• Malphas, Les cas des casiers carnassiers, Patrick SENECAL« Je m’appelle Julien Sarkozy. Oui, oui, je me prénomme bien Julien ! Professeur de littérature, je suis fin prêt pour ma première session au cégep de Malphas. Je vais d’abord rencontrer le directeur pédagogique, puis mes nouveaux collègues, et enfin mes étudiants. Mes étudiants dont certains ne verront pas la fin de la session ! »

    Julien Sarkozy, professeur de littérature, se retrouve au collège Malphas pour raisons inconnues. « Quand on se retrouve à enseigner à ce Cégep, c'est parce que nous n'avons plus le choix. C'est ça ou le chômage! » La première journée, un corps est retrouvé en morceaux dans un casier. Personne ne semble en faire un drame. À l'aide du journaliste marginal de Malphas, (qui ne l'est pas dans cette ville??) Julien enquêtera.  

     

    Mon avis :

     

    Inconditionnelle de Patrick Senécal après avoir rencontré cet auteur en novembre 2010 et dévoré quatre de ses romans, j’ai été tentée par son dernier né si bien vanté par Richard.

    Etant devenue l’heureuse propriétaire d’une liseuse à Noël, j’en ai profité pour télécharger ce roman, qui ne paraitra peut-être jamais chez nous, et pour m’y jeter à cœur perdu. Mais quelle déception !

    Qu’est-il arrivé à Patrick Senécal ? Pourquoi avoir radicalement changé de style ainsi ?

     

    Ma première déception vient du fait qu’il y a énormément de dialogues dans ce récit, ce qui n’est pas le cas dans les ouvrages précédents, assez descriptifs. La deuxième vient du vocabulaire vulgaire et salace employé à tout bout de champ par Julien Sarkozy, le « héros » de l’histoire. Je ne m’effarouche pas facilement mais doit-on vraiment savoir que chaque fois que Julien rencontre une nouvelle collègue, sa première pensée est de voir s’il pourrait la fourrer ? Terme châtié comparé à d’autres usités tout au long de l’histoire. D’accord, il est obsédé sexuel et cela lui a coûté son mariage. Mais ne pouvait-on le dire autrement ?

    La troisième déception vient du fait que ce Cégep regroupe les bannis et damnés du Québec tout entier, que ce soit des élèves ou des enseignants. Tous ceux qui ont été renvoyés, refusés, rejetés mais qui, en plus, forme une belle brochette de crétins aux défauts aussi nombreux que farfelus. Une caricature loufoque poussée à l’extrême avec un professeur Haïtien juif n’ayant aucun humour et fuyant la compagnie des autres, une autre nymphomane, un directeur passionné de scrapbooking et y passant le plus clair de son temps, sans se soucier le moins du monde des meurtres perpétrés dans son établissement… et j’en passe.

     

    Il y a cependant des points positifs dans ce livre et je m’en voudrais de les passer sous silence. Car Senécal n’est pas n’importe qui et sait écrire. Même si, ici, j’ai détesté son choix littéraire.

    Comme à son habitude, il plante le décor petit à petit, semant des indices ça et là qui ont toute leur importance au fur et à mesure du récit.

    Il se passe vraiment des choses bizarres à Saint Trailouin et on comprend que Julien – auteur de deux romans policiers -  veuille comprendre le dessous des choses. Pourquoi des corbeaux sont-ils présents à chaque fait divers ou événement important ? Comment expliquer les meurtres et les mises en scène macabres ? D’où vient cette odeur pestilentielle qui envahit le collège et que personne ne semble remarquer ?...

    A chaque fin de chapitre, il se passe un fait nouveau donnant envie de lire la suite afin de le comprendre. Et je me suis aussi laissé prendre au jeu.

    L’intrigue est bien présente et le suspens entier et là, au moins, on retrouve la griffe de l’auteur.

