-
Par argali le 6 Mai 2019 à 22:30
Il fut un temps où la terre d'Orïsha était baignée de magie. Mais une nuit, tout a basculé, le roi l'a faite disparaître et a asservi le peuple des majis. Zélie Adebola n'était alors qu'une enfant. Aujourd'hui, elle a le moyen de ramener la magie et rendre la liberté à son peuple ; même si face à elle se dresse le prince héritier du trône, prêt à tout pour la traquer. Dans une Afrique imaginaire où rôdent les léopardaires blancs et où les esprits ont soif de vengeance, Zélie s'élance dans une quête périlleuse...
Mon avis :
Je ne suis pas fan de fantasy et je ne sollicite pas ces romans mais comme Nathan m’a gentiment envoyé ce roman, je me suis fait un devoir de le lire.
Ce roman diffère de ce qu’on a l’habitude de trouver d’ordinaire en fantasy. Les origines nigérianes de l’auteure y sont sans doute pour beaucoup. Le récit se déroule en Afrique et fait la part belle aux contes et légendes qui scandent la vie des Africains depuis toujours. L’héroïne, Zélie, est africaine, comme Tzain, Amari et Inan, et c’est bien. (Fallait-il d’ailleurs attendre une auteure africaine pour que cela arrive ?) Elle a perdu sa mère dans son enfance, en même temps que la magie a disparu de son monde. Sa mission est de la restaurer et de venger le génocide du peuple des majis et l’oppression qu’ils subissent. On ne peut s’empêcher d’y voir une allégorie de l’Histoire et l’auteure n’hésite d’ailleurs pas à établir des parallèles avec notre propre monde.
Le racisme et la violence sont deux thèmes omniprésents dans ce roman. Ils mettent en lumière une intéressante réflexion sur le concept de race, sur les considérations liées à la couleur de peau notamment et les préjugés qui en découlent. Par le questionnement des personnages, l’auteure remet en cause les valeurs et notions héritées et véhiculées par l’éducation reçue.
Le rythme est soutenu, les rebondissements nombreux et l’alternance des points de vue des personnages accentuent ce rythme.
Certains passages sont particulièrement durs mais la culture africaine est à la base de ce roman, il était normal de ne pas édulcorer les faits.
Les amateurs du genre seront peut-être déçus de ne pas trouver une description précise de l’univers dans lequel évoluent les personnages qui reste très peu estompé, les rapports humains étant clairement la priorité de Tomi Adeyemi.
Original et intelligent, ce n’est pas seulement une belle aventure mais une réflexion plus vaste sur l’oppression, le pouvoir et la supériorité des uns sur les autres. Ce roman jeunesse devrait être donné à lire aux adolescents dès 13 ans car il déjoue avec justesse les a priori raciaux. Premier tome d’une trilogie, il nous propose une fin digne de l’histoire narrée et donne envie de lire la suite.
5 commentaires -
Par argali le 8 Mars 2019 à 00:00
Cent destins de femmes héroïques du monde entier, d’hier et d’aujourd’hui. Cent histoires de femmes extraordinaires à travers l’histoire et le monde : Rosa Parks, Serena Williams, Malala Yousafzai, Anna Politivskaïa, les soeurs Brontë, Florence Nightingale…
Ces femmes du monde entier, connues ou inconnues, jeunes et moins jeunes, ont toutes un parcours étonnant. Elles sont architectes, championnes de boxe, scientifiques, activistes, musiciennes… Leurs histoires inspireront les filles et les garçons, dès l’âge de 5 ans. Plus de 60 artistes, toutes des femmes, illustrent les portraits de ces héroïnes du quotidien.
Mon avis :
En cette journée internationale des droits des femmes, quel autre ouvrage aurait le mieux convenu ? Ce livre est un immense succès à travers le monde et compte près d’un million d’exemplaires vendus.
Ses auteures Elena Favilli et Francesca Cavallo sont respectivement journaliste et écrivaine et écrivaine et metteure en scène.
Si l’on connait de nombreuses figures féminines présentées dans cet ouvrage, son intérêt réside non seulement dans la découverte des autres mais dans le fait qu’elles soient toutes rassemblées ici sur un pied d’égalité. Pour chaque femme rebelle, une page résume la vie, le combat, les recherches… et une autre l’illustre de manière délicieusement naïve. Plus de cinquante illustratrices de par le monde ont participé à cet ouvrage hors du commun.
De la mathématicienne Ada Lovelace à l’astronome Zhenyi Wang en passant par les sœurs Brontë, Marie Curie, Florence Nightingale ou Nina Simone, ce très bel ouvrage nous présente pas moins de cent destins de femmes exceptionnelles.
