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Par argali le 15 Juillet 2020 à 21:00
Le jour de ses quatorze ans, Naoko, une jeune Japonaise, apprend qu'elle doit quitter son petit village natal pour l'immense ville de Kyoto. Son père a prévu qu'elle y complète son éducation pour devenir une "jeune fille convenable". Mais l'art de servir le thé, de jouer du luth ou de faire danser les éventails n'intéresse pas Naoko. Naoko aime lire et écrire des poèmes.
Mon avis :
J’ai aimé ce conte signé Benjamin Lacombe qui se déroule au Japon, bien qu’il soit inspiré d’une légende populaire chinoise.
Benjamin Lacombe est un artiste que j’apprécie énormément pour la qualité de ses dessins et l’univers singulier qui est le sien. Cette fois encore, il nous offre un petit bijou ; une histoire romantique soutenue par de belles et délicates illustrations.
Il nous propose ici une belle histoire d’amour, à l’intrigue bien ficelée mais jette aussi un regard un peu désenchanté sur l’univers des hommes. Par le titre et l’amour impossible, on pense à Madame Butterfly en découvrant ce conte où la mort devient la seule issue possible. Mais l’amour des deux jeunes étant réciproque et passionné, le récit s’apparente davantage à celui de Roméo et Juliette.
Les dessins sont délicats, poétiques tout comme le texte. Les couleurs sont choisies avec soin et sont en harmonie avec l’histoire. Mais le noir est toujours présent. Parfois pour magnifier les couleurs et les faire éclater ; à d’autres moments car la mort et la peine rôdent. Les traits des visages sont fermés, traduisant l’hostilité du monde qui les entoure.
Ce récit pourrait être travailler en classe au premier degré secondaire. Il convient parfaitement pour aborder la culture japonaise et les grandes amours contrariées comme Roméo et Juliette, Tristan et Iseult et tous ces couples mythiques qui n’ont pu être ensemble que dans la mort. Suite à la lecture, on peut également étudier l’évolution de la condition de la femme au Japon. Enfin, il pourrait aussi déboucher sur la découverte et l’étude des Haïkus que l’héroïne apprécie.
Je ne peux que vous conseiller également d’écouter en le lisant le concerto pour violon « Les Amants papillons » qui est inspiré par la légende.
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Par argali le 4 Juillet 2020 à 00:00
Dans la forêt, la tigresse pleure la mort de ses petits tués par des chasseurs. Un soir, elle attaque le village, dévore les hommes et les bêtes mais cela n'apaise en rien sa colère. Le pays est plongé dans la terreur. Le roi consulte la vieille Lao Lao qui lui explique que le seul moyen de la calmer est de lui donner son fils unique, Wen.
Mon avis :
Sur les conseils de ma libraire, je me suis offert ce bel album que j’espère aborder avec mes 2e l’an prochain. Très différent des précédents, il propose des dessins réalisés à l’encre et à l’aquarelle. Les illustrations assez sombres présentent de superbe façon la dense forêt chinoise, le corps puissant du félin ou les tissus luxuriants des tenues royales. Les visages sont aussi d’une grande expressivité même si le trait est parfois, à mon goût, légèrement exagéré. Conçues comme une succession de tableaux narratifs, les illustrations permettent, à elles seules, de comprendre l’histoire. C’est pour cette raison que l’album est conseillé dès 6 ans.
Inspiré d’un vase en bronze du 11e siècle avant JC, ce récit raconte la relation entre un jeune enfant et une tigresse. La légende raconte que la tigresse du vase aurait recueilli et protégé le jeune Ziwen du royaume de Chu. Dans la mythologie chinoise, le tigre est un animal chanceux, protecteur des démons, catastrophes et maladies. Avec le dragon, il est l’esprit le plus puissant de l’astrologie chinoise.
L’histoire met en avant les épreuves que les enfants surmontent pour grandir. Ce thème est cher à l’auteur.
Pour les lecteurs, le texte intégré habilement aux tableaux apporte une réflexion intéressante sur les relations entre humains et animaux, sur les traditions, les mythes et légendes ainsi que sur les rites de passages.
Je conseillerai aux enseignants de travailler aussi la mise en page et l’expression des émotions qui sont vraiment très bien rendues.
Un magnifique album paru en 2005 et qui ne se démode pas.
