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Par argali le 1 Mars 2016 à 00:00
L’écriture est une fabrique intérieure. J’ai écrit pour moi puis pour les autres, pour charmer mon éditeur et voir des lecteurs heureux ; c’est devenu un plaisir et cela m’a fait comprendre que l’écriture est un acte collectif.
Notre société individualiste, anxiogène, a besoin de littérature pour prendre conscience de ce qu’est une communauté humaine. Nous sommes invités à une table d’hôte universelle où la littérature nous fait devenir plus humains.Vous avez réalisé des films également. Est-ce un plaisir différent ?
Au cinéma, on est toujours vers le devenir du film, dans l’attente. Le livre, lui, échappe à une temporalité frénétique. On peut faire des pauses, revenir en arrière... L’auteur met en place un univers qu’on parcourt comme on veut. L’immédiateté du monde n’est pas obligatoire en littérature. On peut prendre le temps, flâner.
L’ile indonésienne de votre roman existe-t-elle vraiment ?
Oui, au Sulawesi, c’est une ile où tout tourne autour des morts. La mort est un sujet de conversation permanent. Lorsqu’un jeune enfant meurt, on creuse un arbre très gros où il est enseveli. On attend que l’arbre se referme et l’emmène dans sa vie, sa croissance. Cela m’a fait me poser la question de la place de nos morts dans nos sociétés. Nos moments enfuis ne demandent qu’à revivre comme nos lectures nous le permettent.
Notre société a changé son rapport à la mort ?
On ne prononce plus certains mots (mort, cancer...) On parle de fin de vie, de longue et pénible maladie... Notre rapport aux choses change, on se met des œillères. Peut-être à cause des progrès médicaux. A l’époque de Montaigne, on est environné par la mort : maladie, famine, guerre... et le rapport était très différent. La mort faisait partie de la vie quotidienne.
Aujourd’hui, on le refuse. Comme la médecine nous donne la possibilité de vivre mieux et plus vieux, on est choqué par la mort. On n’apprend plus à mourir comme disait Montaigne. On ne jouit plus de la vie non plus. Et mon livre invite à cela, à célébrer la vie.Faire semblant que la mort n’existe pas n’est pas la meilleure manière de faire. La différence est de trouver l’équilibre entre vie, maladie, mort. On établit un rapport de confiance pendant notre vie avec son corps... mais on ne se pose pas la question de « pourquoi tombe-t-on malade ? » Est-on programmé ? Est-ce parce qu’on se détourne ?
On apprivoise notre corps pendant des années mais peu à peu il change, devient inamical. On ne peut pas en sortir. On se sent trahi. Or c’est la marche du temps. Il est donc important de préparer notre esprit à ces changements et de les accepter.Ce livre est aussi une histoire d’amitié.
L’amitié est un thème assez rare en littérature. Ici j’avais envie de reprendre cette thématique. Je me suis inspiré de ma relation avec mon éditeur, décédé aujourd’hui. Nous vivions une « Amitié de mots » fondée sur des conversations. Cette intimité est née au fil du temps.
Ce rapport créatif montre le rôle essentiel de certains amis de l’ombre qui nourrissent notre imaginaire. La culture est présente dans mon livre. Elle est autour de nous et peu en prennent conscience. Elle nous façonne aussi. Certaines personnes, certaines œuvres sont importantes dans nos vies. Dans mon roman, Eugène qui va bientôt mourir rencontre ainsi quelqu’un qui a été très important dans sa vie. Le livre tente d’explorer le lien qu’il y a entre ceux qui créent et ceux qui permettent la création, les producteurs, les éditeurs... Il réfléchit sur ce lien singulier qui unit deux personnes pour arriver à réaliser un livre ou un film. Ce livre est une sorte d’arbre de Toraja où j’emmène ceux qui me sont chers et ont disparu.Il y a aussi beaucoup de réflexions sur le corps de l’autre, l’autre sexe.
Oui, j’ai voulu coucher sur papier une réflexion sur la différence des cœurs et des corps. Et je parle des femmes car ne pas être en rapport avec l’autre moitié de l’univers ampute l’humanité de toute sa richesse. (je parle des hommes et des femmes).
J’ai voulu un livre optimiste et vivant sur la mort.
Quand on sait que ses jours sont comptés, il faut rester dans l’appétit de la vie. Ca me glace d’entendre certains ne plus faire de projets, ne pas savoir ce qu’ils vont faire demain. On peut réinventer sa vie, se créer des découvertes, des émerveillements. L’anxiété ne doit pas nous raboter.2015 fut une année tragique. J’en suis conscient, comme tout le monde. Mais ce qui m’a énervé c’est le ressassement des télévisions. Quand on écoutait les infos, cela tournait en boucle. On ajoute de l’angoisse à l’angoisse. Et pareil avec les commémorations. On peut tirer de la lumière de l’horreur.
