• Au nom de nos rêves, CollectifNola vit dans une chambre de bonne. Marwan travaille la nuit pour payer ses études. Célian ne sort plus de chez lui depuis le confinement.

    Entre angoisse et précarité, leur seul refuge est l’association « Liens publics », un espace de solidarité et d’espoir pour les étudiants. Benjamin et Espérance, les bénévoles, y apportent réconfort, repas et soutien.

    Jusqu’au jour où Roger, le propriétaire, vend le local.

    Alors que l’association risque de disparaître, ils décident de se battre ensemble pour la défendre. Parviendront-ils à sauver ce lieu qui les unit ?

     

    Mon avis :

     

    Un grand merci à Masse Critique et aux éditions Scrinéo pour cet envoi. Je l’ai attendu longtemps mais je suis heureuse de l’avoir découvert.

    Comme tous les enseignants et parents, j’ai vécu et vu ce que le confinement a eu comme influence sur la vie des jeunes. Non seulement l’isolement fut difficile mais pour ceux qui subvenaient à leurs besoins grâce à des jobs d’étudiants, le manque de ressources s’est ajouté à leur détresse quand la plupart ont cessé.

     

    C’est le thème de ce roman formé de 11 nouvelles chacune écrite par un auteur jeunesse différent. Chacune présente un personnage et son point de vue sur sa situation et sur l’ASBL qui va devoir fermer ses portes. Quant aux droits d’auteur, ils sont intégralement versés à l’association Linkee qui vient en aide aux étudiants en difficulté.

     

    Les nouvelles nous plongent au cœur du quotidien de huit jeunes. Tous ont des parcours de vie différents, suivent des cursus différents mais ont en commun de trouver auprès des animateurs de l’asso, une oreille attentive et même de quoi manger quand le frigo est vide. Ce sont des jeunes comme les autres mais le confinement les a fait basculer dans la précarité sociale et économique. Entre crainte, honte, volonté de s’en sortir, il n’est pas facile pour eux de franchir la porte d’une telle association et d’oser dire ce qui leur arrive. Heureusement, la générosité et la discrétion d’Espérance font des merveilles. Et quand elle annonce qu’ils vont devoir fermer les portes de « Liens publics » tous se mobilisent pour l’aider et la soutenir comme elle l’a si bien fait avec eux.

     

    J’ai beaucoup aimé ce recueil, les liens entre les nouvelles qui créent un récit cohérent et agréable à lire ainsi que la manière dont le sujet est traité. J’y retrouve quelques-uns de mes élèves et ce qu’ils ont enduré. C’est bien d’en parler et de continuer à aider les autres, ceux que d’autres raisons jettent dans la précarité.

    A faire lire à tous les ados, surtout les plus nantis.

    Auteurs : Sylvie Baussier, Pascale Perrier, Silène Edgar, Régine Joséphine, Christine Féret-Fleury, Pascaline Nolot, David Bry, Marie Colot, Fabien Fernandez, Aurélie Gerlach, Charlotte Bousquet

     

     

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  • La vie inattendue de Tom Riley, William ARBOURÀ quatorze ans, la vie de Tom Riley prend une tournure inattendue avec la disparition mystérieuse de ses parents. Son oncle n’a alors d’autre choix que de lui révéler la vérité : le monde est peuplé de milliers de créatures étranges protégées par l’Agence, une organisation secrète pour laquelle ses parents travaillent en tant que traqueurs. Avec l’aide de ses nouveaux amis apprentis traqueurs, Tom amorcera une enquête parallèle à celle dirigée par l’Agence pour tenter de retrouver ses parents.

     

    Mon avis :

     

    Mes élèves étant férus de romans fantastiques, j’ai accepté l’envoi de ce roman des éditions Kennes.

    Le sujet est classique (recherche de parents disparus et découverte d’un secret de famille) mais il est complété par des thèmes qui parlent aux jeunes comme l’acceptation de l’autre dans sa différence ou le respect des espèces animales. On y retrouve des animaux fantastiques (que j’avais aimés sous la plume de JK Rowling) et d’autres choses que je vous laisserai découvrir. Bref, cela devrait plaire aux jeunes.