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Par argali le 27 Juin 2020 à 00:00
Keely vient d’avoir 18 ans et elle est la seule de ses amies à ne jamais “l’avoir fait”. Quand elle rencontre Dean, elle en a envie mais a terriblement peur de paraître inexpérimentée. Un plan presque parfait prend alors forme dans sa tête : demander à son meilleur ami, Andrew, d’être sa toute première fois et de lui apprendre les règles du jeu. Mais c’est bien connu : en amour, il n’y a pas de règles qui tiennent…
Mon avis :
Bien installée à l’ombre du noyer, j’ai dévoré ce roman en une journée.
Quand les éditions Michel Lafon ont proposé ce partenariat, je me suis dit que cela pourrait plaire à mes élèves. Ce n’est pas un roman que j’étudierais en classe mais le citer et en parler oui, certainement.
Sur un ton qui sonne juste du début à la fin, l’auteure nous raconte la vie et les pensées d’une bande d’étudiants de terminale. C’est leur dernière année de lycée, ils ont des rêves plein la tête, des espoirs et des préoccupations semblables à celles de tous les lycéens du monde : l’amitié, l’amour, la jalousie, le job d’été, le (ou la) cavalier pour le bal de promo et la tenue idéale... Dit comme ça, cela peut paraître superficiel mais derrière cette légèreté, il y a des réflexions intéressantes sur ces thèmes et sur… le sexe. Car c’est bien de cela qu’il s’agit ici. Le titre est très explicite. Quand, comment, avec qui… ? Toutes ces inquiétudes que chacun a connues une fois dans sa vie au moins.
Keely et Andrew sont très liés depuis la maternelle, comme deux frères et sœurs. Et cela permet à l’auteure d’aborder les avis des deux sexes car ils en parlent librement, Keely étant en plus acceptée dans la bande des garçons par son statut de « presque jumelle » d’Andrew.
Sans forcer le trait, sans juger, elle présente les avis des uns et des autres sur l’autre sexe, sur les « convenances » sur ce qu’on doit faire et ne pas faire, sur la pression sociale qui diffère suivant le groupe auquel on appartient… Et c’est très intéressant. Intéressant car cela permet de se rendre compte qu’en fait, rien ne repose sur des faits mais plutôt sur des impressions, le diktat des apparences et surtout sur l’incompréhension qui existe bel et bien entre filles et garçons justement en raison de ces « normes » qui ne forment qu’un carcan dont il est bien difficile de s’affranchir.
Construit comme un scénario qui enchaînerait des scènes courtes, le roman a un rythme soutenu et dynamique qui permet de tourner les pages sans s’en rendre compte. J’ai avalé ces 400 pages en quelques heures et y ai pris du plaisir même s’il y a bien longtemps que mes dix-huit ans sont révolus. Je me permets de citer la traductrice Anne Souillac qui est aussi pour beaucoup dans le plaisir de lecture.
Un roman qui rassurera certains jeunes lecteurs, fera sourire d’autres et permettra à tous de passer un moment agréable cet été.
Merci aux éditions Michel Lafon pour cet envoi.
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Par argali le 24 Juin 2020 à 00:00
Charity est une petite fille de la bonne société anglaise des années 1880.
Elle est comme tous les enfants : débordante de curiosité, assoiffée de contacts humains, de paroles et d’échanges, impatiente de créer et de participer à la vie du monde.
Mais voilà, une petite fille ça doit se taire et ne pas trop se montrer, sauf à l’église, à la rigueur. Les adultes qui l’entourent ne font pas attention à elle, ses petites sœurs sont mortes. Alors Charity se réfugie au troisième étage de sa maison en compagnie de Tabitha, sa bonne. Pour ne pas devenir folle d’ennui, ou folle tout court, elle élève des souris dans la nursery, dresse un lapin, étudie des champignons au microscope, apprend Shakespeare par cœur et dessine inlassablement des corbeaux par temps de neige. Sa rencontre avec ses cousins et leur séduisant ami Kenneth Ashley va lui faire réaliser qu’à l’extérieur existe un vaste monde qui ne demande qu’à être exploré…Mon avis :
Il y a très longtemps que j’ai découvert le roman de Marie-Aude Murail, ce gros pavé de plus de 500 pages. Cette histoire au cœur de l’Angleterre avait des allures de « Orgueil et Préjugés », du « Petit lord Fauntleroy », du « Jardin secret » et autres histoires pour enfants de la littérature anglaise. Cela avait été un coup de cœur.
