• Sweet Sixteen, Annelise HEURTIERRentrée 1957.
    Le plus prestigieux lycée de l’Arkansas ouvre pour la première fois ses portes à des étudiants noirs.
    Ils sont neufs à tenter l’aventure. Ils sont deux mille cinq cents, prêts à tout pour les en empêcher.

    Mon avis :

    Une fois encore, Annelise Heurtier nous propose un roman choral inspiré de faits réels. Sans trop savoir pourquoi, Molly s’est portée volontaire pour intégrer un lycée jusque là réservé aux Blancs. Cette jeune adolescente noire réservée n’imaginait pas un seul instant que cette tentative vécue aux côtés de huit autres lycéens noirs allait être un vrai parcours du combattant. Les injures, les humiliations, Molly en avait l’habitude. Mais jamais elle n’avait été personnellement confrontée à une telle violence haineuse.

    En face, il y a Grâce, une jeune Blanche d’un milieu bourgeois. Grâce baigne dans un climat ségrégationniste depuis son enfance. Sa mère milite même activement pour que les Noirs n’obtiennent pas les mêmes droits que les Blancs. Imaginer un seul instant que sa fille pourrait partager le même banc qu’une Noire, elle en est incapable. Quelle horreur ! Pourtant, Grâce n’est pas raciste. Elle adore sa gouvernante noire, Minnie, qui l’a élevée. Et elle ne comprend pas la haine qui pousse tous ces gens à rouler des kilomètres pour empêcher ces étudiants d’entrer dans son lycée. Après tout, ce ne sont pas des repris de justice. Sont-ils dangereux ? Elle a, de toute façon, bien trop de choses en tête. Que va-t-elle porter à la rentrée ? Sherwood la remarquera-t-il ? Sera-t-il son cavalier au bal de fin d’année ? C’est tellement important pour elle.

    Voilà le climat qui règne en Arkansas à cette rentrée 1957. Trois ans auparavant, la Cour Suprême a pris une décision historique. Elle a rendu inconstitutionnelle la ségrégation raciale dans les écoles publiques. Désormais les Noirs pourront bénéficier du même enseignement que les Blancs. Dans le Nord du pays la décision est majoritairement bien accueillie. C’est loin d’être le cas dans le Sud pour qui c’est inconcevable.

    Grâce à la double narration, Annelise Heurtier nous laisse entrevoir les espoirs et les peurs de part et d’autre. On comprend les sentiments de chacune et les enjeux que cette décision représente pour chaque communauté. Si Grâce agit intuitivement sans calcul ni compréhension réelle de la situation, Molly, elle, a bien conscience que les choses ne seront plus jamais comme avant. Que ses compagnons et elle écrivent un page de l’Histoire de Etats-Unis en créant une brèche dans le système séparatiste.

    Bien qu’elle ait pris quelques légères libertés avec les faits historiques, Annelise Heurtier livre un rendu particulièrement fidèle du climat de ces années-là, des situations vécues et de la violence endurée par Molly (en réalité Melba Costello) et ses compagnons pendant leur présence au Lycée de Little Rock.

    Un récit bouleversant et édifiant sur une importante page de l’Histoire américaine. A lire à partir de 12 ans et à exploiter en classe sans nul doute.

     

     

     

     

     

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  • L'âge d'ange, Anne PERCINAu Gymnasium, le lycée de la ville haute, il y a les jaguars, programmés pour la réussite, et quelques rois du ruisseau, des Gavroche et des Esméralda égarés. Comme Tadeusz et ses mains rouges. Il porte des maillots de sport ou des chemises de bûcheron, vit en banlieue, excelle en russe.
    Personne ne le connaît vraiment. Il est étrange, bizarre, solitaire, d’ailleurs.
    Un peu comme cet ange, sans sexe et sans âge, qui se noie dans les pages des livres, au point d’en oublier les autres et son propre corps. Un ange de dix-sept ans qui pense, dort, rêve en grec, sa matière préférée. Une passion qui s’incarne dans Amours des dieux et des héros, le livre le plus précieux de la bibliothèque du lycée.
    Un jour, cette raison d’être disparaît des rayonnages. À son retour, le livre n’est plus le même, avec, entre ses pages, les traces d’un autre. Comment alors supporter la réalité quand le paradis est aux mains rouges d’un inconnu et que la vie gronde de plus en plus fort, de plus en plus dangereusement ?

