• Nano, Dominique FORMANano vit seul avec sa mère, concierge d’un immeuble parisien. Le mois de juillet est bien entamé et la ville se vide peu à peu. L’adolescent ne part pas en vacances, alors il traîne dans le quartier, révise ses maths... tandis que son ami Smaïn l’inonde de SMS où il est question de sable chaud et de jolies filles en bikini. Mais un faisceau d’événements troublants va venir pimenter sérieusement les journées de Nano. 

    Mon avis :

    L'auteur, Dominique Forma, écrit ici son deuxième roman jeunesse. Ayant débuté sa carrière dans le monde de la musique, il a travaillé en Californie sur différents films, puis a écrit des scénarios, mis en scène un long métrage, avant de rentrer en France et de se mettre à l’écriture.

    Avec Nano, il nous propose un récit tout simple mais rempli de suspens. C’est l’été et Nano est resté à Paris alors que ses amis sont partis en vacances. Entre la révision de ses maths et l’aide apportée à sa maman, il s’ennuie un peu. Mais voilà que divers faits troublants vont attirer son attention.

    Pourquoi un SDF s’est-il établi dans sa rue désertée ? Qui sont ses ombres qu’il a aperçues dans le hall de l’immeuble en pleine nuit ? Pourquoi le cadenas de la porte de la cave a-t-il été fracturé ?... Débordant d’imagination, il va échafauder un scénario qu’il voudra ensuite tirer au clair. Trouvera-t-il le fin mot de l’histoire sans prendre des risques ?

    A lire dès 10 ans, ce thriller est destiné aux enfants qui aiment s’interroger, chercher des indices et comprendre une intrigue. La construction classique laisse beaucoup de place à l’imagination et garde le suspens jusqu’au bout. D’une écriture vive, alternant dialogues et réflexions de Nano, ce roman au narrateur interne se lit aisément et avec plaisir. Mon fils l’a lu en quelques heures et l’a également apprécié.

    Merci aux Editions Syros pour cet envoi.

     

     

     

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  •  Norlande, Jérôme LEROY« Tout, finalement, est allé très vite après cette étrange conversation entre maman et moi à la cafétéria. C’était quelques mois avant que l’"événement" ne se produise, quelques semaines avant que l’Autre n’entre en scène. Dans la mythologie norlandaise, le temps est circulaire, représenté par un serpent qui se mange la queue. Depuis cette table, dans ma chambre de la clinique, jamais une image ne m’a semblé aussi juste.

     L’ "événement ", l’Autre ont toujours été là. A attendre sur le point du cercle. Et c’est moi, nous, toute la Norlande, qui allions à la rencontre de ce point sans le savoir et sans pouvoir l’éviter. »

     Mon avis :

     Transposant les faits dans un pays imaginaire, Jérôme Leroy nous relate ici la tragédie qui a eu lieu à Utoya, en Norvège, le 22 juillet 2011, à travers le récit de Clara, rescapée de cette monstrueuse tuerie qui plongea l’Europe entière dans l’effroi.

     Absente à elle-même depuis huit mois, Clara, 17 ans, est toujours hospitalisée depuis l’attentat. Elle se met un jour à écrire son histoire dans un cahier qu’elle destine à son amie française Emilie. Elle confie enfin, dans des phrases courtes et un style haché, douloureux, ce qu’elle n’arrive pas à évoquer devant son thérapeute ou sa mère, tant elle se culpabilise suite à ce qu’elle nomme pudiquement « l’événement ».

     Nous découvrons la genèse de sa relation avec Emilie qu’elle a rencontrée plusieurs fois et le parallèle qu’elle établit entre les sociétés norlandaise et française, le cadre et le mode de vie des habitants des deux pays. Une belle occasion de réfléchir et de faire réfléchir les jeunes au message médiatique ambiant concernant l’immigration. Mais alors qu’Emilie est une jeune fille engagée, militant parmi les Indignés, Clara, la rêveuse un peu poète, n’est pas du tout consciente des changements insidieux qui voient le jour dans son propre pays. Ce sera sa mère qui, la première, lui ouvrira les yeux sur la réalité politique et sociale en marche depuis plusieurs mois. Clara s’engagera alors dans le Mouvement des Jeunes pour la Paix, quelques semaines avant l’université d’été que ce mouvement tient chaque année, sur l’île de Clamarnic.