J’avais été touchée par cette petite fille en mal d’affection et de tendresse, priée d’être impeccable et discrète en toutes circonstances alors qu’elle rêve de courir les champs et les bois à la découverte du monde animal et végétal, bien plus passionnant que celui des hommes. Et puis de l’adolescente qu’elle deviendra, toujours plus attirée par les sciences que par la chasse au prétendant idéal.
J’ai craqué pour l’album de bande dessinée rien qu’à sa couverture. Il y a un petit côté Beatrix Potter dans ces dessins d’une grande fraîcheur, le côté naïf des animaux en moins.
Découpé en trois volumes de BD, la première partie du roman porte sur l’enfance de Charity. L’ennui lui fait transformer sa chambre en véritable cabinet de curiosités où elle recueille un tas de bestioles. Enthousiaste mais maladroite, elle assiste bien souvent à la mort de ses petits protégés. Mais les années passant et grâce à ses minutieuses observations, elle deviendra plus habile et experte. Dans ce monde d’adultes où elle n’a pas de place, elle préférera la compagnie des animaux et de la science. Peu douée pour les arts qu’une gouvernante française tentera de lui inculquer, elle se découvrira un don pour le dessin et l’aquarelle que ses qualités d’observatrice rendront exceptionnels pour son jeune âge.
J’ai beaucoup aimé le découpage du roman, sa fraîcheur et l’humour de Marie-Aude Murail que l’on retrouve ici. C’est une excellente adaptation de Loïc Clément (scénariste) et les aquarelles délicates débordant de vivacité aux couleurs judicieusement choisies d’Anne Montel participent immanquablement au charme de la lecture.
Un réel plaisir de lecture et de découverte d'un bout à l'autre des 118 pages de cet album. Vivement la suite.
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Par argali le 21 Juin 2020 à 00:00
Pavlina était son prénom, mais tout le monde l'appelait Brindille. Il faut dire qu'à la maison il n'y avait que des hommes. Des carrés. Des costauds. Alors, forcément, Brindille contrastait.
Mon avis :
Toujours en recherche d’albums à travailler avec mes 2e l’an prochain, ma libraire m’a conseillé « Brindille ». Brindille, c’est le surnom de Pavlina seule fille à la maison depuis que sa maman est morte. Elle vit avec son père, taximan et ses trois grands frères et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils sont un brin macho. Toutes les tâches ménagères se négocient durement et vu son surnom, vous devinez bien qui a le dessous la plupart du temps. Mais Pavlina va se rebeller et s’inscrire à la boxe !
Une réelle détermination habite cette fillette bien décidée à ne pas se laisser faire. Elle hésite pourtant, doute d’elle mais ne veut pas subir les événements ; elle va les affronter. Et cela sera salutaire pour tous.
Une belle histoire d’apprentissage dans cet album long et fin comme son héroïne et décorés de dessins géométriques ; des illustrations vintages qui m’ont plu. Cela change un peu. Et beaucoup d’inventivité dans cet album comme les textes qui s’inscrivent sur des support différent, avec, dans chaque image, un rappel de l’initiale de la personne dont on parle ou du premier mot du texte. Une enluminure moderne joliment réalisée. Rien n’est laissé au hasard que ce soit dans les textes ou les illustrations.
J’ai adoré cet album qui aborde plusieurs thèmes délicats comme le fait de grandir sans maman, de trouver sa place en tant que fille, d’accepter et comprendre les changements physiques de l’adolescence…
Un album qui séduira petits et grands par son humour et sa leçon de vie.
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Par argali le 11 Juin 2020 à 00:00
Mon nom, c'est Darwin, je vis dans un quartier en chantier permanent : chaque jour ici on démolit, et en même temps, on reconstruit. Le quartier est devenu super cher, à ce que dit ma mère, et ma mère, elle s'y connaît en vie chère. Elle est chauffeur de taxi la nuit, c'est pas un job facile, mais elle a toujours le sourire. La seule chose qui lui flanque le cafard, c'est le mur gris que l'on voit de chez nous. Et c'est comme ça que toute l'histoire a commencé : une nuit, quelqu'un y a tagué une grande fresque, un graffeur anonyme qui pourrait bien être Banksy, le célèbre Street Artist anglais... Et ensuite, plein de choses nous sont tombées du ciel, et plutôt des bonnes surprises, comme ma rencontre avec Eva, la fille la plus mystérieuse de l'univers, qui vit tout en haut d'un château d'eau, en pleine zone...