Mais même si ce recueil est un immense succès, il ne doit pas nous faire oublier que rien n’est jamais acquis et que, plus que jamais, nous devons rester attentif à la place de la femme dans notre société. Les fillettes doivent savoir qu’elles rencontreront des obstacles dans leur vie mais que ces obstacles peuvent être surmontés et les rendront probablement plus fortes. Avoir confiance en soi peut changer le monde !
A la fin du livre, j’ai apprécié les pages vierges qui permettront aux lectrices d’écrire leur histoire et de se dessiner de manière à faire partie intégrante de ces cent filles rebelles.
Un deuxième tome est sorti et a déjà rejoint celui-ci dans ma bibliothèque.
A lire et à offrir sans modération.
6 commentaires -
Par argali le 3 Mars 2019 à 18:00
Le printemps est là, et pourtant, un épais brouillard a envahi l’archipel suédois. D’après la légende ancestrale, cette brume opaque annonce de terribles événements. Bientôt, elle va noyer les navigateurs et perturber les signaux des GPS, troublant l’équilibre de l’île. Changelin parmi les humains, la jeune Tuva tente par tous les moyens de découvrir la vérité, sur elle-même et sur le danger qui menace sa terre natale.
Mon avis :
Dans ce tome 2, on retrouve les mêmes personnages et l’archipel où ils vivent entre Harö à Sandham mais l’histoire se renouvelle totalement. Cette fois, c’est un brouillard dense et mystérieux qui fait la une des conversations et des préoccupations des iliens. Certains disent que c’est une brume du printemps, d’autres qu’il est maléfique. D’ailleurs le printemps tarde à s’installer. N’est-ce pas un signe ? Tuva sait, elle, qu’il n’est pas naturel ce brouillard. Il semble vouloir étouffer les humains qui s’y retrouvent emprisonnés. Et cette voix qu’elle entend dans sa tête : « Tu ne peux rien y faire, fille de l’eau. Le pacte est rompu. » Qu’est-ce que cela signifie ? Quand une climatologue et ethnologue suédoise annonce, lors d’un reportage, que tout cela est inquiétant et a des conséquences sur la faune et la flore. Tuva sait qu’elle doit la rencontrer. Son statut la pousse à agir pour sauver les humains et à tout faire pour éloigner ce danger.
Une fois encore, Viveca Sten et sa fille mêlent adroitement récit d’aventures, légendes et écologie. Tout au long de l’histoire, elles n’hésitent pas à parler de la conservation du littoral, de la qualité des eaux, de la nécessité de manger sainement, d’éviter le gaspillage ou encore la pollution de notre environnement. Elles redisent inlassablement que la mer Baltique est la plus polluée du monde et que vu sa faible profondeur (55m) elle est particulièrement sensible à la pollution. Derrière l’histoire de Tuva, les mystères qui entourent sa naissance et son identité, il y a un réel enjeu de société.
On ne s’étonne donc pas de savoir que Greta Thunberg est suédoise. La préservation de l’environnement est un leitmotiv là-bas et une prise de conscience qui n’est pas nouvelle.
Si le rythme est un peu plus lent que dans le tome un, le roman n’en est pas moins addictif car le mystère reste entier durant les dix jours que compte l’enquête de Tuva. Le lecteur est entrainé dans une course contre la montre palpitante où il tente de dénouer la véracité des faits des mythes ancestraux.
Un deuxième tome réussi qui complète parfaitement le premier.
3 commentaires -
Par argali le 12 Janvier 2019 à 17:30
Hacker aussi doué que discret, Alex a réussi à retracer son père disparu et à le rencontrer brièvement. Celui-ci lui révèle alors qu’il travaille à l’élaboration d’un certain type de codage pour ADNchaos, un puissant groupe de pirates informatiques. Il ignore toutefois ce que ces criminels veulent en faire.
Mon avis :
A la fin du 1er tome, Alex avait retrouvé, grâce à Camille, la trace de son père dans leur ville alors qu’il le pensait à l’étranger. Bien décidé à comprendre, il arrive à le rencontrer brièvement malgré la surveillance dont il est l’objet. Il apprend alors que son père connait le patron de la société ADNchaos, un ancien ami qui ne lui veut pas que du bien. Inquiet pour Camille qui va devoir travailler pour eux après leur avoir demandé de l’aide, Alex est bien décidé à déjouer les plans de ce Christopher Mc Intyre. Il compte ainsi rendre la liberté à son père et éviter à Camille d’être à son tour prise dans ses filets. Ce qui ne sera pas une mince affaire.