On peut mettre de côté notre égoïsme, être dans l’être et plus dans l’avoir pour en tirer la lumière. Le sursaut de vie ne peut être immédiat après la maladie ou la mort. Mais après le deuil, il faut surmonter le désarroi et choisir entre rester dans la mort ou être vivant. Peut-être plus intensément.
La cour de l’immeuble, dans votre roman, est-elle une sorte de passage ?
Il y a une cour d’immeuble d’où le héros observe sa voisine à la dérobée. Il y a une distance, une mise au point : c’est la symbolique de nos vies = être proche de l’autre sans être envahissant, adopter la bonne distance. C’est effectivement une sorte de passage symbolique aussi : le héros est dans un refus de l’avenir, dans un espace temps suspendu.
Ce que je voulais montrer c’est que le bonheur n’est pas à chercher obstinément au loin. C’est un ensemble de petites choses positives, de parcelles de vie, de joie, d’émerveillement, d’émotions à trouver en nous et dans tout ce que le monde recèle de bon et de beau.
Eugène, le héros, est solitaire et malheureux, toujours entre deux amours, et doit apprendre à vivre avec les autres. Il se pose des questions par rapport à son corps et ne se donne plus le droit d’aimer. C’est un « mort-vivant », une personne qui n’éprouve plus de plaisir, ne s’enthousiasme plus de rien. Cette attitude est une attitude d’homme riche, blasé. Nous oublions notre chance de vivre dans nos sociétés en paix, à la sécurité sociale, aux besoins alimentaires rencontrés...
Quand je vois la hargne de certains face aux migrants, je me dois de leur rappeler que dans les années 70, les boat people ont été dix fois plus nombreux à s’échouer et sont venus enrichir la France. Quittons nos égoïsmes forcenés et parlons vie, amour, espoir. L’autre n’est pas un agresseur potentiel mas il peut emplir notre vie et l’illuminer.
L'arbre du pays Toraja, Philippe CLAUDEL, Stock
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Par argali le 28 Février 2016 à 00:00
Liad Shoham, auteur israélien de « Oranges amères » et « Terminus Tel Aviv »
Martin Michaud, « Quand j’étais Théodore Seaborne »
Barbara Abel, « L’innocence des bourreaux »
Bruno Arpaia, « Avant la bataille »
Animateur : Michel Dufranne
Michel Dufranne : Aujourd’hui, 85 à 90% du marché du polar est anglo-saxon (ou nordiques).
Face à cette déferlante anglo-saxonne est-il important de trouver une spécificité régionale ?MM : Où que l’on vive, on écrit du polar pour des lecteurs qui veulent se faire raconter une bonne histoire. On est tributaire d’un storytelling. Mais planter le décor là où on vit, on connait les gens, l'environnement, cela me semble évident.
BA : En Italie, les livres les plus vendus sont italiens. Le polar italien a une particularité : il cherche une façon de raconter la société italienne, les soucis spécifiques que les journaux ne racontent plus.MD : On parle beaucoup de régionalisme en Italie, est-ce toujours le cas ?
BA : oui, un Napolitain est différent d’un Milanais. Il n’y a pas une Italie mais des Italies. Des spécificités régionales nous marquent mais la complexité est la même partout.
MD : Y a-t-il des différences entre vos régions Martin Michaud ?
MM : Comme ailleurs. Il y a des auteurs chez nous qui situent leur intrigue en ville et d’autres en région. Est-ce spécifique ? Ce qui m’interpelle quand je lis un roman policier, c’est l’histoire, cela devrait m’emmener dans des pays différents, des régions différentes. Avant de devenir global, il faut essayer d’être local et y réussir. La vague scandinave n’apporte rien de nouveau au polar mais elle dépayse.
LS : Israël est un très petit pays et nous n’avons pas de spécificité régionale. Quand j’ai commencé à écrire, je n’étais pas populaire car nos auteurs essaient d’imiter les anglo-saxons. Cela m’irritait car je lisais dans leurs romans qu’on découvrait des corps dans des greniers par exemple et en Israël, il n’y a pas de grenier ! De même, chez nous, on ne peut pas disparaitre dans la nature, c’est trop petit. Moi j’ai voulu rester crédible. J’ai ancré mes romans dans la réalité israélienne. Sinon j’écris avec les mêmes techniques que mes collègues. Mais ils se demandent « pourquoi s’intéresserait-on à moi ou à mon pays ? » Je crois que si on est très local, on tend à être universel. Les hommes restent des hommes, la police est la même... Il faut implanter son histoire dans une région précise. C'est ce que les lecteurs souhaitent aussi.
MD : Dans vos romans, Barbara Abel, le lieu de l'action n'est pas déterminé. C'est voulu ?
B. Abel : Il n’y a pas de nom de ville dans mes romans, ce n’est pas un choix réfléchi au départ. Il se fait que je suis très bosseuse pour rédiger mes romans, les travailler ; moins pour faire des recherches, constituer des dossiers sur des sujets que je ne connais pas. Alors je parle de ce que je connais. Mes romans tournent autour du quotidien, du connu de tous. Je suis d’abord femme et mère et c’est de cela que je parle. Le décor ne se situe pas dans l’essentiel de mes récits. Sauf pour « Duelle » où cela est important pour l’histoire. Mes histoires sont universelles.
BA : Les années de plomb* sont un trou noir. Nous avons refoulé tant de choses de cette époque, à cette époque, que cela pèse sur la société. Chaque roman y fait référence à un moment ou l’autre. J’aime mélanger les genres. Dans ce livre, on trouve du commercial, du journalisme, de l’Histoire... Ces années-là ont été vécues comme si nous étions des personnages de BD stéréotypés. Mon expérience personnelle, ma vie est marquée par la Camorra. Dans mon village natal, deux de mes amis ont été tués par la Camorra. J’ai vu des têtes coupées étant enfant... Ces choses-là marquent, on ne peut éviter d’en parler.
Pour moi, c’est la transmission de l’expérience et c’est nécessaire. Pour comprendre aujourd'hui, il faut connaitre hier. Mais ma génération ne l’a pas fait. Je le souligne.
Aujourd’hui, pour écrire un bon polar, tu dois être expert financier (parler crise, off shore...) et tu dois t’y connaitre en nouveautés technologiques pour rester crédible. Dans cette voie étroite, on doit aller au-delà. J'ai choisi de soulever les problèmes de société.
LS : Dans mes livres, j’utilise le genre polar pour exposer des faits de société ou les dénoncer. A chaque fois, je fais des recherches importantes sur le sujet que je traite. J’apprends les modes de vie, les mentalités... je cherche à comprendre ce qui peut amener un crime, par exemple dans une communauté ultra religieuse.
MM : C’est clair que la série Victor Lessard se passe au Québec et la ville de Montréal est un personnage. Mais mon matériau c’est plutôt l’humain. Les hors série, eux, me permettent d’explorer d’autres domaines.
Ma série braque les projecteurs sur des sujets qui me tiennent à cœur, des problèmes, des faits qui concernent tout le monde... Mon but premier est de raconter une bonne histoire, un divertissement.
En étant francophone du Québec, je ne m’impose rien mais certaines choses coulent de source par rapport à ma vie, mes passions. Et non parce que c’est à la mode. Si je parle de hockey dans mes livres par exemple, ce n’est pas parce que c’est populaire au Québec mais parce que je le pratique depuis mon enfance. Dans chaque personnage, il y a un peu de moi, consciemment ou non, mais je ne suis pas Victor Lessard. Je ne m’impose rien, jamais. A la base de chaque roman, il y a juste une préoccupation personnelle.
B. Abel : Une anecdote. Ma fille est rentrée un jour de l’école en me disant qu’elle avait fabriqué un livre et elle me précise « c’est un thriller ». Sa copine ne sachant pas ce qu’est un thriller, lui pose la question et je l’entends dire « c’est un livre qui donne de l’émotion ». Pour moi, c’est ça l’important : mes livres, ce sont des émotions. J’oublie parfois des histoires que je lis mais pas l’émotion que chacune m’a procurée. J’ai des préoccupations ordinaires et donc elles touchent les gens.
Le frisson fait partie du plaisir. Si je m’amuse, si je me surprends, cela me plait. Et je me dis qu’il en sera de même pour mes lecteurs.(entre 1960 et 1980)*NDLR
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Par argali le 25 Février 2016 à 00:00
Colette Braeckman est journaliste au journal Le Soir et Guy-Bernard Cadière est médecin à l’hôpital St Pierre à Bruxelles. Il est aussi le collègue du Docteur Denis Mukwege. Il part d’ailleurs ce samedi le rejoindre au Congo.
Rencontre autour du livre « Le viol, une arme de terreur » édition Mardaga.
Depuis 20 ans, une violence inouïe frappe l’est du Congo et les femmes paient un lourd tribut. Cette situation cauchemardesque, inconnue avant 1994, a pris ses racines au Rwanda. Le viol tacitement accepté sur les champs de bataille depuis la nuit des temps y a pris une nouvelle dimension : il est maintenant utilisé à des fins stratégiques, une véritable arme de guerre.En quoi ces femmes sont-elles debout ?
CB : Les femmes victimes de ces viols atroces ne veulent pas rester victimes et le Dr Mukwege veut leur donner un avenir. Elles repartent dans la vie après l’intervention. C’est pour elles un impératif de survie.
Les femmes sont actives aussi pour dénoncer et empêcher ces viols de se reproduire, de continuer. Elles ne peuvent pas compter sur les hommes qui ne font pas grand-chose pour les aider dans cette société machiste.