    Le héros, bien que vulgaire, cynique et agaçant au possible, est quand même le personnage le plus normal de la ville de Saint Trailouin et on assiste à sa plongée dans cette folie environnante au fur et à mesure de son enquête. Folie qu’il cherche à fuir, se débattant dans ce panier de crabes pour ne pas y disparaître à son tour.

     

    Ce récit fantastico-comique ne m’a vraiment pas plu et je ne lirai pas les deux volets à suivre. Senécal a voulu changer de registre, c’est son droit. Au vu des critiques trouvées sur les blogs, cela plaît outre Atlantique. Moi, je ne suis pas fan du grand guignol et n’ai pas prisé cette loufoquerie déjantée.

     

      

    J'inscris ce roman au challenge Petit Bac catégorie "Objet"

      

    Malphas, Les cas des casiers carnassiers, Patrick SENECAL

     

     

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  • Non Stop, Frédéric MARS9 septembre 2012, Manhattan. Un homme ordinaire reçoit une enveloppe anonyme et se met à marcher en direction du métro. À peine s’est-il arrêté sur le quai de la station qu’il explose, semant la mort autour de lui. Très vite, les mises en marche et explosions de ce genre se multiplient à une allure folle. Sam Pollack et Liz Mc Geary, les deux agents chargés de l’enquête, doivent admettre qu’ils sont confrontés à une attaque terroriste d’une envergure inouïe. Une attaque non revendiquée et d’autant plus difficile à contrer qu’elle transforme des innocents en bombes humaines, faisant d’eux les agents de ce scénario apocalyptique. Tous se sont vu implanter un pacemaker piégé dans les deux dernières années. Tous reçoivent ces fameuses enveloppes kraft et se mettent à marcher. S'ils s’arrêtent, la charge explosive se déclenche, où qu’ils soient. Quels que soient leur âge et leur couleur de peau. Grace, la propre fille de Sam Pollack, est concernée. Concerné aussi, un certain Stanley Cooper, président sortant des États-Unis, qui a caché à l'électorat son insuffisance cardiaque pour accéder au pouvoir… La cavale sans fin de ceux qu'on appelle les Death Walkers, les marcheurs de la mort, ne fait que commencer.

     

    Mon avis :

     

    Impossible d’échapper à ce roman. Il est partout sur les blogs depuis quelques mois. Si je ne le commente que maintenant, c’est parce que j’ai attendu longtemps l’envoi de la maison d’édition, suite au concours que j’ai gagné sur le blog de George. Merci George !

     

    Arrivé après les fêtes, au moment de la reprise du travail, j’ai attendu d’avoir un peu de temps pour le lire. Je l’ai dévoré en trois soirées, repoussant sans cesse le moment d’aller me coucher. Inutile de dire que j’ai apprécié ce récit haletant et bien conçu, dynamique et agréable à lire.

     

    L’auteur, que je lis pour la première fois, a une écriture fluide et concise qui ne s’embarrasse pas de détails inutiles. Même ses descriptions, qui nous plongent au cœur de l’action, ne nuisent pas au rythme. Elles confinent à l’hyperréalisme et scotchent le lecteur au récit. On sent derrière elle la pate du scénariste TV ayant peu de temps pour aller à l’essentiel.

    Le côté thriller, qui est ce qui m’a séduite en premier, de cette histoire terrifiante et plausible (même si invraisemblable au premier abord) est doublé de notions de géopolitiques joliment documentées ! Constituant la trame de recherche des enquêteurs - de la police de New York à la Cia en passant par le FBI, la NSA et toutes les agences de sécurité dont nous abreuvent les séries américaines – elles sont exposées avec suffisamment de simplicité pour être comprises par le plus grand nombre et nous ouvrent des portes de réflexion vraiment intéressantes.