Cette suite nous permet de comprendre ce qui se trame vraiment et répond aux questions que l’on se posait à la fin du premier tome. L’intrigue propose toujours de nombreux rebondissements mais ceux-ci m’ont parfois semblé moins crédibles. N’oublions pas que nous avons affaire à des adolescents évoluant dans un milieu de criminels. La facilité de certains dénouements me laisse perplexe.
Cependant, ce roman met toujours l’accent sur les technologies informatiques et leur maîtrise, insistant sur les dangers potentiels de celles-ci quand elles tombent entre de mauvaises mains. Il y a là une belle réflexion à opérer avec des adolescents.
Les relations familiales difficiles, l’absence d’un parent, les relations amoureuses et le décrochage scolaire sont aussi présents en arrière-plan.
Agréable à lire, court et efficace, ce roman accrocheur plaira sans nul doute aux jeunes autant que le précédent.
votre commentaire -
Par argali le 5 Janvier 2019 à 18:00
Vince Luca rêve d’une vie normale. Difficile quand votre père est un des parrains de la mafia new-yorkaise. Cadavres dans le coffre et avocats véreux constituent son quotidien, et il est le seul membre de sa famille à réprouver les activités du clan. Pour ne rien arranger, voilà qu’il tombe amoureux de Kendra, la fille d’un agent du FBI… qui rêve d’épingler son père !
Mon avis :
Ce roman jeunesse, accessible dès 13 ans, est un petit régal d’humour.
Alors que personne n’ose contrarier Anthony Luca, respecté parrain de la pègre locale, son plus jeune fils, Vince, 17 ans, ne veut rien avoir à faire avec son business, son argent et tout ce qui tourne autour. Bien sûr, il profite indirectement de l’argent de son père : il a une belle maison, une vie confortable, une mère qui ne travaille pas et a tout le temps de cuisiner de bons petits plats et de tenir sa maison impeccablement… mais il est aussi amené à surveiller tout ce qu’il dit car la maison est truffée de micros. Et quand les « oncles » viennent chez lui, tout le monde se retrouve à la cave, seul endroit qui semble échapper aux oreilles du FBI. Tout va se compliquer encore quand Vince va tomber amoureux de Kendra, la fille d’un agent important.
Ce récit plein de rebondissements et de situations rocambolesques est un festival d’humour. Que ce soit Vince et son humour pince sans rire, Alex son meilleur ami aussi encombrant que sympathique, le passe-temps du père, menuisier raté ou le premier rancard amoureux de Vince qui tourne au cauchemar, tout est raconté de manière subtilement ironique.
On ne s’ennuie pas un instant dans cette lecture. La narration de Vince est accrochante et ses états d’âme, dans les situations du quotidien, parleront aux jeunes. Comme tout ado, il se cherche, essayant de trouver sa voie en s’affranchissant de l’influence de son père. Et ses premiers émois amoureux ne sont pas particulièrement vécus sereinement vu le métier du père de Kendra. Ah, ce n’est pas simple d’être le fils d’un mafieux !
L’intrigue est bien construite, délicieusement subversive et dynamique et à la fin, la morale est sauve. C’est un roman intéressant et très divertissant qui plaira aux lecteurs les plus récalcitrants.
3 commentaires -
Par argali le 29 Décembre 2018 à 00:00
Je m’appelle Cléo et j’aurai bientôt 15 ans, 1 mois et 20 jours. Cette date est importante pour moi car c’est à cet âge-là que tu es morte, ma chère Anne Frank. Tu es mon écrivaine préférée ! Alors j’ai décidé de m’adresser à toi dans ce nouveau carnet. Je vais te raconter ce qui m’interroge, me fait rire ou me bouleverse. Toutes ces choses que je n’oserais jamais dire à voix haute : le voile devant les yeux de ma mère ; ma meilleure et parfois cruelle amie Bérénice ; ma grande sœur, si forte et déterminée ; Dimitri, mon amour d’enfance perdu de vue ; la complexité du monde. Mais aussi mon reflet, si mouvant qu’il m’échappe… ou parfois se brise.
Je vais te parler de nos éclats de miroirs. Les tiens, les miens, les leurs.
Mon avis :
J’ai aimé l’idée de départ. Cléo rédige son journal intime et l’adresse à Anne Frank, dont l’ouvrage l’a marquée, et signe Kitty chacune de ses lettres.
Nous découvrons la vie d’une collégienne aux prises avec des relations familiales tendues (sa mère, veuve depuis son enfance, a vécu difficilement cette situation durant de longues années et là, elle souhaite refaire sa vie) et peu amis sur qui compter. Son amie Bérénice, à laquelle Cléo trouve des excuses, est toxique et elle n’est pas aussi proche de sa sœur, Mélodie, qu’elle le voudrait même si elle l’admire beaucoup. Tout cela aurait pu donner un roman riche. Non seulement en raison de son entourage mais parce que Cléo est en pleine adolescence, se cherche et se questionne sur des sujets qui intéressent toutes les adolescentes, comme ils ont intéressé et perturbé Anne Frank à l’époque.