GBC : Mon expérience me met face à des femmes mutilées, détruites physiquement et psychologiquement. Elles sont debout pourtant. Elles ont des personnalités extraordinaires. Elles se projettent dans l’avenir et sont porteuses d’espoir. Elles savent qu’elles ne peuvent compter que sur elles. Souvent rejetées par les époux, montrées du doigt, elles doivent travailler pour vivre et élever leurs enfants. Je les trouve extraordinaires. C’est enthousiasmant de les voir et porteur tant on reçoit de reconnaissance.Est-ce que la situation change ?
CB : oui au plan macro (dans l’armée congolaise par exemple) car il y a eu des procès et des punitions ; depuis le nombre de viols de soldats congolais de l’armée a diminué. Non pour ce qui est des groupes armés, même s’ils sont en baisse. Il y a dix ans, le viol était le monopole des groupes armés mais ce phénomène commence à se « populariser » et à être commis par des civils.
GBC : Il y a moins de femmes qui arrivent victimes de bandes armées par contre, les viols se diluent dans la société civile car la loi n’existe pas en matière de viol. On n’a jamais légiféré. Les mineurs victimes d’abus sexuels sont de plus en plus nombreux. Au point de vue physique, la médecine a beaucoup évolué et on peut les sauver mais au niveau psychologique, on ne sait pas ce que donnera l’avenir de ces enfants.Le film « La colère d’Hippocrate » a été présenté au Congo et dans la capitale, les habitants disaient qu’ils ne se rendaient pas compte de la situation à l’est. Les femmes ont dit que cela ne se limitait pas à l’est mais dans la capitale même, cela se produit tous les jours ainsi qu’au Katanga. A Bukavu, cela n’existait pas auparavant. D’ailleurs le mot viol n’existe pas en swahili.
CB : On a intégré dans l’armée nationale des personnes venant de bandes rebelles et cela a influencé sur la mentalité. Les démobilisés portent en eux cette pratique et rien n’est fait pour les encadrer dans la vie civile et les empêcher de recommencer.
La guerre vient des richesses minières du nord Kivu et c’est là que les premiers viols ont été commis. Faire fuir la population permettait de piller les ressources. Le viol a donc été instrumentalisé comme stratégie de guerre car le viol déstructure le tissu social.Cela a le même effet qu’une guerre et c’est moins couteux. Si on touche la femme, on touche à la société, structure de base et force de celle-ci.
Y a-t-il des solutions d’avenir ?
CGB : Dans le monde, il y a une prise de conscience formidable. Au Congo, on mesure seulement l’ampleur de ce phénomène. Heureusement, le film va être autorisé partout et les gens seront informés. On s’est rendu compte lors de la projection privée à Kinshasa que les Kinois ne connaissent pas Denis Mukwege !
GBC : A Bukavu, les femmes s’organisent. Après l’attentat dont sa famille et lui ont été victimes, Denis Mukwege a été exilé. Les cultivatrices de Bukavu se sont cotisées pour payer son billet d’avion et se sont rangées par milliers le long de la route pour le protéger ! Tout au long de son travail, elles se sont relayées comme garde du corps et continuent aujourd’hui encore.
La situation chez nous est-elle meilleure ?
GBC : En Europe, 4 femmes par jour se font violer. La violence faite aux femmes est le grand défi du 21e siècle (physiquement et par appropriation de leur corps dans la pub…) Nous sommes confrontés à la violence extrême mais cela se voit à tous les niveaux, dans toutes les sociétés… Notre société machiste doit cesser. Dans l’éducation, il y a encore des progrès à faire ainsi que dans le respect dû à la femme. Banaliser le viol, comme je l’ai entendu ces derniers temps, c’est incroyable et honteux. Il doit y avoir des sanctions exemplaires pour les violeurs.
CB : Le machisme sévit partout. Le manque de respect, le mépris sont le quotidien de toutes les femmes. Ne nous voilons pas la face.Foire du Livre de Bruxelles, 19 février 2016
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Par argali le 29 Septembre 2015 à 21:00
Ce lundi 28 septembre, le salon de chat « La Boite » de Frédéric Ernotte recevait Valérie Cohen pour son dernier roman « Monsieur a la migraine ».Selon les moments, femme, épouse, mère et auteure, Valérie Cohen tente de traduire en mots ses émotions pour les partager ensuite avec ses lecteurs. Son précédent roman « Alice et l’homme perle » parlait de l’âge mûr, des sentiments amoureux au 3e âge et du choix de vie que l’on fait à la soixantaine. Son dernier roman aborde un sujet plus délicat « le plaisir et le désir féminin ».
A travers l’histoire de quatre femmes qui participent au même groupe de parole, elle aborde ce thème avec tendresse et humanité.