    Menée tambour battant par des personnages nombreux mais à la personnalité bien construite (parfois un peu trop lisses mais toujours intéressants), l’enquête nous emmène au cœur même de la politique internationale et de l’Histoire récente. Ce récit, selon moi, est à lire au plus vite pour goûter au maximum l’intrigue, plongeant ses racines dans la situation politique, économique et sociale du monde de ces deux dernières années.
    Si je devais cependant reléver un bémol, ce serait pour la chute, un peu confuse.
     

    Grand merci à la maison Hachette pour cet envoi ; maison d’édition à laquelle j’aimerais demander pourquoi avoir choisi de publier ce roman dans une collection estampillée « pour ados ». Cela risque de le priver de lecteurs potentiels et c’est dommage.

     

      

     

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  • Destination Classiques, ITAK éditionsDestination Classiques, ITAK éditions

    Une fois n’est pas coutume, je voudrais vous parler d’une collection pour enfants très intéressante. 

    Au gré de mes balades sur Facebook, j’ai rencontré par hasard, le site de cette jeune maison d’éditions : Itak. Intriguée par son catalogue et notamment les romans classiques à la portée des enfants, j’ai envoyé un mail demandant s’il serait possible de recevoir deux récits en service presse afin de m’en faire une idée personnelle.

    Quelques semaines plus tard, je les recevais accompagnés d’un gentil petit mot me souhaitant bonne lecture.

     

    Je dois dire que la lecture fut bonne et le plaisir bien au rendez-vous. Par goût, j’avais choisi « Le fantôme de l’Opéra » de Gaston Leroux et parce que je n’ai pas accroché au roman, étant adolescente, « Le grand Meaulnes » d’Alain-Fournier.

     

    Autant vous prévenir de suite, ces récits sont adaptés et donc largement résumés pour pouvoir être lus à de jeunes enfants. Le but premier de cette collection est de faire découvrir de grands classiques de la littérature aux plus jeunes, à travers de petits albums illustrés, à leur portée. La trame et l’atmosphère du récit sont identiques. Mais l’histoire est condensée en une vingtaine de pages. Quatre professeurs des écoles ont collaboré à ces publications afin de coller au plus près à l’univers des petits.

     

    Agrémentés d’une présentation de l’auteur, d’une galerie des personnages et d’un vocabulaire expliqué, ces ouvrages sont à la fois didactiques et ludiques.

    Superbement illustrés – j’ai vraiment apprécié les dessins d’Emily Po’ pour « Le fantôme de l’Opéra » - ils vont à l’essentiel sans négliger les sensations et les rebondissements voulus par l’auteur. J’ai aimé me replonger dans ces histoires et me les remémorer de cette agréable manière.

     

    Je les ai volontairement laissé trainer dans le salon afin d’appâter d’éventuels lecteurs. Et ils ont mordu à l’hameçon ! Père et fils les ont ouverts, curieux, et lus avec autant de plaisir que moi. Le grand parce qu’il retrouvait des lectures scolaires enfouies dans ses souvenirs, le petit parce qu’il découvrait des histoires neuves et courtes, différentes de ses lectures habituelles.

     

    Une belle découverte qui concrétise une bonne idée des éditions Itak. Je ne peux que conseiller aux parents d’en faire eux-mêmes l’expérience avec leurs enfants. Même avant 8 ans, âge conseillé par les concepteurs.

     

    Un grand merci aux éditions Itak et à Véronique Breton pour cet envoi.

     

     

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  • La Princesse des glaces, Camilla LACKBERGErica Falck, trente-cinq ans, auteur de biographies installée dans une petite ville paisible de la côte ouest suédoise, découvre le cadavre aux poignets tailladés d'une amie d'enfance, Alexandra Wijkner, nue dans une baignoire d'eau gelée. Impliquée malgré elle dans l'enquête (à moins qu'une certaine tendance naturelle à fouiller la vie des autres ne soit ici à l'œuvre), Erica se convainc très vite qu'il ne s'agit pas d'un suicide. Sur ce point - et sur beaucoup d'autres -, l'inspecteur Patrik Hedström, amoureux transi, la rejoint. A la conquête de la vérité, stimulée par un amour naissant, Erica, enquêtrice au foyer façon Desperate Housewives, plonge clans les strates d'une petite société provinciale qu'elle croyait bien connaître et découvre ses secrets, d'autant plus sombres que sera bientôt trouvé le corps d'un peintre clochard - autre mise en scène de suicide.

