• Mes lecturesPier Klok est un rêveur, un candide, un naïf. Dépourvu de toute méchanceté, il voudrait voir les gens heureux. Pour lui, la vie est une grande fête forraine. Sa maladresse, sa différence font peur et on croit qu'il se moque. Alors on le chasse. Nous sommes sous l'occupation allemande. Pier va quitter son village d'adoption en Wallonie pour rejoindre la Flandre. Mais il n'y sera pas mieux accepté, si ce n'est par Staf den Bul qui va s'attacher à lui. Mais sa grande bonté et son éternelle joie de vivre le feront même échouer dans ses activités de résistant. Sera-t-il jamais à l'aise dans notre univers blasé et mesquin ?

    Mon avis :

    Ecrite en 1959, cette fable poétique attachante nous parle de la Belgique sous l'Occupation, des privations, des rancoeurs... Dans un monde de brutalité et de haine, Pier n'aspire qu'au bien, ne veut que le beau. Il est plein de bonnes intentions mais face aux injustices, il ne passe à l'action que si la mort entre en ligne de compte. Les méprises s'enchainent mais lui continue à y croire, ne se décourage pas. Il n'y a pas d'issue à cette situation. Pier restera incompris, mal à l'aise dans ce monde qui le blesse. Mais il nous aura donné à réfléchir sur notre condition d'homme.

    Prix Rossel en 1961, ce livre (et cet auteur) mériterait d'être connu.

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  • Mes lecturesSur fond de racisme ordinaire, Kathrin  Stockett nous conte une histoire émouvante et palpitante où l’amour et la générosité se lisent entre les lignes à chaque page.

    Nous sommes dans les années 60, à Jackson, Mississipi. Trois femmes, deux bonnes noires et une jeune fille blanche, de bonne famille, aussi différentes que complémentaires, n’ont qu’un but : faire connaître à l’Amérique toute entière, la situation des domestiques noires dans ce milieu encore ségrégationniste. A travers trois personnages de femmes, l’auteur nous brosse, sans complaisance mais avec beaucoup de tendresse, la société de l’époque, tant du côté des blancs, que de celui des noirs. Le paradoxe principal n’est-il pas de voir ces femmes blanches confier leur bien le plus précieux – leur enfant – à ces bonnes, qu’elles ne cessent par ailleurs de dénigrer et d’accuser des pires maux, tandis que ces bonnes « abandonnent » leurs propres enfants pour s’occuper presque corps et âme de ceux de leur patronne ?

    Le style agréable mêlant dialogue léger et conversation plus profonde dessine peu à peu le caractère de ces femmes ainsi que leurs petits secrets et leurs espoirs. L’alternance des narrateurs apportent du relief au récit et l’humour est présent malgré la gravité du sujet.

    Rempli d’émotion vraie et d’humanisme, ce roman restera sans doute ma plus belle lecture de l’année. J’ai adoré !

     

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  • Mes lecturesPetite, je me croyais anormale; Je suis ravie que tu fréquentes mon frère; Mon mari ne me touche pas depuis des lustres; Je ne vois pas pourquoi il me tromperait; J’ai toujours su que j’étais la mère de mon neveu; L’amour n’est pas un spectacle; Si je meurs, pense à Hugues Aufray.
    Jamais à une fantaisie près, chacun ici vit dans sa bulle, à travers laquelle les images du monde parviennent déformées, fêlées, désespérées. A moins que, faisant office de loupe, celle-ci permette de mieux scruter certains détails troublants de vérité.

    Mon avis :

    Cette 4e de couverture m'a attirée de suite. Je n'ai pas été déçue.

    Une trentaine de nouvelles, des monologues pour la plupart, nous décrivent en quelques pages le quotidien d'hommes et de femmes ordinaires. Chacun vit dans une bulle, enfermé dans ses préoccupations, ses valeurs, ses a priori ou son utopie. Drôles, émouvantes, amères ou acerbes, elles croquent finement nos travers, nous proposant des chutes le plus souvent inattendues.

    Soumission, bêtise, aveuglement, malveillance, mauvaise foi... enferment ces personnages qui ne s'en rendent même pas compte. Et on s'amuse à changer les prénoms des titres pour y placer ceux de notre entourage... ou le nôtre.

    A déguster sans modération.

     

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  • Mes lecturesTout commence par un article que Marianne, chercheuse en sciences humaines et journaliste, envoie à Michel éminent sociologue, universitaire de renom. Un échange de courriels débute entre eux. De message en message, Marianne se laisse entrainer dans une conversation de plus en plus intime, passant du marivaudage badin aux envois plus érotiques. Lui voudrait brûler les étapes et la rencontrer au plus vite, elle souhaiterait en rester à des échanges intellectuels. Après avoir refusé deux rencontres et s'être brouillé avec lui plusieurs mois, elle accepte, sans trop savoir pourquoi, de l'accompagner à un colloque sur les trouble sexuels où il lui a demandé d'intervenir. Surprise ! Elle qui s'attendait à découvrir un vieil universitaire machiste et grossier se retrouve face à un Richard Gere, élégant et maladroit. Elle se sent très vite mal à l'aise à ses côtés et pourtant, elle va devoir le subir en voiture, jusqu'à Nice...

    Mon avis :

    Je ne sais trop pourquoi, ce roman a trainé dans ma PAL pendant trois ans. En mal de lecture, je l'ai commencé le week-end dernier et le voici achevé.

    Ce roman sur la séduction est plaisant par bien des côtés. D'abord, le style varié, passant de l'échange de courriels à la description du voyage et du colloque, nous plonge directement dans le vif du sujet. Michel, mélange d'égoïsme et de délicatesse envers les autres, de vulgarité et de raffinement, n'est pas seulement dépeint par Marianne, il s'offre lui-même à la découverte par ses écrits. Ensuite l'intrigue romanesque au déroulement inattendu amuse autant qu'elle nous renvoie à nos propres images de la séduction et à notre perception des relations homme-femme. Enfin parce qu'on découvre au fil des pages que Michel n'est peut-être pas celui qu'on craint et Marianne celle qu'on croit. Jusqu'au dénouement final, inattendu. Voilà une fine observation de nos semblables. Un plaisant moment de lecture.

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     Pauvre  Amélie Nothomb, assassinée par un amant japonais sur une route de campagne, en pleine nuit, au retour d'un Salon du Livre de Province. Mais ça n'est qu'un début. Son cadavre est kidnappé quelques instants plus tard par un écrivain dépressif qui passait par là à bord d'une Renault 5 archaïque. Et voici la romancière bientôt enterrée dans un sous-bois, puis déterrée, puis ré-enterrée, tout ça sur fond d'alerte nationale: Anémie Lothomb a disparu.

    Mon avis :

    Jusqu'où peut aller un écrivain méconnu pour qu'on s'intéresse à ses livres ? C'est le propos qui soutend cette intrigue. Nous suivons ici les tribulations loufoques d'un écrivain en mal de reconnaissance, qui n'a pas prévu de kidnapper Anémie Lothomb. Mais l'occasion fait le laron. Il voit là un moyen de faire parler de lui. Il mettra tout en oeuvre pour avoir aussi son heure de gloire.

    L'auteur, qui sait de quoi il parle, nous propose une définition sans complaisance de l'écrivain : un graphomane compulsif, doublé d'un vaniteux instable qui espère se faire un nom dans les lettres et être reconnu dans la rue, tout en jetant ses droits d'auteur par la fenêtre. Les écrivains apprécieront.

    Ce roman est une satire du monde littéraire, mêlant avec délice, humour, cruauté et lucidité. Une fable sur la différence entre notoriété et talent où ni les écrivains, ni les lecteurs ne sont  épargnés.

    Un très bon moment de lecture.

     

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  • Mes lecturesIris hérite un jour d'une grande tante qu'elle ne connaît pas. Personne ne lui en a jamais parlé. Esme n'a pas disparu. A 17 ans, elle a été enfermée dans un asile par ses parents et oubliée, rayée de la mémoire de tous. C'est ainsi que la famille d'Iris règlait ses problèmes. Esme n'est ni folle, ni malade. Elle refusait simplement de se plier aux codes de bonne conduite édictés par sa famille et d'entrer dans les carcans que la société imposait aux femmes. Pour sa rebellion, elle aura payé le prix fort.

    Mon avis :

    Plus qu'un roman sur la bourgeoisie du début du 20e siècle et une réflexion sur la condition de la femme, ce livre est avant tout une histoire de famille et de secrets. Comment la grand-mère d'Iris a-t-elle pu laisser sa soeur dans un asile pendant plusieurs décennies ? Pourquoi n'a-t-elle pas réagi, désobéi ? Qu'avait donc fait Esme pour mériter un tel châtiment ? Ce sont là quelques-unes des questions auxquelles Iris tentera de répondre.

    Distillées au compte gouttes et non chronologiques, les révélations faites à Iris tiennent le lecteur en haleine dès le départ. Le style particulier, fait de phrases courtes et inachevées, respecte l'âge des protagonistes dont l'une est atteinte de la maladie d'Alzheimer. S'il surprend au départ, il permet aux lecteurs de reconstituer lui-même, bribe par bribe, la trame de cette histoire cruelle. Une lecture plaisir riche en émotions.

     

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  • Mes lecturesJulius a été élève au collège St Boniface. Son physique de poireau entrainait les moqueries. Il admirait Jean-François, le cancre facétieux, le rebelle ironique, et le craignait tout à la fois. Lui, il n'était personne dans ce collège. Le jour où il ose un coup d'éclat - idiot - il est aussitôt renvoyé. Des années plus tard, leurs chemins vont se croiser à nouveau. Sans le savoir, la même jeune fille, Charlotte, entre dans leur vie. Et les lunettes ? Un cadeau du père de Julius pour se dédouaner ; un cadeau précieux, dit-il. Julius le croit. Il pense les offrir à Charlotte, comme gage de son amour. Mais Jean-François compte sur elles pour se sortir d'un très mauvais pas.

    Mon avis :

    Un roman complexe, partant dans tous les sens. Ce n'est ni drôle, ni tendre, ni exaltant. Les personnages haut en couleurs coincés dans une vie monotone où se succèdent les coups durs sont supposés faire rire. Ils m'ont fait pitié. Je n'ai pas aimé.

    Armel Job retrouve ici ses thèmes favoris : le collège de Jésuites, l'internat, la famille, les gens d'origine modestes... Les dépeint-il avec tendresse ou y trouve-t-il matière à moquerie ? Je n'ai pas encore tranché.

    Publié chez Mijade en roman jeunesse, je me demande vraiment ce qui pourraient plaire à des adolescents dans ce roman.

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