Cette rencontre en ligne nous a permis d’en découvrir davantage sur ce récit et sa genèse.En amont de ce roman Valérie Cohen a récolté les confidences de nombreuses femmes et l’idée lui est venue d’en faire un roman. Pour étayer ces confidences, elle a rejoint certains de ces groupes.
Il n’est pas facile de parler de ce sujet à son entourage ou même à son partenaire. Quels mots choisir ? Comment ? Question d’éducation, de personnalité, d’histoire personnelle. Toujours est-il qu’elle a croisé des femmes réellement en souffrance qui ne savaient où déposer leur « fardeau », leur « bérézina sensuelle ». Elle s’est dit qu’en portant leurs histoires dans son roman, elle leur donnerait la parole et permettrait aussi à d’autres de se reconnaitre, d’être moins seule avec leurs difficultés.
Mais comment aborder le sujet ? Que dire ? Jusqu’où aller ?Se rappelant que son fils et sa mère risquaient de lire ce livre, elle s’est mis ses propres limites. Son but n’était pas d’entrer dans les détails techniques mais de parler simplement du désir (ou du manque de désir) et de son mécanisme.
Chaque lectrice pourra se reconnaitre en tout ou partie, dans ces femmes et leur histoire même si au départ, elle visait plutôt les trentenaires et plus. Mais n’allez pas croire que ce roman soit exclusivement destiné aux femmes. Il s’agit certes d’une histoire d’amitié entre quatre femmes mais les hommes sont bien présents et la lecture de ce roman pourra apprendre des choses à ces messieurs. D’ailleurs Valérie Cohen nous a confirmé avoir eu des retours positifs de plusieurs lecteurs.
« Ce qui est merveilleux avec ce sujet, a-t-elle précisé, c’est qu’il dépend de nombreux facteurs : notre chimie interne mais aussi notre éducation, notre image de soi, notre histoire familiale... C’est déjà compliqué pour une femme de le comprendre... alors je peux imaginer que pour certains hommes, la partie soit rude. »Valérie Cohen nous a alors demandé si nous irions, le cas échéant dans un groupe de paroles comme ses héroïnes et à la presqu’unanimité les participants ont décliné. Même si deux d’entre eux ont reconnu que parler de certaines choses avec des inconnus plutôt qu’avec des proches était parfois plus facile.
L’auteure nous a aussi partagé l’émotion ressentie devant l’authenticité de certains témoignages. Une confiance faite au groupe, à des inconnus certes, mais avec lesquels on peut mettre une distance et ne pas craindre d’être jugée comme on pourrait l’être par des proches. C’est salvateur de le dire pour certaines personnes.
A la question de savoir où était la part de vérité et de fiction dans le roman, Valérie Cohen a répondu qu’une de ses amies se plaignait effectivement que son homme avait la migraine. J Le reste a été inventé sur base des confidences qu’elle a reçues et entendues. Mais en ce qui concerne les actes posés par Patrice Denis, tous ont été vécus durant les dix dernières années dans des groupes ou ateliers de développement personnel auxquels elle a participé, mais sur d’autres sujets. Le récit est un mélange de tous ces apports. Elle a beaucoup écouté, engrangé des émotions et à un moment l’imagination a pris le relais et elle s’est laissé embarquer par ses personnages.
Afin de donner de la crédibilité à son histoire, elle a demandé à une sexothérapeute de la relire pour vérifier s’elle était cohérenet au regard de son expertise. Elle a téléphoné à Julie Van Rompaey, fondatrice de l’Académie des Arts de l’Amour, en lui proposant d’aller prendre un café et elle lui a demandé son avis sur ses personnages. Elle lui a aussi proposé de l’associer aux conférences qu’elle serait amenée à donner à la sortie du livre. Comme cela a bien collé entre elles, tout s’est fait en bonne harmonie. Toujours à l’écoute, Valérie Cohen trouvait intéressant de pouvoir entendre ce que les femmes avaient à dire et d’avoir l’avis d’un sexothérapeute.
Le livre de Valérie Cohen a reçu un accueil favorable peut-être parce qu’entre la réalité de la vie de couple et l’image qu’en donnent les magazines, il y a un écart important. Pour les femmes rencontrées, c’est très dur d’être confrontée à cela. Lire que d’autres connaissent les mêmes difficultés rassure. Et cela permet aussi de mettre des mots sur ce qu’on vit. « La relation sexuelle, c’est un peu nous avec un miroir grossissant. C’est-à-dire que notre rapport à notre image, à l’autre, le fait de savoir parler, de dire oui ou non... sont comme exacerbés. »
Lors d’une rencontre qui a eu lieu dans un « café-sexo » à Genève, de nombreux hommes sont venus et ont parlé avec l’auteur et la sexothérapeute. Mais selon cette dernière, ils se taisent dès qu’ils viennent avec leur compagne. Ce genre de cafés existe à Paris et Genève.
