• Winter's Bone, Debra GRANIKJ’ai vraiment beaucoup aimé l’adaptation du roman en BD. Je craignais néanmoins que la violence et la noirceur du récit ne soient trop sublimées à l’écran.

     

    Le film de Debra Granik, Winter’s Bone nous plonge effectivement dans l’univers ténébreux de Daniel Woodrell où l’homme tente de survivre dans une nature hostile. Dans ces monts Ozark, cette région reculée et oubliée de la civilisation, les lois sont dictées par des clans organisés comme des meutes. Vivant en marge de la société, ils n’ont ni foi ni loi.

     

    Dans cette misère crasse, Ree (Jennifer Lawrence) brille comme une petite étoile et porte toute la force du récit. Seule à rester debout dans cette famille déglinguée. La prestation de l’actrice est exceptionnelle. Elle campe une Ree étonnante, n’ayant pas sa langue en poche et s’affrontant aux plus durs des hommes du clan.

     

    Tournée dans le Missouri, cette plongée dans l’Amérique profonde nous montre un monde brutal où l’héroïne charismatique semble ne pas avoir sa place. La résistance des femmes apportera cependant un petit peu d’espoir et l’abnégation de Ree le soupçon d’amour qu’il fallait pour croire encore un peu à l’humanité.

     

    Contrairement au roman, Ree a ici un frère et une sœur et non deux frères. Sans doute pour accentuer encore le misérable sort des enfants Dolly, à moins que ce ne soit pour respecter la parité voulue dans le cinéma américain. Plus dommageable, on ne retrouve ni neige, ni glace dans le film, enlevant au récit, une atmosphère glaciale qui renforçait la froideur des humains et rendait la quête de Ree plus rude encore.

    De même, certains personnages annexes ou les événements hors sujet ont été gommés pour mettre l’accent sur la seule quête de l’héroïne. Ma foi, ce choix se défend.

    Un bon film, renforcé par un bon casting et le jeu très juste des acteurs dont une Jennifer Lawrence formidable.

     

    Film sorti en 2010.

      

    Winter's Bone, Debra GRANIK Lien vers la BD ici

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  • Un hiver de glace, Romain RENARD, Daniel WOODRELLJessup Dolly est parti de chez lui, abandonnant à leur sort ses trois enfants et une épouse qui n’a plus toute sa tête. Dans cette maison isolée et glaciale, où les placards sont vides, Ree, l’aînée, veille comme elle le peut sur le reste de la famille. Elle apprend que son père a bénéficié d’une mise en liberté conditionnelle moyennant une hypothèque sur la maison. S’il ne se présente pas au tribunal, les Dolly seront sans toit, au cœur de l’hiver. Alors Ree prend la route et affronte la neige, la nuit, le froid, et surtout l’hostilité des autres membres du clan, qui n’aiment pas qu’elle vienne poser des questions. Car Jessup était " le meilleur fabricant de blanche " du coin, et sa disparition est forcément liée à cette activité.

     

    Mon avis :

     

    Cet album adapté du roman de Daniel Woodrell est d’une noirceur angoissante du début à la fin. A l’image de la vie de cette jeune fille de 17 ans. Alors qu’elle rêve d’entrer à l’armée, elle a tout plaqué pour s’occuper d’une mère malade et de ses deux jeunes frères. Encore adolescente, elle fait preuve d’un dévouement et d’une abnégation hors du commun, supportant les épreuves et les coups avec un stoïcisme qui force l’admiration.

     

    Ce roman noir se lit comme un western contemporain. On suit Ree à travers les paysages hostiles des monts Ozark où vivent des gens rudes et brutaux, que des querelles ont encore aigris et éloignés des autres, les rendant incapables de la moindre empathie. Le contexte social, le repli autarcique de la contrée, très important dans le récit, est particulièrement bien rendu par les dessins de Romain Renard, dessinateur diplômé de Saint Luc à Bruxelles. Ayant choisi la bichromie, il nous entraine au cœur même de la tragédie à travers des paysages grandioses, figés par l’hiver et des portraits réalistes, bien cadrés, sombres et misérables comme la cruauté et la bêtise humaine. Seul Ree illumine le récit par sa personnalité et le caractère résolu de son combat. On ne peut qu’entrer en sympathie avec elle et se laisser entraîner dans cet univers implacable.

     

    Dès les premières pages, j’ai été prise par cette atmosphère glauque, étouffante où se démène Ree, en solitaire. Pas de paroles inutiles, des sentiments positifs distillés au compte goutte mais combien précieux. Un travail graphique d’une grande intensité. J’ai beaucoup aimé.

    J’ai enchainé avec la vision du film tiré de l’œuvre de Woodrell et vous en parle dans la partie film du blog.

      

      

    Un hiver de glace, Romain RENARD, Daniel WOODRELL

     

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  • Le mardi sur mon 31

    « Le monde entier perd la tête. Je crois que je vais la perdre aussi. J’ai voulu prendre contact avec Mr Sherlock Holmes… » Mon cœur fit un bond furieux…

    Métro Baker Street de Nancy Springer

     

    Dernier tome des aventures d’Enola Holmes. Elle enquête, une fois de plus, sur une mystérieuse disparition de jeune femme. Tout en craignant que son frère la retrouve…

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  • En ce lundi bien calme, je me propose de faire le point sur mes challenges après quelques mois. Sinon, en fin d’année, je me connais, je ne saurais plus où j’en suis.

     

     

     

      

      

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  • Mystère rue des Saints-Pères, Claude IZNERDébut de l’été 1889. Victor Legris, libraire rue des Saints-Pères, se rend à l’Exposition Universelle où la Tour Eiffel, qui vient d’être achevée, tient la vedette. Au premier étage, il rencontre parmi la foule Kenji Mori (son associé) et son vieil ami Marius Bonnet qui vient de lancer son propre journal. « Le Passe-Partout ». Mais tout à coup, une femme s’écroule sous le coup d’une étrange pisûre. S’ensuit une série de morts inexpliquées qui marqueront les débuts de Victor Legris en tant qu’enquêteur.

      

    Mon avis :

     

    Premier tome des aventures de Victor Legris, libraire. Par cette lecture, je découvre à la fois cet enquêteur au style particulier et l’auteur (je devrais dire les auteurs) que je ne connaissais pas.

     

    Cette plongée dans le Paris du 19e siècle m’a beaucoup plu par son atmosphère festive. L’écriture est très visuelle et je me voyais déambuler à l’Exposition Universelle entre les badauds de l’époque, les fiacres, les élégantes Parisiennes… Le décor historique est bien documenté et c’est passionnant d’entendre parler de Van Gogh, aux premiers temps de l’impressionnisme, de Charles Garnier, de Gustave Eiffel et de tous ceux qui faisaient la une à l’époque.

    On sent aussi que le colonialisme vit ses heures de gloire et que le regard des Français sur les colonies et les protectorats est très paternaliste. L’image donnée par le « village nègre » est assez éloquente. L’électricité s’invite à cette exposition et en devient la reine ; le chemin de fer Decauville enchante les Parisiens… Bref, nous sommes vraiment immergés dans l’Exposition Universelle, et c’est un des charmes de ce roman. Un autre est aussi les fréquentes références faites à des auteurs et des ouvrages disponibles dans la librairie. Les avis de Victor, Kenji et Joseph, le commis, sont souvent discordants mais apportent un éclairage intéressant sur les débuts d’auteurs qui deviendront ensuite de grands classiques.

     

    Le mystère auquel Victor Legris est confronté est double, en fait. D’une part il essaie de dénouer le mystère de la mort de cinq personnes, apparemment sans lien les unes avec les autres si ce n’est celui d’avoir été mystérieusement piquée par une abeille avant leur mort. D’autre part, il est intrigué par l’attitude bizarre et inhabituelle de son père adoptif Kenji Mori. Serait-il lié de près ou de loin à tout ça ?

     

    Le récit prend le temps de nous immerger dans l’ambiance de l’époque, de nous familiariser avec le Paris de 1889. L’intrigue n’est pas échevelée mais finement amenée et l’on se glisse dans l’enquête au rythme de Victor Legris, en prenant le temps de rêver et de flâner entre deux réflexions plus intenses. L’intrigue est linéaire et sans rebondissement. Les indices disséminés ça et là permettent de la goûter pleinement et si l’on comprend bien avant la fin de quoi il retourne, il faut cependant attendre le dénouement pour en comprendre le mobile.

     

    On sent déjà que ce premier récit en appellera d’autres car beaucoup de questions restent sans réponse en ce qui concerne l’enfance de Victor et le passé de Kenji Mori. Sans doute découvre-t-on ces deux personnages au fil des aventures et je m’en réjouis.

      

      

    Mystère rue des Saints-Pères, Claude IZNER Mystère rue des Saints-Pères, Claude IZNERMystère rue des Saints-Pères, Claude IZNERMystère rue des Saints-Pères, Claude IZNER

     

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  • Le parfum de la dame en noir, AP Duchateau, BC Swysen, G.LEROUXUn an après l'affaire de la chambre jaune, Mathilde Stangerson, dont le père, le professeur Stangerson est décédé et s'apprête à épouser l'ancien assistant de celui-ci, Robert Darzac, se sent menacée et refait appel au journaliste Rouletabille car elle est persuadée que son mari, le gangster Bellmayer, alias Larsan est toujours en vie : elle vient de recevoir un flacon de parfum pour leur anniversaire de mariage...

     

    Mon avis :

     

    Envie de relire une bande dessinée par ce temps maussade.

    Paru en 1991, cet album de facture classique me fait penser à Tintin. Chaque dessin est minutieusement croqué, le moindre détail y trouve sa place. Les couleurs sont vives, basiques… mais le plaisir est bien au rendez-vous. Le dessin de Swysen, alors tout jeune, est d’une grande précision et le rendu de l’atmosphère du roman de Leroux est réussi. Je regrette cependant la petite taille des cases car les bulles, souvent nombreuses, nous cachent la moitié du dessin.

     

    Surnommé Rouletabille car sa tête est ronde comme un boulet et son teint rouge comme une tomate, Joseph Joséphin travaille comme petit reporter au journal L'Époque. 

    Il aime exercer ses talents de détective amateur lors des reportages qui lui sont confiés. Appelé au secours par Mathilde Stangerson qui sent sa vie menacée, il sera au cœur même de l’affaire qu’il doit élucider.

    Sous le chaud soleil du midi, les incidents se succèdent et un incroyable chassé croisé de destinées va se produire tandis que Rouletabille se débat avec ses souvenirs et les démons de son passé.

    Le début est un peu compliqué, voire confus mais on se laisse entraîner par l’histoire avec l’envie de comprendre qui est qui et qui sait quoi. Autant le roman m’avait paru lent et peu vivant autant l’adaptation en bande dessinée m’a fait passer un bon moment.

      

     

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  • Printemps au Prater et la Scarlatine, Stefan ZWEIGDeux nouvelles composent ce livre que m’a offert Margot. Deux œuvres de jeunesse écrites alors que Stefan Zweig avait respectivement 19 et 26 ans. Malgré son jeune âge, le texte est précis, l’écriture fine et le vocabulaire choisi. On découvre le Vienne du début du 20e siècle, ses codes, ses traditions et sa vie animée.

     

    « Printemps au Prater » nous raconte en quelques pages, une journée de la vie de Lise. Ayant fui le domicile paternel, Lise est venue à Vienne pour suivre son amant. Devenue une demi mondaine, elle mène grand train grâce à sa fraîcheur et sa beauté. En ce dimanche de corso au Prater, elle se voit contrainte de renoncer à sortir car la couturière n’a pas apporté la robe qu’elle s’était fait faire pour l’occasion. Sa colère passée, elle décide alors de sortir malgré tout mais revêtira la robe de sa fugue, qu’elle a gardée dans son armoire, et vivra la fête parmi la bourgeoise et les gens du peuple.

     

    « La Scarlatine » décrit le destin tragique d’un tout jeune homme, venu étudier la médecine à Vienne. Alors qu’il sort à peine de l’enfance et vit sa première passion, la scarlatine le foudroie.

    Cette nouvelle d’une soixantaine de pages nous raconte une initiation. Bertold voudrait tant être pris au sérieux, grandir, ressembler à Schramek, l’étudiant qui loge sur le même pallier. Mais toutes ses tentatives échouent.

    Le rouge est omniprésent dans cette nouvelle, que ce soit celui de ses joues qui s’empourprent pour un rien, celui du sang ou de la scarlatine. Le rouge de la gêne, de la colère ou de l’amour. Couleur de la mort aussi et des sentiments troubles. Le rouge comme une irritante provocation à la pureté juvénile du héros.

     

    Il y a longtemps que je voulais découvrir l’œuvre de Stefan Zweig dont je ne connais que la vie. Ces textes écrits dans sa jeunesse sont, me semble-t-il, le bon moyen de l’aborder. Ainsi je pourrais mieux apprécier, je pense, l’évolution de son écriture au fil de mes lectures.

    Beaucoup de sensibilité émaille ces textes. Zweig nous décrit son époque et ses contemporains avec l’œil avisé d’un peintre et d’un psychologue qui serait parvenu à les cerner malgré eux. Tout sonne vrai dans sa description. Son écriture vive et nerveuse donne un rythme soutenu à ses textes. Malgré son jeune âge, son style est maitrisé et nous offre une narration sobre mais efficace.

    Je suis séduite par l’auteur et ai hâte de me replonger dans une de ses œuvres.

     

      

      

     

      

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