse aimée, et Nella, l’immigrante sarde porteuse d’un très étrange passé. Un moment de vérité où il fait l’expérience de ses défaillances et se sent coupable à la suite d’évènements tragiques. Même s’il sait que l’homme n’est pas maître de son destin, il tente d’en saisir le sens jusqu’au vertige.

    Mon avis :

    Suite à la visite d’Ellis Island devenu musée de l’Immigration, Gaëlle Josse a éprouvé le besoin d’écrire sur ce lieu bouleversant. Mêlant faits réels et fiction romanesque, elle signe ici un roman touchant, mélancolique et fort qui a fait écho en moi. Je me souviens avoir été émue jusqu’aux frissons devant les photos de ces immigrants, photographiés à Ellis Island par A.F. Sherman et magistralement mises en scène lors de l’exposition « L’Amérique, c’est aussi notre histoire » (Bruxelles, 2012)

    Gaëlle Josse nous propose une histoire plurielle. Une histoire de solitude et d’enfermement, une histoire de remords, de transgression, une histoire d’exil.

    En quelques pages, elle nous peint un portrait juste et sans concession de ce lieu de passage obligatoire pour des milliers d’hommes et de femmes ayant tout quitté dans l’espoir d’une vie meilleure en Amérique. Ces êtres humains humiliés, bafoués qui allaient devoir subir une ultime épreuve avant de franchir, peut-être, la Porte d’or vers l’Eldorado rêvé. L’espace d’un instant, nous partageons quelques-unes de ces vies, ces histoires, oscillant entre espoir et désespoir ; nous allons à la rencontre de ces Européens de toutes origines, de toutes cultures, de tous milieux, des ancêtres peut-être, ayant contribué à construire l’Amérique d’aujourd’hui.

    John Mitchell est notre guide dans ce lieu devenu désert. En neuf jours, il nous raconte une vie entière à travailler sur cette île, à partager quelque temps, le quotidien de ces voyageurs en transit. C’est l’histoire d’un homme parmi d’autres, un homme faisant son métier au mieux, un homme de valeurs et de morale qui pourtant vacillera, transgressera. Arrivé au terme de son contrat, il porte un regard lucide sur ce lieu et sur lui-même. Avec des termes simples, directs, il raconte son histoire, ces histoires, sans pathos et sans faux semblant. Il nous conte le beau, l’émouvant comme le sordide, n’omet rien. Gaëlle Josse nous offre un beau portrait psychologique de cet homme, elle l’approche dans ses failles et ses errances, dans ses joies et ses petits bonheurs. Nous refermons ce livre en ayant appris beaucoup de notre propre humanité.

    Une fois de plus, j’ai été séduite par l’écriture et la plume de Gaëlle Josse. Que d’émotions décrites en quelques mots choisis. Que de vérités révélées nous dévoilant une page d’histoire essentielle.

    Un coup de cœur de cette rentrée.


    http://derniergardienellis.tumblr.com/
     

     

    Le dernier gardien d'Ellis Island, Gaëlle JOSSE15e

     

     

     

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    Les dames en noir chez Zina

     

    C’est par l’intermédiaire de Philippe que j’ai découvert ce challenge initié par Zina. Suite à un article qu’elle a lu et qui présentait les reines du crime, si je puis dire, elle a eu l’idée de nous proposer de lire des polars, des romans noirs, des thrillers... écrits par des femmes. Les hommes n’ayant pas le monopole de la noirceur, n’est-ce pas.
    Grande amatrice du genre et d’auteures comme Barbara Abel, Odile Bouhier, Chrystine Brouillet, Fred Vargas, Camilla Lackberg, JC Oates, Agatha Christie et j’en oublie, je me suis donc tout naturellement inscrite au challenge. Il a commencé le 11 novembre et se terminera le 31 décembre 2015. Le temps de faire de belles découvertes.
    Si vous êtes intéressés, rendez-vous chez Zina.

     


    Mes lectures :

    La nuit, in extremis d'Odile Bouhier
    Esprit d'hiver de Laura Kasischke





     

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  • CFranz Stangl et moi, Dominique SIGAUDommandant du camp d’extermination de Treblinka en 1942, Franz Stangl est arrêté en 1967 au Brésil puis extradé et condamné à perpétuité. L’homme pense n’avoir rien fait de mal car il s’est soumis aux ordres. Née 15 ans après la Shaoh, l’auteure interroge la façon dont sa génération a été confrontée à la conséquence de ces actes.

    Mon avis :

    Qu’on la nomme « Seconde Guerre mondiale », Shoah (anéantissement), Khurban (destruction) holocauste (sacrifice) Poreimas (dévoration), ou werra (désordre, confusion, scandale) elle aura été le conflit le plus meurtrier de tous les temps et celui qui aura tué plus de civils que de militaires ! Pour l’auteure, la Shoah fut une vraie souffrance qu’elle découvrit dès l’enfance par des images des camps.
    « Je n’ai plus d’espoir ». C’est par ces mots que commence la confession d’un homme qui est entré dans l’histoire par les portes de l’enfer.

    Né en 1908, comme Oskar Schindler, Herbert von Karajan ou Szymon Wiesenthal, Franz Stangl fut d’abord maître tisserand puis policier en 1932 avant de devenir le commandant de Treblinka en 1942. Traqué par les chasseurs de nazis, il fut retrouvé alors qu’il avait 60 ans et ramené dans un pays voisin du sien. Ce récit se base en grande partie sur les 71h de conversation enregistrée par la journaliste Gitta Sereny Honeyman entre avril et juin 1971.

    Dominique Sigaud mêle ici les faits, confiés par Stangl, la fiction et une réflexion personnelle sur la culpabilité, le pardon, le rachat. Nommant « le Dragon », le Mal qui sévit partout dans le monde et rampe insidieusement dans notre quotidien, elle tente d’en comprendre les mécanismes. La Shoah est donc un point de départ à un questionnement plus vaste.
    Mais ces changements de nom (werra, le Dragon ou les « X » pour les nazis) sont-ils indispensables à l’entendement ? Sont-ils plus fort que la réalité elle-même ?

    Malgré de beaux passages, j’ai trouvé la construction du récit brouillonne et difficile à suivre. Entre le dernier jour de Stangl, les faits qu’il révèle, les réflexions de l’auteure, ses souvenirs personnels et le mélange réalité et fiction, on finit par s’y perdre. Je m’attendais aussi à découvrir bien davantage, l’homme et  son parcours mais finalement, Franz Stangl apparait comme un prétexte pour parler de soi

    Bref, un ouvrage qui m’a déçue car il ne correspondait pas à mon attente. Il m’aura cependant permis de mieux connaitre le commandant de Treblinka dont on parle moins que d’autres tortionnaires.

     

     

     

     

     

     

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