     Ce roman jeunesse est typiquement le style de récit que j’aime : une mise en fiction intelligente, s’appuyant sur des faits avérés et poussant les jeunes à la réflexion. Le choix du narrateur interne est pertinent de même que son âge et son niveau de maturité, proche d’une majorité d’adolescents d’aujourd’hui. La naïveté dont elle fait preuve et son manque total d’implication dans la vie politique et sociale de son pays ne font que renforcer une possible identification.

     Le dénouement étant connu, Jérôme Leroy ne peut s’appuyer sur le suspens pour élaborer son récit. C’est donc sur l’atmosphère, la violence, la douleur de Clara, la culpabilité et de nombreuses questions philosophiques, auxquelles il n’apportera pas de réponse, qu’il construira une histoire magistrale et bouleversante. Un livre à faire lire sans aucun doute aux adolescents dès quinze ans.

     Né en 1964 à Rouen, l’auteur est connu pour ses romans noirs ou d’anticipation. Il a notamment signé « Le bloc » en 2011, un roman sur l’extrême droite, paru chez Gallimard, qui a fait parler de lui.

     Je remercie sincèrement les Editions Syros de m’avoir fait parvenir ce roman. Ce fut une belle découverte.

     

     

     

     

     

     

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  •  Sur un air de Mozart, Flore TALAMONVienne, 1790. Viki, 12 ans, apprend que son père va se remarier. Loin de la réjouir, cette nouvelle la bouleverse. D’autant que sa future belle-mère semble décidée à tout régenter. Elle cherche même à l’empêcher de jouer du piano ! Pour couronner le tout, Viki ne reconnait plus sa grande sœur. Cette dernière se met à rêver d’amour, de liberté, et enchaîne les actes de rébellion. Perdue dans ce tourbillon de changements, Viki trouve refuge dans la musique et surtout, chez son nouveau voisin, le célèbre Mozart…

    Mon avis :

    Voilà une belle manière de clôturer le challenge d’Anne « Des notes et des mots », avant le swap de fin qu’elle a imaginé.

    J'ai reçu ce livre des Editions Nathan et j’ai de suite été tentée par sa lecture, Mozart étant un de mes compositeurs favoris.

    A partir des nombreuses lettres de Mozart et de ses proches, Flore Talamon a cherché à cerner le personnage pour dresser un portrait de l’artiste aussi proche que possible de la réalité. Ce qui étonnera sans doute le plus, c’est la fantaisie dont il fait preuve, en famille ou au travail, car on connaissait déjà sa nature généreuse et son acharnement au travail.

    Comme d’autres récits de cette collection, Mozart n’est pas le personnage central du récit. L’héroïne, c’est Viki, une jeune Viennoise de 12 ans, passionnée de piano et de chant, qui verra le célèbre compositeur devenir son voisin pour quelques temps. C’est par elle, à travers son regard, que nous le découvrons dans son quotidien. Elle nous dévoile donc une part plus privée de l’homme, du père et du musicien de talent qu’il était, évoquant ses œuvres et leur composition. C’est aussi l’occasion de découvrir l’Autriche du 18e siècle, dans une famille bourgeoise : le mode de vie, les idées, les convenances… ce qui constituait en fait la vie de la jeune Viki.

    L’écriture est précise et agréable, le vocabulaire soutenu mais abordable pour des collégiens. Les descriptions, loin d’alourdir le récit, l’enrichissent de détails intéressants sur l’époque. J’ai apprécié ce roman et la façon dont il donne envie d’en apprendre davantage sur Mozart et sa musique, car en fait, il en dévoile peu. C’est une bonne entrée en matière pour les jeunes ne le connaissant pas.

    Une liste d’œuvres évoquées dans le roman et une chronologie de la vie de Mozart complètent l’ouvrage. L’auteur y explique également la genèse de sa fiction et ses choix d’écriture.

    Merci aux Editions Nathan pour cette découverte.

      

     Sur un air de Mozart, Flore TALAMONSur un air de Mozart, Flore TALAMON

     

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  •  Lucie et Raymond Aubrac, A la vie à la mort, P. BOUSQUET-SCHNEEWEISJuin 1943 : huit résistants tombent aux mains de Klaus Barbie, chef de la Gestapo de Lyon. Parmi eux, Jean Moulin, qui meurt sans avoir parlé, et Raymond Aubrac, incarcéré à la prison de Montluc. Apprenant la terrible nouvelle, Lucie, sa femme, va tout entreprendre pour faire évader son mari.