    Mon avis :

    Anne Percin nous livre ici un récit original qui traite à la fois de littérature, d’amour, d’amitié, de sexualité, d’école, de lutte des classes, de solitude et de mort. Tout cela en 126 pages, à peine.

    Dans un style très classique, elle met en scène des héros atypiques, qui semblent perdus dans un monde qui n’est pas le leur. Le narrateur, issu d’une famille aisée (père procureur et mère médecin) se réfugie dans l’étude du grec et de la mythologie pour fuir une vie fade, solitaire où personne ne fait attention à lui. Par l’intermédiaire d’un livre précieux, il fera la connaissance de Tadeusz, un jeune Polonais de la banlieue, dont le père mécanicien travaille dur pour sa famille nombreuse. Malhabile en français, Tadeusz est excellent au cours de russe. Attiré par la Grèce Antique, ses légendes et ses athlètes, il trouvera de l’aide auprès de notre narrateur pour comprendre ce qui lui échappe et en échange lui donnera un petit coup de pouce en russe.

    Ce livre qui les unit et les attire présente des gravures, dessins et illustrations qui vantent le culte du corps en Grèce. Dès le départ, on sait le narrateur mal dans son corps, ne cherchant pas à le mettre en valeur et privilégiant l’intellect avant tout ; d’ailleurs, il n’est jamais nommé et il faudra attendre la moitié du livre pour savoir s’il s’agit d’un garçon ou d’une fille, l’auteur ayant soigneusement veillé à laisser planer le doute. Tadeusz, lui, est grand, fort, sportif et est décrit avec un physique de bucheron imposant. L’un comme l’autre sont isolés au lycée, ne faisant partie d’aucun groupe. Le rapprochement se fera donc tout naturellement.

    Leur amitié se noue sur fond d’émeutes des banlieues. L’auteure expliquera la situation politique d’aujourd’hui par référence à la Grèce Antique. De jolis passages qui font écho en moi tant la culture grecque me ravit. Une occasion pour les jeunes générations de découvrir un monde qu’ils ne connaissent plus et qui est pourtant à l’origine du nôtre.

    Dès le départ, on sait par le prologue qu’un drame se noue et cela crée une tension tout au long de la lecture. D’où viendra-t-il ? Pour quelle raison ? Il faudra attendre la quasi fin du récit pour le découvrir. Mais tout au long de l’histoire, l’auteure distille les indices à mots couverts. Et la lecture commune des deux amis préfigure ce drame.

    Critique féroce de la société actuelle et des injustices qu’elle recèle en son sein, ce récit est une fresque où l’implicite tient une part importante. Elle suggère plus qu’elle ne dit et le lecteur est appelé à faire sa part du chemin pour comprendre le destin des deux héros.

    Ce roman est aussi une tragédie grecque qui dénonce à la fois les injustices, les inégalités, l’hypocrisie et les phobies qui gangrènent une société dans laquelle les héros sont livrés au fatum (le destin).

    Un très beau récit à lire et à faire lire aux adolescents.

     

     

     

     

     

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  • Le fils du capitaine, Nedim GURSELSur ses vieux jours, un ancien journaliste relate au magnétophone les événements importants de sa vie. Élevé par sa grand-mère sous la férule d’un père militaire, autocratique et bambocheur qui soutiendra le coup d’État de 1960, il passe une grande partie de sa scolarité comme interne boursier au lycée Galatasaray d'Istanbul. Ces souvenirs d’enfance et d’adolescence sont marqués par l’absence de la mère, morte lorsque le narrateur était très jeune, par la tyrannie et parfois la brutalité du père, par la réclusion entre les murs du lycée que la camaraderie, les blagues de potache, l’éveil de la sexualité rendent un peu moins pénibles. Dans ce récit tour à tour drôle, amer et cynique, émaillé de considérations sur la Turquie d’aujourd’hui et sur son président, affleure à chaque page une rébellion à peine voilée contre l’autorité, qu’elle soit paternelle ou étatique.