Hélas, je suis restée sur ma faim. Sans doute les 168 pages du roman y sont-elles pour quelque chose. C’est trop peu pour entrer dans des détails ou des analyses un peu développées.
L’écriture de l’auteure est pourtant attrayante et on trouve dans ce récit de très jolis passages. Mais on ne peut pas dire qu’il y ait réellement une histoire avec une situation initiale et une situation finale. Il manque, je dirais, une suite logique aux pensées de Cléo, un fil conducteur. Par conséquent, on reste à la surface des choses, rien n’est vraiment approfondi que ce soit les relations entre les personnages ou les personnages eux-mêmes.
Florence Hinckel nous propose une belle histoire, joliment rédigée mais peu consistante à mes yeux d’adulte. Je pense cependant qu’elle pourrait toucher de très jeunes filles (12 ans) connaissant les mêmes préoccupations et qui s’identifieront facilement à l’héroïne. D’autant que ce roman est agréable à lire et très court.
Il paraîtra le 17 janver prochain.
Je remercie les éditions Nathan pour cet envoi présenté dans un joli coffret et accompagné d’un carnet blanc et rose comme la couverture du livre et d’un stylo bille assorti. Une charmante attention en ces jours de fêtes.
votre commentaire -
Par argali le 15 Décembre 2018 à 00:01
New York, hôpital Hilltop. Richard Casey aura bientôt 18 ans. Comme tous les adolescents, il voudrait faire la fête, draguer, s’envoyer en l’air, tomber amoureux, danser, fumer, boire, et tout recommencer.
La différence, c’est que Richard sait qu’il ne fêtera jamais ses 19 ans. Il est un peu plus pressé que les autres et, pour vivre fort, il lui faut déjouer les pièges de tous ceux qui préféreraient le voir vivre un peu plus longtemps. Heureusement, Richard a de la ressource, du courage et un solide sens de l’humour. Alors il va ruer dans les brancards. Et si Dieu le déteste, il est prêt à rendre coup pour coup.
Vous n’êtes pas près d’oublier Richard Casey, comment il mena une révolution contre le corps médical, se glissa dans les draps de la jolie fille de la 302, réussit une évasion périlleuse avec la complicité d’un oncle dysfonctionnel, évita de tomber sous les coups d’un père vengeur, et joua finalement son destin au poker, dans un des plus beaux bluffs jamais montés contre le sort.
Mon avis :
J’ai découvert ce roman sur de nombreux blogs amis et j’ai fini par me laisser tenter. Je pense que le temps passé entre sa sortie et ma lecture a contribué à ce qu’il me séduise.
Malgré la gravité du sujet, jamais ce roman ne tombe dans le pathos et le larmoyant. Richard est un ado fort et fragile à la fois, apeuré par la fin inéluctable et débordant d’énergie. Il a un humour mordant qui fait sourire et des moments de lucidité qui émeuvent lorsqu’il raconte sa vie à l’hôpital et sa relation avec sa maman.
Ce roman relate une histoire comme tant d’autres, hélas : le combat douloureux, et épique, de la vie contre la mort. Au cœur du service des soins palliatifs, au milieu de malades affaiblis mais combatifs, des tensions et des petites joies du quotidien, Richard Casey nous raconte les coulisses de l’hôpital. Il nous confie les amitiés entre patients, entre patients et infirmiers, les bisbrouilles comme dans toutes relations humaines, les soins autrefois difficiles à vivre car ils mettent à mal la pudeur mais qui sont devenus routiniers, les effets secondaires des traitements… Pour oublier l’enfermement, Richard a décidé de vivre pleinement ses derniers moments. Il refuse d’attendre la fin dans son lit et provoque un joyeux bordel à l’hôpital.
J’ai aimé le parti pris du propos qui voit d’abord en Richard un adolescent de 17 ans. Et comme tous les ados, il veut profiter de la vie, connaitre l’amour, prendre sa première cuite, braver les interdits. Ce point de vue bouleverse nos idées toutes faites sur l’aménagement de fin de vie et le rapport à la maladie.
Ce récit nous fait passer par toutes les émotions sans jamais nous apitoyer. Les étincelles de vie que Richard sème sur son chemin touchent par leur justesse. On sort de ce roman secoué mais content de l’avoir lu.
8 commentaires
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique