• Nos éclats de miroir, Florence HENCKELJe m’appelle Cléo et j’aurai bientôt 15 ans, 1 mois et 20 jours. Cette date est importante pour moi car c’est à cet âge-là que tu es morte, ma chère Anne Frank. Tu es mon écrivaine préférée ! Alors j’ai décidé de m’adresser à toi dans ce nouveau carnet. Je vais te raconter ce qui m’interroge, me fait rire ou me bouleverse. Toutes ces choses que je n’oserais jamais dire à voix haute : le voile devant les yeux de ma mère ; ma meilleure et parfois cruelle amie Bérénice ; ma grande sœur, si forte et déterminée ; Dimitri, mon amour d’enfance perdu de vue ; la complexité du monde. Mais aussi mon reflet, si mouvant qu’il m’échappe… ou parfois se brise.

    Je vais te parler de nos éclats de miroirs. Les tiens, les miens, les leurs.

     

     

    Mon avis :

     

    J’ai aimé l’idée de départ. Cléo rédige son journal intime et l’adresse à Anne Frank, dont l’ouvrage l’a marquée, et signe Kitty chacune de ses lettres.

    Nous découvrons la vie d’une collégienne aux prises avec des relations familiales tendues (sa mère, veuve depuis son enfance, a vécu difficilement cette situation durant de longues années et là, elle souhaite refaire sa vie) et peu amis sur qui compter. Son amie Bérénice, à laquelle Cléo trouve des excuses, est toxique et elle n’est pas aussi proche de sa sœur, Mélodie, qu’elle le voudrait même si elle l’admire beaucoup. Tout cela aurait pu donner un roman riche. Non seulement en raison de son entourage mais parce que Cléo est en pleine adolescence, se cherche et se questionne sur des sujets qui intéressent toutes les adolescentes, comme ils ont intéressé et perturbé Anne Frank à l’époque.

    Hélas, je suis restée sur ma faim. Sans doute les 168 pages du roman y sont-elles pour quelque chose. C’est trop peu pour entrer dans des détails ou des analyses un peu développées.

    L’écriture de l’auteure est pourtant attrayante et on trouve dans ce récit de très jolis passages. Mais on ne peut pas dire qu’il y ait réellement une histoire avec une situation initiale et une situation finale. Il manque, je dirais, une suite logique aux pensées de Cléo, un fil conducteur. Par conséquent, on reste à la surface des choses, rien n’est vraiment approfondi que ce soit les relations entre les personnages ou les personnages eux-mêmes.

    Florence Hinckel nous propose une belle histoire, joliment rédigée mais peu consistante à mes yeux d’adulte. Je pense cependant qu’elle pourrait toucher de très jeunes filles (12 ans) connaissant les mêmes préoccupations et qui s’identifieront facilement à l’héroïne. D’autant que ce roman est agréable à lire et très court.

    Il paraîtra le 17 janver prochain.

    Je remercie les éditions Nathan pour cet envoi présenté dans un joli coffret et accompagné d’un carnet blanc et rose comme la couverture du livre et d’un stylo bille assorti. Une charmante attention en ces jours de fêtes.

     

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  • Dieu me déteste, Seamon HOLLISNew York, hôpital Hilltop. Richard Casey aura bientôt 18 ans. Comme tous les adolescents, il voudrait faire la fête, draguer, s’envoyer en l’air, tomber amoureux, danser, fumer, boire, et tout recommencer.

    La différence, c’est que Richard sait qu’il ne fêtera jamais ses 19 ans. Il est un peu plus pressé que les autres et, pour vivre fort, il lui faut déjouer les pièges de tous ceux qui préféreraient le voir vivre un peu plus longtemps. Heureusement, Richard a de la ressource, du courage et un solide sens de l’humour. Alors il va ruer dans les brancards. Et si Dieu le déteste, il est prêt à rendre coup pour coup.

    Vous n’êtes pas près d’oublier Richard Casey, comment il mena une révolution contre le corps médical, se glissa dans les draps de la jolie fille de la 302, réussit une évasion périlleuse avec la complicité d’un oncle dysfonctionnel, évita de tomber sous les coups d’un père vengeur, et joua finalement son destin au poker, dans un des plus beaux bluffs jamais montés contre le sort.

     

    Mon avis :

     

    J’ai découvert ce roman sur de nombreux blogs amis et j’ai fini par me laisser tenter. Je pense que le temps passé entre sa sortie et ma lecture a contribué à ce qu’il me séduise.

