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Par argali le 24 Mai 2012 à 20:40
L’écrivaine et psychanalyste Jacqueline Harpman est décédée à l’âge de 82 ans, ce jeudi, des suites d’une longue maladie.
Jacqueline Harpman est née à Etterbeek le 5 juillet 1929.
Elle doit quitter la Belgique pendant la Deuxième Guerre mondiale pour se réfugier avec son père, un juif d’origine néerlandaise, à Casablanca au Maroc où elle effectuera ses études secondaires. C’est là-bas qu’elle se passionne pour la littérature, notamment pour Balzac, Proust et Freud.
Elle rentre en Belgique lors de l’automne 1945 avant d’entamer des études de médecine qu’elle abandonnera après deux ans en raison de la tuberculose. Elle passera ainsi près de deux années au sanatorium d’Eupen pour se soigner.
Sa carrière littéraire démarre en trombes avec son premier roman, “Brève Arcadie”, publié en 1959, qui remporte le Prix Rossel.
En 1963, elle épouse Pierre Puttemans, architecte, critique d’art et poète, avec qui elle a deux filles.
Son deuxième roman n’ayant pas eu le succès escompté, elle abandonne l’écriture et entame des études de psychologie. Elle obtient son diplôme en 1970.
Elle revient à l’écriture en 1985 avec « La Mémoire trouble ». Suivront « La plage d’Ostende » en 1991, Prix Point de Mire (certainement le plus connu) puis « Moi qui n’ai pas connu les hommes » en 1995, nommé pour le Prix Fémina, et « Orlanda » en 1996 qui recevra le Prix Médicis.
« La dormition des amants » parait en 2003 suivi de « Ce que Dominique n’a pas su » en 2007. Ce sera son dernier roman.
Chevalier de la Légion d’Honneur, Chevalier des Arts et Lettres, Jacqueline Harpman était aussi membre de la Société Belge de Psychanalyse et de l’Association Psychanalytique internationale.
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Par argali le 5 Avril 2012 à 06:00
Ce 31 mars, j’ai eu la chance de rencontrer Mikaël Ollivier lors d’une séance de dédicaces où on ne se bousculait pas à sa table. (D’ailleurs, les auteurs français attiraient bien moins que les américains. Pourquoi ???).
Personnellement, j’aime beaucoup Mikaël Ollivier. Je le connais surtout comme auteur pour la jeunesse ayant lu « Frères de sang », un policier, « Star crossed lovers », une histoire d’amour « La vie en gros » un roman sur l’obésité et « Celui qui n’aimait pas lire », un récit autobiographique.
C’est donc tout naturellement que je me suis approchée pour me procurer « Alibi » que je ne connaissais pas encore. Nous avons entamé la conversation, parlant de ses personnages, de sa manière d’écrire qui plait tant à mes élèves, eux qui lisent si peu, et de ses dernières parutions. J’ai ainsi appris qu’il terminait un nouveau roman pour adolescents, un policier, après avoir sorti en été « Le monde dans la main ».
Mais je ne savais pas, honte à moi, qu’il écrivait aussi pour les adultes. Je l’ai donc écouté me résumer l’histoire de « La promesse de feu », paru chez Albin Michel, dont les héros sont deux frères (tient donc) à la psychologie bien différente. L’intrigue commence chez les pompiers qui luttent contre des feux de forêts dans le Sud. Roman à suspens, il dit de lui que c’est sans doute « son roman le plus personnel, une sorte de thriller intimiste qui fait la synthèse de tout ce qu’il a cherché à écrire jusqu’ici, dans la catégorie polar ».
Guy Collard que j’ai croisé peu après, ayant encore le livre à la main, m’a d’ailleurs glissé en passant que c’était un bon, un grand polar.
Une rencontre simple et naturelle, comme je les aime. Un dialogue qui s'est installé facilement et un auteur vraiment attentif à ce qu'on lui dit. Une belle rencontre...
Photos de mon époux.
Aux côtés de Mikaël Ollivier, Lee Child.
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Par argali le 4 Avril 2012 à 06:49
Dans le cadre du festival « Quais du polar » de Lyon, j’avais gagné un concours me permettant de rencontrer Philip Kerr, presqu’en tête à tête. (Nous étions 8). Plongée justement dans « La mort entre autres » et ayant encore bien à l’esprit « La trilogie berlinoise », j’avais en tête quelques questions que j’aurais aimé lui poser.
Hélas, après près de quatre heures de dédicaces, Philip Kerr est rentré à son hôtel, oubliant notre rendez-vous. - Vous imaginez bien ma déception et celles des autres heureux gagnants. – Embarrassée, son éditrice est venue nous rejoindre, s’excusant de cet imprévu, l’appelant sur son portable – lui-même étant très confus mais hors de Lyon – et se demandant comment réparer.