    Mon avis :

    Ce livre nous offre, dès les premières lignes, une plongée dans l’Histoire. Nous sommes le 21 juin 1943 à Caluire-et-Cuire, et la Gestapo interrompt une réunion de l’Armée secrète, arrêtant sept des huit membres présents. Commence alors le récit de l’incarcération de Raymond Aubrac et les heures d’inquiétude et de folle espérance de sa femme Lucie qui tentera tout pour le faire évader.

    Patrick Bousquet-Schneeweis parvient dans ce court récit destiné aux enfants, à rendre l’atmosphère de l’époque, la peur, la torture, sans s’appesantir sur les mots, les images. On comprend entre les lignes ce que vivent les prisonniers et c’est déjà bouleversant.

    En 54 pages, nous faisons connaissance avec la Gestapo et ses méthodes, Klaus Barbie, la Résistance et ses faits d’armes et l’abnégation de tous ces hommes et femmes qui ont risqué leur vie pour libérer leur pays. Au départ de ce récit, de belles leçons d’histoire peuvent être créées. D’autant qu’à la fin de l’ouvrage, un dossier nous retrace les grandes étapes de la Résistance française : ses débuts, son unification, son rôle… ainsi qu’il nous dresse un portrait de Jean Moulin. Un autre récit de cette collection lui est également consacré.

    Un ouvrage à découvrir et à faire lire aux plus jeunes pour que la mémoire collective n’oublie pas ce que nous devons aujourd’hui à tous ces courageux, anonymes ou non.

    Merci aux Editions Oskar pour l’envoi de ce livre très intéressant et parfaitement adapté aux enfants.

     

     

     

     

     

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  • Muscle tes maths, Mike GOLDSMITHQuand tu achètes une entrée de cinéma, quand tu donnes rendez-vous à tes copains, quand tu prépares un gâteau, oui, tu fais des maths ! Elles sont partout, elles sont magiques.

    150 casse-têtes, activités, jeux, remue-méninges te plongent dans le monde des maths et te font comprendre facilement les notions mécanismes et raisonnements.

    Stimule ton cerveau, entraine-toi pour devenir accro aux maths, comme Pythagore, Archimède, Newton ou Turing !

    Mon avis :

    Voici un ouvrage que j’aurais du recevoir il y a longtemps. Sans doute m’aurait-il fait aimer davantage les mathématiques.

    A partir de mise en situation de la vie quotidienne : une journée sur des manèges, une balade en forêt, le rangement de ses affaires… l’auteur nous invite à nous rendre compte que notre environnement se constitue de multitudes de petites notions mathématiques dont nous n’avons même pas conscience. Cela va de la lecture de l’heure, au rangement de nos jouets dans un carton, en passant par le fait de rattraper une balle ou de réaliser un puzzle.

    Au fil des pages, des tests, des énigmes, des casse-têtes assez amusants sont proposés à ceux qui veulent découvrir mille choses pour mettre son cerveau en ébullition.

    De chapitre en chapitre, nous découvrons aussi de grands noms des mathématiques tels que Pythagore, Archimède, Gauss, Newton…

    J’ai pris beaucoup de plaisir à me plonger dans ce manuel avec mon fils de douze ans et à me confronter à lui qui adore les maths (à mon grand désespoir). Et je me suis rendu compte que finalement, bien mises en scène, les mathématiques peuvent être amusantes.

    Une note discordante entre mon fils et moi : il aime beaucoup la présentation colorée et dynamique des pages de cet ouvrage. J’aurais aimé un peu plus de sobriété pour mieux m’y retrouver parfois.

    Un ouvrage intéressant, paru chez Nathan, que je recommande aux instits et profs de math !

     

     

     

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  • La Gloire de mon père, Marcel PAGNOLOn découvre ici l'enfance du jeune Marcel, un petit Marseillais d’il y a un siècle : l’école primaire, le cocon familial, les premières vacances et sa découverte des collines enchantées des environs de Marseille. La famille Pagnol loue pour les vacances une bastide près d'un petit village. Les enfants jouent aux Indiens, chassent les papillons, découvrent la nature… Le père de Marcel s'initie à la chasse avec l’oncle Jules et sera l'auteur d'un coup de fusil magistral qui lui vaudra l'admiration de tous, à commencer par celle de son fils, et qui donne son titre au livre.

    Mon avis :

    Quand Marcel Pagnol rédige ses souvenirs dans les années cinquante, il est en train de s’éloigner du cinéma et le théâtre ne lui sourit plus. Dès sa parution en 1957, « La Gloire de mon père » sera un vrai succès et Marcel salué comme un vrai prosateur. Son incroyable mémoire et son talent de conteur restituent à merveille les joies simples de l’enfance, les gros chagrins, la naïveté des plus jeunes sans oublier les bêtises en tous genres. Une belle histoire, remplie d’affection et de tendresse, d’émotion et de drôlerie.