    Malgré la gravité du sujet, jamais ce roman ne tombe dans le pathos et le larmoyant. Richard est un ado fort et fragile à la fois, apeuré par la fin inéluctable et débordant d’énergie. Il a un humour mordant qui fait sourire et des moments de lucidité qui émeuvent lorsqu’il raconte sa vie à l’hôpital et sa relation avec sa maman.

    Ce roman relate une histoire comme tant d’autres, hélas : le combat douloureux, et épique, de la vie contre la mort. Au cœur du service des soins palliatifs, au milieu de malades affaiblis mais combatifs, des tensions et des petites joies du quotidien, Richard Casey nous raconte les coulisses de l’hôpital. Il nous confie les amitiés entre patients, entre patients et infirmiers, les bisbrouilles comme dans toutes relations humaines, les soins autrefois difficiles à vivre car ils mettent à mal la pudeur mais qui sont devenus routiniers, les effets secondaires des traitements… Pour oublier l’enfermement, Richard a décidé de vivre pleinement ses derniers moments. Il refuse d’attendre la fin dans son lit et provoque un joyeux bordel à l’hôpital.

    J’ai aimé le parti pris du propos qui voit d’abord en Richard un adolescent de 17 ans. Et comme tous les ados, il veut profiter de la vie, connaitre l’amour, prendre sa première cuite, braver les interdits. Ce point de vue bouleverse nos idées toutes faites sur l’aménagement de fin de vie et le rapport à la maladie.

    Ce récit nous fait passer par toutes les émotions sans jamais nous apitoyer. Les étincelles de vie que Richard sème sur son chemin touchent par leur justesse. On sort de ce roman secoué mais content de l’avoir lu.

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  • L'étrange ville de Grimsly, Alyson NOELÀ Trembleterre, tout est magique. Certains peuvent voler, on y suit des cours pour apprendre à tordre les cuillers par la pensée, les chiens donnent naissance à des cochons et, au final, il n'y a que le jeune Grimsly, 12 ans, qui est anormalement ordinaire. Aussi, quand un malfrat dérobe les ossements du cimetière pour animaux, la source même de la magie de la ville, le pire est à craindre et Trembleterre est en passe de devenir... normale. Grimsly et ses amis se lancent alors à la recherche des coupables. Au risque de déterrer un complot dangereusement mortel.

     

    Mon avis :

     

    Un village qui ne voit jamais le soleil et où une source coule à l’envers. Des habitants dotés de pouvoirs uniques et magiques. Un tremblement de terre quotidien. Des animaux bizarres. Un augure qui alimente les plus folles rumeurs. Et au milieu de tout cela, Grimsly, un jeu garçon désespérément normal.

    Voilà le point de départ de ce roman jeunesse fantastique.

    Très vite, des événements anormaux vont venir perturber la tranquille petite ville de Trembleterre. Toute magie semble avoir disparu et le soleil pointe dangereusement le bout de ses rayons. Comme partout, on cherche une raison, un responsable et c’est tout naturellement que le jeune Grimsly va devenir le bouc émissaire. N’est-il pas différent ? Obligé de fuir, et bien décidé à comprendre ce qui se passe, il va vivre une aventure aussi inattendue qu’extraordinaire, les péripéties se suivant à un rythme effréné. Menant l’enquête avec courage, Grimsly va faire preuve d’ingéniosité pour résoudre les difficultés complexes qu’il rencontre et sauver la ville.

    Le jeune lecteur avancera dans l’histoire aux côtés du héros, découvrant peu à peu, comme lui, ce qui se cache derrière ce mystère. Il rencontrera des bons et des méchants, des personnages hauts en couleurs et attachants, ressentira le sentiment d’exclusion du jeune garçon, verra son intuition et sa réflexion mises à l’épreuve, bref, vibrera avec et grâce à Grimsly dans ce voyage initiatique de la découverte de soi et de ses racines.

    Ce roman jeunesse, accessible dès 10-11 ans, est une heureuse découverte. Il devrait ravir les plus jeunes, amateurs de mystère et d’aventure.

    Merci aux éditions Michel Lafon pour cet envoi.

     

     

     

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  • Hackers, Isabelle ROYAlex a parfaitement retenu tout ce que son père lui a appris sur le monde de l'informatique… et du piratage. Devant un ordinateur, ses doigts s'activent sur le clavier plus vite que sa pensée. Il peut percer les secrets des sites Internet, casser des codes informatiques comme si c'étaient des allumettes. C'est si facile pour lui… Trop, même. Cette fois encore, il n'a pas résisté à l'envie de relever un nouveau défi. Mais rien ne s'est passé comme prévu. Il est allé trop loin et le prix à payer est élevé. Aidé de ses amis Camille et Benji, Alex arrivera-t-il à réparer ses erreurs ? Rien n'est moins certain dans l'univers sombre et menaçant des hackers…

     

    Mon avis :

     

    Ce roman jeunesse nous plonge dès les premières pages dans le monde de l’informatique et des petits génies capables de s’infiltrer – par jeu – dans les programmes de sites supposés inviolables en ne se faisant pas remarquer. Alex n’est pas un criminel : il s’amuse, c’est tout. Mais le jour où il se rend compte qu’il a été piégé, sa vie va prendre une tournure imprévue. Apprendra-t-il seulement de ses erreurs ?