Ce fut vite trouver. Nous étions huit passionnés des aventures de Bernhard Gunther, le libraire de la librairie « Passages », qui devait animer le débat, et l’éditrice de Philip Kerr. Nous avons donc entamé la conversation comme nous l’aurions fait en la présence de l’auteur.
Et bien ce fut une très heureuse rencontre, riche en confrontation d’idées et en informations. Ainsi, j’ai appris que Philip Kerr vivant à Londres avait d’abord écrit des romans mettant en scène de jeunes londoniens de la City, sans rencontrer le moindre intérêt chez les éditeurs. Avocat de formation, il avait, pendant ses études, choisi un cours de littérature allemande qui le passionnait. Lors d’un voyage à Berlin dans les années 80, il s’est dit qu’il pourrait allier sa passion passée et l’écriture pour raconter l’Histoire et comprendre comment était née l’horreur. Comme les Allemands de l’époque ne semblaient pas enclins à parler de ça, il a entrepris ses propres recherches, en bibliothèques, dans les archives, et sur place pour s’imprégner des lieux. C’est seul qu’il rassemble la documentation qui lui servira de trame aux aventures de Gunther. Méticuleux, il veut tout diriger lui-même.
Au départ, il ne pensait pas écrire de policier, mais le personnage de Bernie s’est imposé peu à peu. Qui donc mieux qu’un détective peut mettre le nez partout et avoir accès aux documents les mieux gardés ? D’après son éditrice, Bernie c’est un peu lui. Il a mis beaucoup de sa personnalité dans ce héros atypique (si ce n’est que l’auteur est marié et père de famille nombreuse), drôle, cynique et déterminé. Sympathique et distant.
Paru au début des années 90, « L’été de cristal » (puis la suite de la trilogie) a connu un succès d’estime. La Glasnost puis la chute du mur de Berlin ne donnaient sans doute pas envie de se replonger dans un passé douloureux. Réédité en 2009, les trois tomes trouveront alors leur public, phénomène amplifié par Internet et les blogs littéraires qui encensent littéralement cette trilogie et en font un formidable succès de librairie.
Nous avons beaucoup parlé de Berlin aussi, cette ville honnie par les nazis qui lui préféraient Munich, et des Berlinois. Certains d’entre nous connaissant très bien cette ville pour y avoir vécu. D’autres romans d’autres auteurs ont été cités pour ceux qui souhaitaient la voir à nouveau mise en scène. J’ai noté au vol : Seul dans Berlin de Fallada, L’histoire de l’Histoire de Ida Hattemer-Higgins, Berlin Café de Nebenzal, Mon enfant de Berlin de A.Waziemski, Les démons de Berlin et Deux dans Berlin, dont je n’ai pas eu le temps de noter les auteurs. J’ajouterai aussi Jonathan Rabb.
Finalement, la déception première s’est estompée et nous avons tous passé un très bon moment. Près de ¾ d’heure a discuté de littérature, quoi de plus plaisant ?
Quant aux photos qui illustrent l’article, elles ont été prises lors de ma rencontre-dédicace avec l’auteur, le matin même. Hélas, le monde et l’absence de l’interprète ne m’ont pas permis de discuter fort longtemps.
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Par argali le 7 Mars 2012 à 23:37
Académicien, romancier, auteur de nouvelles délicates, de fables, c'est par le théâtre qu'il connut la plus belle des notoriétés. Mais il est aussi le traducteur scrupuleux de Luigi Pirandello et de Goldoni. C'est lui qui avait traduit La Trilogie de la Villégiature pour la mise en scène de Giorgio Strehler. Il s'est éteint ce 7 mars à l’âge de 98 ans.
D’origine belge, Louis Carette de son vrai nom est devenu Français en 1959. Il avait été élu à l’Académie française en 1975.
Il a été récompensé plusieurs fois pour son œuvre, riche d’une quarantaine de romans entre autres. Il a reçu le prix Interallié en 1955 et le Goncourt en 1969 pour Creezy.
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Par argali le 28 Octobre 2011 à 07:00
Ce mercredi, la librairie « L’oiseau Lire » proposait une conversation littéraire dont l’invité était Eric-Emmanuel Schmitt. Cette librairie dynamique et novatrice est nichée au cœur d’une petite ville de 5000 habitants mais n’a rien à envier aux grandes. Les rencontres littéraires y sont toujours chaleureuses et de qualité. Ce fut le cas, ce soir encore.
Comme beaucoup, Eric-Emmanuel Schmitt a ses partisans et ses détracteurs. Original et sensible pour les uns, commercial et répétitif pour d’autres, il peut cependant s’enorgueillir d’ouvrages populaires, au sens noble du terme, de romans réflexifs, d’essais rigoureux ou de pièces de théâtre au sujet inattendu.
Après avoir lu « Oscar et la dame rose », « L’enfant de Noé », « La part de l’autre », « La nuit de Valognes »ou « Odette Toulemonde », je l’avais un peu mis en quarantaine. Il aura fallu « La femme au miroir » et une émission littéraire télévisée pour me replonger avec délice dans un de ses romans.
Homme de dialogue, accessible et passionnant, il a ravi les lecteurs présents, en répondant avec humour aux questions qu’on lui posait sur son roman et ses héroïnes. « La femme au miroir » nous présente trois aventures singulières, trois destins de femmes excessivement proches alors que plusieurs siècles les séparent. Ces femmes libres cherchant à s’affranchir du fardeau de la société de leur époque et du regard des autres me séduisent à plus d’un titre et c’est avec bonheur que j’ai écouté l’auteur les décrire et en parler comme s’il s’agissait d’êtres de chair et de sang.
Elles me passionnent à cause de leur extraordinaire complexité. Je suis féministe depuis longtemps, d’abord par sympathie et par réflexion. Je suis très souvent scandalisé par des comportements et des réflexions faites aux femmes.
Nous l’avons écouté pendant un peu plus d’une heure puis il s’est plié avec simplicité et une vraie gentillesse à la séance de dédicaces, ayant un mot personnel ou une question pour chacun. Je connaissais bien l’écrivain, j’ai rencontré l’homme et je ne suis pas du tout déçue de cette trop brève rencontre.
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Par argali le 22 Mai 2011 à 12:45
Je ne suis pas, comme certains, fidèle à une mais à quatre librairies. Chacune m’apporte quelque chose de différent, chacune est spécialisée dans un domaine particulier, chacune est riche de ses libraires, de leurs coups de cœur et de leurs expériences. Pour mon plus grand bonheur !
Ce jeudi, je me suis donc rendue dans une de ces librairies pour rencontrer Marie Desplechin.
Un concours d’écriture avait été organisé pour les 13-16 ans. Il s’agissait de rédiger une suite à son dernier livre « Les yeux d’or ». Ce soir-là, avaient lieu les remises de prix et la lecture des meilleures suites. J’ai été ravie d’entendre ce que de très jeunes auteurs pouvaient écrire.
Marie Desplechin s’est ensuite prêtée au jeu des questions-réponses pour notre plus grand plaisir.
Née dans le nord de la France (Esplechin est d’ailleurs un patelin de la région de Tournai), dans une famille où tout le monde aimait lire et discuter de ses lectures, elle a écrit très tôt. Pourtant, ce n’est pas devenu son métier de suite. Elle aurait aimé transmettre la passion des livres à ses enfants, hélas aucun des trois n’aime lire. Ils se moquent même, dit-elle, de son métier, qui n’en est pas un ! Preuve que nul n’est prophète en son pays…
Elle écrit tard, la nuit, quand elle a terminé les mille et une choses qu’elle a à faire. Elle s’occupe de sa maison, des autres, participe à la vie de sa commune… Elle aurait adoré être « George Sand à Nohant ». Elle aime beaucoup rencontrer des jeunes lecteurs, des classes (elle se rendait d’ailleurs dans une école le lendemain), discuter de son métier mais aussi aller à la rencontre des jeunes et de leur quotidien. Elle se nourrit de ces échanges.
Répondant à une question sur son implication dans le choix des couvertures, elle a osé dire avec franchise qu’elle les trouvait souvent très moches (ouf ! Je ne suis pas la seule) mais qu’elle ne parvenait jamais qu’à faire changer d’infimes détails. « Ce n’est pas mon rayon et on me le fait bien comprendre », a-t-elle ajouté. « Si vous prenez « Satin grenadine » par exemple, c’est un livre drôle, optimiste. Qui pourrait le dire en voyant cette petite fille triste qui semble sortie hébétée d’une maison bombardée ? C’est d’un triste ! »
Je suis heureuse de ne pas être la seule à penser ça. Mes élèves se fiant beaucoup aux couvertures dans leur choix, passent ainsi à côté de petits bijoux en raison d’une illustration peut engageante. Mais je dois bien avouer que c’est le cas de toutes les collections de l’Ecole des Loisirs.
Pour terminer, Marie Desplechin dédicaça avec simplicité et bonne humeur les livres que lui tendaient ses lecteurs. Mon fils avait apporté « Copie double » et je me suis laissé tenter par l’achat de « La belle Adèle ». Un livre fait pour moi, m’a dit l’auteure après avoir échangé quelques mots sur mon métier et mes élèves. J’ai hâte de m’y plonger.
Voici une belle rencontre dont je garderai un souvenir enthousiaste tant Marie Desplechin est franche, directe et d’une gentillesse rare.
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