    J’ai lu ce récit au collège et je l’ai relu deux fois depuis, juste pour le plaisir de l’écriture et du style. Une enfance d’il y a cent ans, bien différente de celle des jeunes d’aujourd’hui. Des vacances que beaucoup trouveraient ennuyeuses et banales. Et pourtant, lorsque j’ai étudié une dizaine d’extraits avec mes élèves de 13 ans, ils sont de suite entrés dans le récit, prenant plaisir à découvrir les aventures de Marcel et les farces qu’il faisait à son petit frère. Certains l’ont même emprunté à la bibliothèque.

    Nous avons terminé l’étude par la projection du film et j’ai entendu les mouches voler pendant deux heures de cours. Un moment de pur bonheur.

    Voir le billet sur le film ici.

      

     La Gloire de mon père, Marcel PAGNOL

     

     

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  • Max, Sarah COHEN-SCALI19 avril 1936. Bientôt minuit. Je vais naître dans une minute exactement. Je vais voir le jour le 20 avril. Date anniversaire de notre Führer. Je serai ainsi béni des dieux germaniques et l'on verra en moi le premier-né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître sur le monde. Je suis l'enfant du futur. Conçu sans amour. Sans Dieu. Sans Loi. Sans rien d'autre que la force et la rage. Je mordrai au lieu de téter. Je hurlerai au lieu de gazouiller. Je haïrai au lieu d'aimer. Heil Hitler !"
     
    Max est le prototype parfait du programme "Lebensborn" initié par Himmler. Des femmes sélectionnées par les nazis mettent au monde de purs représentants de la race aryenne, jeunesse idéale destinée à régénérer l'Allemagne puis l'Europe occupée par le Reich.

    Mon avis :

    Quelle douche froide ! En entrant dans ce livre, on s’en prend plein la figure du début à la fin. Je connaissais les Lebensborn, ces « fontaines de vie » cachant l’innommable, c’est-à-dire la sélection des meilleurs petits aryens et leur reproduction pratiquées par les nazis… Mais l’entendre « raconter » par un enfant qui le vit c’est parfois insupportable et glaçant. Belle idée de l’auteure d’avoir imaginé comme narrateur un fœtus d’abord puis un bébé et un enfant que l’on suit jusqu’à ses dix ans. Malgré une réflexion d’adulte endoctriné et un vocabulaire soigné, ce narrateur garde la naïveté de l’enfance et cela rend le récit encore plus bouleversant.

    J’ai dévoré ces 469 pages en deux soirées tant l’histoire est accrocheuse et ce, malgré les horreurs décrites. Sarah Cohen-Scali nous offre un récit richement documenté qui nous plonge au cœur d’un processus aussi abominable que le furent les camps. Que sont devenus tous ces enfants à la fin de la guerre ? Ces orphelins nazifiés ? Qui s’en est soucié ? Voilà une question qui me taraude depuis que je sais que l’eugénisme a existé à grande échelle en Allemagne et dans les pays conquis. Quel avenir a-t-on donné à ces enfants sacrifiés sur l’autel de la folie humaine ?

    Avant de rédiger cette histoire, l’auteur a beaucoup lu sur le sujet et notamment « La chute de Berlin » d’Anthony Beevor. Un ouvrage qui fait référence si j’en crois les nombreux auteurs que j’ai lus et qui s’en sont inspirés. Il faudra que je le lise à mon tour.

    Ce roman jeunesse destiné aux 15-16 ans devra faire l’objet d’un accompagnement dans les classes. Introduire le récit d’abord, pour mettre en garde les âmes sensibles sur l’implacable relation des faits et permettre aux élèves de s’exprimer ensuite sur leur lecture. S’il est bon que les jeunes sachent ce qui s’est réellement passé durant la Seconde Guerre mondiale, notre rôle d’adulte est de les accompagner dans leurs découvertes de l’indicible horreur qu’elle a engendrée.

    Un vrai coup de cœur et une auteure que j’apprécie un peu plus à chaque ouvrage que je lis d’elle.

    Sur le même sujet, mais moins documenté, "Les cendres froides" de Valentin Musso.

    L'avis de Lystig ici.

     

     

     Max, Sarah COHEN-SCALIMax, Sarah COHEN-SCALIMax, Sarah COHEN-SCALIMax, Sarah COHEN-SCALI

     

     

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