     

    Mon avis :

     

    Je découvre Erica Falck et son univers avec ce premier roman et je suis séduite. Ce policier est de facture classique et le thème du secret n’est pas original mais tout y est minutieusement décrit, documenté et agencé de manière à garder le suspens jusqu’au bout. J’ai assez vite découvert le secret d’Alex – c’est presque trop clair dès le départ – mais je n’avais pas imaginé les circonstances et ce meurtrier-là.

     

    J’ai surtout aimé la description des personnages, tant physique que morale. L’auteur nous les dépeint avec justesse et sans cacher leurs failles, petites faiblesses ou gros défauts et cela rend crédible l’histoire et l’atmosphère dans laquelle elle se joue. Le poids des convenances, du regard des autres, des commérages est oppressant et tellement compréhensible dans un si petit village où les gens s’ennuient. Un hiver long et rude, peu d’activités, de distraction, de touristes… que faire d’autres que d’épier ses voisins. Le couple Hedström-Falck fonctionne et on sent très vite qu’il se retrouvera dans les romans à suivre.

     

    Ce n’est pas un policier haletant et vif mais une intrigue qui prend place dans un contexte précis avec des protagonistes ayant un passé commun et des liens, connus ou non. Rien n’est extraordinaire dans ce récit, c’est juste une histoire qui pourrait arriver à tout le monde. C’est aussi cela qui m’a plu. Plus que "Cyanure" qui m'avait laissée sur ma faim.

    On sent également que ce roman est le premier d'une série et il fallait bien planté le décor, expliquer qui était qui, et préparer le terrain pour les prochains épisodes.

     

    Un tout petit bémol, il arrive à l’auteur de taire des indices que ses personnages ont découverts.

    « Elle écouta le répondeur, mais coupa avoir de l’avoir écouté jusqu’au bout. Le visage blême, Erika raccrocha lentement. Tout à coup elle sut ce qui manquait dans la chambre à l’étage »

    En tant que lectrice, je trouve cette rétention d’information agaçante.

     

    Je pense que je lirai la suite des aventures d’Erika Falck pour observer, notamment, l’évolution des personnages et de leurs relations. Je suis ravie en tout cas de cette découverte qui, même si ce roman ne révolutionne pas le polar, est agréable à lire et tient en haleine jusqu'au bout. N'est-ce pas ce qu'on demande à un récit policier ?

     

    Ce commentaire paraît ce 12 janvier en hommage à Hubert Nyssen, fondateur des Editions Actes Sud.

    Il entre également dans trois challenges : celui des premiers romans, celui du Petit Bac dans la catégorie métier/fonction et le challenge voisins-voisines sur les auteurs européens, catégorie Suède.

      

    La Princesse des glaces, Camilla LACKBERGLa Princesse des glaces, Camilla LACKBERGLa Princesse des glaces, Camilla LACKBERGLa Princesse des glaces, Camilla LACKBERG

      

      

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    Sherlock Holmes : Jeu d'ombres de Guy RITCHIESherlock Holmes : Jeu d'ombres de Guy RITCHIESherlock Holmes : Jeu d'ombres de Guy RITCHIE

     

    1891. Des attentats ont lieu un peu partout en Europe. Les tensions sont vives entre la France et l’Allemagne. Sherlock Holmes enquête. Il ne tarde pas à découvrir que leur commanditaire n’est autre que le célèbre et redoutable professeur Moriarty, son ennemi juré. Lui qui a toujours été l’homme le plus intelligent de tous fait face à un rival doté une intelligence égale, voire supérieure, à la sienne. De plus, il n’a aucune conscience et est prêt à tout pourvu qu’il arrive à ses fins.