Les hommes semblent plutôt bien accueillir ce roman toutefois, beaucoup se sentent heurtés par le titre.Un bel échange entre auteure et lecteurs, présents et à venir. Un sujet qui aurait pu mettre mal à l’aise au départ mais qui, grâce à Valérie Cohen, a donné lieu à un échange riche et intéressant. Merci à elle et à Frédéric Ernotte qui l’a initié.
Petite question à vous maintenant, amis lecteurs : cet échange vous donne-t-il envie de découvrir ce roman ?
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Par argali le 22 Mai 2015 à 18:09
Elle est née en 1945 à Ixelles sous le nom de baptême d’Anne Duguël. Passionnée par la poésie, à 20 ans, elle a déjà écrit environ quatre cents poèmes et des dizaines de romans. Mais il faudra attendre 1987 pour qu’elle publie son premier livre.
Après des études d’Arts-déco, elle part au Liban comme journaliste au quotidien Le jour et à l’hebdomadaire Ça Magazine (1965-1970) avant de rentrer en Europe où elle collabore à divers revues et magazines comme Pomme d’Api, Fluide Glacial, Charlie Hebdo... Elle publiera son premier roman en 1987 « Prince charmant poil aux dents » chez Syros. Un album dédié aux tout petits.
Auteure prolifique, elle publiera des dizaines de romans jeunesse dont le plus lu par les collégiens belges et français est sans nul doute « La bibliothécaire ». On y perçoit à chaque page, son amour pour la langue française, la littérature, l’imaginaire mais c’est surtout son humour qui emportera l’adhésion de générations de jeunes lecteurs. « Ne vous disputez jamais avec un spectre » paru en 1997 n’a pas pris une ride non plus et est toujours donné à lire dans les écoles.
Audacieuse dans le choix des thèmes qu’elle aborde (le racisme « L’immigré », les SDF « L’envers du décor », la séropositivité « La vie à reculons »...), Gudule aura apporté un vent frais dans la littérature jeunesse et entrainé à sa suite de nombreux écrivains.
Proche du milieu de la bande dessinée, Gudule scénarisera plusieurs récits, notamment ceux écrits par son mari Paul Carali. On la découvrira aussi dessinatrice dans « Le havane Primesautier » fanzine de Charlie Schlingo.Mais on lui doit également quelques romans pour adultes, des œuvres de littérature plus classique et policière parues sous le nom d’Anne Duguël.
Elle nous a quittés ce 21 mai 2015, à l’âge de 69 ans. Elle manquera sans aucun doute à ses nombreux lecteurs.
Découvrez son blog personnel ici et neuf chroniques publiées sur mon blog en romans jeunesse.
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Par argali le 15 Mars 2015 à 00:00
Brice Depasse : Le fantastique peut-il être beau ?
Patrick Senécal : Oui, le fantastique, c’est beau. Cela peut même être romantique, poétique. C’est une façon de faire peur mais pas que...
David Khara : Je préfère le terme « merveilleux ». Les loups-garous, les vampires... c’est la notion du paroxysme de nos rêves. D’ailleurs, les premières histoires qu’on nous a lues, les contes, sont fantastiques.
P.S : En vieillissant, on abandonne cette littérature, on devient raisonnable. Je revendique l’envie, le droit, d’entrer dans l’imaginaire à tout âge. Le livre n’est pas moins intéressant parce qu’il est fantastique.
D.K : Il y a un certain snobisme à rejeter le fantastique. Pourtant, on retrouve son âme d’enfant par le merveilleux. Ecrire du merveilleux est en soi un voyage. Tous les grands auteurs classiques sont passés par là. Voyez Hamlet, sans le fantastique, il n’y a pas d’histoire ! Pourquoi en faire une sous littérature ?
P.S : Dans les facultés, il y a un cours de paralittérature. Je l’ai suivi. Je déteste ce mot. Tous les auteurs y étaient durant mes études sauf Edgar Allan Poe. Quand je me suis étonné de ce fait, on m’a répondu qu’il était ensuite devenu quelqu’un ! Allons donc !
B.D : Le cinéma n’a-t-il pas changé notre vision grâce aux effets spéciaux ?
D.K : Je n’en suis pas persuadé même si l’héroïc fantasy s’en rapproche. Film et livre sont différents dans la tête des gens. Dans les livres, il y a les allégories. Si on ne le comprend pas, on passe à côté de l’histoire.
P.S : On trouve le meilleur et le pire au cinéma. On répète les clichés jusqu’à plus soif, on épuise une idée. Cela finit par tuer le genre.
D.K : Ma trilogie Bleiberg se base clairement sur un contexte historique, notamment le projet Shiro, qui met en scène des faits méconnus. Personne ne s’en étonne. Dans « Les vestiges de l’aube », je me suis inspiré du 11 septembre et de la Guerre de Sécession mais le regard est distancié. On peut passer à côté parce que le livre relate la rencontre sur internet puis dans la vraie vie, d'un vampire et d'un policier new-yorkais. Mais alors le livre est tout autre.
B.D : Vos livres sont-ils écrits pour être adaptés au cinéma ?
D.K : Le projet Bleiberg est en voie d’adaptation. Quand les droits ont été achetés à la sortie du 1e, les producteurs et réalisateur m’ont demandé d’éviter de faire trop de dégâts dans les tomes suivants, parce que les scènes d’explosion coûtent les yeux de la tête à reproduire. Alors j’en ai encore ajouté en y mettant toute la gomme. J
P.S : Quand j’écris, je ne pense pas qu’on pourrait adapter mon livre sinon je m’empêche d’écrire et ça ne va pas. Je veux me sentir libre.
B.D : Qui choisiriez vous pour adapter vos romans si vous aviez le choix ?
P.S : J’aurais beaucoup aimé que Kubrick adapte un de mes romans. Pas de chance.
D.K : Moi je choisirais Clint Eastwood mais il faut faire vite. Et dans ma tête, Eytan ressemble à Eric Northman de True Blood. On verra ce qu’il en adviendra.
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Par argali le 2 Mars 2015 à 20:00
Pour débuter le cycle des conférences de la FLB, j’ai assisté à une passionnante rencontre sur le thème des Premières Nations. Lapons, Innus, Cris... Ils étaient là depuis toujours. Quel sort leur a été réservé ?
Etaient présents Olivier Truc pour son roman « Le détroit du loup », Natasha Kanapé Fontaine, poèté innue, auteur de « N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures », Virginia Pésémapéo Bordeleau qui a écrit notamment « Le rouge et le blanc » et Emmanuelle Walter pour « Les sœurs volées ».Le roman d’Olivier Truc nous raconte le combat des éleveurs de rennes samis de l’extrême nord de la Laponie, sur les bords de la mer de Barents qui luttent avec leurs moyens dérisoires contre les compagnies pétrolières norvégiennes et américaines. Ces dernières ont tout pouvoir sur cette terre constructible où paissent les rennes l’été et cherchent à les en déloger. Combat du pot de terre contre le pot de fer, des samis qui défendent la terre de leurs ancêtres et des valeurs écologiques contre des spéculateurs.
Ce thème est aussi d’actualité chez les Premières Nations car le gouvernement canadien sous la houlette de Stephen Harper tente de criminaliser les écologistes et ceux qui s’opposent à l’exploitation du pétrole en Alberta.
N.K.F : la grande différence entre nous, les Innus, et la société occidentale est la vision d’avenir. Nous pensons nos actes et nos prises de décision jusqu’à la 7e génération qui nous suivra alors que les occidentaux vivent dans l’immédiateté. Nous pensons avenir de nos terres, de la planète, ils pensent production, rendement...
E.W : Mon livre ne parle pas de l’écologie, mais vivant au Canada depuis 4 ans au sein de diverses réserves, je peux confirmer tout cela. Dans mon roman j’aborde la disparition des femmes autochtones. Depuis 1980, près de 1200 Amérindiennes canadiennes ont été assassinées ou ont disparu dans l’indifférence la plus totale. Proportionnellement, cela équivaut à 7000 Québécoises. Cette surmortalité est passée sous silence depuis des années. Elle commence seulement à s’exposer depuis la dernière affaire de meurtre à Rivière Rouge. Ce fait m’a profondément choquée car il ne cadre pas avec le côté égalitaire de la société canadienne. « Les sœurs volées » raconte l’histoire de deux adolescentes autochtones disparues depuis 2008.
Ces meurtres portent directement atteinte à la population amérindienne car les femmes transmettent la vie, elles sont l’avenir. Mais elles sont aussi la mémoire de ces peuples. Elles sont conteuses, écrivaines et ces meurtres touchent la population autochtone en plein cœur...V.P.B : C’est en effet un sujet préoccupant que je vis de l’intérieur, en tant que femme et Cri. Ecrivain mais aussi peintre, je prépare d’ailleurs une exposition de dessins sur le thème de l’assassinat de ces femmes, « de rouge et de blanc ». Savoir qu’on est menacé constamment, sans savoir par qui, est angoissant pour toutes les femmes autochtones.
O. T : Il y a quelques jours, un auteur de polars québécois m’a appelé pour me dire combien il avait aimé mon livre et me proposer d’écrire sur ce sujet. J’ai découvert là une actualité dont je n’étais pas conscient. Je m’intéresse beaucoup à ce qui se passe au Canada, à la politique d’Harper... car il y a un parallèle évident avec ce qui se vit en Laponie. Mais les Innus sont plus partie prenante que les Lapons à propos de ce qui se passe sur leurs terres. Les pays nordiques européens sont aussi plus respectueux de leurs peuples autochtones mais ces derniers se sentent plus dépossédés de leur terre et de leurs droits.