Mon avis :
Si dans ce roman, Banksy est un prétexte pour raconter la vie de deux ados hors norme, il n’en reste pas moins que leur lieu de vie, leur milieu, leurs idéaux… correspondent bien à ceux de l’artiste et du Street Art en général.
Tout commence par un mur gris, seul horizon de Darwin et sa maman. Un mur si triste qu’il déprime Ophélie, taxiwoman de nuit. Et puis un matin, un graffiti rempli de couleurs métamorphose la grisaille. Selon Jibé, un ami d’Ophélie, il pourrait s’agir du graffeur Banksy, cela ressemble à son style. Darwin va s’y intéresser de plus près d’autant qu’Eva, une nouvelle élève de sa classe dont il est amoureux, semble admirative devant ce dessin. Une bonne occasion de lier connaissance.
Ce roman nous plonge dans la vie de deux ados en lutte contre les injustices, la laideur, les inégalités et qui s’engagent pour la dénoncer. L’un avec les vidéos qu’il prend à la sauvette puis monte et publie sur Viméo ; l’autre avec ses graffs qui dénonce les expulsions et la violence quotidienne. Des immeubles délabrés aux catacombes, ils nous emmènent à travers la ville et rencontrent des personnages au grand cœur, solidaires et engagés comme eux. Et sous la plume d’Elise Fontenaille, la grisaille se transforme en espoir et scintille de mille couleurs.
Un roman jeunesse dans l’air du temps, court mais dense, une ode à la multiculturalité et à la rencontre. Une lecture qui fait du bien.
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Par argali le 9 Juin 2020 à 00:00
Au nord de Venise, sur l’île de Murano, célèbre dans le monde entier pour ses maîtres verriers, un mystérieux souffleur fit une nuit le bonheur d’un enfant en lui offrant un cadeau extraordinaire : une bulle de rêve. Dès lors, tous les enfants de l’île réclamèrent des rêves merveilleux.
Mais qui était donc ce souffleur magicien ?
Mon avis :
J’avais besoin d’un peu de douceur après la lecture de « Sauvages » et elle me fut offerte par cet album, cadeau de mon fils pour la fête des mères.
Cet album est non seulement beau par ses dessins délicats et ses tons dominés par le bleu mais aussi par son texte poétique et l’histoire qu’il raconte.
Zori Ballari est surnommé « Il Ballarino », le danseur, suite à un accident qui a brisé son rêve de devenir souffleur de verre à Murano. Boiteux, il est renvoyé par le maître verrier où il était en apprentissage. Rejeté, sans le sou, il passe ses nuits à chercher l’inspiration et se cache le jour pour éviter les insultes et les moqueries. S’entrainant en cachette à réaliser des verres les plus fins, une nuit, il rencontre Giacomo, un jeune mendiant. Pour l’aider à trouver le sommeil et oublier sa faim, il lui souffle une bulle de rêve…
Le travail du verre m’a toujours fascinée. Je me souviens, enfant, d’avoir visité la cristallerie du Val St Lambert et avoir été impressionnée par les objets qui naissaient des mains et du souffle des maîtres verriers. Ce magnifique album m’a replongée dans mes souvenirs.
Les dessins sont poétiques et en harmonie avec la douceur et le lyrisme de l’histoire. Tantôt rouges lors du travail du verre, tantôt bleus comme les rêves et la lagune. Chaque scène est finement présentée et Thibault Prugne joue des contrastes entre l’ombre et la lumière apportant une émotion vraie. De plus, il se dégage du conte une infinie tendresse, du respect et de la bonté qui ne peut laisser indifférent.
Ce magnifique album met en lumière la force de la persévérance, l’important d’aller au bout de ses rêves, la confiance en soi et l’amitié. Petits et grands y trouveront du plaisir et pourront partager les émotions qui naissent de cette histoire d’une grande humanité.
A lire absolument.
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