    Partout, la presse s’enflamme : en Inde, en Chine, à Strasbourg, Vienne ou aux Etats-Unis des morts mystérieuses d’industriels ou de grands patrons, des attentats et des meurtres défrayent la chronique. Apparemment, aucun lien ne semble les réunir. Mais Sherlock Holmes y discerne la volonté maléfique de Moriarty.

    Holmes compte sur l’appui de Watson pour l’aider à déjouer les plans de ce dangereux psychopathe qui a toujours un coup d’avance. Mais Watson ne pense qu’à se marier et Holmes aura bien du mal à l’entraîner cette fois dans ses aventures.

     

    Mon avis :

     

    Deuxième opus des aventures de Sherlock Holmes jouées par Robert Downey Jr et Jude Law, l’histoire commence environ six mois après les événements du premier long métrage. Londres (superbement reconstituée) est en pleine révolution industrielle et les découvertes scientifiques attirent les criminels qui voient là une belle opportunité d’enrichissement. Dépoussiérant le mythe tout en respectant le personnage créé par Conan Doyle, Guy Ritchie lui donne un rythme et une vitalité contemporaine. Actions, poursuites musclées, explosions et pugilats se succèdent à un rythme effréné. Le ton est noir mais l’humour et le fun donnent des scènes savoureuses.

     

    Le duo, remarqué lors de l’épisode précédent, fonctionne toujours aussi bien. Sherlock Holmes peaufine le charme irrésistible d’un sale gosse. Il est excentrique, agaçant, crade, déprimé quand il n’est pas sur une affaire ; souvent sous l’emprise de substances illicites, volontiers bagarreur, jaloux de l’éminent mariage de Watson… mais toujours doué d’un sens accru de l’observation et de la déduction ainsi que de talents scientifiques. Quant à Watson, il ne ressemble en rien au docteur pataud et rondouillard décrit par Conan Doyle. Excellemment interprété par Jude Law, il apparait lucide, courageux, ordonné et doté d’un sens de l’humour très british, le plaçant, non dans l’ombre de Holmes, mais à son niveau.

     

    Les puristes, amateurs inconditionnels des personnages de Doyle, reprocheront peut-être aux scénaristes ces libertés, mais je trouve que cela rend le tandem plus sympathique sans discréditer l’original. Ils remarqueront également l’hommage rendu à l’écrivain dans les dialogues, ponctués de tournures de phrases et du style de Doyle.

    L’histoire en elle-même est moins passionnante que celle du premier film mais la réalisation est bien ficelée et le plaisir réel.

    Enfin, comme dans le premier opus, on retrouvera l’utilisation de la caméra numérique à haute vitesse qui transpose visuellement les anticipations et visions mentales de Holmes lors de ses combats.

     

    Une adaptation librement inspirée des romans de Conan Doyle qui devrait donner aux jeunes, l’envie de découvrir l’œuvre de l’écrivain.

     

     

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  • Madame, vous êtes une prof de merde, Charlotte CHARPOTJeune enseignante, Charlotte Charpot est parachutée pour sa première affectation dans la banlieue de Nîmes. Rien ne lui sera épargné : élèves insolents, enfants battus, caillassage de voiture et indifférence de sa hiérarchie. Mutée à Bruxelles, la voilà plongée dans la réalité du « flexiprof » qui enseigne le français, l’histoire, la géo et pourquoi pas les claquettes, si le directeur l’exige, au milieu des insultes proférées aussi bien par les élèves que par les parents.

     

    Mon avis :

     

    Ce livre est paru en 2009 en Belgique mais il vient enfin de sortir en poche et cela donnera l’occasion aux Français de le lire car à sa sortie, il a été quelque peu censuré par leurs médias.

     

    Ce livre raconte sans langue de bois, de manière crue souvent, le parcours de cette jeune femme dans l’enseignement, en France puis en Belgique.