    Cependant, je ne suis pas entièrement convaincue. En tant que professeur de français, j’aurais aimé un vocabulaire un peu plus soutenu. J’ai trouvé celui-ci assez simple, basique. C’est, selon moi, un roman à proposer aux jeunes en difficultés de lecture ou ne maitrisant pas parfaitement le français. Ou aux enfants de 10-11 ans.

    La mise en page fantaisiste ne m’a pas convaincue non plus.

    Enfin, mais cela relève de mes goûts personnels, j’aurais souhaité moins de dialogues qui ralentissent l’intrigue sans vraiment apporter quelque chose à l’histoire. Quant aux animaux, j’ai souvent eu du mal à les imaginer car leur description manquait souvent de précision. (Il faut dire que ceux de Norbert Dragonneau étaient particulièrement fantastiques)

     

    Ce roman est le premier tome d’une saga et la fin ouverte donne, aux jeunes lecteurs, l’envie de poursuivre l’aventure. La jeunesse de Tom, sa détermination à mener l’enquête sur la disparition de ses parents et la structure linéaire de l’intrigue leur apporteront un plaisir de lire sans difficulté ces 352 pages. Mais ce n’est pas un roman que je proposerai en classe.

     

     

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  • Casse-tête à Cointe, Francis GROFFPremier roman de Francis Groff que je lis sur les six parus et je suis tombée sous le charme. Le fait que l’enquête se déroule dans ma ville y est pour beaucoup. Connaître les lieux, certaines anecdotes, les personnages… apporte un plaisir indéniable à la lecture. Mais l’écriture de l’auteur et son érudition participent également à passer un très bon moment.

     

    Stanislas Barberian, bouquiniste cultivé vivant à Paris, est de passage à Liège pour préparer une exposition sur la guillotine. Il est venu rencontrer un spécialiste de la question afin d’authentifier un document en sa possession que le propriétaire souhaite vendre. Alors qu’il s’installe, la presse fait écho de la découverte d’un cadavre sans tête à Cointe. L’enquête s’annonce compliquée. La coïncidence entre la décapitation et l’exposition sur la guillotine est trop belle pour Barberian. Il propose ses services au journaliste qui couvre l’affaire, lui proposant d’alimenter ses articles d’anecdotes sur de célèbres affaires criminelles soldées par la décapitation du coupable. Et bien sûr, se mêle à l’enquête par plaisir et curiosité.

     

    Pour les non Liégeois, Cointe est une des collines qui ceinturent Liège. Au cœur de celle-ci, un parc privé de 30 hectares, appartenant jadis à la famille Hauzeur, fut divisé en parcelles à bâtir dont la première fut achetée par l’université de Liège en 1881 pour y ériger un Observatoire. Des dizaines de propriétés à quelques centaines de milliers d’euros composent aujourd’hui ce parc et la diversité des styles d’architecture en fait un lieu d’études privilégié pour les étudiants. L’adaptation cinématographique du roman de Barbara Abel a d’ailleurs été filmée dans une de ces villas. Une basilique inachevée dominant la ville et un monument art nouveau en hommage aux victimes alliées de la Première Guerre mondiale, ainsi qu’une chapelle du XVe siècle, un hôpital psychiatrique et un complexe sportif complètent ce poumon vert apprécié des Liégeois. Sans oublié le dépôt des Archives de l’Etat dont fait état le roman. Tout est vrai et agréable à redécouvrir.

     

    Journaliste, scénariste et romancier, Groff met ses talents et son expérience au service de ses romans. L’enquête est classique et ce n’est pas ce que j’ai préféré, même si elle est plaisante et tient la route. J’ai plutôt été séduite par le style de l’auteur, son humour, la vivacité du récit, la description des lieux traversés par Barberian et les faits historiques relatés avec érudition mais simplicité. On sent le travail de recherche, les repérages de l’auteur et sa minutie dans la justesse des discussions ou la présentation des faits historiques.

    Ce fut pour moi une lecture jubilatoire.

    Casse-tête à Cointe, Francis GROFF

     

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  • Les aventures du capitaine Jack Blaireau, P-A CAJOT & P. SOMBREVALJe ne veux pas quitter ma famille comme un voleur mais je sais qu’une expérience comme celle-ci ne se présentera pas une nouvelle fois. Je prends donc ma décision et rédige une lettre pour rassurer mes parents…

    Vers quelle aventure allais-je m’embarquer ? Quels étranges mystères allais-je rencontrer grâce à mon nouvel ami, le capitaine Jack Blaireau ?

     

    Mon avis :

     

    Publié aux éditions « Entre 2 pages », ce court roman d’aventures est destiné aux enfants dès 6 ans. L’auteur, Pierre-Arman Cajot, est instituteur est écrit depuis une dizaine d’années des histoires pour enfants. (Voir ici)

    Cette fois, il propose une quête au pays des pirates. Simon, fils d’un meunier habitant au bord la mer, rêve de partir à l’aventure sur les mers. Un beau matin, un énorme bateau à l’étrange équipage accoste et l’invite à monter à bord. Ils ont une mission à accomplir et lui demande de se joindre à eux. Il a un jour pour réfléchir. Il n’hésite pas.

     

    Illustré par Philippe Sombreval, ce récit de pirates à tout pour plaire aux plus jeunes. Dynamique et de construction linéaire, il mêle l’aventure au suspens. Il fait aussi appel à l’imaginaire des enfants et à la solidarité. D’une vingtaine de pages, cet album donnera certainement envie de lire aux enfants débutants. Rédigé au présent, le texte comprend des phrases simples et quelques phrases complexes. Le vocabulaire est simple mais précis et est accessible au plus grand nombre. Un texte idéal pour l’apprentissage de la lecture.

     

     

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    Le rêve de Mademoiselle Papillon, A.CARDYN & J.ARNALEn 2020, Alia Cardyn publiait « Mademoiselle Papillon », l’histoire de Gabrielle, une infirmière, inspirée de celle de Thérèse Papillon, devenue Juste parmi les Nations après une vie consacrée aux enfants. Ce roman fut un vrai succès.

    En février 2022, parait « Le rêve de Mademoiselle Papillon », un album adapté aux enfants et à ceux qui le sont restés où l’auteure raconte les grands moments de l’histoire, joliment mise en dessin par Julien Arnal. Cette infirmière hors du commun voulait absolument venir en aide aux enfants dans le besoin : orphelins de la Première Guerre mondiale, malades puis enfants juifs cachés par leurs parents. Pour cela, elle rêvait d’une grande maison où les accueillir et pendant des années multiplia les démarches pour trouver un bâtiment digne de son projet. Elle finit par le trouver à l’abbaye de Valloires, dans la Somme, un édifice du 18e siècle où elle accueillit jusqu’à 300 enfants.

     

    Au-delà de cette histoire d’exception, l’album est un bel objet. Les dessins de Julien Arnal sont poétiques, ses personnages un peu naïfs dans les traits et la dominante bleue fait appel aux rêves que Mademoiselle Papillon porte en elle. Avec l’auteure, il a réussi à donner vie, en quelque sorte, à cette femme volontaire, douce et forte à la fois en lui rendant un hommage lumineux et sensible. Le message qui transparait est aussi qu'il faut croire en ses rêves, avoir l'audace d'y croire et les réaliser.
    Cet album fait partie de ceux qu’on porte en soi longtemps.

    A découvrir quelque soit l’âge du lecteur.

     

     

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  • Tout le bleu du ciel, Melissa DA COSTACondamné par un Alzheimer précoce, Émile a décidé de fuir l’hôpital, la compassion de sa famille et de ses amis. À son propre étonnement, il reçoit une réponse à cette annonce. Trois jours plus tard, devant le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme coiffée d’un grand chapeau noir qui a pour seul bagage un sac à dos, et qui ne donne aucune explication sur sa présence.

    Ainsi commence un voyage stupéfiant de beauté. À chaque détour de ce périple naissent, à travers la rencontre avec les autres et la découverte de soi, la joie, la peur, l’amitié, l’amour qui peu à peu percent la carapace de douleurs d’Émile.

     

    Mon avis :

     

    Je n’avais jamais lu Melissa Da Costa même si autour de moi beaucoup m’en disaient du bien. J’ai reçu ce roman pour mon anniversaire et ai profité de l’été pour me plonger dans ce pavé.

    Recevoir à 26 ans, le diagnostic de la maladie d’Alzheimer est un choc à encaisser. Surtout quand l’espérance de vie annoncée est de deux ans à peine. Emile accuse le coup puis décide de prendre son destin en main et de ne pas attendre la fin sans rien faire. Il va vivre son dernier rêve, une dernière aventure : il s’offre un road trip dans le sud de la France, au pied des Pyrénées. Par petites annonces, il recrute une compagne de voyage. Les escales seront inattendues et souvent poignantes.


    Avec les montagnes comme décor, ce voyage vers la mort est triste bien sûr mais aussi profondément touchant et réconfortant. Parfois dur, parfois plus léger, le récit est abordé avec pudeur et parvient à rendre l’aventure lumineuse grâce aux petits bonheurs et à la douceur qui la traversent.

    C’est un roman qui ne laisse pas indifférent et engage chacun à aimer la vie et à en profiter au maximum, à rester vivant jusqu’au bout. Vivre chaque jour comme un cadeau de plus. 
    L'écriture de l'auteure est fluide, le style simple, le récit est probablement écrit au fur et à mesure que viennent les idées. Cela rend l'écriture dynamique.

    Mais si j’ai apprécié le fond de cette histoire et ma lecture, je regrette des longueurs et un côté assez répétitif. On aurait pu, au moins, élaguer de deux cents pages ses 836, sans que cela ne nuise à l’histoire et à l’émotion qu’elle procure.

    Un récit idéal pour l'été.

     

     

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  • Petite rivière paisible née dans les Hautes Fagnes, la Vesdre alimente le barrage d’Eupen puis coule vers Liège pendant 60 km. Victor Hugo a écrit qu’elle était « la plus ravissante vallée qu’il y ait au monde, qui est quelquefois un ravin, souvent un jardin, toujours un paradis. »

    Qui aurait pu croire que cette rivière bucolique causerait autant de dégâts et de victimes un jour ? Ce fut pourtant le cas les 14 et 15 juillet 2021 quand, gonflée par les pluies, elle éventra les villes et villages sur son passage.

    Dans ce recueil d’instantanés, Luc Baba raconte les heures terribles de ce déluge qui s’abattit sur la vallée et dont il fut le malheureux témoin. De brèves séquences, poétiques, terribles et bouleversantes rendent compte, presque heure par heure, du désastre que ce fut et de l’impuissance des hommes.

    Avec la plume ciselée et le style poétique qu’on lui connait, Luc Baba confie avec justesse et pudeur, les sentiments vécus, les émotions ressenties face à cette nature indomptable qui ravage immeubles, véhicules, vies, souvenirs, laissant les hommes chaos et impuissants.

    MAGNIFIQUE !  

     

    « Quand on n’est plus gardien des objets, on devient sage, parait-il. Il reste à garder la vie, la lumière, le peu de joie, le sourire. Si c’est vrai, cette maudite crue est une fabrique de sagesse. »

     

    « Je me hisse avec peine sur le toit, et la pluie me prend aux cheveux, légère, ballerine, garce. (…) Sur le toit, au milieu de la mer Vesdre. Une mer sale. Et mouvante. L’océan meublé de nos armoires. La broyeuse d’âmes, l’assiette à soupe. »

     

     Vesdre, Luc BABA Vesdre, Luc BABA Vesdre, Luc BABA Vesdre, Luc BABA

     

     

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