    Ce récit jeunesse haletant laisse monter le suspens au fil des pages. Riche en rebondissements, il aborde, au-delà de l’informatique et du piratage, des thèmes variés proches des ados comme la famille et ses difficultés, l’amitié, l’envie d’adrénaline, la loyauté. Les jeunes personnages de ce roman sont consistants et crédibles et donne du souffle à l’histoire évitant de se cantonner dans le monde des ordinateurs. Une amitié indéfectible, un triangle amoureux, une relation ambigüe, des personnalités mystérieuses tant chez les adultes que chez les jeunes… tout est fait pour créer une atmosphère de tension qui alimente le suspens. Mais l’auteure parvient aussi à nous surprendre par des situations inattendues. Enfin, j’ai trouvé les intrusions informatiques et les manipulations crédibles et pas trop décrites pour ne pas perdre les lecteurs non experts en route.

    Hackers est une réussite pour moi et plaira aux adolescents. On reste cependant un peu sur sa faim une fois la dernière page tournée car de nombreuses questions ne trouvent pas réponses. Mais il s’agit d’un 1er tome. Il ne reste plus qu’à découvrir la suite.

     

    Hackers, Isabelle ROY3e 

     

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  • Léon a un nouveau trampoline !
    Ce mercredi, il a invité Lou et Benoît. Mais quand Benoît entre dans le jardin, il n n’est pas seul : il y aussi Angèle. Comment vont réagir ses amis ?

    Mon avis :

    Ce court album est destiné aux enfants qui commencent à lire seuls. L’histoire est simple et amusante et les enfants peuvent s’identifier aux personnages. On y parle d’amitié, de l’acceptation d’un nouveau venu dans un groupe déjà lié et des préjugés qu’on a parfois sur les autres, le tout dans un style simple mais pas simpliste.

    Mais la particularité de ce récit, premier tome d’une nouvelle collection des éditions Flammarion, c’est qu’il a été rédigé à l’usage des jeunes dyslexiques. Aidée par une psychologue clinicienne spécialisée dans les troubles de la dyslexie, l’auteure, Nadine Brun-Cosme, a rédigé un texte adapté. Chaque album présente un phonème qui pose problème aux enfants. Ici, il s’agit du « an » d’Angèle. Dans chaque phrase le son « an » dans toutes ses graphies est imprimé dans une couleur différente permettant aux jeunes lecteurs de le reconnaitre facilement.

    Découvrir ou retrouver le plaisir de lire est l’objectif de cette collection. Dys ou pas, chaque lecteur débutant entrera facilement dans la lecture et prendra confiance en lui.

    En 2e de couverture, les personnages sont présentés au lecteur, en 3e de couverture, des jeux sont proposés ainsi que le lexique des mots marqués d’un astérisque dans le récit. Rien n’est laissé au hasard dans cet ouvrage qui plaira aux petits comme aux grands qui aiment partager la lecture de leurs enfants.

    Deux titres sont parus en août, celui-ci et un quatrième paraitront le 17 octobre. Je vous les recommande.

    Merci aux éditions Flammarion pour cette bonne idée.


     Angèle et le trampoline, Nadine BRUN-COSME, Ewen BLAIN7e

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  • Zombies Zarbis - Panique au cimetière ! M. PAVLENKO et C. TREBORIl se passe des choses étranges dans le cimetière de Noirsant. À la nuit tombée, les morts se réveillent, papotent, prennent le thé et jouent aux osselets ! Lorsque Romain, un habitant du village, rencontre Léo, une jeune zombie, il n’en croit pas ses yeux. Le cimetière de Noirsant abrite des morts-vivants ! 

    Mon avis :

    Des monstres se sont infiltrés dans le petit monde de Léo, en ce 31 octobre. Le vieux cimetière abandonné de Noirsant et son clocher vont être démolis pour faire place à un supermarché. Léo, une jeune zombie, et ses amis morts vivants sont inquiets. Où vont-ils aller ? Le nouveau cimetière du village n’a pas de place pour eux. Léo est prête à tout pour sauver l’endroit et lorsqu’elle croise la route de Romain, en ce soir d’Halloween, elle est plus que jamais déterminée à ne pas s’éloigner de Noirsant.