     Mon avis :

    Ce récit est avant tout celui de la lutte d’un homme contre l’autoritarisme.
    Orphelin de mère très jeune, le fils du capitaine ne pourra jamais compter sur l’amour paternel, pas même sur sa considération. Très vite, il sera envoyé en pension et confié à sa grand-mère le reste du temps. Arrivé en fin de vie, encouragé par sa fille, il confie ses souvenirs à son magnétophone.
    Du haut de son appartement, solitaire, il contemple Istanbul, aussi belle qu'indifférente et se raconte, puisant son inspiration dans le soleil levant sur le Bosphore. Le fil est un peu décousu, un souvenir chassant l’autre, et on a quelques fois du mal à suivre. Mais n’en va-t-il pas de même de tout récit d’une personne âgée ?

    La plus grande partie se déroule au lycée Galatasaray d’Istanbul que le Général de Gaulle visitera lors d’un voyage officiel. La dure vie de l’internat est adoucie par les amitiés nouées et les bêtises d’adolescents. En parallèle à ses souvenirs personnels, le narrateur relate la radicalisation de la politique et les changements qu’elle apporte au pays. Sans jamais nommé l’autorité turque actuelle, Nedim Gürsel l’égratigne dès qu'il peut. Le personnage du Premier ministre qui énerve tant le narrateur en raison de son omniprésence sur les chaines turques est le double littéraire du président Erdogan.

    A travers l’histoire d’une famille à la dérive, Nedim Gürsel nous raconte la Turquie contemporaine, déchirée entre modernité et tradition, orient et occident. Le journaliste devenu vieux a la voix de l’auteur, exilé à Paris depuis que ses écrits lui ont valu plusieurs procès en Turquie.

    Ce roman oscillant entre nostalgie et ironie est à la fois un récit émouvant sur la vieillesse, la mort, la solitude et une histoire riche mêlant avec finesse le passé et l’avenir.
    Un ouvrage que je ne peux que vous conseiller, non seulement pour l'écriture de l'auteur mais parce que l'actualité rejoint une fois de plus la fiction.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Dis, est-ce que ça repousse les ailes ? Brigitte JACQUES, Aurélia JACQUESChacun redécouvre " ses paysages " à travers ceux de ce petit livre ensoleillé et dense... Je souhaite qu'il s'envole dans toutes les directions et, comme l'oiseau, aille se poser sur les genoux de ceux et celles qui ont le goût " de l'intérieur ", de la poésie et du silence. 

    "Dans chaque souffrance, il y a un bout de chemin qui va vers le printemps" dit-il avec une infinie tendresse.
    Je sentais bien qu'avant de venir se poser près de moi, il avait fait un long voyage. Je sentais bien qu'il me faisait cadeau de ses paysages...

    Mon avis :

    Il y a un an qu’une amie m’a offert ce livre.
    Je ne sais pourquoi, je ne l’ai jamais chroniqué. Pourtant, il fait partie de ceux que je relis volontiers. Je l’ouvre aussi parfois au hasard et savoure quelques lignes. C’est un conte optimiste qui parle à tous. Il fait du bien.

    Cet ouvrage rectangulaire, horizontal attire l’œil par son style épuré et atypique. Des aquarelles dans les tons verts illustrent le texte imprimé sur papier glacé, uniquement du côté droit. Ainsi, on jouit de l’entièreté de la page en un clin d’œil.

    Mélodie, une fillette curieuse, dialogue avec un oiseau. Sa principale interrogation est de savoir si les ailes repoussent une fois brisées. De fil en aiguille, les réponses de l’oiseau amèneront d’autres questions et celui-ci invitera Mélodie à trouver ses propres réponses.

    Mélodie et l’oiseau blanc ressemblent au Petit Prince et au renard. L’une et l’autre se pose des questions sur la vie. Ici on parle de souffrance, d’orage, de cages, de liberté... Un animal doué de sagesse leur répond. C’est un conte philosophique à plusieurs lectures. Les enfants y trouveront une belle histoire, les grands seront renvoyés à leur propre vie et questionnement.

    On est touché par la beauté du texte et des illustrations qui s’harmonisent parfaitement. Le tout peut sembler naïf si on s’arrête au premier degré. Mais c’est un livre qui fait du bien et que l’on devrait tous s’offrir les uns les autres. C’est d’ailleurs de cette façon que Brigitte Jacques, l’auteur belge de ce conte a vu son livre se vendre à près de trente mille exemplaires depuis sa sortie en 2011. Le bouche à oreille a servi de promotion à un ouvrage qui n’en a eu aucune.

    Je ne peux que vous encourager à lire ce conte car, comme le dit si bien Yves Duteil dans la préface, à sa lecture on se met à cultiver l’espérance.

     

     

     

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  • JJulieta, Pedro ALMODOVARulietta, la cinquantaine, s’apprête à quitter Madrid pour suivre son compagnon à Lisbonne, lorsqu’elle rencontre Béa, l’amie d’enfance de sa fille Antia. Cette rencontre fortuite la pousse à changer ses plans. Bea lui apprend qu’elle a croisé Antia en Suisse, une semaine plus tôt. Julieta espère alors renouer les liens avec sa fille qu’elle n’a plus vue depuis le jour de ses dix huit ans. Elle renonce à partir et retourne vivre dans l’appartement qu’elle habitait quand sa fille a pris la fuite. Elle se met alors à raconter sa vie dans un carnet comme un moyen d’exorciser le passé. 
    Tout commence par la rencontre avec le père de sa fille, un soir, dans un train.

    Mon avis :

    Cette scène du train m’a fait penser à une histoire déjà lue. De même que divers moments dans le récit. Je me suis rendu compte lors du générique, qu’Almodavar s’était inspiré de trois nouvelles d’Alice Munro pour construire son scénario. Nouvelles tirées de « Fugitives » un recueil que j’ai lu il y a un peu plus d’un an.

    Les nouvelles d’Alice Munro parlent de fuites, de fugues, de départs. Pedro Almodovar s’est emparé de ces nouvelles pour en faire un thriller psychologique qui vire peu à peu au mélodrame. Julieta est-elle responsable du départ de sa fille ? Peut-elle la faire revenir ? Le récit douloureux que Julieta couche sur le papier (un dramatique incident, une gouvernante qui s’immisce dans la vie de son employeur, une tempête meurtrière...) sera en quelque sorte libérateur. Antia reste cependant absente et Julieta oscille entre ses retours dans le passé et l’envie de partir à la recherche de sa fille. Cette quête vers un avenir incertain est-elle la solution ? Ce conflit intérieur l’amènera à remettre en question sa vie, ses certitudes. Elle se défera alors peu à peu de la culpabilité dans laquelle elle a fini par s’enfermer.

    Dans ses textes, l’auteure canadienne dit l’importance des objets dans nos vies ; une statuette d’argile « L’homme assis » sert de fil conducteur au cinéaste. Almodovar campe son film en Galice, en bord de mer ; les histoires d’Alice Munro, elles, se passent au Canada, pays des montagnes et des lacs. Même s’il s’est librement inspiré de l’œuvre de cette dernière, on y retrouve les mêmes thèmes : les femmes, leurs blessures, leurs secrets, les choses cachées derrière les choses... Avec, en point d'orgue, une question lancinante, comme chez Munro : jusqu'où peuvent aller ces femmes qui plaquent tout ?

    Un beau film, joué avec brio par Emma Suarez et Adriana Ugarte qui nous parle du destin, de la culpabilité et de la force mystérieuse qui pousse certains à quitter ceux qu’ils aiment. Et de la souffrance que cet abandon brutal cause à la personne quittée.

     

     

     

     

     

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  • 35MM, Christophe COLLINSUn cadavre retrouvé dans la chambre froide d’un restaurant.
    Un ancien agent du FBI, brisé par le passé.
    Des autorités locales aveuglées par le profit.
    Un tueur déterminé.
    Vous pensiez avoir tout lu ? Vous vous trompiez.