E. W : On m’avait dressé un portrait noir des peuples autochtones, quand je suis arrivée il y a quatre ans. Et pas du tout. Les femmes autochtones sont fortes et se font entendre. Elles lèvent la tête. Elles militent et je leur donne ici un écho. Mon livre s’adresse aux autres, à ceux qui ne savent pas ce qu’elles vivent réellement et sont convaincus de savoir. Il faut avoir visité une réserve, un village autochtone pour se rendre compte de la précarité. Certains sont de vrais bidonvilles, abandonnés par le gouvernement. L’aide sociale est inadéquate et l’apathie médiatique renforce leur fragilité.
Ce qui m’a le plus étonnée, c’est de découvrir que dans les manuels scolaires, il n’y a rien sur l’histoire de ces nations. J’ai juste trouvé une fois un petit encadré qui citait en exemple les pensionnats autochtones. Mais sait-on que ces enfants étaient enlevés à leur famille, à leurs racines pour être éduquer ? Pour devenir de parfaits petits Canadiens intégrés loin de leurs parents et de leur histoire indienne ? Pour faire évoluer la situation, le Canada doit regarder son passé en face et accepter la grande misère de ces peuples et l’apport nouveau de la jeunesse autochtone qui n’est pas celle des générations précédentes.V.P.B : Je connais le problème. Mes parents n’ont pas pu trouver leur place dans la société qu’on avait créée pour eux. Ils sont devenus alcooliques ainsi que l’une de mes sœurs. Je ne sais trop comment je suis devenue celle que je suis mais mon fils à son tour a sombré dans l’alcool et en est mort. Cela m’a marquée et m’interpelle. Je lutte pour casser cette fatalité. Heureusement, je vois vivre ma fille, je la vois éduquer ma petite-fille autrement, être forte et fière et j’ai espoir que les choses changent.
N.K.F : Pour échapper à cette histoire de violence, je suis passée par une quête identitaire vers mes 16 ans. J’ai alors pris conscience de ma nature amérindienne. Je l’avais oubliée, enfuie. Et à 16 ans, j’ai voulu connaître notre Histoire.
Dans mes livres scolaires, il y avait aussi un petit encadré. Il expliquait que les autochtones étaient violents parce qu’un jour, un blanc avait été tué lors d’un conflit qui opposait le peuple Mohawk et des blancs. En fait, des Blancs voulaient transformer un terrain appartenant aux Indiens, en terrain de golf. Mais ce terrain était un cimetière et les Mohawks ne voulaient pas le céder, ni le voir ainsi profané. L’article accusait les Indiens d’avoir tué un des promoteurs du projet. Ce n’est que récemment qu’on a fait toute la lumière et dévoilé que l’enquête avait démontré que c’était une balle perdue qui avait tué ce Blanc et qu’elle n’avait pas été tirée par un Indien. Mais à l’époque, on avait étouffé l’affaire.
De même, dans les années 90, on a supprimé la culture amérindienne des radios et TV. J’ai grandi sans connaître ma culture. Ce n’est qu’après avoir vu un jour, un reportage qui parlait des pensionnats évoqués tout à l’heure que j’ai tout compris. Jusque là, les manuels semblaient dire que les amérindiens avaient disparus, qu’ils s’étaient volatilisés après l’arrivée de Colomb pour laisser les Blancs construire le Canada d’aujourd’hui. Aujourd’hui, je me sens responsable de mon histoire et je dois l’enseigner aux jeunes générations pour qu’elles trouvent l’espoir.O.T : J’habite en Europe du Nord depuis 20 ans et cela fait environ 20 ans que je m’intéresse aux familles du Nord. Les minorités n’y sont pas respectées, on ne ‘y intéresse pas. Cela m’a intrigué quand je l’ai compris et j’ai voulu savoir qui étaient les Samis, l’un des derniers peuples aborigènes du Grand Nord. Ils sont environ soixante mille aujourd’hui. C’est un peuple féru de chasse, de pêche, d’élevage et de transhumance de rennes. Mais au fil des siècles, ils ont vu se transformer leur réalité. J’ai passé du temps avec eux et surtout les éleveurs de rennes, de même qu’avec les plongeurs du Grand Nord, sacrifiés au profit du pétrole, parce que les consortiums pétroliers ne mettent pas en place la sécurité nécessaire. Après des années de quasi silence, les Samis brisent la glace depuis vingt ans en réinvestissant leurs traditions. Aujourd’hui, ils militent pour la sauvegarde de la nature, des terres de leurs ancêtres polluées par l’activité industrielle. Ils lancent des cris d’alarme au niveau international. Je me fais leur porte parole à travers mes romans.
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