    Si vous aimez frissonner, ce chouette roman est pour vous. Les personnages sont délicieusement décrits avec humour et donnent à voir tout un petit monde horriblement sympathique. Mais ce n’est pas qu’un roman distrayant. Derrière ce récit fantastique, les auteures dénoncent la perte du patrimoine, la croissance immobilière dévastatrice, les luttes de pouvoir des siècles passés, le travail des enfants, la condition de la femme… et bien d’autres sujets historiques abordés avec justesse et doigté.

    Premier tome d’une saga pour les enfants (dès 9 ans) il distille suffisamment de suspens pour donner envie de découvrir la suite. Marie Pavlenko et Carole Trébo, romancières jeunesse, signent ici un petit bijou qui m’a agréablement surprise. Ce roman qui donne la pêche, allie horreur, humour et écriture d’une grande qualité. On prend plaisir à la musique des phrases, à la justesse du vocabulaire et aux dialogues d’une vraie vivacité. Sans parler des rebondissements qui tiennent en haleine jusqu’au bout.
    Chaque chapitre est illustré par les dessins de Marc Lizano, également spécialiste de l'édition jeunesse.

    Séduite, je l’ai testé sur la fille d’une amie à laquelle j’ai lu les deux premiers chapitres. Testé et approuvé : elle est repartie avec le livre.

    Une lecture idéale pour tous vos petits monstres.

    Zombies Zarbis - Panique au cimetière ! M. PAVLENKO et C. TREBOR4e

     

     

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  • Le goût amer de l'abîme, Neil SHUSTERMANA priori, Caden Bosch est un adolescent de quinze ans ordinaire, qui invente des jeux vidéos avec ses meilleurs amis et veut faire partie de l’équipe d’athlétisme. Mais dans son esprit, il est aussi le passager d’un vaisseau lugubre voguant sur les mers déchaînées. Marchant seul et pieds nus dans les rues, craignant que ses camarades de classe ne veuillent le tuer, Caden se perd petit à petit entre hallucinations et réalité. Le début d’un long voyage au plus profond des abysses, au cœur de la schizophrénie où il risquerait bien de se noyer.

    Mon avis :

    Si le début est lent et déroutant, on comprend rapidement que l’auteur nous entraine au plus près de la réalité vécue par Caden qui voit son univers chavirer peu à peu. Deux récits se mêlent ici, celui d’un adolescent comme tant d’autres ayant une famille, des amis et une scolarité normale et un récit sombre et complexe où le narrateur semble vivre sur un navire où un étrange capitaine et son perroquet commande un équipage singulier.

    Au fil de cette lecture croisée, on découvre les premiers symptômes de la maladie mentale qui affecte lentement Caden. Conscient que quelque chose ne va pas mais incapable de le comprendre ou de l’expliquer, il va lentement plonger dans un abîme noir désespérant. Déroutante pour lui, son affection l’est aussi pour ses proches qui mettent ces changements sur le compte de l’adolescence.

    Confronté lui-même à la maladie de son fils, l’auteur a habilement décrit les altérations du comportement et de l’humeur du jeune Caden ainsi que les bouleversements familiaux qui en découlent. On assite impuissant à la dégradation de sa santé : insomnies, réactions incongrues, irritabilité alternant avec des coups de déprime et enfin troubles du raisonnement et angoisses irrationnelles qu’il tente de cacher à son entourage.

    Le second récit, au cœur d’un bateau dans la tempête, est celui de son hospitalisation et des soins reçus. Si dans le premier, on le voit s’enfoncer peu à peu, dans le second on suit ses lents progrès vers la guérison. Car si la maladie ne s’en va jamais tout à fait, une rémission est pourtant possible.

    Ce roman bouleversant et fort décrit avec tact et précision une maladie encore mal connue et dont les malades et leurs proches n’ont pas toujours conscience. Il témoigne aussi de l’importance cruciale de l’apport et du soutien de la famille qui, malgré les grandes difficultés et les bouleversements profonds vécus par tous joue un rôle capital dans la guérison du malade. Ce récit maîtrisé d’un bout à l’autre est réellement percutant.

    Illustré par les dessins du fils de l’auteur réalisés à différentes étapes de sa maladie, ce roman troublant apporte un témoignage puissant et juste touchant au plus près la réalité. Je reste cependant dubitative sur l’âge de lecture conseillé aux ados ; 14 ans me semble jeune, étant donné leur méconnaissance de la schizophrénie et la dureté des faits.

    Merci aux éditions Nathan pour cet envoi coup de cœur.

     

    Le goût amer de l'abîme, Neil SHUSTERMAN2e

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