    Il révèle sans faux semblant les difficultés à enseigner dans certaines écoles ghetto de banlieue ou de quartiers difficiles. Violence physique, violence morale, injures, manque d’encadrement… le tableau est noir, très noir.

    L’auteur a écrit ce livre comme un appel à l’aide, non pour elle car elle a quitté l’enseignement, mais pour les profs qui vivent cela au quotidien. Ce pavé dans la marre, elle l’a jeté volontairement pour que l’on sache, que l’on comprenne, que tout cela n’est jamais dit ouvertement, jamais, ou si peu, évoqué par la presse et le public qui préfèrent dénigrer les enseignants, les stigmatiser pour leurs nombreux congés, les montrer du doigt pour les piètres résultats des élèves aux différentes épreuves européennes d’évaluation.

     

    Ce livre fait peur. Le quotidien raconté ici est effarant. Par moment, on se croirait dans un récit d’Huysmans ou Zola. Et je regrette que cela soit si noir car cela frise parfois la caricature. Je sais cependant que des écoles difficiles, cela existe, ainsi que des violences envers les profs et je compatis sincèrement. Mais bien qu’enseignant dans le qualifiant, je n’ai jamais vécu ce qui est décrit ici. Il faut donc éviter de généraliser la situation.

    Bien sûr, certains élèves sont difficiles, bien sûr certains sont grossiers, violents, agressifs… Ils sont à l’image de l’ensemble de la société.

     

    Ce que je regrette dans cet ouvrage c’est qu’il ne fait que poser des faits. Les dysfonctionnements évoqués ne me semblent pas tous s’appuyer sur des sources vérifiables et sérieuses. Beaucoup de choses restent vagues. Il y a aussi des erreurs et des interprétations quant à la présentation du système (complexe) scolaire belge. Ce n’est pas en l’ayant si peu fréquenté que l’on peut en cerner tous les tenants et les aboutissants.

    De plus, l’ouvrage ne propose pas de solution et ne s’attarde guère à contrebalancer le propos en racontant des moments positifs, agréables, des heures de cours réussies… Ne me dites pas que cela n’existe pas. Non, c’est juste un énorme ras-le-bol - que je comprends tout à fait - qui s’exprime ici.

     

    L’auteur appelle enfin à revaloriser la formation, la carrière et le métier d’enseignant. Mille fois d’accord. Mais comment ? Pas de piste ici non plus.

    Que ce soit en France ou en Belgique, nous vivons la crise de plein fouet et les secteurs non marchands sont les laissés pour compte. Personne n’a - ou ne veut accorder – l’argent nécessaire à une redynamisation et une revalorisation du métier. De plus, les syndicats ont une influence énorme dans le processus des négociations mais ne défendent pas toujours les mêmes priorités que celles que voudraient voir défendre les enseignants. Enfin, personne n’a jamais la volonté d’écouter les profs, de leur demander leur avis, préférant s’en référer à des pédagogues de salon, des spécialistes de la théorie ayant peu ou pas d’expérience de terrain.

    Le travail à faire est tellement monstrueux que personne n’a le courage de se lancer dans un chantier qui pourrait durer une décennie. Alors on pare juste au plus pressé.

     

    Les enseignants ne découvriront pas grand-chose de neuf dans ce constat mais j’espère au moins que le livre sera lu par des parents et qu’ils comprendront un peu mieux le beau et difficile métier que nous faisons parfois.

      

    Madame, vous êtes une prof de merde, Charlotte CHARPOT

     

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  • Il n'y a que les sots qui ne changent pas d'avis...

    J’avais dit « ce n’est pas pour moi », « je n’en veux pas ».

    J’avais essayé et pensé « cela fait mal aux yeux », « c’est fatiguant », « cela n’apporte rien de plus »…

      

    Et puis le Père Noël m’a fait la surprise d’en glisser une sous le sapin avec un argument imparable.

     

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