    Mon avis :

    Suite à une affaire qui a marqué sa carrière et sa vie, Jack s’est réfugié dans une bourgade de la banlieue de Philadelphie. Une petite ville paisible, sans criminalité, sans violence, où tout le monde connait tout le monde... Le seul événement qui brise la tranquillité de cette communauté est l’Open de golf, qui attire chaque année, les meilleurs joueurs et les Grands de ce monde.
    Une ville sans histoire jusqu’au jour où un corps est retrouvé dans le restaurant de Giacomo Palmito, ayant, lui aussi, quitté la grande ville pour ce petit patelin. De suite Jack pressent que ce meurtre ne sera pas isolé. Mais malgré son expérience, il aura fort à faire pour convaincre ses supérieurs de ne pas classer cette affaire en accident. Y aurait-il finalement des choses à cacher à Birdie’s Fall ?

    Je retrouve ici Christophe Collins, découvert lors de son premier roman L’étoile de l’est en 2011. Deux ans plus tard, l’auteur a pris de l’assurance, le style s’est affiné et l’écriture rappelle celle des polars américains au rythme soutenu d’un bout à l’autre. On sent aussi la passion de l’auteur pour le genre dans son ensemble, tant les références littéraires et cinématographiques sont nombreuses.

    Ce thriller nous offre tous les aspects d’un récit classique. L’atmosphère est subtilement rendue et l’intrigue nous emporte dans les arcanes politiques et économiques de Birdie’s Fall où, pour notre plus grand plaisir, les apparences sont trompeuses. Avec finesse et un certain humour caustique, Christophe Collins joue des codes du genre, rendant le récit intriguant jusqu’à la dernière page.

    Un bon thriller, maîtrisé d’un bout à l’autre, qui vous fera passer un bon moment de lecture.

     

     

     

     

     

     

     

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  • Dernière station avant l'autoroute, MAKO, DAENINCKX, PAGANUn sénateur s'est suicidé dans un hôtel quatre étoiles. Ses responsabilités au sein de plusieurs enquêtes parlementaires lui avaient permis de réunir des informations sensibles.
    Juste avant sa mort, il a vidé la mémoire de son ordinateur. Juste après, tout le monde est à la recherche d'une disquette.
    L'officier de police judiciaire, chef du groupe nuit, est le premier soupçonné d'avoir fait les poches du mort. Mais l'officier en question, à qui l'on a recommande de ne faire ni creux ni vagues, n'a plus rien à foutre de rien depuis longtemps.

    Mon avis :

    Un polar noir, très noir, dans un Paris interlope où les flics ont du mal à rester intègres. L’officier de la PJ, l’anti héros de ce récit, travaille de nuit, histoire de fuir le monde. Ecœuré par son boulot, alcoolique, hanté par le meurtre d’une enfant, il s’enfonce peu à peu et on assiste impuissant à sa descente aux enfers. Alors qu’il enquête sur une histoire ordinaire, un suicide dans un hôtel, il est soupçonné d’avoir soustrait à la justice une disquette renfermant de précieux renseignements. N’ayant rien à perdre, il devient dangereux pour sa hiérarchie et les politiciens sur la sellette.

    Contrairement au polar classique, l’enquête n’est pas le cœur de l’histoire. Hugues Pagan, auteur du roman initial, en fait prétexte à dénoncer les conditions de travail des inspecteurs de police et le mal être qui en découle. L’atmosphère est lourde, glauque et les pointes d’humour caustique allègent à peine les tensions. Ex flic lui-même, ayant quitté le métier pour l’écriture dans les années 80, il parle d’un monde qu’il connait bien.

    La précision des dessins de ce Paris nocturne et pluvieux, le trait brut de Mako ajoutent encore de la noirceur à ce portrait réaliste d’un quotidien déprimant. La scénarisation de Daeninckx, quant à elle, est saccadée et la narration décousue collant ainsi avec les événements.

    Le tout donne un roman graphique d’une grande force parfaitement réussi.

     

     

     

     

     

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